10/04/2022
il y a au moins de la piété dans ces meurtres, et cela est bien consolant
... Tel est l'avis de ce salopard de patriarche Kirill , chef orthodoxe inféodé à Poutine, qui soutient les armées russes et leur "croisade d'épuration". Comment peut-on être aussi pourri, si ce n'est par intérêt bassement matériel : garder le financement des églises et du clergé par l'état .
https://www.lemonde.fr/international/article/2022/03/11/g...
Le chef des Guignols, doré à l'extérieur, pourri à l'intérieur .
« A Jacques Lacombe
Errata pour la tragédie du Triumvirat 1
Page 5, vers 8è : Oserait-il vous faire une pareille injure !
corrigez
Il vous brave à ce point ! Il vous fait cette injure !
Page 6, vers 4 : goûter la folle ivresse . Corrigez : chercher la folle ivresse ;
page 9, après Des vainqueurs de Pompée et de vos oppresseurs
mettez
Mais que résolvez-vous ?
Fulvie
De me venger .
Aufide
Sans doute,
Vous le devez Fulvie .
Fulvie
Il n'est rien qui me coûte,
Il n'est rien que je craigne, etc.
Page 17, vers 3 : coûte, corrigez coûta .
Page 20, vers 7 : funestes édits, corrigez, malheureux édits.
Page 29, vers 6 : J'irai chercher, corrigez : J'irai chercher.
Page 45, vers 10è : Et dans les champs d'honneur, qu'il ne doute, peut-être
corrigez
Et dans les champs d'honneur qu'il redoute peut-être
Page 45 , vers 14 : Est tombé sous, corrigez : expira sous .
Page 46, vers 2 : J'ai su tenter la foi, corrigez : Je tenterai la foi .
Page 51, vers pénultième, ôtez les deux virgules .
Page 53 : Viens guider mes fureurs, corrigez : Vien guider mes fureurs .
Page 66, après Elle parle avec Rome, elle vous dit « frappez ».
ajoutez
Ils partent dès demain, ces destructeurs du monde,
Ils partent triomphants ; et cette nuit profonde
Est le temps, le seul temps, où nous pouvons tous deux
Sans autre appui que nous venger Rome sur eux.
Seriez-vous en suspens ? etc.
Page 67 : Du sang de ce tyran c'est peu que je dispose.
corrigez
De cet indigne sang c'est peu que je dispose .
Page 72 : et descendu sans effroi. Corrigez : descendant sans effroi 2.
Page 75 : Séjour des meurtriers . Corrigez : Séjour de meurtriers .
Page 83 : Les monstres que le ciel . Corrigez : ces monstres que le ciel.
Page 108, ligne première : non fu si tanto .Corrigez : non fu si santo .
Page 137 , ligne dernière : l'avoir . Corrigez : L'avoir.
Page 138 , ligne 12 : Mintiane. Corrigez : Minturne .
Page 140 : telle fut la même conspiration . Corrigez : telle fut même la conspiration 3.
Page 149, ligne 4 : des Faisands . Corrigez : des faisans.
Ibid f° 10 : signifiait . Corrigez : signifiât.
Page 158, ligne après par une piété mal entendue, ajoutez : il y a au moins de la piété dans ces meurtres, et cela est bien consolant .
Page 171, ligne 9 : cent cinquante mille, corrigez : quatre-vingt mille.
Dans l'histoire des proscriptions vous mettrez les titres suivants chacun à leur place .
Celles de Juifs
Celle de Mithridate.
Celles de Scylla, de Marius et des triumvirs.
Celle des juifs sous Trajan.
Celle de Théodose .
Celle de l'impératrice Théodora .
Celle de la croisade contre les Albigeois .
Les vêpres siciliennes .
Les templier .
Massacres dan le nouveau monde .
Proscription de Mérindol .
Proscription de la saint Barthélémy .
Proscription dans les vallées du Piémont .
