07/05/2020
Je n'ai presque point quitté mon lit depuis deux mois
... Là je galèje un peu !
Je veux dire que je n'ai pas quitté ma cour plus d'une fois par semaine , je maitrise parfaitement l'art d'accommoder les restes, les menus sont peu variés, ce qui ne m'a pas empêché de faire un peu de gras ( à déconfiner lui aussi, le plus tôt possible ) . A 16h, nous serons fixés sur notre liberté surveillée , vert : je bosse, rouge : je me recouche !
On va charger ... Messieurs ajustez vos faux nez !
https://www.centenaire.org/fr/tresors-darchives/fonds-pri...
« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime et
historiographe de Son Altesse Électorale , etc.
à Mannheim
20è février 1765 1
Mon cher ami, j'entre aujourd’hui dans ma soixante et douzième année, en dépit de mes estampes qui me donnent quelques jours de moins 2. Ce n'est pas sans peine que j'ai attrapé cet âge . Je n'ai presque point quitté mon lit depuis deux mois . Vous m'avez vu bien maigre, je suis devenu squelette . Je m'évapore comme du bois sec enflammé, et je serai bientôt réduit à rien . Mettez-moi, je vous prie, aux pieds de Son Altesse Électorale . Je veux qu’elle sache que je mourrai son admirateur, son attaché, son obligé .
Dites-moi je vous prie, si vous avez trois pieds de neige à Mannheim, comme nous sur les bords du lac Léman . Avez-vous de beaux opéras ? J'avais un pauvre petit théâtre grand comme la main ; je viens de le faire abattre : vous voyez que j'ai renoncé au Démon et à ses pompes . La Mettrie a fait L’Homme machine 3 et L'Homme plante 4. Il est triste de n'être qu'une plante du pays de Gex . J'aurai végété plus agréablement à Schwetzingen . Adieu, aimez-moi pour le peu de temps que j'ai encore à exister et à sentir .
V. »
1 Sur le manuscrit original, mention « f[ran]co Canstat »
2 Officiellement, V* est né en novembre , et lui se réclame né plus tôt .
3 Publié en 1748 à Leyde : http://www.ali-aix-salon.com/La_mettrie_homme_machine.pdf
4 Publié en 1748 à Potsdam : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Homme_Plante
10:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je suis plus fait actuellement pour les extrêmes-onctions que pour les baptêmes
... Rien d'autobiographique là dedans, heureusement .
Mais je pense que le président du Mexique peut tout à fait coller à cet état , Andrés Manuel López Obrador continuant à prôner une vie sans précautions et une protection divine à grand renfort d'images pieuses , ce en quoi il est proche de son voisin Donald Trump : https://www.la-croix.com/Monde/Ameriques/Coronavirus-Mexi...
Mais, pandémie oblige, les cinglés malfaisants sont sous toutes les latitudes, et restent terriblement actifs, comme en Iran : https://rsf.org/fr/actualites/iran-deux-journalistes-arretes-apres-la-diffusion-dune-caricature-moquant-la-preconisation-de
« A Claude-Ignace Pajot de Vaux
Conseiller maître en la Chambre des
comptes de Dole
à Lons-le-Saulnier
18è février 1765 à Ferney 1
Monsieur,
Souffrez que cette lettre soit à la fois pour vous, pour monsieur votre frère et pour madame de Vaux . Je suis plus fait actuellement pour les extrêmes-onctions que pour les baptêmes . Mais si je peux jamais demander à ma mauvaise santé un congé pour venir assister à l'entrée que monsieur votre fils fera dans ce monde je ne manquerai pas de venir moi-même le mettre sous la protection de saint François d'Assise, mon bon patron . Si c'est un garçon il tiendra de vous le grand cordon si renommé de ce saint François . Si c'est une fille elle aimera un jour ce beau cordon 2. Je félicite sa mère de la bonne santé dont elle jouit, cela présage les couches du monde les plus heureuses . Je prends la liberté d'aimer toujours pâté 3, je respecte madame de Vaux, je vous suis véritablement attaché à l'un et à l'autre ; je vous souhaite toutes les prospérités que vous méritez ; je serai à vos ordres pour le reste de ma vie .
