03/02/2017
Plus nous sommes attachés à la sainte religion de notre sauveur Jésus-Christ, plus nous devons abhorrer l'abominable usage qu'on fait tous les jours de la divine loi
... Dédicace spéciale famille Fillon qui au fond est une bande de cul bénits ayant opportunément oublié qu'il est plus facile à un chameau ( ou une voiture de sport, pour actualiser ) de passer par le chas d'une aiguille, qu'à un riche (tricheur de surcroit ) d'entrer au royaume de Dieu [Matthieu, 19-24]. Amen .
Beau ramassis de faux-jetons .
Si, si , Pénélope a travaillé, la preuve !
« A Jean Le Rond d'Alembert
[vers le 10 février 1762] 1
Si j'ai lu la belle jurisprudence de l'Inquisition ! Et oui morbleu je l'ai lue ; et elle a fait sur moi la même impression que fit le corps sanglant de César sur les Romains . Les hommes ne méritent pas de vivre puisqu'il y a encore du bois et du feu et qu'on ne s'en sert pas pour brûler ces monstres dans leurs infâmes repaires . Mon cher frère embrassez en mon nom le digne frère qui a fait cet excellent ouvrage . Puisse-t-il être traduit en portugais et en castillan .
Plus nous sommes attachés à la sainte religion de notre sauveur Jésus-Christ, plus nous devons abhorrer l'abominable usage qu'on fait tous les jours de la divine loi .
Il est bien à souhaiter que vos frères et vous donniez tous les mois quelque ouvrage édifiant qui achève d'établir le royaume de Christ , et de détruire les abus . Le trou du cul est quelque chose . Je voudrais qu'on mît en sentinelle un jésuite à cette porte de l'arche .
On a imprimé en Hollande le Testament de Jean Meslier . Ce n'est qu'un très petit extrait du testament de ce curé . J'ai frémi d'horreur à la lecture . Le témoignage d'un curé qui en mourant demande pardon à Dieu d'avoir enseigné le christianisme peut mettre un grand poids dans la balance des libertins . Je vous enverrai un exemplaire de ce testament de l'antéchrist , puisque vous voulez le réfuter . Vous n'avez qu'à me mander par quelle voie vous voulez qu'il vous parvienne . Il est écrit avec une simplicité grossière qui par malheur ressemble à la candeur .
Vraiment il s'agit bien de Zulime, et du Droit du seigneur ou de L’Écueil du sage , que le philosophe Crébillon a mutilé et estropié croyant qu'il égorgeait un de mes enfants ! Jurez bien que cette petite bagatelle est d'un académicien de Dijon ; et soyez sûr que vous direz la vérité . Mais ces misères ne doivent pas vous occuper . Il faut venir au secours de la sainte 2 vérité qu'on attaque de toutes parts . Engagez vos frères à prêter 3 continuellement leur plume et leur voix à la défense du dépôt sacré .
Vous m'avez envoyé un beau livre de musique 4 à moi qui sais à peine solfier . Je l’ai vite mis ès mains de notre nièce la virtuose . Je suis le coq qui trouva une perle dans son fumier et qui la porta au lapidaire . Mlle Corneille a une jolie voix, mais elle ne peut comprendre ce que c'est qu'un dièse .
Pour son oncle, le rabâcheur et le déclamateur, le cardinal de Bernis dit que je suis trop bon, et que je l'épargne trop 5.
J'ai fait très sérieusement une très grande perte dans l'impératrice de toutes les Russies . On a assassiné Luc, et on l'a manqué . On prétend qu'on sera plus adroit une autre fois . C'est un maître fou que ce Luc, un dangereux fou . Il fera une mauvaise fin, je vous l’ai toujours dit 6. Interim vale ; te saluto in christo salvatore nostro 7. »
1 Cette lettre est une réponse à celle du 29 janvier 1762 de d'Alembert, et la lettre suivante de V* sera du 25 février 1762, d'où la date proposée ce jour . D'Alembert : « Vous avez dû […] recevoir il y a peu de temps par M. Damilaville le Manuel des inquisiteurs […] L'auteur, ou plutôt le traducteur et l'éditeur [l'abbé Morellet] utile de cette abomination qu'il était si bon de faire connaître, m'a prié de vous présenter son ouvrage de sa part […] cet ennemi de la persécution qui travaille si bien à la rendre ridicule, est un [prêtre ?] ci-devant théologien ou théologal de l'Encyclopédie, qui nous a donné pour cet ouvrage l'article « Figure » où vous verrez entre autres que saint Ambroise ou saint Augustin (je ne sais plus lequel) compare les dimensions de l'Arche à celles du corps de l'homme, et la petite porte de l'Arche au trou du derrière […] Je ne sais si je vous ai prié de remercier M. le chevalier de Molmire de ses Étrennes aux sots, et M. le rabbin Akib de son Sermon […] Nous continuons à lire vos remarques sur Corneille, et nous venons de lire Héraclius […] ne critiquez Corneille que lorsque vous aurez deux fois raison ; il a un nom très respecté ; il est mort ; […] pour peu que Corneille soit justifiable par des raisons telles quelles dans les endroits où vous l'attaquez, vous êtes sûr d'avoir contre vous les pédants et les sots , qui déchireraient Corneille s'il n'était pas mort, et qui seront bien aises de vous déchirer parce que vous êtes vivant . Attendez-vous par exemple, au mal qu'ils diront de Zulime . Je ne ferai pas chorus avec eux, car cette pièce m'a fait beaucoup de plaisir, au moins dans le rôle principal ; j'y trouve la passion bien ressentie , bien exprimée, et bien différente de cet amour de ruelle qui affadit notre théâtre . Si par hasard vous connaissez l'auteur de L’Écueil du sage, dites-lui aussi , je vous prie, que son ouvrage m'a fait plaisir, qu'il est surtout très moral, et par cette raison digne de rester au théâtre ; […] J'y voudrais un autre cinquième acte ; la pièce eût été meilleure en quatre ou même en trois . Mais voilà ce que fait la superstition des règles . […] Que dites-vous de l'état fâcheux de votre ancien disciple [Frédéric] ? Il y a longtemps que je n'en ai pas reçu de nouvelles ; vous écrit-il toujours . Je le crois aux abois, et c'est grand dommage ; la philosophie ne retrouvera pas aisément un prince tolérant comme lui, par indifférence, ce qui est la bonne manière de l'être, et l'ennemi de la superstition et du fanatisme . »
2 Sainte , ajouté au dessus de la ligne sur le manuscrit .
3 L'édition Besterman porte à apprêter, ce qui est une faute manifeste .
4 La nouvelle édition des Eléments de musique théorique et pratique, 1762 .
5 Dans la lettre du 30 janvier 1762 .
6 Les lignes qui précèdent depuis On a assassiné …, ont été fortement biffées mais sont encore lisibles .
7 Entre temps porte-toi bien ; je te salue en Christ notre sauveur .
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