5è janvier 1767 à Ferney
Voici monsieur, un errata beaucoup plus ample, et des corrections très nécessaires pour le Triumvirat , encas que vous en fassiez une nouvelle édition, et vous ne pouvez , je crois, faire cette édition nouvelle qu'au cas que vous ayez quelque ami qui puisse faire insérer dans les journaux et dans l'avant-coureur quelque chose d’intéressant et de piquant sur l'histoire des proscriptions, sur les anecdotes concernant Octave et Antoine ; sur la découverte assez bien fondée que la conspiration de Cinna n'est point une vérité historique . On pourrait citer le portrait que Fulvie fait d'Auguste, le public est actuellement si dégoûté de tout ce qui s'appelle tragédies représentées ou imprimées, qu'à moins d’annoncer notre vin d'une manière avantageuse, vous courez risque de ne le pas vendre . Tel est le sentiment de mon ami, et tel est le mien . Sa pièce a des beautés de style, mais elle manque de cet intérêt qui fait pleurer les femmes et battre les mains aux hommes . Mon ami n'a écrit que pour un petit nombre de lecteurs ; mais moi j’ai fait Les Scythes pour le parterre . Mes amis de Paris veulent qu'on joue Les Scythes avant de les imprimer ; j'ai peine à y consentir . Je vous embrasse de tout mon cœur . »
1 V* a d'abord dicté des Scythes .
2 La correction à la page 72 est ajoutée entre les lignes .
3 La correction relative à la page 140 est aussi entre les lignes .
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[on] peut très bien gouverner les hommes sans le secours de la religion, qui n’est faite que pour les tromper ; mais le sot peuple s’en fera bientôt une, et tant qu’il y aura des fripons et des imbéciles, il y aura des religions
... Souviens-t' en Eric Zemmour , chantre d'une France chrétienne que te fais fort de défendre avec tes petits bras musclés de croisé contre l'envahisseur musulman ; semeur de haine, dans quelques heures, tu vas te faire balayer, bon débarras ô "chef de l'opposition" autoproclamé .
« A Frédéric II, roi de Prusse
5 janvier [1767]
Sire, Frédéric avait envoyé
Je me doutais bien que votre muse se réveillerait tôt ou tard 1. Je sais que les autres hommes seront étonnés qu’après une guerre si longue et si vive, occupé du soin de rétablir votre royaume, gouvernant sans ministres, entrant dans tous les détails, vous puissiez cependant faire des vers français ; mais moi, je n’en suis pas surpris, parce que j’ai fort l’honneur de vous connaître. Mais ce qui m’étonne, je vous l’avoue, c’est que vos vers soient bons ; je ne m’y attendais pas après tant d’années d’interruption. Des pensées fortes et vigoureuses, un coup d’œil juste sur les faiblesses des hommes, des idées profondes et vraies, c’est là votre partage dans tous les temps ; mais pour du nombre et de l’harmonie, et très souvent même des finesses de langage, à cents lieues de Paris, dans la Marche de Brandebourg, ce phénomène doit être assurément remarqué par notre Académie de Paris.
Savez-vous bien, sire, que Votre Majesté est devenue un auteur qu’on épluche ?
Notre doyen, mon gros abbé d’Olivet, vient, dans une nouvelle édition de la Prosodie française 2, de vous critiquer sur le mot crêpe 3, dont vous avez retranché impitoyablement le dernier e dans une lettre à moi adressée 4, et imprimée dans les œuvres du philosophe de Sans-Souci ; mais je ne crois pas que cette édition ait été faite sous vos yeux : quoi qu’il en soit, vous voilà devenu un classique, examiné comme Racine par notre doyen, cité devant notre tribunal des mots, et condamné sans appel à faire crêpe de deux syllabes.
Je me joins au doyen, et je vais intenter au philosophe de Sans-Souci une accusation toute contraire. Vous avez donné deux syllabes au mot hait dans votre beau discours du Stoïcien :
Votre goût offensé haït l’absinthe amère 5.
