Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/05/2020

Nous n’avons eu depuis les premiers jours de février que des nouvelles vagues et incertaines.

... Mondialement parlant, bien sûr , car en France ... ;-))

 

 

« A François Rougeot

Le 15 [13] février 1765 1

Monsieur, la personne à qui vous avez prêté trois volumes ne peut les rendre que dans quelques semaines aux personnes que vous avez indiquées. Elle vous envoie le mémoire ci-joint, qui est assez important. Vous être prié très instamment d’en accuser la réception. Vous sentez bien pourquoi ce mémoire ne doit être confié qu’à peu de personnes. On s’en remet à votre prudence. Tous ceux qui demeurent dans le château, vous assurent de leurs très humbles obéissances.

P.S. – Nous faisons encore la garde toutes les nuits.



Le 27 Janvier 1765, les sieurs Galline et Bacle, citoyens de Genève, donnèrent avis au bailli de Nyon, en Suisse, près de Gex, qu’une troupe de voleurs devaient le lendemain piller un château en France. Ils donnèrent le signalement de deux chefs de brigands, et promirent de les livrer à la justice, soit en Suisse, soit en France.

Le bailli de Nyon communiqua cet avis à tous les juges des environs. Les possesseurs de châteaux mirent leurs vassaux sous les armes pendant huit jours. La maréchaussée et les employés patrouillèrent exactement.

Les deux Genevois Galline et Bacle firent le même rapport au maire de la petite ville de Gex, ce qui augmenta les alarmes.

Pendant ce temps-là, quarante contrebandiers à cheval passèrent par le territoire de Genève, traversèrent tranquillement le Rhône au bac de Peney, et les deux Genevois ne revinrent plus dans le pays.

Le garde-magasin de la douane de Genève avoue que, depuis trois mois, les contrebandiers qu’on appelle camelotiers ont chargé dans Genève plus de quatre cents ballots de marchandises . Ils en prennent par année environ douze cents.

Nous n’avons eu depuis les premiers jours de février que des nouvelles vagues et incertaines.

Le 10 Février, deux inconnus sont  venus rôder autour du château ; on les a chassés ; on aurait dû les arrêter.

La nuit du 12 au 13 février, un nommé Matringe, natif de Savoie, est venu à onze heures à une noce du village. Il a dit ensuite à un maréchal-ferrant qu’il connaît : « Quand vous entendrez des coups de fusil, ne sortez point. Je serai avec quatre-vingts hommes. J’ai sous moi cinq fusiliers ; nous ferons de bons coups. »

Le maréchal est venu déposer chez moi, quoiqu’un peu tard. J’ai envoyé chercher la maréchaussée de Gex. Elle a arrêté le nommé Matringe, lorsqu’il voulait partir de Ferney pour Genève ; j’ai fait tenir à Gex sa déposition.

J’ai appris depuis que ce Matringe est un des plus forts contrebandiers . On peut par son moyen découvrir sa troupe ; mais il est fort à craindre qu’elle ne vienne ravager le pays.

C’est à la prudence de messieurs les fermiers-généraux, chargés du détail de cette province, à voir ce que l’on peut faire.

Il est très certain que toute la contrebande se fait par Genève, et que les employés ne peuvent l’empêcher. Il n’y a qu’un régiment qui puisse en imposer à ces vagabonds, devenus de jour en jour plus dangereux. Il est à croire que MM. les ministres de la guerre et des finances se concerteront pour prévenir les suites de ce brigandage.

13 f[évri]er au soir, partira le 15. »

 

 

 

1La copie semble être une pièce officielle sur laquelle on a inscrit : « Rien à faire / 19 mars 1765 » . En tête on lit : « Copie du mémoire envoyé par id. à id. Pour être examiné dans un comité des seuls fermiers généraux chargés du département de Bresse, Gex et Valromey. » Rougeot est un des fermiers généraux itinérants ; voir l’Almanach royal de 1765 , voir page 9 : http://archives.paris.fr/_depot_ad75/_depot_arko/ead/INV0504.pdf

Les commentaires sont fermés.