15/03/2017
Les Anglais , au contraire, ont naturalisé plusieurs de nos vieux mots, comme dans le temps de la révocation de l'édit de Nantes ils ont naturalisé plusieurs de nos compatriotes . Ils ont ainsi augmenté à nos dépens, et leur langue et leur population
... L'Anglais, profiteur des siècles passés, n'a pas changé d'un iota , prêt à prendre, peu enclin à donner, accueillant sélectif toujours . Européen à la petite semaine . Qui peut lui jeter la pierre ? Nous Français ? Hélas surement pas à 100% . Et dire que miss Le Pen veut nous abaisser à ce niveau "diviser pour régner" qui a si bien réussi , commercialement parlant, à nos voisins, par le passé.
http://kids.britannica.com/comptons/art-108700/Anti-immig...
« [Destinataire inconnu] 1
J'ai reçu, monsieur, avec autant de plaisir que de reconnaissance, vos essais de traduction de quelques poètes anglais 2 . L'ancienne dureté de leur langue semblait peu favorable à la poésie ; mais peu à peu elle s'est changée en force et en énergie . Sa richesse et les différentes inversions qu'elle a adoptées, la rendait propre à tout exprimer .
D'ailleurs, les expressions vigoureuses de cette langue se sont considérablement accrues par la nature du gouvernement, qui permet aux Anglais de parler en public , et par la liberté de conscience, qui familiarise toutes les sectes avec le langage des écrivains sacrés, dont elles font une étude particulière . Aussi la poésie anglaise approche souvent de ce sublime oriental, qui paraît presque surnaturel aux autres peuples . Du temps de Cromwel toutes les harangues du parlement étaient pleines de termes tirés des écrivains hébreux .
La langue française n'ayant pas eu les mêmes secours, n’est pas aussi riche qu’elle pourrait l'être . De plus, nous avons abandonné une foule d'anciennes expressions fort énergiques ; et cette perte a un peu affaibli notre poésie . Les Anglais , au contraire, ont naturalisé plusieurs de nos vieux mots, comme dans le temps de la révocation de l'édit de Nantes ils ont naturalisé plusieurs de nos compatriotes . Ils ont ainsi augmenté à nos dépens, et leur langue et leur population .
Mais moins le français offre de ressources , plus je suis reconnaissant à vos imitations de différents morceaux de quelques poésies anglaises . Elles me paraissent fidèles et bien versifiées . Vous ne vous en tiendrez pas probablement à ce premier essai ; et le public, ainsi que moi, vous aura des obligations.
J'ai l'honneur d'être, etc., etc.
A Ferney, pays de Gex, 15 avril 1762 . »
1 D'après l'édition « Lettre inédite de M. de Voltaire à M. P..., qui lui avait envoyé différents fragments de poèmes anglais, traduits en vers français » (Bulletin polymathique du Museum d'instruction publique de Bordeaux, janvier 1816, XIV, 55-56 )
2 V* peut se référer ici au Recueil de poésies anglaises, mais celui-ci , anonyme parut à Paris en 1764 seulement . V* l'aurait-il reçu en manuscrit ? La date donnée est-elle la bonne ? L'initiale pose un autre problème . Si la lettre avait comporté le nom entier, l'éditeur l'aurait mis ; et pourquoi l'adresse n'aurait-elle porté qu'une initiale ?
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