Nous ne vous passerons pas cela. Le verbe haïr n’aura jamais deux syllabes à l’indicatif, je hais, tu hais, il hait ; vous auriez beau nous battre encore,
Nous pourrions bien haïr les infidélités
De ceux qui par humeur ont fait de sots traités ;
Nous pourrions bien haïr la fausse politique
De ceux qui, s’unissant avec nos ennemis,
Ont servi les desseins d’une cour tyrannique,
Et qui se sont perdus pour perdre leurs amis 6;
mais nous ne ferons jamais il hait de deux syllabes. Prenez, sire, votre parti là-dessus, et ayez la bonté de changer ce vers ; cela vous sera bien aisé.
Où est le temps, sire, où j’avais le bonheur de mettre des points sur les i à Sans-Souci et à Potsdam ? Je vous assure que ces deux années ont été les plus agréables de ma vie. J’ai eu le malheur de faire bâtir un château sur les frontières de France et je m’en repens bien. Les Patagons, la poix-résine, l’exaltation de l’âme, et le trou pour aller tout droit au centre de la terre 7, m’ont écarté de mon véritable centre. J’ai payé ce trou bien chèrement 8. J’étais fait pour vous. J’achève ma vie dans ma petite et obscure sphère, précisément comme vous passez la vôtre au milieu de votre grandeur et de votre gloire. Je ne connais que la solitude et le travail ; ma société est composée de cinq ou six personnes qui me laissent une liberté entière, et avec qui j’en use de même , car la société sans la liberté est un supplice. Je suis votre Gilles en fait de société et de belles-lettres.
J’ai eu ces jours-ci une très légère attaque d’apoplexie, causée par ma faute. Nous sommes presque toujours les artisans de nos disgrâces. Cet accident m’a empêché de répondre à Votre Majesté aussitôt que je l’aurais voulu.
Le diable est déchaîné dans Genève. Ceux qui voulaient se retirer à Clèves restent. La moitié du Conseil et ses partisans se sont enfuis ; l’ambassadeur de France est parti incognito, et est venu se réfugier chez moi.
J’ai été obligé de lui prêter mes chevaux pour retourner à Soleure. Les philosophes qui se destinent à l’émigration sont fort embarrassés, ils ne peuvent vendre aucun effet ; tout commerce est cessé, toutes les banques sont fermées. Cependant on écrira à M. le baron de Verder, conformément à la permission donné par Votre Majesté 9; mais je prévois que rien ne pourra s’arranger qu’après la fin de l’hiver.
J’attends avec la plus vive reconnaissance les douze belles préfaces 10, monument précieux d’une raison ferme et hardie, qui doit être la leçon des philosophes.
Vous avez grande raison, sire ; un prince courageux et sage, de l’argent, des troupes, des lois, peut très bien gouverner les hommes sans le secours de la religion, qui n’est faite que pour les tromper ; mais le sot peuple s’en fera bientôt une, et tant qu’il y aura des fripons et des imbéciles, il y aura des religions. La nôtre est sans contredit la plus ridicule, la plus absurde, et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde.
Votre Majesté rendra un service éternel au genre humain en détruisant cette infâme superstition, je ne dis pas chez la canaille, qui n’est pas digne d’être éclairée, et à laquelle tous les jougs sont propres ; je dis chez les honnêtes gens, chez les hommes qui pensent, chez ceux qui veulent penser. Le nombre en est très grand : c’est à vous de nourrir leur âme ; c’est à vous de donner du pain blanc aux enfants de la maison, et de laisser le pain noir aux chiens. Je ne m’afflige de toucher à la mort que par mon profond regret de ne vous pas seconder dans cette noble entreprise, la plus belle et la plus respectable qui puisse signaler l’esprit humain.
