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11/05/2019

je suis le plus trompé du monde, si nous n’allons pas tomber sous le joug d’un pédantisme despotique

... Qui peut aujourd'hui lire et comprendre la  prose des enseignants et des énarques qui nous gavent de termes ampoulés et d'acronymes qui pleuvent comme les mensonges du Donald de la Maison Blanche ?

Quand cesseront-ils de péter plus haut que leurs culs ?

Jamais, je crains bien . Alors avec Bob :[I] Wait in vain : https://www.youtube.com/watch?v=8WQVb_nuKvs

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J'en perds le Nord !

 

 

« A Jean-François Marmontel, de

l'Académie française

à Paris

12è avril 1764, aux Délices

près de Genève 1

On a fait bien de l’honneur, mon cher confrère, aux ouvrages de Simon Lefranc, en les faisant servir à envelopper du tabac. Je connais des citoyens de Montauban qui ont employé les vers et la prose de ce grand homme à un usage qui n’est pas celui du nez. Ce qu’il y a de bien bon, c’est que lorsque maître Simon nous fit l’honneur de demander une place à l’Académie, c’était dans le dessein d’y introduire après lui M. son frère Aaron. Tous deux prétendaient y faire une réforme, et s’ériger en dictateurs. Le ridicule nous a défaits de ces deux tyrans ; Dieu veuille que nous n’en ayons pas d’autres ! Il me semble que les lettres sont peu protégées et peu honorées dans le moment présent ; et je suis le plus trompé du monde, si nous n’allons pas tomber sous le joug d’un pédantisme despotique. Nous sommes délivrés des jésuites, qui n’avaient plus de crédit, et dont on se moquait. Mais croyez-vous que nous aurons beaucoup à nous louer des jansénistes ? Je plains surtout les pauvres philosophes ; je les vois éparpillés, isolés, et tremblants. Il n’y aura bientôt plus de consolation dans la vie que de dire au coin de feu une partie de ce qu’on pense. Que nous sommes petits et misérables, en comparaison des Grecs, des Romains, et des Anglais !

Je ne sais nulle nouvelle de Pierre Corneille ; les libraires de Genève se mêlent de tous les détails, et moi je n’ai eu d’autre emploi que celui de dire mon avis sur quelques pièces étincelantes des beautés les plus sublimes, défigurées par des défauts pardonnables à un homme qui n’avait point de modèle. J’ai dit très librement ce que je pensais, parce que je ne pouvais dire ce que je ne pensais pas.

Je vous ferai parvenir un exemplaire, dès qu’un petit ballot qui m’appartient sera arrivé à Paris. La nièce de Pierre va nous donner incessamment un ouvrage de sa façon ; c’est un petit enfant ; si c’est une fille, je doute fort qu’elle ressemble à Émilie et à Cornélie ; si c’est un garçon, je serais fort attrapé de le voir ressembler à Cinna , la mère n’a rien du tout des anciens Romains ; elle n’a jamais lu les pièces de son oncle ; mais on peut être aimable sans être une héroïne de tragédie.

Adieu, mon cher confrère ; le sort des lettres en France me fait pitié. Conservez-moi votre amitié, elle me console.

V.

N. B. – M. d'Alembert m'avait parlé d'un envoyé de Dannemark, […] toutes les nouvelles que j'ai eues 2 du Nord, je me suis voué [...] entièrement à l'agriculture et à la retraite 3. »

1 L'édition de Kehl suite à la copie Beaumarchais omet le nota bene .

2 Écrit eu dans l'original, suivant un usage encore fréquent à l'époque, qui consiste à laisser invariable la participe passé conjugué avec avoir, lorsque ce participe n'est pas à la fin du groupe de mots .

3 Quelques mots ont été arrachés chaque fois avec le cachet de cire .

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