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02/11/2012

je ne serai point surpris s'il arrive malheur à notre brillante armée, qui manque de pain

... Et bien qu'on lui donne de la brioche ! à cette grande muette, qui cependant, et je l'ai appris il y a peu, est en droit de voter après que les femmes ont eu ce même droit (n'y voyez aucun lien de cause à effet ) .

 T'as vu sa tronche ?

Demande une tranche pour voir  !

 t'en veux une tranche  t'as vu ma tronche0382.jpg

 

« A M. [Jean]-Robert TRONCHIN, banquier à Lyon

Monrion, 29 mai [1757]

Il y a bien longtemps que je ne vous ai écrit mon cher correspondant . Je vois que je ne serai instruit du sort de mon petit traité 1 avec l'Altesse électorale palatine qu'à la fin de juin cela sera plus commode pour les comptes. J'ai reçu aujourd'hui une lettre fort agréable de l'électeur, mais qui me renvoie pour les calculs à son Moras 2, et son Moras n'a point encore fini. Le roi de Prusse va un peu plus vite en besogne; on prétend qu'il administrera bientôt les finances de Vienne, comme celles de Saxe. J'augure assez mal de tout ceci, et je ne serai point surpris s'il arrive malheur à notre brillante armée, qui manque de pain.

Ma nièce et moi nous vous remercions et nous vous lutinons sans cesse . Faudra-t-il encore qu'après tous les envois dont vous avez eu la bonté de vous charger et surcharger on vous demande vos bons offices pour quatre feux de cheminée avec les petits agréments dorés et les pelles et les pincettes et les tenailles et les soufflets ? Belle commission !

Plus deux réchauds à brique, pour réchauffer nos ragoûts dans l'occasion .

Plus six livres de belle cire d'Espagne pour cacheter les petits billets qu'on vous écrira de Monrion et des Délices .

Vous avez sans doute eu la bonté de rembourser M. de La Tourette 3. Si vous avez quelque chose de nouveau sur mer ou sur terre ayez la charité d'en gratifier deux Suisses qui vous aiment de tout leur cœur .

V. »

 

01/11/2012

bientôt on verra les Prussiens se mesurer contre les Français.

... Angela, force de la nature, mâtinée tank, contre François aminci mais volontaire ! Quel match !

Je fais des voeux pour qu'une prompte réconciliation arrive . Comme dit Volti "S'il y a une bataille, il est à croire qu'elle sera bien meurtrière ", économiquement parlant , évidemment .

Retransmission -quasi en direct- du match !

je te tiens tu me tiens.jpgJe te tiens tu me tiens !

détourner l attention del adversaire.jpgÔ tu as vu l'oiseau !

 

tentative d étranglement.jpgTentative d'étranglement

 

j en ai jusque là.jpgJ'en ai jusque là !

 

on se calme.jpgOn se calme

 

faisons la paix.jpgFaisons la paix !

Happy end !


 

 

 

« A M. Louis-François-Armand du PLESSIS, maréchal duc de RICHELIEU.

A Monrion, 26 mai [1757].

Feu l'amiral Byng vous assure de ses respects, de sa reconnaissance, et de sa parfaite estime, il est très-sensible à votre procédé, et meurt consolé par la justice que lui rend un si généreux soldat, so generous a soldier 1; ce sont les propres mots dont il a chargé son exécuteur testamentaire; je les reçois dans le moment, en arrivant à Monrion, avec les pièces inutilement justificatives de cet infortuné.
C'est là, mon héros, tout ce que je puis vous dire de l'Angleterre, où les amis et les ennemis de l'amiral Byng rendent justice à votre mérite.
Je crois qu'on ne se doutait pas, en France, de la campagne à la Turenne que fait le roi de Prusse. Faire accroire aux Autrichiens qu'il demande des palissades, sous peine de l'honneur et de la vie, pour mettre Dresde hors d'insulte, entrer en Bohême par quatre côtés, à la même heure; disperser les troupes ennemies, s'emparer de leurs magasins; gagner une victoire signalée 2, sans laisser aux Autrichiens le temps de respirer ! vous avouerez, monseigneur, vous qui êtes du métier, que la belle campagne du maréchal de Turenne ne fut pas si belle. Je ne sais jusqu'à quel point de si rapides progrès pourront être poussés; mais on prétend qu'il envoie vingt mille hommes au duc de Cumberland, et que bientôt on verra les Prussiens se mesurer contre les Français. Tout ce que je sais, c'est qu'il en a toujours eu la plus forte envie. S'il y a une bataille, il est à croire qu'elle sera bien meurtrière.
Parmi tant de fracas, conservez votre bonne santé et votre humeur. Daignez, monseigneur, ne pas oublier les paisibles Suisses, et recevez avec votre bonté ordinaire les assurances de mon tendre et profond respect.