Alcide de l’Allemagne, soyez-en le Nestor : vivez trois âges d’homme pour écraser la tête de l’hydre. »
1 Frédéric avait envoyé à V* le poème intitulé Le Stoïcien, recueilli dans les Œuvres de Frédéric, XII, 208-217 : http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-201484&I=26&Y=Image
2 Voir lettre de septembre 1736 à l'abbé d'Olivet : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1736/Lettre_694
3 Voir lettre à d'Olivet du 5 janvier 1767 : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1767/Lettre_6652
4Le vers en question est le second ; voir lettre du 5 janvier 1767 à d'Olivet : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1767/Lettre_6652
Lettre du 20 février 1750 de Frédéric : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome37.djvu/119
5 Frédéric profita de la critique, et, dans sa pièce intitulée le Stoïcien, qui fait partie de ses Œuvres posthumes, on lit :
L’absinthe à votre goût est âpre et trop amère.
6 Tancrède, acte I, scène ii.
7 Allusion à Maupertuis .
8 Ce fut le ridicule jeté par Voltaire sur ces idées de Maupertuis qui amena la brouille entre Frédéric et Voltaire.
9 Voir lettre de décembre 1766 : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6617
Frédéric y annonce qu'il enverra à V* un exemplaire de l'Abrégé de l'histoire ecclésiastique ; voir lettre du 13 juin 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/01/ceux-qui-font-mourir-des-citoyens-sans-dire-precisement-pour-6335108.html
10 Il s’agit de douze exemplaires de l’Avant-propos mis par le roi au devant d’un Abrégé de l’Histoire ecclésiastique de Fleury, en deux volumes in-8°, Berne, 1767. Les douze préfaces doivent se rapporter aux douze apôtres .
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09/04/2022
quand il s’agit de faits, le pape même n’est pas infaillible
...Mais cependant, heureusement, le pape François sait dénoncer la "guerre odieuse" en Ukraine et exige "mettez fin à cette guerre" . Poutine va-t-il demander, comme le Staline de triste mémoire :"Le pape, combien de divisions ?"
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
5 janvier [1767], à deux heures
La poste part dans le moment ; nous n’avons que le temps de dire que nous venons de recevoir la copie du mémoire de mon cher ange à monsieur le vice-chancelier. Malheureusement ce mémoire contredit toutes nos requêtes ; nous avons toujours articulé que nous ne connaissions pas la dame Doiret. Nous avons commencé un procès contre elle, et tout cela est très vrai. Mon cher ange dit dans le mémoire que la Doiret est cousine de la femme de charge du château : c’est nous rendre évidemment ses complices. Nous conjurons mon cher ange de dire qu’il s’est trompé, comme il s’est trompé en effet. Cela n’arrive pas souvent à mon cher ange ; mais quand il s’agit de faits, le pape même n’est pas infaillible. Au nom de Dieu, tenez-vous-en à notre dernière requête à monsieur le vice-chancelier. Je vais dans le moment à Soleure rendre compte de plusieurs affaires importantes à monsieur l’ambassadeur. »
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Vous savez que je n’ai absolument rien à me reprocher ; mais vous savez aussi que cela ne suffit pas
... pour me présenter avec un programme électoral meilleur que celui de mes concurrents et adversaires", telle doit être la conviction de la douzaine d'apôtres qui s'offre en sacrifice pour une destinée présidentielle ; quant à Judas , on attend 20h 05 demain pour connaître les résultats du casting ; avec la réjouissante perspective de sa pendaison , les fournisseurs de corde se bousculent au portillon .
Pour trente deniers, aujourd'hui, pas même de quoi acheter la corde ...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Dimanche soir, 4 janvier 1767
En attendant que je reçoive demain une lettre de vous, mon divin ange, sur cette malheureuse affaire, je dois vous instruire de tout dans le plus grand détail.
Cette femme innocente et infortunée est en route, comme je vous l’avais marqué. Mais ce nom de Lejeune, sous lequel elle était venue, me fait toujours trembler. Son mari lui avait donné un billet pour les Cramer, dans lequel il spécifiait les marchandises qu’elle devait acheter. Les Cramer, qui sont mes libraires, n’ont point de ces effets dangereux ; ils n’impriment que mes ouvrages. Elle s’adressa à un autre, et lui laissa par malheur la note de son mari, signée Le Jeune, valet de chambre de M. D. C’était une note particulière de son mari à elle : il faut qu’elle soit tombée par mégarde quand on faisait ses petits ballots, car elle est très prudente et ne compromet personne. Je retirerai ce billet ; n’en soyez point en peine ; ne grondez point votre valet de chambre, et encore moins cette pauvre femme ; ce qui est fait est fait : il ne s’agit que de se tirer de ce bourbier.
