16/06/2025
Il voit d’ailleurs, avec une honnête indifférence, qui gouverne et qui ne gouverne pas, qui se remue beaucoup pour rien et qui ne se remue pas, qui tracasse et qui ne tracasse pas
... Serait-ce la description du pape Léon XIV estimant la valeur des présidents de tous poils en gardant une neutralité angélique ?
« A Gottlob Louis, comte de Schomberg
5 janvier 1770
Monsieur,
Quand l’ermite du mont Jura s’intitulait le pauvre vieillard, il n’avait pas tort. Sa santé et ses affaires étaient également dérangées, et le sont encore : malheur aux vieillards malades ! La faiblesse extrême où il est ne lui a pas permis d’écrire pendant un mois entier, il est tout à fait hors de combat, et d’ailleurs excédé par des travaux qui l’avaient d’abord consolé des misères de ce monde.
Soyez très persuadé, monsieur, qu’il n’a jamais trempé dans l’infâme complot que quelques parents et amis avaient fait de l’arracher à sa retraite. Il connaît trop le prix de la liberté, et celui du repos nécessaire à son âge. Il est sensible à vos bontés comme s’il était jeune. Il voit d’ailleurs, avec une honnête indifférence, qui gouverne et qui ne gouverne pas, qui se remue beaucoup pour rien et qui ne se remue pas, qui tracasse et qui ne tracasse pas ; il aime, il estime votre philosophie, et rend justice à vos différentes sortes de mérite ; il mourra votre très attaché.
Si vous n’avez pas un petit livre de Hollande intitulé Dieu et les Hommes 1, je pourrai vous en procurer un par un ami ; vous n’avez qu’à ordonner.
Si vous voyez M. d’Alembert, voici un petit article pour lui 2.
Je sais qu’un homme qui fait des vers mieux que moi lui a récité des bribes fort jolies d’un petit poème intitulé Michaud, ou Michon et Michette 3, et qu’il lui a dit que ces gentillesses étaient de moi. Le bruit en a couru par la ville. Il est clair cependant qu’elles sont de celui qui les a récitées. C’est, dit-on, une satire violente contre trois conseillers au Parlement, qui sont des gens fort dangereux. On met tout volontiers sur mon compte, parce qu’on croit que je peux tout supporter, et qu’étant près de mourir, il n’y a pas grand mal de me faire le bouc émissaire. Après tout, je crois l’auteur trop galant homme pour m’imputer plus longtemps son ouvrage. Il est dans une situation à ne rien craindre de MM. Michon ou Michaud, supposé qu’il y ait des conseillers de ce nom. Je ne suis pas dans le même cas ; et d’ailleurs je n’ai jamais vu un seul vers de cet ouvrage. Je ne doute pas que M. d’Alembert, quand il reverra l’auteur, qui n’est pas actuellement à Paris, ne lui conseille généreusement de se déclarer, ou d’enfermer son œuvre sous vingt clefs.
Voilà, monsieur, ce que je vous supplie de montrer à M. d’Alembert dans l’occasion. Je ne lui écris point, je suis trop faible, et c’est un effort pour moi très grand de dicter même des lettres.
Adieu, monsieur ; je serai, jusqu’au dernier moment, pénétré pour vous de la plus tendre estime. Je ne cesse d’admirer un militaire si rempli de goût, d’esprit et de bonté. »
1 Paru au début octobre 1769 ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/139
2 On ne sait ce que c'est que cet écrit, lettre ou brochure .
3 Voir la note 3 sur la lettre du 15 octobre de d'Alembert : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7688
17:47 | Lien permanent | Commentaires (0)
je vous donne ma parole d'honneur de le brûler en présence de témoins dès que j'en aurai fait usage
... A ceci près que son usage est précisément de brûler les témoins" disent les exposants en armes israëliens venus au Salon Aéronautique du Bourget qui se voient refuser l'autorisation de vendre et montrer les armes dont ils font un usage terriblement efficace à Gaza et en Iran et au Liban, etc.: https://www.franceinfo.fr/monde/israel/salon-du-bourget-i...
« A Jacques Lacombe Libraire
rue Christine
à Paris
5è janvier 1770 à Ferney
Vous serez bien étonné, monsieur, que j'aie besoin du recueil de l'Année littéraire 1 ; mais je vous donne ma parole d'honneur de le brûler en présence de témoins dès que j'en aurai fait usage . Il s'agit du mot critique dans le nouveau dictionnaire encyclopédique qu'on prépare 2, et comme on rend dans cet ouvrage une justice très impartiale aux bons et aux méchants esprits, aux savants et aux ignorants, aux honnêtes gens et au coquins, on ne peut s’empêcher d'y mettre Fréron, quoique son nom n'ait jamais été enregistré qu'au Châtelet et au Fort-L'Evêque .
Vous avez sans doute dans votre grenier les vieux paquets que je vous demande . Donnez-moi, je vous en prie , la préférence sur les beurrières . Ayez la bonté de me faire tenir le ballot par les rouliers de Bourgogne . Il me parviendra sûrement .
Je vous souhaite la bonne année, et j'ai l'honneur d'être avec le plus vif intérêt qu'on puisse prendre à vous, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .
V. »
1 Dans sa bibliothèque , V* n'avait que des extraits de l'Année littéraire .
2 Un article « Critique » a déjà paru dans le Dictionnaire philosophique ; la version augmentée des Questions sur l'Encyclopédie de 1771 contient un bref morceau contre Fréron : https://artflsrv03.uchicago.edu/philologic4/toutvoltaire/navigate/939/1/49/
17:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
nous raisonnerons de tout cela à tête reposée
... Il serait heureux que cela ne tarde pas pour que des accords soient signés au plus tôt et qu'Israël ne se contente pas de démontrer sa puissance par les armes seulement . Raser une région et affamer toute une population est monstrueux, vouloir faire tomber le régime iranien par les armes est insensé et présomptueux . Foutue loi du talion qui règne encore en ce Moyen-Orient surchauffé !
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin fils
Avocat au parlement
à Saint-Claude
Cent bonnes années à mon cher petit philosophe . Le vieil ermite est toujours bien malade, et bien faible ; mais ses sentiments pour le Cicéron de Saint-Claude ne sont point affaiblis .
Nous commencerons l'impression d'une très honnête encyclopédie, dès que nous aurons reçu les Réflexions sur la jurisprudence des Francs, l'article « Criminel1 », où le procès du chevalier de La Barre est tout au long .
On ne sait encore si on imprimera cette pièce sous le nom du chevalier de La Barre ou sous un nom supposé . Nous espérons voir monsieur Christin vers le saint temps de Pâques, et nous raisonnerons de tout cela à tête reposée .
L'oncle et la nièce lui font les plus sincères compliments .
5è janvier 1770. »
1 L'article « Criminel » ne mentionne pas La Barre quoiqu'il soit de V*.
08:41 | Lien permanent | Commentaires (0)