J’ai l’honneur d'être de tous les trois avec les plus respectueux sentiments, le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Wagnière a ajouté à son texte l'initiale de V*, et une autre main la complèta en imitant apparemment la signature du patriarche .
2 Allusion à La Pucelle, chant second ? Voir Grisbourdon : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-chant-second-83161156.html
3 Surnom de Marie-Jeanne Pajot de Vaux , voir : lettre du 4 janvier 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/10/il-est-bien-tente-de-venir-lui-meme-baptiser-le-petit-pate-qui-est-dans-vot.html
Elle va mettre au monde un fils : Jean-François : https://gw.geneanet.org/wikifrat?lang=en&n=de+pajot+de+vaux+de+gevingey&oc=0&p=jean+francois
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06/05/2020
tout le pays était en alarmes. Il a été arrêté sur ces menaces. Je ne mets assurément aucun obstacle à son élargissement
... Résumé du discours présidentiel en vue du déconfinement ? Presque !...
« A Louis-Gaspard Fabry, Maire et subdélégué
à Gex
17è février 1765 à Ferney
Monsieur,
Par toutes les informations que j’ai prises depuis votre dernière lettre, il paraît que le nommé Matringe n’a nulle correspondance avec la bande de voleurs que les deux Genevois ont dénoncée. Carry, maréchal à Ferney, est celui qui a donné le premier avis des menaces de Matringe, tandis que tout le pays était en alarmes. Il a été arrêté sur ces menaces. Je ne mets assurément aucun obstacle à son élargissement. Je vous supplie d’en assurer monsieur le prévôt ; si vous voulez même avoir la bonté de faire dire à Matringe qu’il vienne me parler, je lui donnerai de quoi achever le voyage qu’il dit devoir faire en Savoie, à condition qu’il ne vienne plus troubler la tranquillité de notre pays.
J’ai donné une carte au nommé Pinier, habitant de Ferney, qui fait venir des bois de construction pour sa grange. Je prends la liberté de le recommander à vos bontés . J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que vous me connaissez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
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05/05/2020
tous les ministres de Genève nés et à naître, pourraient aller impunément dans tous les évêchés
... Pas exactement quand même ! Je vous recommande la lecture de : https://www.24heures.ch/monde/direct-royaumeuni-depasse-i...
Voir : https://www.chappatte.com/images/
« A Paul-Claude Moultou
15è février 1765 à Ferney 1
Je me doutais bien, mon cher philosophe, que le passeport vous serait envoyé par des mains qui valent un peu mieux de toute façon que les miennes , et qu'au premier mot de Mme la duchesse d'Anville, tous les ministres de Genève nés et à naître, pourraient aller impunément dans tous les évêchés du royaume ; mais je suis sûr qu'on n'en verra jamais de plus aimable que vous, et de plus supérieur à l’imposition des mains . Je me flatte que j'aurai la consolation de vous embrasser avant votre départ .
On dit que la vénérable Compagnie a fait au magnifique Conseil un magnifique discours dans lequel on n'a rien compris 2. C'est ainsi qu'en usait l'amant de la fille à Gamaliel 3. Je suis avec lui comme le magnifique Conseil avec vos confrères . Quand vous serez à Paris vous vous moquerez prodigieusement de tout cela ; vous vivrez agréablement dans la bonne compagnie dont vous ferez l’ornement .
Ah ! mon cher philosophe, vous êtes fait pour la vie aimable, et non pour la vie pédante . Les rossignols ne doivent pas rester longtemps avec les hiboux . Quand vous écrirez à Muse et Grâce Necker 4, mettez-moi je vous prie à ses pieds . »
1Manuscrit original au château de Broglie, au bas duquel Moultou a écrit : « Renvoyez-moi ce billet, je garde tous les chiffons de Voltaire » ; mais Jacques Necker ( qui vient d'épouser Suzanne Curchod ) à qui le billet a été communiqué, préféra le garder, ce qui explique qu'il ne figure pas dans le fonds de lettres conservées par Moultou .
2 Le 9 février 1765, la vénérable Compagnie, représentée par quarante-trois pasteurs, a rendu une visite au Conseil pour l'assurer de sa confiance, de son respect et de sa patience chrétienne dans l'affaire des récentes publications scandaleuses pour la religion .