Après nous être tournés de tous les sens, il nous a paru que le procès criminel contre la Doiret était trop dangereux, parce qu’elle est trop connue sous le nom de Lejeune, parce que tous nos domestiques seraient interrogés ; parce que cette femme ayant demeuré huit jours avec eux, ils ont su qui elle est et qui est son mari ; parce qu’enfin, ayant resté plusieurs jours chez nous et s’étant servie de notre équipage, nous sommes présumés être ses complices, quoique assurément nous en soyons bien éloignés. Le mieux est sans doute d’étouffer l’affaire ; mais comment s’y prendre ? Je n’en sais rien, au milieu de mes neiges, avec un quart d’apoplexie et la faiblesse où je suis.
Je pense même que monsieur le vice-chancelier y sera fort embarrassé . Il ne le serait pas si vous étiez son ami intime. Je crois pourtant que vous étiez assez lié avec lui quand il était premier président. Enfin vous êtes sur les lieux ; mais peut-être un vieux vice-chancelier n’a point d’amis, et moi j’ai beaucoup d’ennemis. Vous savez que je n’ai absolument rien à me reprocher ; mais vous savez aussi que cela ne suffit pas.
Je persiste entièrement dans mon premier avis, qui est que monsieur le vice-chancelier se fasse représenter les malles adressées à la dame Doiret, de Châlons, qu’il fasse brûler secrètement ce qu’elles contiennent, et qu’il laisse Mme Denis disputer son droit en matière civile contre la saisie illégale de ses équipages. Il est certain que cette saisie ne peut se soutenir en justice réglée ; les commis mêmes ne l’entreprendront pas. Cette tournure, que je proposai d’abord, me parait encore la meilleure de toutes, quoiqu’elle me soit venue dans l’esprit, et que je n’aie pas d’ordinaire grande foi à mes expédients. Mme Denis vous embrasse cent fois, elle est consternée et malade . Je serais au désespoir de la quitter dans cet état.
Voici cependant un exemplaire que vous pourrez faire lire à Lekain. Je vous adresserai bientôt l’ouvrage avec la musique en marge 1. Vous voyez que l’état horrible où je suis ne me fait pas négliger les belles-lettres, qui sont, après vous, la plus douce consolation de ma vie. Adieu, mon très cher et très adorable ange.
V. »
1 C’est-à-dire avec le jeu des acteurs en marge des Scythes.
10:58 | Lien permanent | Commentaires (0)
vieilles fêtes oubliées qui plaisent fort peu le même jour qu'on les donne, qui affadissent le lendemain
... Au soir du premier tour ce dimanche !
« A Gabriel Cramer
[3 janvier 1767] 1
Voilà, monsieur Caro, des choses intéressantes qui vous fourniront un joli tome bien complet, et meilleur 2 que de vieilles fêtes oubliées ( qui plaisent fort peu le même jour qu'on les donne, qui affadissent le lendemain ; et qu'on ne peut jamais lire [ )].
Tâchez de me trouver un correcteur d'imprimerie, car je pars, après avoir été douze ans votre premier garçon .
Je suis d'ailleurs un très mauvais réviseur de feuilles . Je vous recommande instamment l’ouvrage de M. d'Alembert .
Je vous ai envoyé hier par un domestique, à 4 heures du soir, un errata des Scythes qui est immense avec les deux cartons nécessaires . Dans l'un il y avait un vers oublié, et dans l'autre quatre . Il y a des pages qui ne sont point numérotées, d'autres qui le sont mal .
