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20/06/2025

Mais sur quelle parole peut-on compter ?

... Ah les bons billets que nous donnent les gouvernants ! D'est en ouest et de nord en sud, où y a-t-il des gens de parole quand parlent les armes ? On vit avec les menaces de comptes à rebours fatals épuisants .

 

 

« A Sébastien Dupont

A Ferney, 11 Janvier 1770 1

Tâchez, mon cher ami, de tuer quelque gros prélat dont le bénéfice soit à la nomination de M. le duc de Virtemberg, car il m’a promis que la première place serait pour M. votre fils 2, et M. de Montmartin m’en a donné aussi sa parole. Mais sur quelle parole peut-on compter ? Je n’entends parler ni de M. Rosé 3, ni de la subrogation sur la terre du baron banquier Diétrich, ni du remboursement di questo barone 4. On s’est moqué de moi dans cet arrangement ; mais, après tout, le sieur Rosé s’est soumis à me payer quatorze mille francs tous les trois mois jusqu’à fin de compte ; et quand même il dirait : Le beau billet qu’a La Châtre ! 5 il faut qu’il me donne de l’argent.

Je vous prie de vouloir bien le faire souvenir très sérieusement de ses engagements, et d’avoir la bonté de me dire en quels termes on est avec le baron. Je soupçonne qu’il n’a jamais été question de le rembourser ; il est assez vraisemblable que tout mon argent a été donné à M. le prince de Virtemberg, qui est à Montbéliard avec quatre enfants. Il est juste qu’étant prince et père de famille, il passe avant nous ; mais il est juste aussi que Rosé me paie, car j’ai aussi une nombreuse famille à nourrir. Je vous demande en grâce de me recommander à ses bontés, afin que je ne sois pas forcé de demander la protection du conseil souverain d’Alsace auprès de lui.

Adieu, mon cher ami ; je vous souhaite à vous et à toute votre famille beaucoup de bonnes années ; ainsi fait madame Denis ; ainsi fait aussi père Adam.

V. »

1 Original passé à la vente à New York les 21-22 novembre 1938 ; éd. Lettres inédites, 1821 .

2 Il reçut la cure de Bennwihr près de Colmar, dont le revenu était de 4000 livres par an ; voir Fernand J. Heitz, Le Barreau à Colmar, Deux registres de délibérations du Barreau de Colmar 1712-1870, 1932 , p. 279 .

3 V* n'a manifestement pas encore reçu la lettre de Rosé du 4 janvier 1770 qui le rassurait sur le paiement, mais lui déconseillait l'usage du vin de Riquewihr qu'il souhaitait se procurer : « Il abrégerait vos jours précieux […] En général le vin de Riquewihr est malsain pour les personnes qui n'y sont pas accoutumées. »

4 De ce baron .

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