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07/05/2016

Grands, petits, riches, gueux, fous, sages, Tous aveugles dans leurs efforts, Tous à tâtons font des ouvrages Dont ils ignorent les ressorts

... Je ne l'ai pas lu, mais le sujet a l'air sympa ...

La vie à tâtons  - Marie Fitzgerald

... L'auteur(e) , quant à elle, semble avoir trouvé le bon  ressort de l'histoire .

Et toujours A taton , chantons un peu :

https://www.youtube.com/watch?v=5q-uwSo8xBU

 

 

« A Charles-Philippe-Théodore de Sulzbach, électeur palatin

Est-ce une fille, est-ce un garçon ?

Je n’en sais rien ; la Providence

Ne dit point son secret d’avance,

Et ne nous rend jamais raison.



Grands, petits, riches, gueux, fous, sages,

Tous aveugles dans leurs efforts,

Tous à tâtons font des ouvrages

Dont ils ignorent les ressorts.

 

C’est bien là que l’homme est machine ;

Mais le machiniste est là-haut,

Qui fait tout de sa main divine

Comme il lui plaît, et comme il faut.

 

Je bénis ses dons invisibles,

Car vous savez que tout est bien.

On ne peut se plaindre de rien

Au meilleur des mondes possibles.

 

S’il vous donne un prince, tant mieux

Pour tout l’Etat et pour son père ;

Et s’il a votre caractère,

C’est le plus beau présent des cieux.

 

Si d’une fille il vous régale,

Tant mieux encor : c’est un bonheur :

En grâce, en beautés, en douceur,

Je la vois à sa mère égale.

 

O couple auguste ! Heureux époux !

L’esprit prophétique m’emporte :

Fille ou garçon, il ne m’importe,

L’enfant sera digne de vous.



Monseigneur, il m’importe cependant ; et je partirais en poste pour savoir ce qui en est, si cette Providence, qui fait tout pour le mieux, ne me traitait pas misérablement. Elle maltraite fort votre petit vieillard suisse, et m’a fait l’individu le plus ratatiné et le plus souffrant de ce meilleur des mondes. Je ferais vraiment une belle figure au milieu des fêtes de vos altesses électorales ! Ce n’était que dans l’ancienne Egypte qu’on plaçait des squelettes dans les festins. Monseigneur, je n’en peux plus. Je ris encore quelquefois ; mais j’avoue que la douleur est un mal. Je suis consolé si Votre Altesse électorale est heureuse. Je suis plus fait pour les extrêmes-onctions que pour les baptêmes.

Puisse la paix servir d’époque à la naissance du prince que j’attends . Puisse son auguste père conserver ses bontés au malingre, et agréer les tendres et profonds respects du petit Suisse .

Le 10è juin 1761 au château de Ferney.1 »

 

1 Copie par Wagnière ; l'édition Lettres de M. de Voltaire à l'Electeur palatin et au roi de Prusse, 1761, qui date « A Ferney ce 9 septembre 1761 » ce qui est impossible puisque l'enfant naquit et mourut le 28 juin 1761 ; voir lettre du 7 juillet 1761 à Collini : «  […] j'ai reçu la vôtre [lettre] du 29 juin qui m'apprend que le baptême s'est changé en enterrement . »

 

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