Je vous embrasse de tout mon cœur . »
1 Cette lettre et la suivante est datée par référence à la visite de Beauteville à Soleure ; voir lettre du 5 janvier 1767 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-3.html
2 L'édition Besterman porte et le meilleur, qui ne donne pas de sens satisfaisant ; au reste il est difficile de dire ce que sont les « vielles fêtes oubliées » .
00:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/04/2022
Je n’aime point tout ce tapage. Mes terres en souffriront
... Terriblement d'actualité .
« A Pierre-Michel Hennin
[3 janvier 1767] 1
Je vous plains, mon cher monsieur, et je plains tout Genève. Je vous prie de vouloir bien mettre ce paquet pour M. le duc de Praslin dans votre paquet pour la cour . Vous lui ferez plaisir. On m’avait dit qu’on ne pouvait sortir de son trou sans passeport. Je n’aime point tout ce tapage. Mes terres en souffriront. On veut écraser des puces avec la massue d’Hercule. Je vous embrasse le plus tendrement du monde.
V. »
1 Manuscrit olographe daté par Hennin ; la lettre répond à un billet de Hennin du même jour : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1767/Lettre_6647
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j’emporte aux enfers ma juste indignation
... Belzébuth va bien rigoler .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
À Ferney, samedi au matin, 3 janvier, avant que
la poste de France soit arrivée à Genève
Mes anges sauront donc pourquoi j’ai fait imprimer les Scythes :
1° C’est que je n’ai pas voulu mourir intestat, et sans avoir rendu aux deux satrapes, Nalrisp et Elochivis 1, l’hommage que je leur dois .
2° C’est que mon épître dédicatoire est si drôle 2 que je n’ai pu résister a la tentation de la publier .
3° C’est qu’il n’y a réellement point de comédiens pour jouer cette pièce, et que je serai mort avant qu’il y en ait .
4° C’est que j’emporte aux enfers ma juste indignation contre les comédiennes qui ont défiguré mes ouvrages, pour se donner des airs penchés sur le théâtre ; et contre les libraires, éternels fléaux des auteurs, lesquels infâmes libraires de Paris m’ont rendu ridicule, et se sont emparés de mon bien pour le dénaturer avec un privilège du roi.
J’ai donc voulu faire savoir aux amateurs du théâtre, avant de mourir, que je protestais contre tous les libraires, comédiens, et comédiennes, qui sont les causes de ma mort ; et c’est ce que mes anges verront dans l’avis au lecteur, qui est après ma naïve préface.
Je proteste encore, devant Dieu et devant les hommes, qu’il n’y a pas une seule critique de mes anges et de mes satrapes à laquelle je n’aie été très docile. Ils s’en apercevront par le papier collé page 19, et par d’autres petits traits répandus ça et là.
Je proteste encore contre ceux qui prétendent que je suis tombé en apoplexie . Je n’ai été évanoui qu’un quart d’heure tout au plus, et mon style n’est point apoplectique.
Si mes anges et mes satrapes veulent que la pièce soit jouée avant que l’édition paraisse, ils sont les maîtres. Gabriel Cramer la mettra sous cent clefs, pourvu qu’il y ait des acteurs pour la jouer, et que les comédiens la fassent succéder immédiatement après la pomme 3 ; car, pour peu qu’on diffère, il sera impossible d’empêcher l’édition de paraître . Les provinces de France en seront inondées, et il en arrivera à Paris de tous côtés.
Je la lus devant des gens d’esprit, et même devant des connaisseurs, quatre jours avant mon apoplexie ; et je fis fondre en larmes pendant tout le second acte et les trois suivants.
J’enverrai au bout des ailes de mes anges les paroles et la musique, dès que les comédiens auront pris une résolution. J’attends leurs ordres avec la soumission la plus profonde.
V. »
1 Praslin et Choiseul.
2 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/273
3 C’est-à-dire le Guillaume Tell de Le Mierre , où le principal personnage enlève une pomme sur la tête de son fils. (Beuchot.)
00:24 | Lien permanent | Commentaires (0)