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08/09/2013

On dit que les fonds de Paris baissent beaucoup . Dieu veuille que les Anglais ne les fassent pas baisser davantage

 ... Il ne manquerait plus que l'on demande au peuple français (en général) et parisien (en particulier) de participer à une collecte pour payer les couches du royal baby d'outre Manche, après que l'Union des Minables Perdants ait réussi à ponctionner 11 millions d'euros , excusez du peu .

 Je ne sais pas exactement si après celà Paris se retrouve à sec, mais je crois bien savoir qu'elle est déja sur le sable 

 

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« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

30 juin [1758] aux Délices

Mme du Boccage a retardé mon voyage 1. Je pars enfin, mon cher monsieur . Vous avez bien raison de penser qu'il ne faut attendre que du temps le bien qu'on pouvait espérer l'année passée . Le service que vous rendez au ministère et à la ville de Lyon , est plus prompt et plus sûr, et vous fait beaucoup d'honneur . Je ne pourrai prendre aucun intérêt sur Lyon . Il faut que je fournisse 80 ou 90 mille livres à notre ami Labat 2 dans quelque temps et probablement j'aurai dans un an 200 mille livres à payer 3 . Ainsi vous voyez qu'il restera bien peu de choses du fonds présent . On dit que les fonds de Paris baissent beaucoup . Dieu veuille que les Anglais ne les fassent pas baisser davantage . Je vous embrasse de tout mon cœur vous et M. Camp, et messieurs vos neveux . Mme Denis jouira du bonheur de vous voir et je lui porterai envie .

V. »

2 Cette phrase prouve que V* participait au prêt consenti au duché de Saxe-Gotha . En voici quelques détails : V* avançait la moitié des 131 000 livres de France prêtées ; voir aussi note de la lettre à Labat du 22 juin 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/01/il-faut-brievete-et-clarte-bonsoir-5153854.html

3 Pour l'achat d'une nouvelle demeure .

 

Je suis toujours émerveillé de la disette où vous êtes de gens à talent

... Chers, trop chers producteurs télévisuels . Emerveillé ? on n'aurait pu trouver un plus doux euphémisme .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

Conseiller d'honneur du parlement

rue de la Sourdière à Paris

30 juin [1758] aux Délices

Mon cher ange, quand j'allais partir pour Manheim, Mme du Boccage 1 est venue juger entre Genève et Rome 2, et j'ai retardé mon voyage. On a donné pour elle une représentation de La Femme qui a raison; elle en a été si contente qu'elle a voulu absolument vous l'apporter. J'ai obéi dès qu'elle m'a prononcé votre nom. Il est vrai que nous n'espérons, ni elle ni moi, que cette pièce soit aussi bien jouée à Paris qu'elle l'a été à Genève, à moins que ce ne soit Préville 3 qui fasse le principal rôle. Vous avez un La Thorillière 4 et un Bonneval 5 qui sont l'antipode du comique. Je suis toujours émerveillé de la disette où vous êtes de gens à talent. Je ne sais si la Femme qui a raison vaut quelque chose, et si l'on n'est pas plus difficile à Paris qu'à Genève. J'ignore surtout si on peut être plaisant à mon âge, c'est à vous à en décider, à donner la pièce si vous la jugez passable, et à la jeter au feu si vous la croyez mauvaise. Pour Fanime, nous la jouerons encore à Lausanne, s'il vous plaît; après quoi vous en serez le maître absolu, comme vous l'êtes de l'auteur. Je vais faire un voyage dont je n'ai pu me dispenser; et le seul voyage que je voudrais faire m'est interdit. Il est triste de courir chez des princes, et de ne pas voir son ami.

J'ai vu enfin les Sept Péchés mortels 6 de M. de Chauvelin c'est le plus aimable damné du monde. Je le remercie du huitième péché mortel qu'il veut faire, en disant à qui vous savez 7 combien je lui suis attaché, etc.

Je me flatte que Mme d'Argental est en bonne santé. Mes respects à tous les anges. Adieu, mon cher et respectable ami. Je me console toujours de mon voyage, en espérant une lettre de vous à mon retour.

