26/01/2024
de pareils sujets mériteraient d’être mis souvent sur la scène. Il est vrai qu’ils sont difficiles à traiter
... La vie des agriculteurs, français en particulier, est brutalement mise au grand jour, quelles seront les solutions compatibles entre écologie, santé publique et revenus raisonnables pour ceux qui nous nourrissent ?
https://www.20minutes.fr/societe/4072676-20240125-manifes...
« A Paul-Phlippe Gudin de La Brenellerie 1
Si je n’ai pas eu l’honneur, monsieur, de vous remercier plus tôt, pardonnez à un vieillard malade. Je n’en ai pas moins senti le mérite de votre pièce, et les bontés dont vous vouliez m’honorer. Je viens de lire votre tragédie 2, qui a été imprimée à Genève depuis un mois; il n’y a plus moyen de vous parler en critique, quand l’ouvrage est publié : je ne dois vous parler qu’en homme très reconnaissant, et surtout très persuadé que de pareils sujets mériteraient d’être mis souvent sur la scène. Il est vrai qu’ils sont difficiles à traiter ; mais il paraît, à votre coup d’essai, que vous seriez capable de faire des chefs-d’œuvre ; la conformité de votre manière de penser avec la mienne semble me permettre de compter un peu sur votre amitié ; les philosophes n’ont plus d’autre consolation que celle de se plaindre ensemble.
J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que vous méritez,
monsieur,
votre très humble, et très obéissant serviteur
V.
6 juin 1768.»
1 Voir : https://data.bnf.fr/fr/11906110/paul-philippe_gudin_de_la_brenellerie/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Philippe_Gudin_de_La_Brenellerie
2 Lothaire, ou le Royaume mis en interdit : https://books.google.fr/books?id=MO07plg6hUMC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
Sur cet ouvrage, voir lettre de mai 1768 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/10/en-attendant-on-le-prie-d-envoyer-les-quatre-volumes-des-nou-6479620.html
Cette tragédie ne fut jamais représentée .
16:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
C’est du temps qu’il faut attendre la réforme. On parle comme on peut, on se conduit de même, et chacun vit avec ses défauts comme avec ses amis
... Le gouvernement, au contraire est pressé de promulguer le décret d'application de la loi sur l'immigration ce qui fait hurler des grandes gueules de droite qui jouent aux vierges effarouchées stupides : https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/26/loi-imm...
« A D'Antoine 1
6 juin 1768
Ma vieillesse et mes maladies m’ont empêché, monsieur, de répondre plus tôt à votre lettre du 21 de mai ; mes yeux affaiblis distinguent à peine les caractères. Je suis peu en état de juger de la réforme que vous voulez faire dans les langues de l’Europe. Il en est peut-être de ces langues comme des mœurs et du gouvernement ; tout cela ne vaut pas grand’chose . C’est du temps qu’il faut attendre la réforme. On parle comme on peut, on se conduit de même, et chacun vit avec ses défauts comme avec ses amis.
Cependant si vous voulez absolument réformer les langues, vous pouvez m’adresser votre ouvrage 2 à Lyon, chez M. Lavergne, mon banquier, par les voitures publiques. En attendant que la langue française se corrige, et que tout le monde écrive français avec un a, et non pas avec un o, comme saint François d’Assise, mon cher patron, j’ai l’honneur d’être, selon la formule ordinaire des Français,
monsieur,
votre très humble. »
1 Copie Beaumarchais-Kehl avec en-tête « à M. Dantoine à Manosque en Provence » ; édition de Kehl .
2 Cet ouvrage semble ne pas avoir été publié . Voir : https://books.google.fr/books?id=R16KBegzW9AC&pg=PA30&lpg=PA30&dq=dantoine+d+antoine+manosque+1768+voltaire&source=bl&ots=7fbl-caSHM&sig=ACfU3U1XYq2pX3YOT7o-4sTMom-Ub8BhSQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiAqaXTpPuDAxUuTaQEHWGACdQQ6AF6BAgaEAM#v=onepage&q=dantoine%20d%20antoine%20manosque%201768%20voltaire&f=false
15:58 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il est clair que c'est un maraud
... Tel Mathias Vicherat, directeur de Sciences Po , en délicatesse avec la justice et les étudiants : https://www.liberation.fr/societe/education/accuse-de-violences-conjugales-le-directeur-de-sciences-po-mathias-vicherat-retrouvera-ses-fonctions-lundi-20240124_5AVZDP63VRDH5DED5PC5KDJSNY/
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin
Avocat au Parlement à
Saint-Claude
en Franche-Comté
Mon cher ami, je vous ai envoyé trois factums 1, comme on donnait des [ ] au prince de [ ] pour l’amuser 2 . Je vous prie, quand vous n'aurez pas de client à défendre au parlement de Saint-Claude, de lire ce procès auquel je m'intéresse 3, et de m'en dire votre avis . L'abbé Clautre s'appelle sans doute Tartuffe dans son nom de baptême . Il est clair que c'est un maraud, mais j'ai peur que ce maraud n'ai raison juridiquement sur deux ou trois points assez essentiels .
