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21/12/2024

il a pardonné publiquement à ceux qui l’avaient calomnié

...Peut-être qu'un jour lointain on pourra le dire d'Emmanuel Macron, président qui doit subir les imbéciles attaques d'une Marine Le Pen forte en gueule et qui ne bouge pas un doigt pour construire quoi que ce soit . Si elle est si exemplaire, qu'elle donne de ses deniers à Mayotte .

 

 

« A Paul Foucher

A Genève ce 25 juin 1769 1

J’ai reçu, monsieur, la lettre dont vous m’honorez, en date du 17 de juin 2. Je vous prie de permettre que ma réponse figure avec votre lettre dans le Mercure de France, qui devient de jour en jour plus agréable, attendu qu’il est rédigé par deux hommes 3 qui ont beaucoup d’esprit, ce qui n’est pas rare, et beaucoup de goût, ce qui est assez rare.

Je n’ai point encore montré votre lettre au bon vieillard contre lequel vous voulez toujours avoir raison. Son nom, dites-vous, s’est trouvé au bout de votre plume, quand vous écriviez sur Zoroastre : mais, monsieur, il n’a rien de commun avec Zoroastre que d’adorer Dieu du fond de son cœur, et d’aimer passionnément le soleil et le feu , son âge de soixante et seize ans, et ses maladies, lui ayant fait perdre toute chaleur naturelle, jusqu’à celle du style.

Je suis très aise, pour votre bourse, que vous ayez perdu l’envie de parier ; je vous aurais fait voir que, dans son dernier voyage en Perse avec feu l’abbé Bazin, il composa une tragédie persane, intitulée Olympie. Il dit, dans les remarques sur cette pièce : « Quant à la confession… elle est expressément ordonnée par les lois de Zoroastre, qu’on trouve dans le Sadder.4 »

Je vous aurais prié de lire, dans d’autres remarques de sa façon sur l’Histoire générale, page 26 : « Les mages n’avaient jamais adoré ce que nous appelons le mauvais principe … ce qui se voit expressément dans le Sadder, ancien commentaire du livre du Zend 5. »

Je vous montrerais à la page 36 du même ouvrage, ces propres mots : « Puisqu’on a parlé de l’Alcoran, on aurait dû parler du Zenda Vesta, dont nous avons l’extrait dans le Sadder 6. »

Vous voyez bien, monsieur, qu’il ne prenait point le livre du Sadder pour un capitaine persan, et que vous ne pouvez en conscience dire de lui :

Notre magot prit pour le coup

Le nom d’un port pour un nom d’homme ;

De telles gens il est beaucoup

Qui prendraient Vaugirard pour Rome,

Et qui, caquetant au plus dru,

Parlent de tout, et n’ont rien vu.7

Je ne demande pas qu’en vous rétractant vous apportiez un sac plein d’or pour payer votre pari, avec une épée pour en être percé à discrétion par l’offensé. Je connais ce bonhomme ; il ne veut assurément ni vous ruiner, ni vous tuer ; et d’ailleurs on sait que, dans les dernières cérémonies persanes 8, il a pardonné publiquement à ceux qui l’avaient calomnié auprès du sophi.

Je suis très étonné, monsieur, que vous prétendiez l’avoir fâché ; car c’est le vieillard le moins fâché et le moins fâcheux que j’aie jamais connu. Je vous félicite très sincèrement de n’être point du nombre des critiques qui après avoir voulu décrier un homme, s’emportent avec toutes les fureurs de la pédanterie et de la calomnie contre ceux qui prennent modestement la défense de l’homme vexé. Je renvoie ces gens-là à la noble et judicieuse lettre de M. le comte de L*** T*** 9, qui a si généreusement combattu depuis peu en faveur du neveu de l’abbé Bazin. Vous semblez être d’un caractère tout différent ; vous entendez raillerie, vous paraissez aimer la vérité.

Adieu, monsieur ; vivons en honnêtes Parsis ; ne tuons jamais le coq ; récitons souvent la prière de l’Ashim Vuhu ; elle est d’une grande efficacité, et elle apaise toutes les querelles des savants, comme le dit la porte 39.

Lorsque nous mangeons, donnons toujours trois morceaux à notre chien, parce qu’il faut toujours nourrir les pauvres, et que rien n’est plus pauvre qu’un chien, selon la porte 35.

Ne dites plus, je vous en prie, que le Sadder est un plat livre : hélas ! monsieur, il n’est pas plus plat qu’un autre. Je vous salue en Zoroastre, et j’ai l’honneur d’être en bon français, monsieur, votre,etc.

Bigex. »

1 Copie Beaumarchais-Kehl ; éd. « Lettre à M. l'abbé Foucher [etc.] », Mercure de France août 1769, p. 122-126 . cette lettre , comme celle du 20 avril est manifestement de V* .

2 Foucher répondait à la lettre du 30 Avril 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/30/j-espere-que-vous-serez-content-de-ma-politesse-6520988.html

Dans une lettre à V* du 17 juin, Foucher remarque qu'il a cité V* d'après l'édition de 1756 de l'Essai sur l'Histoire générale. Cette édition était la seule dont il disposait quand il composait les Mémoires sur la religion des Perses (1759 ou 1760) . Pour sa part, V* se réfère à l'édition corrigée de 1761. Dans l'édition de 1756, V* avait bien écrit : « Zoroastre dans les écrits conservés par Sadder » ; l'édition de 1761 corrige « Zoroastre dans les écrits que le Sadder a rédigés ». Correction maladroite, car, comme le remarque Foucher, « l'idée d'un homme se présente toujours à l'esprit, car on n'a jamais écrit qu'un livre en avait rédigé un autre . »

 

3 La Harpe et Lacombe. (G.A.)

4Dans une note sur Olympie, II, 2 : note 11 : https://fr.wikisource.org/wiki/Olympie_%28Voltaire%29

5 Remarques pour servir de supplément à l'essai sur les mœurs et l'esprit, chap. IX : https://fr.wikipedia.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs_et_l%27esprit_des_nations

6 Essai sur les mœurs, chap. V ; ce passage fut ultérieurement modifié .

7 La Fontaine : liv. IV, fab. VII Le Singe et le Dauphin : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/singdof.htm

8 C’est-à-dire en communiant. (G.Avenel.)

9 Jean Chrysostome Larcher, comte de La Touraille : Lettre à l'auteur d'une brochure intitulée « Réponse à la défense de mon oncle », 1769.

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