3 Voir : Histoire et avantures de Sir Williams Pickle, 1763, de Tobias George Smolett : https://books.google.fr/books?id=CDlGAAAAYAAJ&pg=RA1-PA219&lpg=RA1-PA219&dq=amant+de+la+fille+%C3%A0+Gamaliel&source=bl&ots=hNkFmoA_tX&sig=ACfU3U3GJL3PpzImIDtlEqGNqq6NodwtRw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiEv8a2h53pAhX1D2MBHQDqCkIQ6AEwAnoECAUQAQ#v=onepage&q=amant%20de%20la%20fille%20%C3%A0%20Gamaliel&f=false
4 Suzanne Curchod : voir : https://data.bnf.fr/fr/13510778/suzanne_necker/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzanne_Curchod
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Salon_de_Mme_Necker/01
18:38 | Lien permanent | Commentaires (0)
Voici un petit mémoire qui peut servir à tirer quelques éclaircissements
... A compléter au fur et à mesure du recueil d'informations cliniques : https://www.cnews.fr/monde/2020-05-04/tout-ce-que-lon-sai...
Demande à Trump !
« A Louis- Gaspard Fabry
M. de Voltaire, Mme Denis et toute la maison font leurs très humbles compliments à monsieur Fabry . Il est très instamment prié de vouloir bien mander s'il est vrai qu'on ait arrêté dans le bailliage de Nyon, quelques-uns des brigands dénoncés par les sieurs Bacle et Galline .
Voici un petit mémoire qui peut servir à tirer quelques éclaircissements de Matringe . Il serait dangereux de le lâcher dans le pays .
Jeudi soir 14è février 1765 à Ferney . »
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04/05/2020
Nous avons été d'autant plus alarmés, que nous ne pouvions avoir le bonheur de vous voir et de causer avec vous
... notre si tendre et aimable ami Kim Jung Un . Dieux merci, comme il n'y a que la tête des fous qui ne blanchit pas, nous pouvons encore en avoir la preuve grâce à vous .
Verticalement et en tous sens , en huit lettres : espèce d'enflure .
« A François Tronchin
Conseiller d’État
à Genève
Mon cher ami, en vérité, Labat n'a pas mieux réussi en faisant le gille aux Délices qu'en le faisant à Paris . Mme Denis a eu certainement raison de se plaindre de ses procédés à monsieur votre frère 1. Non seulement Labat a dit à Racle, l'ingénieur des ponts et chaussées, que si j'avais mis des cheminées de marbre au lieu de cheminées de plâtre, je devais payer le plâtre que j'avais ôté, mais il est allé demander aux petits garçons du vigneron, s'ils n'avaient pas vu (quand ils étaient en nourrice ) deux pressoirs dans les dépendances . Il est certain qu'il n'y en a jamais eu qu'un qui commençait à se pourrir, et que j'ai fait à neuf celui qui y est aujourd’hui .
Cette conduite a indigné Mme Denis ainsi que toutes les personnes qui en ont été informées , et cela je vous le jure, sans aucune exception .
Nous avons senti combien il est plus doux d'avoir à faire à vous qu'à lui . Si les Délices valent moins aujourd'hui que lorsque je les ai reçus, il est juste que je paie une indemnité ; et si elles valent davantage, je suis bien loin d’imaginer que je puisse prétendre le moindre dédommagement . Quel homme était plus propre à décider la question qu'un arbitre accepté par M. Labat lui-même ? Arbitre qui est à la fois agriculteur et architecte, et qui fait tous les marchés de la province . Il a décidé que les améliorations, indépendamment des embellissements, c'est-à-dire les écuries, remises , greniers, chambres des domestiques, nouveaux potagers, citernes, conduites d'eau, étaient aux détériorations comme huit sont à deux . Cela pouvait arrêter la petite envie qu'a eue M. Labat de nous mettre dans l'embarras .
Nous avons été d'autant plus alarmés, que nous ne pouvions avoir le bonheur de vous voir et de causer avec vous . Vous êtes bien persuadé que Mme Denis, principale intéressée dans cette affai[re] , et moi qui n'ai plus, Dieu merci, d'intérêt pour rien, nous avons toujours été prêts à nous rendre à toutes vos volontés . Nous serons attachés sans réserve à tout ce qui porte votre nom . Mme Denis vous renouvelle les assurances de la plus tendre amitié, de l'entière déférence à tout ce qu'il vous plaira de régler ; mes sentiments sont les mêmes, je vous embrasse, et j'ai la plus grande envie de vous voir 2.
