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03/04/2022

dans quelques mois vous aurez de petits passeports secrets pour vos voyageurs

... Les Russes seront alors triés comme les lentilles .

 

« A Gabriel Cramer

[décembre 1766- janvier 1767] 1

Non, non, on ne fera point la guerre cet hiver – et dans quelques mois vous aurez de petits passeports secrets pour vos voyageurs . Tout vient à point qui sait attendre 2.

En attendant la guerre, la famine est chez nous, et le diable partout .

1 L'édition Gagnebin date la lettre d'octobre 1767, mais alors la famine était terminée depuis longtemps .

2 Phrase ajoutée entre les lignes .

02/04/2022

On dit que les ambassadeurs sont des espions honorables ... le meilleur ministre est toujours celui qui fait aimer son maître

... Voilà deux corps qui ont des qualités et des défauts, mais quel homme public ne serait-il que qualités ? On  fait avec .

On a vu dans l'histoire actuelle la valse à l'envers des diplomates "honorables" [sic] . On voit aussi la discrétion des ministres d'Emmanuel Macron, qui ne peut compter que sur lui-même (c'est déjà pas mal ! ) : il vient de faire son one man show , et a encore failli se faire exploser les cordes vocales ( mais personne au buzzer ne s'est retourné ) .

https://www.20minutes.fr/elections/presidentielle/3262783...

 

 

« Au prince Dmitri Mikhailovitch Golitsin

31 décembre 1766 à Ferney par Genève

Monsieur,

Je n'ai reçu aucune lettre de Votre Excellence depuis plus de six mois . La dernière lettre dont Sa Majesté impériale m'a honoré est du 9 juillet 1766 . J'ai répondu exactement à M. le général de Betzky 1. J’ai remercié Sa Majesté impériale de toutes ses bontés pour les Sirven . J’ai admiré , j'ai béni sa générosité envers M. Diderot, et tous les grands exemples qu'elle donne à l'Europe . On dit que les ambassadeurs sont des espions honorables . Je sais , monsieur, que vous êtes l'espion du mérite et de l'infortune . Vous les cherchez pour leur procurer des bienfaits . C'est là votre principal ministère . C'est vous, monsieur, qui fournissez à votre auguste impératrice les occasions de signaler sa grandeur d'âme . Louis XIV, en répandant des bienfaits sur les gens de lettres de l'Europe, fit beaucoup moins que votre souveraine . Il se fit indiquer le mérite, mais l'impératrice l'a connu par elle-même ; elle n'a écouté son grand cœur qu'après avoir consulté son esprit . Je lui souhaite un règne aussi long qu’elle le rend glorieux . Où est le temps que je n'avais que soixante et dix ans ? J’aurais couru l'admirer . Où est le temps que j'avais encore de la voix ? Je l'aurais chantée sur tout le chemin du pied des Alpes à la mer d'Archangel .

M. Thomas, vous qui êtes jeune, et qui avez meilleure voix que moi, vous avez déjà célébré Pierre Ier en trois chants ; je vous en demande un quatrième pour Catherine seconde .

Jouissez longtemps, monsieur le prince, de l'honneur que vous avez de la représenter ; vous faites plus, vous lui ressemblez : le meilleur ministre est toujours celui qui fait aimer son maître .

Daignez me mettre aux pieds de cette héroïne, et agréez le profond respect avec lequel j’ai l'honneur d'être, etc.

Voltaire . »

tout ira bien pour votre république

... Telle est l'affirmation des cabinets de conseil à nos ministres et président , si tant est qu'on puisse les croire fiables . Or, McKinsey, pour ne citer que lui, confirme le dicton "les conseilleurs ne sont pas les payeurs", se contentant de toucher le pactole étatique, sans payer un fifrelin au fisc  : https://www.france24.com/fr/france/20220331-mckinsey-l-af...

Il est vrai que nous vivons une époque où le recours aux "coachs" explose, humains ou robotiques, conseillers de tout poil en tout domaine, bien dans la lignée des assujettis aux joujoux connectés . On râle quand on impose le pass-vaccinal, et dans le même temps on suit les dictats des applis de son I-phone . Ridicule .

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[31 décembre 1766]

Voilà qui va bien, mon cher Caro, pour votre édition ; et tout ira bien pour votre république . Monsieur l'ambassadeur couche encore ce soir chez moi 1 .

