18/11/2020
J'ai encore à vous demander s'il vous conviendrait de me faire toucher tous les mois trois mille livres
... Petite requête de Dominic Cummings , qui vient de vider son bureau de Downing street, et qui tient à faire vérifier le proverbe "les conseilleurs ne sont pas les payeurs" . Tu as entendu Boris ?
https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/la-grande-bretag...
« A Jacob Bouthillier de Beaumont, Banquier 1
à la Grand-Rue, près de la résidence
à Genève
J'ai, monsieur, des lettres de change pour le paiement d'août chez MM. Couderc et Passavant à Lyon . Je m'adresse à vous pour savoir si vous voudrez avoir la bonté de vous en charger, et s’il convient à vos affaires d'en garder une somme de trente mille livres en me faisant toucher le reste à votre loisir .
J'ai encore à vous demander s'il vous conviendrait de me faire toucher tous les mois trois mille livres de France que M. Laleu, secrétaire du roi, notaire à Paris, paierait au commencement de chaque [mois]2 à vos correspondants sur votre ordre .
Peut-être ne serait-il pas inutile que nous parlassions ensemble de toutes ces petites affaires ; mais ma santé qui est fort mauvaise ne me permet pas d'aller à Genève . Il vous serait bien plus aisé à vous, monsieur, qui vous portez bien, de me faire l'honneur de venir dîner à Ferney .
J'ai celui d'être avec tous le sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire du roi.
A Ferney 3è auguste 1765. »
1 Directeur de l’hôpital de Genève .Voir : https://societe-voltaire.org/cqv/negrier.php
2 Mot omis sur l'original .
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Tout sera dans l'ordre
...
« A Gabriel Cramer
[juillet-août 1765]
Je pense qu'il vaut mieux en effet placer toute la prose de suite dans ce 3è volume qui sera terminé par Adélaïde, La Femme qui a raison , et quelques petites pièces de poésie 1. Tout sera dans l'ordre, et les trois volumes de monsieur Caro pourront être de requise 2. »
1 Ce ne peut se rapporter qu'au troisième volume des Nouveaux mélanges . Cette phrase montre que V* se soucie de l’ordre dans lequel figurent les différentes pièces dans un volume, bien que cet ordre ne soit pas chronologique .
2 Une chose de requise est une chose rare (le mot requise n'apparait que dans cette expression ).
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Tâchez de n’avoir plus besoin de médecins ; on vit et on meurt très bien sans eux
... A propos, qu'on engueule le Pr Raoult, soit, il a eu la langue mal pendue et s'est marché sur le sac en s'en prenant au reste de la profession et défendant son traitement du Covid 19 ; mais qu'on lui fiche la paix, il a traité ses patients avec attention, selon ses recherches, et je ne pense pas qu'il ait plus de morts sur la conscience que ceux des confrères ( pas du tout fraternels ! ) qui l'ont vilipendé . Conseil de l'Ordre , tu te trompes de cible .
Qui veut encore faire médecine aujourd'hui ?
Pour info : http://docteurdu16.blogspot.com/2012/10/les-nouveaux-mede...
« A Nicolas-Claude Thieriot
12è juillet 1765 1
Mon cher et ancien ami, vous êtes en amitié pire que les mauvais chrétiens ne sont dans leurs dévotions ; ils les font une fois l’an, et vous n’écrivez qu’une fois en deux ans. Si c’est votre asthme qui vous a rendu si paresseux, j’en suis encore plus fâché que si l’indifférence seule en avait été cause ; car, quoique je fusse très sensible à votre oubli, je le suis encore davantage à vos maux. Je croyais que vous étiez guéri pour avoir vu Tronchin. Tâchez de n’avoir plus besoin de médecins ; on vit et on meurt très bien sans eux. Il y a bientôt trois ans que je n’ai parlé de ma santé au grand docteur ; elle est détestable, mais je sais souffrir. Un homme qui a été malade toute sa vie est trop heureux, à mon âge, d’exister. J’espère que je verrai bientôt l’aimable et vrai philosophe dont les amygdales vont si mal 2. C’est une des plus grandes consolations que je puisse recevoir dans ma vie languissante.
Je ne peux guère consulter actuellement l’Esprit des lois ; j’ai le malheur de bâtir, je suis obligé de transporter toute ma bibliothèque. Vous voulez parler apparemment de la police municipale, qui paraît si favorisée dans le nouvel édit que M. de Laverdy a fait rendre. Tout le système de M. le marquis d’Argenson roule entièrement sur cette idée. On ne connaissait pas le mérite de M. d’Argenson, qui était un excellent citoyen. Un édit conforme aux opinions de ces deux hommes d’État ne peut manquer d’être bien accueilli. Il me semble que les provinces en sont extrêmement contentes. Il n’en est pas ainsi du petit libelle contre notre Archimède 3. Le peu d’exemplaires qui en sont parvenus à Genève ont été reçus avec la même indignation et le même mépris qu’à Paris. Les temps sont bien changés ; les philosophes d’aujourd’hui écrivent comme Pascal, et les jansénistes comme le père Garasse.
J’ai chez moi actuellement un jeune homme qui promet beaucoup, c’est M. de La Harpe, auteur de Warwick. Je souhaiterais bien qu’il eût autant de fortune que de talents. Il aura de très grands obstacles à surmonter, c’est le sort de tous les gens de lettres.
Adieu ; quand vous vous porterez bien, et qu’il y aura quelque ouvrage qui soit digne que [vous en]4 parliez, n’oubliez pas votre vieil ami dans sa retraite.
V. »
1 V* répond à une lettre du 3 juillet 1765 : « Il y a dix-huit mois, mon très illustre et très tendre ami, que je cours après mon bien et ma santé . Je me suis sauvé entièrement des griffes de mon banqueroutier . Il s'agissait de quatre cents livres de rentes viagères, ce qui est chose considérable dans un nécessaire borné comme le mien ; mais ce qui me touche plus que cette délivrance est celle de mon asthme sec et convulsif .[...] Vous avez vu avec quelle chaleur je m'intéressais pour Damilaville . Il vous inspirera bien vite cette même inclination quand vous le verrez .[...] Faites-vous apporter je vous prie le IIè tome de l'Esprit des lois . Lisez les chapitres 17 et 18 du 26è livre . Rappelez-vous l'édit du roi [édit financier de décembre 1764 ; voir plutôt XXII, XVII-XVIII]. Il me paraît dressé sur ces deux chapitres . Si ma découverte est juste, je sais gré à M. Laverdy d'en faire son profit, et j'en admire davantage M. de Montesquieu . Vale. »
2 Damilaville .
3 De l'abbé Louis Guidi ; voir lettre du 25 juin 1765 à Chabanon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/10/18/il-faut-que-le-petit-troupeau-des-gens-qui-pensent-se-tienne-serre-contre-l.html
4 Manuscrit endommagé .
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