Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/06/2023

Je présume qu'il passe fort agréablement son temps avec quelque fille d'Aron-Aralschild

... Mohammed ben Salmane, dit MBS (Mon Beau Sal..d ) : https://www.france24.com/fr/france/20230614-le-prince-h%C...

Dur dur ! il va falloir avaler la pilule et supporter ce violeur des droits humains . Le pétrole garde décidément un goût de merde .

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon, de

l'Académie des belles-lettres, etc.

Rue du Doyenné Saint-Louis-du Louvre

à Paris

30è novembre 1767.

L'anecdote parlementaire que vous avez la bonté de m'envoyer, mon cher ami, m'est d'autant plus précieuse qu'aucun écrivain, aucun historien de Louis XIV n'en avait parlé jusqu'à présent.

Et voilà justement comme on écrit l'histoire. 1

Vous êtes bien plus attentif que le victorieux auteur de l'Èloge de Charles V 2. Il ne m'a point appris d'anecdote, car il ne m'a point écrit du tout. Je présume qu'il passe fort agréablement son temps avec quelque fille d'Aron-Aralschild 3.

Je ne sais pas la moindre nouvelle des tripots de Paris. J'ignore jusqu'aux succès des doubles-croches de Philidor 4, et je suis toujours très affligé de l'aventure des croches de notre ami M. de La Borde. J'ai sa Pandore à cœur, non parce que j'ai fourni la toile qu'il a bien voulu peindre, mais parce que j'ai trouvé des choses charmantes dans son exécution et je souhaite passionnément qu'on joue le péché originel à l'Opéra. Vous me direz qu'il ne mérite d'être joué qu'à la foire Saint-Laurent. Cela est vrai, si on le donne sous son véritable nom; mais, sous le nom de Pandore, il mérite le théâtre de l'Académie de musique. Je vous prie toujours d'encourager M. de La Borde car pour vous, mon cher ami, je vous crois assez encouragé à établir votre réputation en détruisant l'Empire romain. Mais commencez par établir un théâtre, vous n'en avez point. La Comédie Française est plus tombée que l'empire romain.

Nous n'avons plus de soldats dans nos déserts de Ferney. L'arrêt des augustes puissances contre les illustres représentants est arrivé, et a été plus mal reçu qu'une pièce nouvelle. Vous ne vous en souciez guère, ni moi non plus.

Maman et toute la maison vous font les plus tendres compliments . J'enchéris sur eux tous.

V. »

 

2 La Harpe.

3 La Harpe s'occupait de sa tragédie des Barmécides qui ne sera pas jouée avant 1778 .Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6124677v.texteImage

4 Ermelinde, princesse de Norvège, d'Antoine-Alexandre-Henri Poinsinet, musique de Philidor, fut jouée le 24 novembre 1767 ; écoutez https://www.youtube.com/watch?v=0HbSKo1IspI&ab_channel=KuhlauDilfeng3

Ce n'est pas cette pièce qui aurait assuré la survie du nom de Philidor s'il n'avait été par ailleurs un grand joueur d'échecs . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Position_de_Philidor

et : https://www.youtube.com/watch?v=tlNZ9Eurb3k&ab_channel=imineoEchecs

Et voir : http://www.mjae.com/voltaire.html

monseigneur sort tous les jours de son bain pour aller dans le lit d'autrui, et vous êtes tout ébahi que je me sois habillé une fois pour assister à une petite fête

...

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Ferney, 28 novembre 1767

Il y a environ quarante-cinq ans que monseigneur est en possession de se moquer de son humble serviteur. Il y a trois mois que je sors rarement de mon lit, tandis que monseigneur sort tous les jours de son bain pour aller dans le lit d'autrui, et vous êtes tout ébahi que je me sois habillé une fois pour assister à une petite fête. Puissiez-vous insulter encore quarante ans aux faiblesses humaines, en ne perdant jamais ni votre appétit, ni votre vigueur, ni vos grâces, ni vos railleries

Vous avez laissé choir le tripot de la Comédie de Paris. Je m'y intéresse fort médiocrement , mais je suis fâché que tout tombe, excepté l'opéra-comique. J'ai peur d'avoir le défaut des vieillards, qui font toujours l'éloge du temps passé . Mais il me semble que Le siècle de Louis XIV, dont on fait actuellement une édition nouvelle fort augmentée, était un peu supérieur à notre siècle.

Comme cet ouvrage est suivi d'un petit abrégé qui va jusqu'à la dernière guerre1, je ne manquerai pas de parler de la belle action de M. le duc d'Aiguillon , qui a repoussé les Anglais 2. J'avais oublié cette consolation dans nos malheurs. Votre ancien serviteur se recommande toujours à votre bonté et loyauté, et vous présente son tendre et profond respect.

V. »

1 C'est à la fin du Siècle de Louis XIV de 1768 que paraît la première édition du Précis du Siècle de Louis XV sous une forme à peu près définitive y donnant le récit de la guerre de Sept ans (1757-1763).

2 A la bataille de Saint-Cast ( 11 septembre 1758 ) au cours de laquelle le duc D’Aiguillon repoussa les Anglais qui avaient débarqué ; voir Précis du Siècle de Louis XV, chap. XXXV : page 370 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome15.djvu/380