Dites-moi je vous prie votre avis , ou plutôt venez me le dire si vous avez un moment de loisir, et si vous aimez qui vous aime .
V.
6 juin 1768. »
1 Sur ceux-ci, voir lettre du 25 juin 1768 à Christin : « Je ne vous ai pas remercié, mon cher ami, aussitôt que je l'aurais dû de votre patience à lire trois gros mémoires, et de l'avis que vous avez donné avec tant de sagacité . »
2 Plusieurs mots ont été ici fortement biffés
3 Voir Le Procès Claustre : https://fr.wikisource.org/wiki/Proc%C3%A8s_de_Claustre/%C3%89dition_Garnier
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/01/2024
Que le bon Dieu vous accorde de bons comédiens, pour amuser la vieillesse où l’un de vous deux va bientôt entrer, si je ne me trompe ; car il faut s’amuser : tout le reste est vanité et affliction d’esprit
... Meilleurs voeux pour le couple E. et B. M*** , Dieu reconnaîtra les siens .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
6 Juin 1768 1
Mes chers anges,
Vous voulez une nouvelle édition de la Guerre de Genève ; mais vous ne me dites point comment il faut vous la faire parvenir. Je l’envoie à tout hasard à M. le duc de Praslin, quoiqu’il soit, dit-on, à Toulon. S’il y est, il n’y sera pas longtemps, et vous aurez bientôt votre Guerre.
Que le bon Dieu vous accorde de bons comédiens, pour amuser la vieillesse où l’un de vous deux va bientôt entrer, si je ne me trompe ; car il faut s’amuser : tout le reste est vanité et affliction d’esprit, comme dit très bien Salomon 2. Je doute fort que le Palatin, qu’on veut faire venir de Varsovie 3, remette le tripot en honneur. J’attends beaucoup plus de ma Cateau de Russie et du roi de Pologne ; ce sont eux qui sont d’excellents comédiens, sur ma parole.
Je suis fâché que mon gros neveu le Turc veuille faire une grosse histoire de la Turquie 4, dans le temps que Lacroix, qui sait le turc, vient d’en donner un abrégé très commode, très exact, et très utile 5. Je suis encore plus fâché que mon gros petit-neveu soit si attaché aux assassins du c.d.L.B 6. Pour moi, je ne pardonnerai jamais aux barbares.
Écoutez bien la réponse péremptoire que je vous fais sur les fureurs d’Oreste . Elles sont telles qu’elles doivent l’être dans l’abominable édition de Duchesne, et telles qu’on les débite au tripot : mais vous savez que cet Oreste fut attaqué et défait par les soldats de Corbulon 7. On affecta surtout de condamner les fureurs, qui d’ailleurs furent très mal jouées, et qui doivent faire un très grand effet par le dialogue dont elles sont mêlées, et par le contraste de la terreur et de la pitié, qui me paraissent régner dans cette fin de la pièce. Je fus forcé, par le conseil de mes amis, de supprimer ce que j’avais fait de mieux, et de substituer de la faiblesse à de la fureur J’ai toujours ressemblé parfaitement au Meunier, à son Fils, et à son âne 8. J’ai attendu l’âge mûr d’environ soixante-quinze ans pour en faire à ma tête, et ma tête est d’accord avec les vôtres en faisant faire un grand carton par les frères Cramer et le savant Panckoucke qui a traduit Lucrèce assez platement 9.
Vous ne me parlez point, mon cher ange, de l’autre tripot sur lequel on doit jouer Pandore. J’ai tâté, dans ma vie, à peu près de tous les maux qui furent renfermés dans la boite de cette drôlesse. Un des plus légers est qu’on m’a cru incapable de faire un opéra. Plût à Dieu qu’on me crût incapable de toutes ces brochures que de mauvais plaisants ou de mauvais cœurs mettent continuellement sous mon nom !
Je vous souhaite à tous deux santé et plaisir, et je suis à vous jusqu’à ce que je ne sois plus. »
1 Original partiellement autographe à partir de qui a traduit Lucrèce ; édition de Kehl .
2 Ecclésiaste, I, 14 : https://saintebible.com/ecclesiastes/1-14.htm
3 Andrzej Mokronowski a été envoyé pour négocier avec la confédération de Bar ; on sait que le palatin ou voïvode est un haut dignitaire polonais. Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Andrzej_Mokronowski
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9d%C3%A9ration_de_Bar
4 Sur l’abbé Mignot et son Histoire de l'empire ottoman, voir lettre du 14 janvier 1767 au marquis de Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/05/07/les-choses-dans-ce-monde-prennent-des-faces-bien-differentes-6380671.html
5 Sur cet ouvrage, voir lettre du 27 mai 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/18/je-m-en-remets-entierement-a-vous-sur-tout-ce-que-vous-voudr-6480895.html
6 Le chevalier de La Barre, bien entendu .
7 C'est-à-dire par Électre de Crébillon . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/jugement-eloge-de-crebillon-partie-9.html
8 Voir lettre du 10777 à Cramer ; V* écrit meunier, alors que Wagnière suit la prononciation locale de Genève et de la Bourgogne et écrit munier.