J'ai beaucoup corrigé aux dernières feuilles . Je vous prie de les revoir avec la plus grande attention, car on ne peut plus les rapporter chez moi . Je compte que vendredi vous pourrez envoyer, vendredi, deux exemplaires couverts de satin cramoisi à M. le duc de Choiseul, et deux à M. le duc de Praslin ; et à moi une douzaine brochés . »

1 Le 30 décembre 1766, Beauteville annonce son retour à Soleure, dans une proclamation commençant par « Le roi mon maître, instruit de la réjection du plan de conciliation » ; il quitte Genève le jour même et passe les deux dernières nuits de l'année à Ferney . Le 30 également, le Conseil de Genève décide « de lui écrire pour le remercier et de lui témoigner la vive sensibilité du Conseil de tous les bons offices qu'il a passés en faveur de la République , et lui en demander la continuation . »

faites mes compliments au petit nombre de gens qui pensent

... Ce qui exclut automatiquement les aficionados d'Eric Zemmour , décérébrés de première classe .

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin fils, Avocat en

Parlement à Saint-Claude

31è décembre 1766

Je vous souhaite la bonne année, mon cher philosophe, faites mes compliments au petit nombre de gens qui pensent ; venez nous voir quand vous pouvez pour une affaire bien importante ; il doit vous arriver de la part de Fantet une caisse de livres, je vous prie de la garder jusqu'à ce que j'aie eu la satisfaction de vous entretenir.

Je vous embrasse bien tendrement.

V. »

avant ma mort, j’aurai la funeste consolation de rendre les persécuteurs exécrables

... Et ce serait extraordinaire si cela les faisait disparaitre de la surface de notre globe *.

NDLR - En toute modestie .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

29 décembre [1766} , à midi

Je vous ai déjà écrit ce matin 1, mon cher ange, à vous seul comme toutes les précédentes.

Il n’est plus question de faveur , ce nouveau mémoire que j’envoie à monsieur le vice-chancelier 2, et dont voici la copie, doit convaincre que nous ne demandons que la plus exacte justice.

Si on saisit l’équipage de Mme Denis, si on lui fait racheter son carrosse et ses chevaux pour avoir introduit dans le royaume des livres abominables, elle est déshonorée dans la province et ne peut plus y rester. Il serait horrible qu’un commis de bureau fût récompensé pour avoir prévariqué 3, et qu’une femme qui mérite de la considération fût flétrie . Il ne lui resterait que d’aller m’enterrer dans les pays étrangers . Mais avant ma mort, j’aurai la funeste consolation de rendre les persécuteurs exécrables.

Il ne s’agit au bout du compte que de colportage, et ni madame Denis, ni moi, ne pouvons être des colporteurs. Je sais bien qu’en France, sur un simple soupçon souvent absurde, on peut perdre un honnête homme , et même un homme qui mérite des ménagements. Encore une fois, mon cher ange, voici le mémoire sur lequel il faut insister.

Mais le point préalable, le point nécessaire, c’est de faire chasser sans délai le nommé Jeannin, contrôleur du bureau de Saconnex, près de Genève, et de s’adresser pour cela à M. de Courteilles ou à qui vous jugerez à propos . C’est ce que je vous dis dans une autre lettre du 29, sous le couvert de M. le duc de Praslin.

Pardon de tant de lettres, mais on ne peut s’expliquer qu’avec des paroles.

Comptez que ma douleur n’est pas le plus vif de mes sentiments. »

2 Ce mémoire n'est pas connu, mais on possède « l'addition » qui y est jointe le 11 janvier 1767 . On la trouve en note de la lettre du 7 janvier 1767 à d'Argental « Addition au mémoire envoyé à Mgr le vice-chancelier le 29è décembre 1766 par la dame Denis de Ferney au sujet de la saisie de son équipage à Collonges », signé et daté de la main de V* qui ajoute en marge : « Nota qu'ils n'avaient point de droit de visiter puisque le plomb n'est mis que pour assurer qu'on ne mettra point d'autres effets, et que le tout sera visité à l'arrivée à la douane. »

Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-3.html

3 Exemple frappant de la façon dont V* peut juger les gens en fonction de ses rapports avec eux .

01/04/2022

je me contente de me défendre. Il est triste d’avoir à combattre des rats, quand on est près d’être dévoré par des vautours. J’ai besoin de courage, et je crois que j’en ai

... Volodymyr Zelensky dixit ?

Les vautours sont bien évidemment les Russes de Poutinie .

Les rats ? Sans doute les mercenaires de Wagner déployés au  Donbass : https://www.20minutes.fr/monde/3261331-20220329-guerre-uk...

