Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/08/2012

J'attendrai que je me porte mieux, et que ma nièce soit guérie, pour oser penser avec vous

 ... Heureusement, mes nièces , pour autant que je sache,et je le souhaite de tout coeur, vont bien, ma propre santé est raisonnablement entretenue , et j'ose penser . Cogito ergo sum, comme disait ce copain de Bruel ... ah ! oui, ça me revient, Descartes .

C'est avec un grand plaisir non dissimulé que je savoure cette lettre d'une demi-page en réponse au fleuve du 18 août 1756 de JJR : laissons "ces discussions philosophiques qui ne sont que des amusements " . Pan dans les dents !

Voltaire  2 - JJR  1 , and the winner is  ...

le jet des corneilles 8825.JPG

 

 

«A M. J.-J. ROUSSEAU.

Aux Délices, 12 septembre [1756]. 1

Mon cher philosophe, nous pouvons, vous et moi, dans les intervalles de nos maux, raisonner en vers et en prose mais, dans le moment présent, vous me pardonnerez de laisser là toutes ces discussions philosophiques , qui ne sont que des amusements. Votre lettre est très-belle 2 mais j'ai chez moi une de mes nièces qui, depuis trois semaines, est dans un assez grand danger; je suis garde-malade, et très-malade moi-même. J'attendrai que je me porte mieux, et que ma nièce soit guérie, pour oser penser avec vous. M. Tronchin m'a dit que vous viendriez enfin dans votre patrie. M. d'Alembert vous dira quelle vie philosophique on mène dans ma petite retraite. Elle mériterait le nom qu'elle porte si elle pouvait vous posséder quelquefois. On dit que vous haïssez le séjour des villes j'ai cela de commun avec vous. Je voudrais vous ressembler en tant de choses que cette conformité pût vous déterminer à venir nous voir. L'état où je suis ne me permet pas de vous en dire davantage. Comptez que, de tous ceux qui vous ont lu, personne ne vous estime plus que moi, malgré mes mauvaises plaisanteries 3; et que, de tous ceux qui vous verront, personne n'est plus disposé à vous aimer tendrement.
Je commence par supprimer toute cérémonie. »

1  C'est d'après M. Clogenson que je date cette lettre du 12 septembre; avant lui, elle était datée du 21. (Beuchot.)

 

Les commentaires sont fermés.