23/08/2022
vale et ride
... Sans plus, sans moins !
« A Pierre-Michel Hennin
en son hôtel
à Genève 1
La représentation des Scythes ne sera que pour samedi . Monsieur le Résident est supplié de vouloir bien donner au porteur toutes les guirlandes de fleurs qu'il pourra .
M. de Bournonville n'en a pas semé sur nos pas, mais nous pourrons bien en avoir sans lui .
Tâchez aussi , je vous en prie, de nous envoyer le volume que vous avez fait relier dans lequel se trouve l'épître de ce fanatique abbé de Rancé 2 à ses sots moines .
N. B. – Il se pourrait bien faire que la pièce ne fût jouée que de demain en huit, au lieu d'aujourd'hui en huit . Cela sera, je crois, plus commode pour vous . Je vous prie de le dire à mon cher corsaire .
Adieu, monsieur, vale et ride 3.
Samedi [14 mars 1767] au matin à Ferney . »
1 L'édition Correspondance inédite, 1825, date, comme les autres éditions, du 15 mars 1769 ; en fait la date se déduit, en général des diverses allusions, et plus précisément de la réponse de Hennin à V* du 16 mars 1767 qui fait totalement allusion à la Lettre de l'abbé de Rancé .
2 Sur cette Lettre de l'abbé de Rancé à un ami, écrite de son abbaye de la Trappe, 1765 ; de Nicolas-Thomas Barthe, voir lettre du 16 mars 1767 à Chabanon : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-22.html
3Porte-toi bien et ris .
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Puisse la France imiter bientôt la Russie et la Pologne
... Un peu de provoc' par ce titre !
Ce voeu idéaliste du XVIIIè siècle n'est plus d'actualité, désormais un pur voeu pieux .
Il est bien évident qu'on ne doit absolument pas imiter un Poutine et ses sbires, dans le même temps qu'on est en droit d'accueillir, ou au moins aider, des Ukrainiens comme le fait la Pologne : https://www.lesechos.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-la...
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin
14è mars 1767
Le diable est déchaîné, mon cher ami ; et quand on n’est pas aussi fort que l’archange Michel, qui le battit si bien, il faut faire une honnête retraite. Il est très-prudent à vous de ne point envoyer à Dijon des armes offensives qui pourraient tomber entre les mains des ennemis . Il faut attendre qu’il y ait une trêve, pour avoir des correspondances sûres.
Je trouve qu’on fait beaucoup d’honneur au parlement de Besançon, en avouant qu’il n’est pas persécuteur ; mais je crois qu’on se trompe en regardant comme tel le parlement de Dijon. J’espère que Fantet 1 y sera traité aussi favorablement qu’il l’aurait été dans votre province.
J’écrirai à des amis qui prendront sa défense . Avertissez-moi quand Fantet sera à Dijon, et quand il faudra agir . J’y mettrai tout mon savoir-faire. J’ai la main heureuse . L’affaire des Sirven prend le train le plus favorable ; et, quoi qu’on en dise et quoi qu’on fasse, la raison et l’humanité l’emportent sur le fanatisme. Puisse la France imiter bientôt la Russie et la Pologne. L’impératrice de Russie et le roi de Pologne me font l’honneur de m’écrire de leur main qu’ils font tous leurs efforts pour établir la plus grande tolérance dans leurs États . Ils poussent l’un et l’autre la bonté jusqu’à me dire que mes faibles écrits n’ont pas peu contribué à leur inspirer ces sentiments. Ma patrie ne va pas encore jusque-là ; mais la dernière aventure du bureau de Collonges 2 prouve assez les progrès de la raison.
On aura soin, mon cher ami,de vous payer pour vos déboursés . Tâchez de faire parvenir des Honnêtetés 3 à M. Leriche, et quelques Questions 4. Mille tendres amitiés. »
1 Libraire de Besançon, poursuivi juridiquement pour avoir vendu quelques ouvrages philosophiques.
2 L’affaire Le Jeune.
3 Les Honnêtetés littéraires ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/125
4 Les Questions de Zapata , dont la publication est attestée à partir du 4 mars 1767 ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/183
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