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29/08/2025

J’ai soupçonné que, dans toute cette affaire, il y avait eu quelque malin vouloir

... Rien d'étonnant à ça, mon cher Voltaire, dès qu'on parle politique, et plus encore élections, et les tractations pour que Rachida Dati puisse concourir à la mairie de Paris en sont un des exemples . Cette femme est vraiment un morpion (elle s'attache aux parti(e)s et tant pis si ça ne sent pas bon) , gloriole et pognon sont ses buts .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

17è mars 1770

Je reçois, mon cher ange, aujourd’hui 17 de mars, votre lettre du 27 de février 1. Cela est aussi difficile à concilier que la chronologie de la Vulgate et des Septante.

Quoique votre lettre vienne bien tard, je ne laisse pas d’envoyer 2 sur-le-champ à M. le duc de Choiseul les attestations de la mort de femmes grosses. Je prétends qu’on me croie quand je dis la vérité. Un capucin est fait pour être cru sur sa parole, qui est celle de Dieu. D’ailleurs on ne ment point quand on est aussi malade que je le suis ; on a sa conscience à ménager.

Si les choses de ce monde profane me touchaient encore, je vous parlerais de M. l’abbé Terray, votre ancien confrère, qui, sans respecter votre amitié pour moi, m’a pris, dans la caisse de M. de Laborde, tout ce que j’avais, tout ce que je possédais de bien libre, toute ma ressource. Je lui donne ma malédiction séraphique. Mais, plaisanterie à part, je suis très fâché et très embarrassé. Je n’ai assurément ni assez de santé, ni assez de liberté dans l’esprit pour songer au Dépositaire. Mon dépositaire est contrôleur général ; mais il n’est pas marguillier. J’ai soupçonné que, dans toute cette affaire, il y avait eu quelque malin vouloir ; et vous pouvez, en général, me mander si je me trompe.

Je vous ai envoyé une petite consultation pour M. Bouvart 3. Elle arrivera peut-être au mois d’avril, comme votre lettre de février est arrivée en mars. Je voulais savoir s’il avait des exemples que le lait de chèvre eût fait quelque bien à des pauvres diables de mon âge, attaqués de la maladie qui me mine. N’ayant point de réponse, j’ai consulté une chèvre ; et si elle me trompe, je la quitterai.

J’imagine qu’à présent vous avez quelques beaux jours à Paris, et que Mme d’Argental s’en trouve mieux. Je vous souhaite à tous deux tous les plaisirs, toutes les douceurs, tous les agréments possibles. Vous pouvez être toujours sûrs de ma bénédiction. Non seulement je suis capucin, mais je suis si bien avec les autres familles de saint François que frère Ganganelly m’a fait des compliments 4.

Vraiment oui j’ai lu La Religieuse, et ce n’a pas été avec des yeux secs. Tout ce qui intéresse les couvents me touche jusqu’au fond de l’âme.

Recommandez-vous bien aux saintes prières de

Frère François, capucin indigne. »

1 Elle est conservée.

Je doute beaucoup de toutes ces séductions. Vous savez avoir raison et plaire

... Heu ! non ! sinon M. Bayrou, premier ministre encore en place de justesse, vous n'auriez pas besoin de brandir l'article 49-1 de la Constitution : https://www.publicsenat.fr/actualites/parlementaire/vote-...

Voltaire vous aurait-il approuvé, lui qui écrivait en 1733 : "... flatté qu’en adoucissant certains traits, je pourrais obtenir une permission tacite ; et je ne sais si je prendrai le parti de gâter mon ouvrage pour avoir une approbation."

Rendez-vous le 8 , en comptant sur les abstentions .

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

16è mars 1770

Vraiment, monsieur, je ne me plains point de Bougroz 1; mais je plains beaucoup ceux qu’il a volés. Sa femme et lui sont fort adroits. Ils enlevèrent tous leurs meubles pendant la nuit sous le nez de leur hôtesse, emportèrent la clef de l’appartement, laissèrent pour environ six cents livres de dettes, et vinrent tranquillement vous demander un passeport.

Ce Bougroz a été garde du corps dans la compagnie de Noailles, chassé probablement pour des tours semblables, et envoyé en Amérique. Il se fit depuis chirurgien, médecin et apothicaire. Il est très violemment soupçonné d’avoir empoisonné à Ferney une pauvre fille de Suisse qu’il disait sa femme.

Tout ce qu’on pourrait faire en faveur de celle qu’il a emmenée en Languedoc, et avec laquelle il a fait un contrat en Suisse, serait de l’exhorter à n’être jamais purgée de sa façon.

