12/08/2013
ne perdons ni le sommeil ni l'appétit quand nous perdrions tous nos vaisseaux et nos armées
... Cynique, moi ? allons bon !
« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg
Lausanne 29 avril [1758]
Ce n'est point à mon cœur, ce n'est point à mon âme, ce n'est point à ma main, ce n'est point à mon visage, madame, que vous devez vous en prendre, si je n'ai pas eu l'honneur de vous écrire depuis si longtemps, c'est ne vous déplaise à mon derrière qui m'a joué de forts cruels tours . On souffre de partout, madame, dans ce monde-ci . Il y a pourtant du bon dans la vie . Le mariage de monsieur votre fils par exemple est une des bonnes choses que je connaisse . Vingt mille francs de pension pour épouser sa maitresse 1! Il n'y a rien assurément de si bien arrangé ni de si heureux . Mme Denis et moi nous vous en faisons, madame, les plus sincères compliments . Vous voilà très heureuse par monsieur votre fils . Soyez-le toujours par vous-même . Jouissez d'une santé toujours égale que vous devrez à votre sage régime et à votre tranquillité . Quelque chose qui arrive sur les bords du Rhin vers Vezel, soyez contente à l'île Jard ; quelques millions que le roi emprunte, soyez payée de vos revenus, voilà ce que je vous souhaite du meilleur de mon cœur . Si vous avez quelque nouvelle amusez-nous en et daignez m'en amuser . Mais ne perdons ni le sommeil ni l'appétit quand nous perdrions tous nos vaisseaux et nos armées . Supportons les malheurs du genre humain tout doucement . Adieu , madame, la philosophie est après la santé ce que je connais de mieux .
Je vous suis toujours attaché avec le plus grand respect .
V. »
1 Mme de Crêvecoeur ; voir lettre du 21 avril 1758 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/08/07/les-visites-qu-on-doit-aux-dames-de-quatre-vsingt-ans-ne-peu2.html
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