Ira-t-on aussi jusqu'à faire appel aux ghost busters ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

29 décembre 1766

Mon cher ami, j’ai reçu le 27 votre lettre du 23. L’abbé Mignot doit vous avoir montré une lettre de sa sœur. Nous vous demandons, elle et moi, le secret le plus profond 1.

Voyez, je vous prie, la lettre que j’écris, aujourd’hui 29, au conseiller du Grand-Conseil, et que ce secret reste entre vous et lui, et M. d’Argental. Nous nous sommes sacrifiés pour lui comme nous le devions, et nous espérons qu’il fera quelque chose pour nous. Vous lui en parlerez, si cela est nécessaire.

Je serais au désespoir, mon cher ami, de vous avoir chagriné en vous demandant un peu d’ordre. Ce n’est pas assurément pour moi, c’est uniquement pour les Sirven . Car il y a grande apparence que je ne pourrai plus me mêler de cette affaire, ni d’aucune. Je ne vous ai demandé que de vous rendre compte à vous-même des dépenses qu’on sera obligé de faire pour la procédure. Il ne s’agit que d’avoir un petit livret de deux sous, dont on fait un journal ; ce n’est pas là assurément une affaire de finance.

Vous n’avez pas apparemment reçu la scène de l’embaucheur 2. Vous ne m’accusez pas non plus la réception de ma lettre à l’impératrice de Russie 3. Nos lettres se seront croisées.

Je suis très malade ; je ne me soutiens que par un peu de philosophie. Je devais partir demain, ma faiblesse et le temps horrible de notre climat m’en empêchent ; mais je suis prêt à partir, s’il est nécessaire. Qu’importe où l’on meurt ? J’éprouve une grande consolation en voyant que mon petit de La Harpe vient de remporter le prix de l’Académie 4. Je mets ma gloire dans celle de mes élèves, et j’attends beaucoup de lui. Il n’y avait que deux hommes qui pussent avoir fait la Lettre à Pansophe, l’abbé Coyer et Bordes, qui étaient tous deux en Angleterre dans ce temps. Coyer nie fortement, et avec l’air de sincérité ; Bordes nie faiblement, et avec un air d’embarras.

Pour celui qui a fait les notes 5, c’est un intime ami du docteur Tronchin, et je ne suis pas assez heureux pour être sa confidence. Je sais certainement que les notes ont été faites à Paris par un homme très au fait, que vous connaissez ; mais je ne veux accuser personne, et je me contente de me défendre. Il est triste d’avoir à combattre des rats, quand on est près d’être dévoré par des vautours. J’ai besoin de courage, et je crois que j’en ai.

Je ne sais ce que c’est que ce livre des plagiats de Rousseau 6, imprimé chez Durand. Si je reste à Ferney, je vous prierai de me l’envoyer. Il est cité, page 12, dans la triste et dure brochure des notes sur ma lettre à M. Hume 7.

A l’égard des Sirven, mon cher ami, continuez, et vous serez béni Le temps n’est pas favorable, je le sais ; mais il faut toujours bien faire, laisser dire, et se résigner. Quel beau rôle auraient joué les philosophes, si Rousseau n’avait pas été un fou et un monstre ! mais ne nous décourageons point.

Vous sentez bien que je ne dois rien dire sur M. de La Chalotais. Je vous suis seulement très obligé de m’avoir fait voir combien le roi est sage et bon. Vous ne m’avez rien appris ; mais j’aime à voir que vous en êtes pénétré comme moi. Je vous prie de faire mettre, si vous pouvez, cette déclaration dans le Mercure 8.

Voudriez-vous avoir la bonté de faire tenir d’abord cette lettre à l’abbé Mignot 9? »

1 Sur l’aventure de madame Lejeune.

5 Voltaire lui-même.

9 Cette lettre n'est pas connue .On peut noter que le 26 décembre 1766, Wagnière a écrit à Damilaville le billet suivant : « Je n'ai pu retrouver, monsieur, dans le désordre où nous sommes, le billet de douze cents livres [voir lettre du 29 octobre 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/28/n... ] . Je vous prie de m'adresser toujours vos lettres à Genève. Voici un petit billet par lequel j'annule tous autres billets . Ainsi les choses sont en règle . Vos amis vous font les plus tendres compliments . Ayez la bonté de n’écrire qu'à moi . J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. / Wagnière. »

La destitution de cet homme est l’objet le plus important de cette affaire et le seul qui puisse nous délier les mains

... On peut le supposer à propos du czar Poutine, sans oublier qu'il ne règne pas avec une cour de saints, et que son élimination ne garantit pas d'avoir un.e démocrate à sa place . Dur dur de négocier avec l'ours oriental .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

29 Décembre 1766 (1).

Voyez, mon cher ange, si Homère n’avait pas raison de dire que le destin est le maître de tout.

