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25/02/2017

mais aussi pourquoi êtes-vous condamnés à demeurer dans votre vilaine ville de Paris ?

... Oui, pourquoi ? qu'avez-vous fait au bon Dieu pour mériter une telle peine ?

N'avez-vous pas entendu Donald le-Malfaisant-à-Houpette-pisseuse et sa vision de notre capitale ?

Que ne fuyez-vous une ville si dangereuse pour vous et tous les touristes ! Seuls Georges Clooney et son épouse seraient des Américains assez aveugles pour trouver du charme à notre capitale , ne pas être de l'avis de leur Grand Timonier [titre pompeux de Mao] ? Le jour où l'on fera un bêtisier Trump, on aura une idée de l'infini .

 

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Paris selon Trump

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

[vers le 15 mars 1762] 1

Ô mes anges daignez recevoir pour vos œufs de Pâques ce Droit du seigneur que je crois dans son cadre . Je vous demande en grâce qu'ils soit joué tel qu'il est . J'ai malgré toute ma modestie la sincérité insolente de vous dire que je le crois très bon . Tâchez de penser comme moi, car depuis l'effet que cette pièce a fait sur mes Suisses et sur mes Savoyards, j'aurai bien mauvaise opinion de vos pauvres Français s'ils ne rient pas, et s'ils ne son pas touchés . Je veux qu'une comédie soit intéressante, mais je la tiens un monstre si elle ne fait pas rire .

Je ne mets pas encore Olympie à vos pieds, j’attends que nous l'ayons jouée, et que je puisse vous rendre compte du jugement de nos Allobroges, et de la manière admirable dont nous disposons notre vestibule, notre temple, nos autels et notre bûcher . Ce bûcher servira à jeter la pièce au feu si elle n'est pas reçue avec transport par nos montagnards . Vous êtes bien à plaindre de ne pas voir nos fêtes, mais aussi pourquoi êtes-vous condamnés à demeurer dans votre vilaine ville de Paris ?

Au lieu d'Olympie je vous supplie d'agréer le présent mémoire . Pouvez-vous mes divins anges, avoir la bonté de le faire recommander par M. le comte de Choiseul ? Le frère du capitaine 2 qui veut tirer du canon contre les Hanovriens et Prussiens, est connu de M. le comte de Choiseul, et reçoit quelquefois des ordres de lui pour nos limites .

On ne demande qu'un mot . Ce mot est juste . L'officier qui a la rage de servir est très bon . Enfin je vous demande instamment cette grâce .

Je ne sais plus que penser de mon Shouvalow . On n'a rien fait pour lui . Il voulait voyager et il reste à sa cour . Je suis encore très incertain sur le traité des Borusses 3 avec les Russes . Qui vous eût dit, quand nous étions petits, qu'un jour ces Scythes tiendraient la balance de l’Europe ? Pauvres petits Français, ce n'est pas vous encore qui la tenez . Il faut espérer que nous ne serons pas toujours dans la boue , mais jusqu’ici nous jouons un triste rôle malgré le prodigieux succès de la farce italienne .

Divins anges continuez vos bontés à la marmotte des Alpes .

V. »

1 Malgré la mention de d'Argental « 10 avril 1762 » la lettre est datée d'après la représentation d’Olympie à Ferney le 24 mars et d'après la lettre du 4 avril 1762 par laquelle V* remercie les « anges » pour l'intervention de Choiseul en faveur de « notre artilleur» : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-11-122935273.html

2 Il pourrait avoir été l'un des membres de la famille Gallatin ; voir lettre de Choiseul du 11 avril 1762 où celui-ci parle de « votre jeune Gallatin ».

3 Les Prussiens .

 

Il me faut les suffrages de ma nation pour mériter le vôtre

... Mise sous une forme interrogative, cette affirmation correspondrait tout à fait à une demande de parrainage pour un candidat aux présidentielles, raisonnant par l'absurde ( évidence : l'absurde étant monnaie courante pour la majorité des candidats ) : " Faut-il que j'obtienne les suffrages de ma nation pour obtenir le vôtre ?"