V. »

1 Voir la lettre de Mme du Boccage à Mme du Perron du 8 juillet 1758 : page 464 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f467.image

3 Pierre-Louis Dubus surnommé Préville : http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7139

6 C'est un recueil de sept épigrammes en forme de quatrains sur les sept péchés capitaux personnifiés par sept femmes . Ils sont cités dans la Correspondance littéraire sous la date du 31 mai 1758 et dans l’ouvrage de Jean-Gabriel Abry : Notice sur le marquis de Chauvelin . Voir : http://satir18.univ-st-etienne.fr/texte/sept-p%C3%A9ch%C3%A9s-capitaux-galanterie/les-sept-p%C3%A9ch%C3%A9s-capitaux

et : http://www.leschroniquesdemichelb.com/2010/10/voltaire-contrebandier-annexe-2.html

Sur Chauvelin voir aussi : http://www.leschroniquesdemichelb.com/2010/10/voltaire-contrebandier-3eme-partie_07.html

7 L'abbé de Bernis .

 

07/09/2013

quoiqu'une lettre d'un vieux Suisse ne doive guère être lue d'un héros

... Je vous l'écrit quand même !

http://www.cathy73.fr/article-aaaaahhh-ces-vieux-107760143.html

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Les pépés font la loi 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

Aux Délices près de Genève 29 juin [1758]

Sire, quoiqu'une lettre d'un vieux Suisse ne doive guère être lue d'un héros qui est dans la Moravie, que Votre Majesté permette pourtant à l'ancien attachement, au devoir, à la sensibilité, d'oser vous parler de la mort d'un frère 1 . Vous l'avez rendu immortel par la belle épître qui est à la tête de l'histoire de Brandebourg 2, et vous fournissez chaque jour de quoi rendre cette histoire la plus belle et la plus glorieuse de l'Europe . Puisse une heureuse paix terminer tant d'illustres actions, tant de travaux et d'inquiétudes . La douceur de ma retraite ne m'a jamais laissé fermer les yeux un moment sur ce qui regarde votre personne, votre gloire et votre bonheur . Que Votre Majesté me permette de lui renouveler dans cette triste occasion des sentiments que je conserverai jusqu’au tombeau .

V. »

1 Le prince August Wilhelm de Prusse était mort le 12 juin . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste-Guillaume_de_Prusse_%281722-1758%29

 

06/09/2013

malgré l'oubli de l'usage où l'on est de charger ces paquets de quelques pistoles qui rendent la consultation plus aisée

 ... On se rend compte que malgré tout il reste encore des électeurs .

Oh ! pardon, je mélange les consultations médicales avec les électorales, j'ai été abusé par la question d'argent donné qui facilite, il faut le reconnaitre, plus les unes que les autres , c'est vous qui voyez . Un ex-futur-ex président aux dents longues et aux grands moyens (qui ne lui coûtaient personnellement pas beaucoup) a démontré que certaines consultations amènent un diagnostic et un pronostic défavorables , l'argent ne fait pas tout, heureusement .

 

pistole.jpg

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenbourg, comtesse Bentinck

Aux Délices 29 juin [1758]

Non, madame, vous n'êtes point ingrate pour moi et vous l'êtes encore moins pour M. le comte Christiani 1. Je partais pour aller à la cour de l’Électeur palatin où il faut nécessairement que je passe quelques jours . Je reçus hier votre paquet à ma campagne par la voie d'un négociant de Genève et je ne vis point l'estafette . J'allai sur le champ chez Tronchin qui malheureusement n'entend pas l'italien . Il a fallu traduire le long mémoire du pauvre docteur de Milan et ce docteur a oublié, tout juste, de dire quel remède Vansuitten 2 a prescrit au malade . Malgré ce double embarras et malgré l'oubli de l'usage où l'on est de charger ces paquets de quelques pistoles qui rendent la consultation plus aisée, M. Tronchin a travaillé presque toute la nuit, et demain , vendredi 30 du mois, la consultation partira par la poste . C'est une bien faible ressource, on ne guérit pas de si loin, et si la nature ne s'en mêle, les médecins de Genève ne feront pas plus de bien que ceux de Milan .

Je rends compte à M. le comte Laurent Christiani de la commission que vous m'avez donnée . Je lui annonce la lettre de M. Tronchin et je pars pour Manheim .

Ce voyage, madame, est un triste contretemps pour moi . Je ne me trouverai point dans mon ermitage des Délices pour vous recevoir . Mes nièces vous en feront les honneurs et seront à vos ordres . Je reviendrai dans peu pour me joindre à elles dans le plaisir qu'elles auront pour vous servir .

