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24/02/2022

Mais voici bien une autre paire de manches

... Le bordélique Poutine a osé . Que disent les woke à ce propos ? Ramènent-ils leurs fraises pour dénoncer cette horreur, eux qui hurlent lorsqu'on conserve une statue  ou une place honorable dans les livres d'histoire pour des ministres du temps des colonies et de l'esclavage ? J'écoute ...!

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

22è novembre 1766

Mes anges sauront, ou savent déjà peut-être, que j’ai eu l’honneur de leur adresser deux paquets par M. le duc de Praslin. Le premier contenait une provision pour le tripot, avec une lettre relative au tripot 1.

Le second renferme ma réponse 2 à la lettre du 13è novembre, dont mes anges m’ont gratifié ; et cette lettre, bien ou mal raisonnée, est soumise à leur jugement céleste. Elle est accompagnée des lettres patentes qu’ils m’ont ordonné d’envoyer à Mlle Durancy 3, d’une lettre à M. du Clairon, et surtout de corrections nécessaires à ma création de dix jours. Souvenez-vous bien, je vous en prie, au quatrième acte, scène seconde, du mot de tyrans, auquel il faut substituer celui de Persans .

Ces biens que des tyrans aux mortels ont ravis ,

mettez :

Ces biens que des Persans aux mortels ont ravis 4.

Tyrans sent le Jean-Jacques ; Persans est plus honnête, et il faut être honnête.

Mais voici bien une autre paire de manches 5, comme disait Corneille ; je ne savais pas, quand je dépêchai mes Scythes, que Le Mierre avait fait Les Suisses 6. Or les Suisses et les Scythes, c’est tout un. Il est impossible que Le Mierre et moi ne nous soyons pas rencontrés. Je ne veux point du tout passer pour être son copiste. En faisant présent de ma pièce aux comédiens, je peux passer devant Le Mierre. Les comédiens peuvent dire que c’est une tragédie qui leur appartient en propre, et qu’ils sont en droit de donner les pièces qui sont à eux avant celles dont les auteurs partagent avec eux le profit.

En un mot, il y a plus d’une tournure à donner à la chose. On peut même obtenir un ordre du premier gentilhomme de la chambre ; ô anges ! vous n’avez qu’à battre des ailes, et on fera ce que vous voudrez. Nous ne pensons pas, au couvent, que l’incognito puisse et doive se garder. Le petit La Harpe n’en sait rien ; mais M. Hennin a vu le manuscrit sur ma table. M. de Taulès, qui est curieux comme une fille, est au fait. Il y a une autre raison encore : c’est que maman 7 prétend que les Scythes sont ce que j’ai fait de mieux ; et moi, je vous avoue que, parmi mes médiocres ouvrages, je ne crois pas qu’il y en ait deux plus singuliers que les Scythes.

Je pense donc qu’il faut hardiment courir les risques des sifflets. Je pense qu’il faut faire lire la pièce devant mon gros neveu, et même devant Damilaville ; qu’il faut donner ce plaisir à vos amis, et vous en faire un amusement. J’attends vos ordres pour lire Les Scythes ou Les Suisses à notre ambassadeur suisse, à Hennin, à Taulès, à La Harpe, à Dupuits, qui ne savent rien encore bien positivement. J’attends vos ordres, dis-je, et je me prosterne.

V. »

3 La distribution des rôles des Scythes. C'est effectivement Mlle Durancy qui créa le rôle d'Obéide .

4Tout ce passage sera par la suite remanié .

6 Le Mierre a composé un Guillaume Tell qui sera représenté avant Les Scythes , le 17 décembre 1766 .

7 Mme Denis .

Il a mis le trouble partout où il a été . C'est un chien basset qui aboie et qui mord ... Il faut être aussi léger qu'on l'est en France pour avoir été quelque temps la dupe de ce misérable

... Rien mieux que cette description ne convient pour ce qui concerne notre politique face au chien Poutine . Il serait temps de le mettre en laisse et muselière .

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

21è novembre 1766

La lettre au docteur Pansophe, madame, est de l’abbé Coyer. J’en suis très certain, non seulement parce que ceux qui en sont certains me l’ont assuré, mais parce que, ayant été au commencement de l’année en Angleterre, il n’y a que lui qui puisse connaître les noms anglais qui sont cités dans cette lettre. Je connais d’ailleurs son style ; en un mot, je suis sûr de mon fait. Il est fort mal à lui, qui se dit mon ami, de s’être servi de mon nom, et de feindre que j’écris une lettre à Jean-Jacques, quand je dis 1 qu’il y a sept ans que je ne lui ai écrit. Je me ferais sans doute honneur de cette lettre an docteur Pansophe, si elle était de moi. Il y a des choses  charmantes et de la meilleure plaisanterie ; il y a pourtant des longueurs, des répétitions, et quelques endroits un peu louches.

Il faut avouer en général que le ton de la plaisanterie est, de toutes les clefs de la musique française, celle qui se chante le plus aisément. On doit être sûr du succès, quand on se moque gaiement de son prochain ; et je m’étonne qu’il y ait à présent si peu de bons plaisants dans un pays où l’on tourne tout en raillerie. Pour moi, je vous assure, madame, que je n’ai point du tout songé à railler, quand j’ai écrit à David Hume : c’est une lettre que je lui ai réellement envoyée ; elle a été écrite au courant de la plume. Je n’avais que des faits et des dates à lui apprendre ; il fallait absolument me justifier des calomnies dont ce fou de Jean-Jacques m’avait chargé. C’est un méchant fou que Jean-Jacques ; il est un peu calomniateur de son métier . Il ment avec des distinctions de jésuite, et avec l’impudence d’un janséniste. Il a mis le trouble partout où il a été . C'est un chien basset qui aboie et qui mord . Je le crois descendu en droite ligne d'un accouplement du chien de Diogène avec une des couleuvres de la discorde . Il faut être aussi léger qu'on l'est en France pour avoir été quelque temps la dupe de ce misérable 2.

Connaissez-vous, madame, un petit Abrégé de l’Histoire de l’Église 3, orné d’une préface du roi de Prusse ? Il parle en homme qui est à la tête de cent quarante mille vainqueurs, et s’exprime avec plus de fierté et de mépris que l’empereur Julien. Quoiqu’il verse le sang humain dans les batailles, il a été cruellement indigné de celui qu’on a répandu dans Abbeville. L’assassinat juridique des Calas, et le meurtre du chevalier de La Barre, n’ont pas fait honneur aux Velches dans les pays étrangers. Votre nation est partagée en deux espèces : l’une, de singes oisifs qui se moquent de tout ; et l’autre, de tigres qui déchirent. Plus la raison fait de progrès d’un côté, et plus de l’autre le fanatisme grince des dents. Je suis quelquefois profondément attristé, et puis je me console en faisant mes tours de singe sur la corde . Pour vous, madame, qui n’êtes ni de l’espèce des tigres ni de celle des singes, et qui vous consolez au coin de votre feu, avec des amis dignes de vous, de toutes les horreurs et de toutes les folies de ce monde, prolongez en paix votre carrière. Je fais mille vœux pour vous et pour M. le président Hénault. Mille tendres respects.

V. »

2 Les quatre phrases qui précèdent sont omises dans l'édition de Kehl et suivantes ; voir lettre du 20 novembre 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/20/o-anges-je-n-ai-jamais-tant-ete-au-bout-de-vos-ailes.html