 

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« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

Au château de Ferney 15 mars ns. 1762 1

Monsieur, Je reçois la lettre dont vous m'honorez en date du 14/25 janvier . J'avais eu l'honneur d'écrire à Votre Excellence par la voie de M. le comte de Caunits qui eut la bonté de se charger de mon paquet . Je vous écrivis trois lettres 2 dès que je sus la triste nouvelle qui m'a fait verser des larmes . Je crois que des trois lettres vous en avez reçu deux . La troisième qui accompagnait un gros paquet a eu un sort funeste . Le maître de poste de Nuremberg à qui il était adressé m'a mandé que le courrier qui le portait a été assassiné par des inconnus qui ont pris l'argent dont il était chargé, un paquet destiné pour Vienne, et un autre pour la Suède . J'en rends compte à M. le comte de Caunits qui sans doute en est déjà informé .

Je vois monsieur par votre lettre que vous prenez un parti bien digne d'un philosophe, vous voulez vous berner à cultiver les lettres . Vous serez l'Anacharsis 3 moderne . Mais puisque vous avez une intention si sage et si noble , pourquoi ne feriez-vous pas comme Anacharsis ? pourquoi ne voyageriez-vous point ? Je parle un peu pour mon intérêt . Je me trouverais peut-être sur votre route , j'aurais le bonheur de vous voir et d'entretenir celui dont les lettres m'ont fait tant de plaisir . Il serait difficile qu'en passant d'Allemagne en France ou en Italie, vous ne vous trouvassiez pas à portée de mes ermitages . Je vous en ferais les honneurs de mon mieux et ce serait le cœur qui les ferait . Je suis trop vieux pour venir vous trouver . Vous êtes jeune et si votre santé est un peu altérée, ce voyage dans des climats plus doux que le vôtre la raffermirait . Je vois avec douleur que si la nature donne à vos compatriotes une constitution robuste elle leur accorde rarement une longue vie ; voyez à quel âge meurent tous vos souverains . Aucun n'atteint une heureuse vieillesse . Je souhaite que l'empereur régnant et dont vous faites un si bel éloge ait ce nombre de jours que je souhaitais à l'impératrice que je pleure 4. Il mérite de vivre longtemps, lui et son auguste épouse, puisqu'ils ne vivent que pour le bonheur des hommes .

Sans doute, monsieur, il vous attachent l'un et l'autre à Petersbourg ; et d'ailleurs je sens bien que vous ne voulez pas quitter une patrie qui vous aime, et que vous illustrez .

Si vous êtes toujours, monsieur, dans le dessein d'achever le monument auquel vous avez bien voulu que je travaillasse , je vous prierai de faire adresser les gros paquets à M. de Czernichev à Vienne qui les remettra à notre ambassadeur M. le comte du Châtelet 5. Il aura la bonté de me les faire parvenir 6 par le courrier qui passe par Strasbourg . J'en préviens M. le comte de Czernischew . Je suis obligé de prendre ces précautions .

Je suis charmé que vous daigniez monsieur accepter le témoignage public que je veux vous donner de ma très respectueuse et très tendre estime . Si le petit ouvrage dont il est question est reçu favorablement du public, je vous le présenterai avec plus de confiance . Il me faut les suffrages de ma nation pour mériter le vôtre . Votre Excellence sait combien je lui suis dévoué pour jamais .

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire .

J'ajoute que depuis trois mois Votre Excellence doit avoir reçu quatre paquets pour l'Histoire et huit lettres 7. »

1 A partir de la formule, la fin , omise dans l'édition de Kehl manque dans les éditions suivantes ; le post-scriptum est écrit dans la marge du bas de la quatrième page .

2 Aucune de ces trois lettres ne nous est parvenue .

4 De fait, Pierre III fut détrôné le 9 juillet et assassiné le 18 juillet 1762 .

6 Depuis par le courrier..., la phrase biffée sur la copie Beaumarchais manque dans les éditions .