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16/04/2022

la ridicule infamie que des Velches ont attachée à réciter ce qu’il est glorieux de faire

... Les mesures que veut prendre Marine Le Pen concernant l'écologie et autres sujets sensibles sont aberrantes , quand bien même elles sont présentées comme plus que géniales par cette bonimenteuse de foire, qui débite son texte d'arnaqueuse . Vaut-il mieux entendre cela qu'être sourd ? Non . Franchement, il est grand  temps de ressortir la machine à claques .

 

 

« A Claude-Joseph Dorat Ancien

mousquetaire du roi, etc.

rue de Vaugirard, à l'ancienne Académie

à Paris

À Ferney, ce 8è janvier 1767 1

Monsieur, à la réception de la lettre dont vous m’avez honoré, j’ai dit, comme saint Augustin : Ô felix culpa 2 ! Sans cette petite échappée dont vous vous accusez si galamment, je n’aurais point eu votre lettre, qui m’a fait plus de plaisir que l’Avis aux deux prétendus sages 3 ne m’a pu causer de peine. Votre plume est comme la lance d’Achille, qui guérissait les blessures qu’elle faisait.

Le cardinal de Bernis, étant jeune, en arrivant à Paris, commença par faire des vers contre moi, selon l’usage, et finit par me favoriser d’une bienveillance qui ne s’est jamais démentie. Vous me faites espérer les mêmes bontés de vous, pour le peu de temps qui me reste à vivre, et je crie Félix culpa ! à tue-tête.

J’ai déjà lu, monsieur, votre très joli poème sur la déclamation 4; il est plein de vers heureux et de peintures vraies. Je me suis toujours étonné qu’un art, qui paraît si naturel, fût si difficile. Il y a, ce me semble, dans Paris beaucoup plus de jeunes gens capables de faire des tragédies dignes d’être jouées qu’il n’y a d’acteurs pour les jouer. J’en cherche la raison, et je ne sais si elle n’est pas dans la ridicule infamie que des Velches ont attachée à réciter ce qu’il est glorieux de faire. Cette contradiction velche doit révolter tous les vrais Français. Cette vérité me semble mériter que vous la fassiez valoir dans une seconde édition de votre poème.

Je ne puis vous dire à quel point j’ai été touché de tout ce que vous avez bien voulu m’écrire. J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que méritent la candeur de votre âme et les grâces de votre génie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire .

P. S. Ma dernière lettre à M. le chevalier de Pezay 5 était écrite avant que j’eusse reçu la vôtre. J’en avais envoyé une copie à un de mes amis ; mais je ne crois pas qu’il y ait un mot qui puisse vous déplaire, et j’espère que les faits énoncés dans ma lettre feront impression sur un cœur comme le vôtre. »

1 Original signé ; édition C.-J. Dorat: Mes nouveaux torts, 1775 .Voir : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/11900414/te/page1

2 Ce mot de St Augustin est inclus dans l'Exultet de la messe du dimanche de Pâques : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exultet

Voir la note 3 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome29.djvu/592

4 Même lettre, même note .

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