Je pense d’ailleurs que vous pourriez lui faire envoyer son attestation de divorce, mais avec une boîte de contre-poison.

Voilà tout ce que je sais de Bougroz.

Quant a monsieur l’a[m]bassadeur, si c’est M. le BARON DE PHILIBERT, il est bon qu’on en soit instruit à Versailles pour le recevoir selon sa dignité 2.

On prétend que monsieur le duc est fort mécontent de monsieur l’abbé 3, je le défie de l’être plus que moi ; j’aiderai pourtant la colonie autant que je le pourrai, quoiqu’on m’ait pris une somme terrible.

Il y a deux émigrants à Ferney, l’un nommé Vaucher, l’autre Gaubiac, qui veulent ravoir leurs femmes et leurs effets. On les a menacés de la prison, s’ils reviennent à Genève, parce qu’ils n’ont pas fait le serment. Je pense que vous pourriez leur accorder un passeport comme à des Français ; mais, en attendant, j’envoie leur placet à monsieur le duc, et je le prie de vous le renvoyer apostillé 4.

On m’a assuré que l’ambassadeur, qui est séduisant, séduirait M. de Taulès contre vous 5, et que tous deux séduiraient M. de Bournonville, lequel séduirait monsieur le duc. Je doute beaucoup de toutes ces séductions. Vous savez avoir raison et plaire. Vous avez séduit mon cœur pour tout le temps qu’il battra dans ma pauvre machine.

Comme le pape me fait des compliments par M. le cardinal de Bernis 6, je vous prie, monsieur, de recevoir ma bénédiction séraphique.

Frère François, capucin indigne. »

2 En effet Choiseul refusa de recevoir Philibert Cramer et lui écrivit de sa main qu'il était inutile qu'il se donnât la peine de le voir, « comme il était très inutile que vous fissiez ce voyage ».

3 L’abbé Terray.

5 Le 24 mars, Hennin informa Choiseul des rumeurs selon lesquelles il aurait été remplacé comme envoyé à Genève, rumeurs sans fondement .

6 V* force un peu la note. Dans sa lettre du 28 février 1770 Bernis lui écrivit textuellement : « J'ai dit au pape que vous m'écriviez il y a quelque temps : :Comment donc ! Votre pape paraît avoir une bonne tête ! Depuis qu'il règne il n'a pas fait encore une sottise ! Sa Sainteté écouta cette plaisanterie avec plaisir , elle me parla avec éloge de la supériorité de vos talents . Si vous finissez par être un bon capucin, le pape osera vous aimer autant qu'il vous estime . »

Il n'y a que vous qui puissiez me donner de mauvaises pensées si j'avais l'honneur de vous faire ma cour

... Peut-on , mesdames, être plus agréablement courtisées ?

 

 

« À Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

16 mars 1770, à Ferney.

Madame,

Je vois que vous êtes une mondaine, qui négligez les grâces d'en haut et qui n'êtes occupée que des vôtres.

Après avoir si noblement secouru les capucins mes confrères, vous abandonnez frère François qui prie Dieu soir et matin pour votre colonie de la ville de Choiseul sur la rivière de Versoix.

C'est une belle chose Madame que d'être fondateur, mais je vous prie de considérer que mon patron saint François d'Assise a été fondateur aussi, et qu'il a nourri plus de fainéants que M. l'abbé Terray n'en ruine.

Pensez-vous que si monsieur le contrôleur général m'a pris tout ce qui était dans mon tronc, j'en sois moins cher à Dieu? Tout au contraire Madame, j'en serais plus résigné . Il n'y a que vous qui puissiez me donner de mauvaises pensées si j'avais l'honneur de vous faire ma cour.

En attendant que vous me damniez, j'ose vous supplier de faire votre métier, et de satisfaire votre passion favorite c'est-à-dire, de faire du bien et de protéger des malheureux.

Daignez proposer à monseigneur votre époux d’apostiller à Genève ce placet 1 que je mets à vos pieds. Je les préfère à ceux de frère Ganganelly avec lequel je ne suis pas mal .

Agréez toujours à bon compte, Madame, ma très respectueuse bénédiction

Frère François capucin indigne.

Nota . – On m'a dit que mon libraire Cramer, député de Genève s'appelle le BARON PHILIBERT, il est bon que monseigneur le sache afin qu'il n'y ait point d'équivoque. Philibert est son nom de baptême et vous savez quelle vénération j 'ai pour ces noms-là. Un député peut mentir mais il ne peut tromper monseigneur votre époux . Au reste mon libraire est fort aimable, mais je ne voudrais pas qu’il vit mes mauvaises plaisanteries qui ne conviennent pas à la gravité de mon caractère. »