Ce dérangement est un peu votre faute car il ne tenait qu'à vous de m'instruire de vos marches . J'aurais remis à un autre temps les engagements que j'ai pris avec la cour palatine, dont je ne peux actuellement me dispenser . Nulle raison politique ne devait vous empêcher de me donner vos ordres . Je ne prétends point et je n'ai jamais prétendu , quoi qu'on en dise, faire la paix entre les puissances . Je ne me mêle point des affaires des rois . Je ne pense qu'à ma chaumière et au bonheur de vous y faire ma cour .

Jugez à quel point je dois être fâché contre vous . Un mot de lettre écrit de Milan quinze jours plus tôt eût empêché mon voyage de Manheim . J'aurais volé en Savoie au devant de vous . Je vous aurais escortée à ma chaumière auprès de Genève et à ma cabane de Lausanne . Vous n'êtes point ingrate, mais vous êtes trop négligente et je ne vous pardonnerai que quand j'aurai l'honneur de vous revoir .

Je pars avec bien du chagrin et avec le respectueux et tendre attachement que j'ai toujours eu pour vous .

V. »

1 Le 23 juin 1758, la comtesse demandait à V* une consultation de Théodore Tronchin pour le comte Cristiani, chancelier du duché de Milan pour la reine Marie-Thérèse, alors gravement malade et qui devait mourir peu après ; voir Beltrame, comte Cristiani : http://books.google.fr/books?id=dOMauMaYA9EC&pg=PA276&lpg=PA276&dq=comte+cristiani+1758&source=bl&ots=LNW-YKMaZz&sig=pl_d7s0n3dKsppxUy_8dAO1FP8g&hl=fr&sa=X&ei=9UEqUvGxE6uw7QbW0oGgDg&ved=0CDkQ6AEwAQ#v=onepage&q=comte%20cristiani%201758&f=false

C'est de cette commission que s'acquitte ici V* . Voir une note de la lettre lettre du 12 mai 1758 à la comtesse . La comtesse écrivait le 23 juin: « Commencez s'il-vous-plait, monsieur, par lire le nom du lieu d'où je vous écris cette lettre [Milan] et puis dites-moi si les noms d'ingrate, de perfide, et toutes les galantes épithète dont vous m'honorez me vont au visage . »

Le comte Laurent Cristiani dont il est question plus loin est le fils du grand chancelier malade ; on parle de lui dans : http://www.cg06.fr/cms/cg06/upload/decouvrir-les-am/fr/fi...*

2 Gérard van Swieten, médecin et éminence grise de Marie-Thérèse , « tyran de l'esprit » .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gerard_van_Swieten

 

05/09/2013

on parle d'horreurs. A Paris on murmure, à Versailles on ne dit mot

... A Sankt Peter on ne se contente pas de parler d'horreurs, on en commet .Poutine sait encore manier le knout, verbalement pour l'instant .

Les  François tentent de se faire entendre, le notre en faisant appel à l'Europe et le Romain en jeunant et priant ; de ces faibles voix laquelle aura le plus de succès ?

A l'ONU on se tait , on manque peut-être de peinture bleue pour les casques ?

 En tout état de cause, le choix d'une intervention armée en Syrie est aussi détestable que possible .

 

 

 

« A mon impitoyable ESCULAPE (Théodore TRONCHIN)

[vers le 28 juin 1758]

Mon cher grand homme, le rôle de confidente 1 n'est pas dangereux il n'y a point de rôle comique qui ne demande plus d'action et de voix. Une confidente dit son avis tout doucement à sa maîtresse. Votre présidente 2 a une dureté au foie que le plaisir seul peut fondre. Mais vous êtes son maître et le nôtre, et nous sommes tous vos brebis conduisez-nous.

On parle d'une victoire du roi de Prusse 3; on parle de la suite de la victoire du prince de Brunswick; on parle d'horreurs. A Paris on murmure, à Versailles on ne dit mot. Interim vale. »

 

3 En liaison avec la victoire de Ferdinand prince de Brunswick, (1721-1792) à cette époque, il doit s'agir de la victoire de Crefeld du 23 juin 1758, où les Français mal commandés furent défaits par un ennemi fort inférieur en nombre, et pour la plupart sans avoir fait feu . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Krefeld

 

Mon voyage sera très-court, mais il sera très-agréable, puisque j'aurai le bonheur de vous revoir.

... A Mam'zelle Wagnière uniquement .

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« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG.

Aux Délices, 26 [juin 1758].

