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06/10/2022

Je ne craindrais jamais mon père ou mon époux.

... Si seulement ces hommes étaient mieux éduqués  : https://www.francetvinfo.fr/societe/violences-faites-aux-...

 

 

« A Marc-Antoine-Jean-Baptiste Bordeaux de Belmont

Nouveaux changements dans la tragédie des Scythes :1

Acte Ier, scène 1ère (édition des Cramer )

L'olivier à la main devant nous se présente , 2

 

corrigez :

Sur un coursier superbe à nos yeux se présente.

 

Même scène, mettez :

Son adorable fille est encore au-dessus.

De son sexe et du nôtre elle unit les vertus ;

Courageuse et modeste ; elle est belle et l’ignore .

Sans doute elle est d'un rang que chez elle on honore ;

Son âme est noble au moins, car elle est sans orgueil.

Simple dans ses discours, affable en son accueil

Sans avilissement à tout elle s’abaisse .

Etc.

 

Acte IId, scène 1ère (corrigez ainsi ) :

Obéide

Après mon infortune, après l'indigne outrage

Qu'a fait à ma famille, à mon âge, à mon nom

De l'immortel Cyrus un fatal rejeton,

De la cour à jamais, lorsque tout me sépare

Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare,

Sans état , sans patrie, inconnue en ces lieux

Tous les humains, Sulma, sont égaux à mes yeux.

Tout m'est indifférent.

 

Sulma

Ah ! Contrainte inutile !

Est-ce avec des sanglots qu'on montre un cœur tranquille ?

 

Obéide

Hélas ! Veux-tu m'ôter en croyant m'éblouir

Ce malheureux repos dont je cherche à jouir ?

Au parti que je prends je me suis condamnée .

Va – si j'aime en secret les lieux où je suis née

Mon cœur doit s'en punir : il se doit imposer

Un frein qui le retienne, et qu'il n'ose briser .

N'en demande pas plus . Mon père veut un gendre,

Il ne l'ordonne point, mais je sais trop l'entendre .

Le fils de son ami doit être préféré.

Etc.

 

Acte IIIè, scène 1ère

commencez cette scène ainsi :

 

Athamare

Quoi ! C'était Obéide ! Ah ! J'ai tout pressenti .

Mon cœur désespéré m'avait trop averti .

C’était elle, grands dieux !

 

Hircan

Ses compagnes tremblantes

Rappelaient ses esprits sur ses lèvres mourantes .

Etc .

 

Même scène :

Elle aura rassemblé ces objets de terreur ;

Elle imite son père, et je lui fais horreur .

 

Hircan

Un tel saisissement, ce trouble involontaire

Pourraient-ils annoncer la haine et la colère ?

Croyez-moi, les sanglots sont la voix des douleurs

Et les yeux irrités ne versent point de pleurs .

 

Athamare

Ah ! Lorsqu'elle m'a vu, si mon âme surprise

D'une ombre de pitié s'était au moins éprise !

Si, lisant dans mon cœur, son cœur eût éprouvé

Un tumulte secret faiblement élevé !

Hélas ! S'il était vrai ! – tu me flattes peut-être,

Ami, tu prends pitié des erreurs de ton maître .

Qu'ai-je fait ? Que ferai-je , et quel sera mon sort ?

Mon aspect en tout temps lui porta donc la mort !

Etc.

 

Cette même scène doit finir ainsi :

 

Hircan

Oui, seigneur, Obéide

Marche vers la cabane où son père réside,

Je l'aperçois .

 

Athamare

Hélas ! Tâche de désarmer

Ce père malheureux que je n'ai pu calmer .

Des chaumes ! Des roseaux ! Voilà donc sa retraite !

Ah ! Peut-être elle y vit tranquille et satisfaite

Et moi …

etc.

 

Acte IIIè, scène 2de

Sa vertu t'est connue, elle est inébranlable .

 

Athamare

Elle l'est dans la haine, et lui seul est coupable .

 

Obéide

Tu ne le fus que trop, tu l'es de me revoir,

De m'aimer, d'attendrir un cœur au désespoir .

Destructeur malheureux d'une triste famille

Laisse pleurer en paix et le père et sa fille

Il vient . Sors .

 

Athamare

Je ne puis .

 

Obéide

Sors , ne l'irrite pas .

 

Athamare

Non, tous deux à l'envi donnez-moi le trépas .

 

Obéide

Au nom de mes malheurs, et de l'amour funeste
Qui des jours d'Obéide empoisonne le reste,

Fuis, ne m’outrage plus par ton fatal aspect .

 

Athamare

Juge de mon amour ; il me force au respect,

J'obéis – dieux puissants qui voyez mon outrage

Secondez mon amour, secondez mon courage !

(Il sort .)

 

Scène 3è

Sozame

Eh quoi ! Cet ennemi nous poursuivra toujours !

Il vient flétrir ici les derniers de mes jours !

Etc.

 

Même scène

J'ai fait depuis quatre ans d'assez grands sacrifices ;

S’il en fallait encor je les ferais pour vous

Je ne craindrais jamais mon père ou mon époux.

Je vois tout mon devoir –

etc.

 

Acte Ivè, scène 5è

Athamare

Il m'en coûte

D'affliger ta vieillesse et de percer ton cœur,

Ton fils eût mérité de servir ma valeur .

 

Hermodan

Que dis-tu ?

 

Athamare (à ses soldats )

Qu'on épargne à ce malheureux père

Le spectacle d'un fils mourant dans la poussière.

Fermez-lui ce passage .

 

Hermodan

Achève tes fureurs

(on a déjà envoyé toutes les corrections du cinquième acte )

 

Si monsieur de Belmont veut que la pièce lui produise quelque chose il faut qu'Obéide soit touchante et sache pleurer, qu'Athamare soit jeune, brillant , passionné, emporté, que les vieillards soient naturels, qu'Indatire soit naïf, vif et tendre avec Obéide, simple et fier avec son rival . Il faut que les confidents prennent part à l'action . La pièce est très difficile à jouer . Si monsieur de Belmont veut faire une nouvelle édition de la pièce, voici l'épître dédicatoire suivant l'édition de Paris . C'est un vieux Scythe qui lui écrit et qui lui fait ses compliments .

13è avril 1767 à Ferney. »

1 Edition Henri-Auguste Barckhausen : « Lettres et vers de Voltaire », Annales de la faculté de Lettres de Bordeaux, 1880 .

2 Sur le manuscrit, en face de cette ligne, on lit : « N. B. – L'olivier n'est point symbole en Perse, et s'il l'est on ne doit point dire : Viens-tu nous insulter ? » . A quoi Belmont a jouté : « Pourquoi avoir rétabli dans l'édition de Genève L'olivier à la main , etc. ? »

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