Premièrement, c’est un étrange effet de la destinée que la femme de votre laquais Lejeune soit la sœur d’un homme qui aurait été peut-être maréchal de France, s’il eût vécu, et qui sûrement aurait mérité de l’être.

Secondement, c’est encore une grande fatalité qu’elle soit venue à Ferney. Mais en voici une troisième non moins forte.

Parmi soixante et dix mille scélérats en commission, qui sont employés à tourmenter la nation dans les bureaux des fermes, il y a entre autres un scélérat nommé Jeannin, revêtu de l’emploi de contrôleur du dernier bureau entre la France et Genève, dans un village nommé Saconnex. Cet homme m’a les plus grandes obligations ; j’ai empêché deux fois qu’on ne le chassât de son poste ; je lui ai prêté une maison, je lui ai prêté de l’argent. Lui et sa femme venaient souvent dîner à la table de notre maître d’hôtel. Il vit plusieurs fois cette pauvre Lejeune, qui n’avait point d’autre nom dans la maison ( car elle n’a pris le nom de Doiret qu’au bureau de Collonges, où elle a été arrêtée, à six lieues de Ferney, sur la route de Chalon.)

L’infernal Jeannin a été son confident ; il s’est offert de la servir, il l’a conduite lui-même de Ferney à Collonges dans mon carrosse, moyennant une récompense 1 ; et c’est là qu’il l’a trahie pour avoir, outre sa récompense, le tiers des effets qu’il a fait saisir.

Cet homme, pour être plus sûr de sa proie, et craignant que nous ne réclamassions le carrosse, les chevaux et les habits qui étaient dans les malles mêlés avec les papiers de madame Lejeune déclara que les papiers m'appartenaient, et Mme Lejeune eut la probité ou l’imprudence de dire, dans son trouble, que les papiers étaient à elle.

Nous ne savions point, quand nous avons commencé la procédure contre des quidams, que Jeannin était instruit du nom de Lejeune. Nous ne pouvons plus continuer la procédure contre ce misérable, trop instruit que madame Lejeune est la femme de votre valet de chambre, et qui ne manquerait pas de le déclarer en justice.

Il est d’une nécessité indispensable de commencer par faire révoquer cet homme ; il n’est pas de la province, et il n’y restera certainement pas. Il n’y a qu’à dire un mot à Rougeot, fermier-général, chargé de la ruine du pays de Gex ; il est de Dijon ; c’est un très bon homme. M. de Courteilles ou quelque autre peut prier M. Rougeot de renvoyer Jeannin sans délai. J’agirai de mon côté. Rougeot m’aime, et il est venu coucher souvent à Ferney.

La destitution de cet homme est l’objet le plus important de cette affaire et le seul qui puisse nous délier les mains. Car ce monstre, n’osant avouer son crime, n’a été qu’un dénonciateur secret, et il n’est fait mention de lui dans le procès-verbal de Collonges que sous le nom d’un quidam. Dès qu’il sera écarté, nous serons à notre aise, et nous informerons contre ce quidam sans nommer Jeannin. Ou si on le nomme, il ne sera plus à craindre 2.

Mme Denis persiste toujours dans la juste résolution de redemander ses chevaux et son carrosse ; car si elle consent à la saisie, elle s’avoue coupable, avec moi, d’un délit que nous n’avons commis ni l’un ni l’autre. Pour moi, je fonde mon innocence sur l’impossibilité morale que je fasse commerce de livres, et qu’à l’âge de soixante et treize ans je me sois fait colporteur pour faire fortune.

Tout ceci est horrible, je le sais, mon cher ange ; mais vous avez du courage et de la sagesse, et vous viendrez à bout de tout. Il y a dans la vie de plus grands malheurs ; il n’y a d’autre chose à faire qu’à les réparer ou à les supporter. Mon âme sera aussi à son aise dans un village de Suisse ou de Hollande que dans celui de Ferney, et partout où sera cette âme, elle adorera la vôtre. Je serais déjà parti, tout languissant que je suis, et je serais actuellement enfoncé dans les neiges, si je n’attendais pas de vos nouvelles . Je ne veux ni partir, ni mourir, sans en avertir mon cher ange.

V. »

2 Phrase ajoutée par V* sur le manuscrit .