 

V. »

 

1 V* utilisera cet événement de l'exécution de Bing dans Candide chap. XXIII : http://www.personal.kent.edu/~rberrong/fr33337/candide23.htm

 

2 Celle du 6 mai ; le roi de Prusse gagne, en Bohème, a Ziscaberg, près de Prague, une bataille sur les Autrichiens, commandés par le maréchal comte de Brown , sous les ordres du prince Chartes de Lorraine .

 

 

 

 

La ville de Genève, qui n'a guère d'autre emploi que de gagner de l'argent et de faire des nouvelles

... Au point que je parierais volontiers qu'en jouant à colin-maillard en cette cosmopolite (et policée) ville   à la recherche non pas d'une partenaire en chair et en os, mais d'un partenaire qui banque, ou au pis d'une boutique de luxe, vous aurez peu de risque de vous tromper en toquant sur une vitrine au hasard . L'argent n'y a pas d'odeur , le blanchissage/blanchiment y est redoutablement efficace . Longue tradition genevoise en particulier et suisse en général .

Le seul vrai changement depuis le XVIIIè siècle est le jet d'eau de la rade .

jetd eau genève9078.JPG

 

« A madame Louise Dorothée von MEININGEN, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 24 mai [1757].

Madame, je suis presque aussi malade qu'une armée autrichienne. Quand je surprends un petit moment de répit pour écrire à Votre Altesse sérénissime, je laisse la lettre sur ma table pour recevoir les ordonnances du docteur Tronchin, et puis je date tout de travers. Il n'en est pas ainsi de Mme la duchesse de Gotha. Les lettres dont elle m'honore arrivent avec exactitude, du jour de leur date. Elle est régulière dans les petites choses comme dans les grandes; je la remercie des relations dont elle a daigné me faire part.
La ville de Genève, qui n'a guère d'autre emploi que de gagner de l'argent et de faire des nouvelles, disait déjà que Prague était prise, et que les Prussiens allaient à Vienne. Peut- être tout cela est-il devenu vrai au moment que j'ai l'honneur d'écrire à Votre Altesse sérénissime peut-être aussi la perte des Autrichiens n'est pas aussi grande que le prétendent les vainqueurs ils disent que le prince Charles est dans Prague avec des forces suffisantes, et que le maréchal de Brawn 1, blessé légèrement, a rassemblé le reste de l'armée. Ce seront les suites de la victoire qui la rendront plus ou moins complète. J'imagine qu'un gourmand qui voudrait faire bonne chère ne devrait pas aller
dîner à présent à l'armée autrichienne.
Nous avons ici un Russe qui jure par saint Nicolas que ses compatriotes arrivent pour être de la partie; il y a des gens qui jurent par Frédéric qu'ils seront battus. Mais voilà bien du monde à battre et à force de tuer et d'être tué, il ne restera bientôt plus personne. J'ai bien peur encore que pour éclaircir le genre humain, le duc de Cumberland, renforcé de quelques Prussiens, n'aille faire, la baïonnette au bout du fusil, des propositions à l'armée française, qui s'avance pour le bien de la paix.
Je crois, madame, Dieu me pardonne, qu'il y a des troupes de Votre Altesse sérénissime dans l'armée hanovrienne en ce cas, madame, voilà mon cœur partagé entre ma fringante patrie et la Thuringe. Je n'ai qu'à souhaiter que tout le monde retourne chez soi honnêtement. Je plains seulement ce gros fiscal de l'Empire, qui a perdu à tout cela son papier et son encre. Plût à Dieu qu'il n'y eût que de l'encre de perdu 2! La race humaine est bien méchante et bien malheureuse; mais il faut l'aimer en faveur de Votre Altesse sérénissime, de votre auguste famille et de la reine des cœurs. Daignez, madame, accepter mon profond respect. 

V.»

2 On a aussi employé le masculin pour ce mot ; voir Histoire de la langue française de A. François .