V.
14è février 1765 à Ferney .3 »
1 Voir lettre écrite par Jean-Robert à son frère François le 9 février 1765 : « […] J'attendrai l'effet des soins du baron sur l'arbitrage des dégradations aux Délices, puis on se mettra en règle avec V, puis tu feras pour la suite de cette affaire tout ce que tu croiras convenable etc. Cette famille de punaises est originale, si elle n’était pas établie avant l'habitation du duc de V. Il faut bien les faire déguerpir etc. , boucher les trous, blanchir avec de la chaux vive . Elles ne peuvent pas tenir contre le vernis, mais tu connais mieux que moi tous les bons secrets […] Voici cher ami, des papiers que j'ai reçus de Mme Denis, avec ma réponse que tu voudras bien lui faire parvenir, ou la lui remettre toi-même, si tu le juges à-propos . Je ne sais si j'aurai rencontré tes idées . Si cela n'est pas, comme elle ne contient que de la décence et des généralités, j'estime qu'il ne peut y avoir des conséquences . Tout ce qui me chagrine beaucoup là-dedans c'est les embarras que je te donne . Je m'était flatté que le premier expédient t'en affranchirait, mais M. Racle, ou Rafle qui veut sans doute faire sa cour etc., se trouve par malheur pour les parties intéressées chez M. de V, en sorte qu'il faut prendre une autre route . Je suis toujours dans le sentiment qu'il ne faut avoir ni difficultés ni procès, et je t'avoue que j'aime mieux être lésé que de lutter contre V. Ta dextérité à manier les affaires et à saisir les faibles établira un juste milieu et un dénouement raisonnable , car avec leur façon de penser sur le compte du baron, il est fort inutile de persister à employer ses bons offices […] Une circonstance qui n'a pas trait à l’affaire des Délices, et qu'il est à-propos cependant que tu n'ignores pas, c'est que l'ami Camp et moi avons toujours traité M. de V, sur la matière d'intérêt, comme toi-même, nous le regardions comme notre parent, sans provision usitée dans les affaires de commerce, et sans aucun bénéfice sur les achats ; etc. […] Voici encore copie d'une lettre que je viens de recevoir de M. de V et je mettrai au bas si j'ai le temps le projet de la réponse que je me propose de faire partir par le courrier de mardi […] Le baron me marque qu'on le regarde dans cette maison comme le loup-garou, qu'il ne s'en embarrasse guère , et qu'il est parvenu au point qu'il désirait, qui est de mettre cette affaire en mains de deux avocats , MM. Delorme et Vasserot . […] Je vois bien dans mes réponses à Mme D et à M. de V qu'il y a une espèce de contradiction dans les manières de procéder que je propose, mais je crois de répondre à chacun ce qu'il faut, et en faisant ma lettre à Mme Denis, je n'avais pas connaissance de celle de M. de V , et comme il semble indiquer que je devrais m'en tenir à l'arbitrage de l'ingénieur, j'ai cru devoir l'écarter, et persister dans le besoin d'autres tiers arbitres . Je n'ai pas dû mettre dans la main de V un instrument qui l'autorise à prononcer lui-même la voie à l'amiable, ou l'arbitrage quelconque . »
2 Réponse de François Tronchin à V* le même jour -14 février 1765 : « J'avais bien raison hier au soir mon cher ami, de vous signifier qu'aucun juge ou arbitre ne prononcerait entre vous et mon frère ; je n'ai pas même besoin d'attendre ses réponses à ma lettre d’avant-hier puisque, sur mes premiers avis, mon frère a dans le cœur tout ce que je vous ai marqué, et s'en remet à moi . Et moi je vous déclare que je suis prêt à recevoir pour lui les Délices telles que vous jugerez à propos de me les remettre ; m'en remettant parfaitement et uniquement à vous seul et à la bonne nièce pour qui je reçois la lettre que je joins ici . J'aurai été vous le dire moi-même s'il m'eût été possible de quitter . Gardez-vous d’imaginer que j'aie pu être un moment spectateur tranquille ; jugez différemment du silence apparent que j'ai gardé pendant quelques jours avec vous, et croyez-moi, mon cher ami, très véritablement à vous et très en droit d’exiger votre amitié et votre approbation . »
3 Le manuscrit original a été endommagé par le cachet .
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Nous n’avons eu depuis les premiers jours de février que des nouvelles vagues et incertaines.