Je fais, madame, ce voyage que je croyais ne pouvoir pas faire. Je vais à la cour palatine. Ce qui m'a déterminé, c'est que vous êtes sur la route. Je voyage à très-petites journées, en qualité de malade. Je vous demande un lit dans votre île Jard. Je me fais une idée charmante et la plus douce des consolations de vous faire ma cour, de causer avec vous sur le passé, sur le présent, et même sur l'avenir. Mon voyage sera très-court, mais il sera très-agréable, puisque j'aurai le bonheur de vous revoir.

Le Suisse VOLTAIRE.

Je reçois dans le moment la lettre de M. l'abbé de Klinglin je compte l'en venir remercier incessamment."

 

 

 

04/09/2013

C'est bien dommage que, dans tout ce qui regarde la métaphysique et même l'histoire, on ne puisse pas dire la vérité. Les articles qui devraient le plus éclairer les hommes sont précisément ceux dans lesquels on redouble l'erreur et l'ignorance du public.

... Peut-on lire sérieusement les prédictions d'un docteur en Sorbonne tel qu'Elizabeth Teissier ?

Peut-on ajouter foi aux dires de ces égarés de la science qui prêchent le créationnisme ?

Peut-on se retenir d'ouvrir la boite à gifles et  ne pas distribuer des coups de pieds (occultes) à ces diplômés qui vantent les vertus de l'eau énergisée et du pendule détective (plus forts que les Experts ! ) ?

En ce jour de triste anniversaire du massacre d'Oradour sur Glane, peut-on accorder le moindre poste d'enseignant aux négationnistes ?

Peut-on avoir la moindre parcelle d'espoir d'un monde meilleur et de vérité après une réunion d' un G20 ?

Non, cent fois non . Qu'on dénonce sans trêve leur malhonnêteté et/ou leur conn...  .

 

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 http://scinfolex.wordpress.com/2012/11/22/rions-un-peu-avec-le-web-de-donnees-du-ministere-de-la-culture/

 

 

« A Denis DIDEROT.

Aux Délices, 26 juin [1758]

Vous ne doutez pas, monsieur, de l'honneur et du plaisir que je me fais de mettre quelquefois une ou deux briques à votre grande pyramide. C'est bien dommage que, dans tout ce qui regarde la métaphysique et même l'histoire, on ne puisse pas dire la vérité. Les articles qui devraient le plus éclairer les hommes sont précisément ceux dans lesquels on redouble l'erreur et l'ignorance du public. On est obligé de mentir, et encore est on persécuté pour n'avoir pas menti assez. Pour moi, j'ai dit si insolemment la vérité dans les articles Histoire, Imagination, et Idolâtrie, que je vous prie de ne les pas donner sous mon nom à l'examen. Ils pourront passer si on ne nomme pas l'auteur; et, s'ils passent, tant mieux pour le petit nombre de lecteurs qui aiment le vrai. Je vais faire un petit voyage à la cour palatine. Cette diversion m'empêche d'ajouter de nouveaux articles à ceux que M. d'Argental veut bien se charger de vous rendre. J'enverrai seulement Humeur (moral)1, et je l'adresserai à Briasson. Je vous avais trouvé deux aides-maçons 2, dont l'un est un savant dans les langues orientales, et l'autre un amateur de l'histoire naturelle, qui connaît toutes les curiosités des Alpes, et qui peut donner de bons mémoires sur les fossiles et sur les changements arrivés à ce globe, ou globule 3, qu'on nomme la terre. Ces deux messieurs ne demandaient qu'un exemplaire, afin de se régler par ce qui a déjà été imprimé. L'un d'eux a fourni quelques articles, mais il ne paraît pas que les libraires veuillent leur faire ce petit présent. Il y a grande apparence qu'on peut se passer de leurs secours.

Je souhaite que vos peines vous procurent autant d'avantages que de gloire. Comptez qu'il n'y a personne au monde qui fasse plus de vœux pour votre bonheur, et qui soit plus pénétré d'estime et d'attachement pour vous que

le petit Suisse V. »

1 Cet article est inconnu, les articles portant sur ce sujet dans l'Encyclopédie sont d'autres auteurs .

2 Le premier est Polier de Bottens , le second est Élie Bertrand .

3 V* a été le premier a appliquer ce diminutif à la terre et Littré en donne le premier exemple en 1765 . on a ainsi un indice permettant de savoir que à cette époque V* travaille à son Candide où ce mot est employé par Martin dans le chapitre XX : « … je vous avoue qu'en jetant la vue sur ce globe ou plutôt sur ce globule, je pense que Dieu l'a abandonné à quelque être malfaisant ... » . Les mots ou plutôt sur ce globule sont un ajout ultérieur au manuscrit .