25/04/2024
Si je me comptais encore au nombre des vivants, je désirerais passionnément vivre l’ami d’un homme de votre mérite
Je pense immédiatement à vous, Alex Décotte , homme curieux, cultivé et généreux, voltairien de surcroit : https://alexdecotte.com/
et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alex_D%C3%A9cotte
Longue vie au bourlingueur
À François de Varagne-Gardouch, marquis de Bélestat 1
Au château de Ferney par Lyon 15è octobre 1768 2
Monsieur,
Il y a longtemps que je vous dois des remerciements de vos bontés et de l’Éloge de Clémence Isaour . Mais ma vieillesse est si infirme, et j’ai été pendant deux mois si cruellement malade, que je n’ai pu remplir aucun de mes devoirs. Un des plus chers et des plus pressés était de vous témoigner l’estime que vous m’avez inspirée. L’Académie devrait mettre votre éloge à la fin de celui que vous avez publié de sa fondatrice 3. Votre style et votre façon de penser sur la littérature m’ont également charmé. Si je me comptais encore au nombre des vivants, je désirerais passionnément vivre l’ami d’un homme de votre mérite 4.
Vous n’ignorez pas sans doute, monsieur, qu’on vend publiquement, sous votre nom, à Genève et dans tous les pays voisins, un Examen de l’Histoire d’Henri IV 5, du sieur Bury. L’Examen est assurément beaucoup plus lu que l’Histoire. Oserais-je vous mander dans quelle source est puisée l’anecdote singulière qu’on trouve à la page 31, que « les états de Bois dressèrent une instruction, par laquelle il est dit que les cours de parlements sont des états généraux au petit pied 6» ? Cette anecdote est si importante pour l’Histoire, que vous me pardonnerez sans doute la liberté que je prends.
Si vous n’êtes pas l’auteur de cet examen imprimé sous votre nom, souffrez que je vous supplie de me dire à qui je dois m’adresser pour être instruit d’un fait si unique et si peu connu.
J’ai l’honneur d’être, avec autant d'estime que de respect,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi . »
1 Voir : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=de+varagnes&p=francois . Le marquis de Gardouch-Belestat, né en 1725, avait connu Voltaire aux eaux de Plombières en 1745. Il était entièrement aveugle et presque entièrement sourd avant la Révolution ; ce qui n’empêcha pas de le traîner en prison pendant la Terreur. Il n’est mort qu’en 1807.
2 Original signé ; édition Antoine Sabatier de Castres : Tableau philosophique de l'esprit par M. de Voltaire, 1771, limitée au deuxième et troisième paragraphe ; Cayrol .
3 Clémence Isaure, dont le marquis de Bélestat a fait l'éloge, a fait revivre, plutôt que fondé les « jeux floraux » de Toulouse .
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4tel_de_Puivert
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Acad%C3%A9mie_des_Jeux_floraux
4 Ce premier paragraphe a été publié pour la première fois par MM. de Cayrol et François .
5 Dont il est parlé dans la lettre de d'Alembert du 15 juin 1768 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1768/Lettre_7286
, lettre du 13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html
et lettre du 18 septembre 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/05/apparemment-qu-on-a-voulu-la-dedommager-un-peu-de-ses-pertes-et-qu-on-a-cru.html.
6 Voir lettre du 28 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/10/me-voila-lave-mais-non-absous-6493592.html
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