... Mondialement parlant, bien sûr , car en France ... ;-))
« A François Rougeot
Le 15 [13] février 1765 1
Monsieur, la personne à qui vous avez prêté trois volumes ne peut les rendre que dans quelques semaines aux personnes que vous avez indiquées. Elle vous envoie le mémoire ci-joint, qui est assez important. Vous être prié très instamment d’en accuser la réception. Vous sentez bien pourquoi ce mémoire ne doit être confié qu’à peu de personnes. On s’en remet à votre prudence. Tous ceux qui demeurent dans le château, vous assurent de leurs très humbles obéissances.
P.S. – Nous faisons encore la garde toutes les nuits.
Le 27 Janvier 1765, les sieurs Galline et Bacle, citoyens de Genève, donnèrent avis au bailli de Nyon, en Suisse, près de Gex, qu’une troupe de voleurs devaient le lendemain piller un château en France. Ils donnèrent le signalement de deux chefs de brigands, et promirent de les livrer à la justice, soit en Suisse, soit en France.
Le bailli de Nyon communiqua cet avis à tous les juges des environs. Les possesseurs de châteaux mirent leurs vassaux sous les armes pendant huit jours. La maréchaussée et les employés patrouillèrent exactement.
Les deux Genevois Galline et Bacle firent le même rapport au maire de la petite ville de Gex, ce qui augmenta les alarmes.
Pendant ce temps-là, quarante contrebandiers à cheval passèrent par le territoire de Genève, traversèrent tranquillement le Rhône au bac de Peney, et les deux Genevois ne revinrent plus dans le pays.
Le garde-magasin de la douane de Genève avoue que, depuis trois mois, les contrebandiers qu’on appelle camelotiers ont chargé dans Genève plus de quatre cents ballots de marchandises . Ils en prennent par année environ douze cents.
Nous n’avons eu depuis les premiers jours de février que des nouvelles vagues et incertaines.
Le 10 Février, deux inconnus sont venus rôder autour du château ; on les a chassés ; on aurait dû les arrêter.
La nuit du 12 au 13 février, un nommé Matringe, natif de Savoie, est venu à onze heures à une noce du village. Il a dit ensuite à un maréchal-ferrant qu’il connaît : « Quand vous entendrez des coups de fusil, ne sortez point. Je serai avec quatre-vingts hommes. J’ai sous moi cinq fusiliers ; nous ferons de bons coups. »
Le maréchal est venu déposer chez moi, quoiqu’un peu tard. J’ai envoyé chercher la maréchaussée de Gex. Elle a arrêté le nommé Matringe, lorsqu’il voulait partir de Ferney pour Genève ; j’ai fait tenir à Gex sa déposition.
J’ai appris depuis que ce Matringe est un des plus forts contrebandiers . On peut par son moyen découvrir sa troupe ; mais il est fort à craindre qu’elle ne vienne ravager le pays.
C’est à la prudence de messieurs les fermiers-généraux, chargés du détail de cette province, à voir ce que l’on peut faire.
Il est très certain que toute la contrebande se fait par Genève, et que les employés ne peuvent l’empêcher. Il n’y a qu’un régiment qui puisse en imposer à ces vagabonds, devenus de jour en jour plus dangereux. Il est à croire que MM. les ministres de la guerre et des finances se concerteront pour prévenir les suites de ce brigandage.
13 f[évri]er au soir, partira le 15. »
1La copie semble être une pièce officielle sur laquelle on a inscrit : « Rien à faire / 19 mars 1765 » . En tête on lit : « Copie du mémoire envoyé par id. à id. Pour être examiné dans un comité des seuls fermiers généraux chargés du département de Bresse, Gex et Valromey. » Rougeot est un des fermiers généraux itinérants ; voir l’Almanach royal de 1765 , voir page 9 : http://archives.paris.fr/_depot_ad75/_depot_arko/ead/INV0504.pdf
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