9 Voir lettre du 28 février 1767 à Panckoucke : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/02/tout-ce-qui-me-viendra-de-vous-me-sera-precieux-6394520.html
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24/01/2024
J'ai mis tout en ordre et je fais mon métier de correcteur
... Gérard Larcher l'affirme et s'oppose à l'inscription de l'IVG dans la constitution, ce en quoi je l'approuve fermement : https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/01/23/gerar...
« A Gabriel Cramer
au château de Tournay
J'ai envoyé à l'imprimerie les feuilles de l'ancienne édition corrigée jusqu'aux chapitres VII et VIII . J'ai envoyé les feuilles manuscrites jusqu'au numéro 12 inclusivement . J'envoie la suite de ces feuilles manuscrites depuis le numéro 13 jusqu'à 62 . Le tout avec les ratures et les renvois nécessaires qui demandent une grande attention de la part de l'imprimeur . J'ai envoyé par Chirol vendredi la dernière épreuve que j’ai corrigée ; j'attends le retour de cette dernière épreuve pour la confronter avec ce qui précède et ce qui suit, de peur qu'on ne se soit trompé ou que je ne me sois trompé moi-même .
J’informe monsieur Cramer de tout ce détail et je le prie de vouloir bien diriger d'un coup d’œil cette petite opération , qui peut-être est difficile, attendu le mélange des imprimés et des m[anus]crits que j’ai envoyé et la multiplicité des renvois . J'ai mis tout en ordre et je fais mon métier de correcteur d’imprimerie du mieux que je puis .
Dimanche matin 5 juin 1768 . »
11:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
vos deux Bataves, je les crois aimables
... Ils sont aux petits soins pour nous , la preuve : https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/reportage-tout-autour-de-l-usine-l-eau-est-polluee-les-pays-bas-alertent-la-france-sur-les-activites-de-chemours-geant-de-la-chimie-implante-dans-l-oise_6321012.html
Merci pour votre sollicitude, mais comment se fait-il que nous n'ayons pas fait le même constat nous mêmes ? Intérêts financiers ? Je n'en vois pas d'autres . A qui profite le crime ?
« A Henri Rieu
etc.
à Genève
Ce jeudi 2 juin au soir 1768
Venez dîner samedi, mon cher ami, avec vos deux Bataves, je les crois aimables et philosophes puisqu'ils sont vos amis . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.
V. »
11:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
Si j’étais plus jeune, je m’embarquerais sur votre vaisseau, et j’irais chercher quelque pays où l’on ne connût ni le fanatisme ni la calomnie
... Est-ce cela qui motive tous ces émigrants vers l'Europe ? Ce pays sans fanatiques ni calomniateurs serait-il le nôtre ? Je me le demande souvent maintenant .
« A Jean-Gabriel Montaudoin 1
Ferney, 2 Juin 1768 2
Jusqu’à présent je ne pouvais pas me vanter d’avoir heureusement conduit ma petite barque dans ce monde ; mais, puisque vous daignez donner mon nom à un de vos vaisseaux, je défierai désormais toutes les tempêtes. Vous me faites un honneur dont je ne suis pas certainement digne, et qu’aucun homme de lettres n’avait jamais reçu. Moins je le mérite, et plus j’en suis reconnaissant. On a baptisé jusqu’ici les navires des noms de Neptune, des tritons, des sirènes, des griffons, des ministres d’État, ou des saints, et ces derniers surtout sont toujours arrivés à bon port ; mais aucun n’avait été baptisé du nom d’un faiseur de vers et de prose.
Si j’étais plus jeune, je m’embarquerais sur votre vaisseau, et j’irais chercher quelque pays où l’on ne connût ni le fanatisme ni la calomnie. Je pourrais encore, si vous vouliez, débarquer en Corse ou à Civita-Vecchia, les jésuites Patouillet et Nonotte, avec l’ami Fréron ci-devant jésuite. Il ne serait pas mal d’y joindre quelques convulsionnaires ou convulsionnistes. On mettait autrefois, dans certaines occasions, des singes et des chats dans un sac, et on les jetait ensemble à la mer.
Je m’imagine que les Anglais me laisseraient librement passer sur toutes les mers ; car ils savent que j’ai toujours eu du goût pour eux et pour leurs ouvrages. Ils prirent, dans la guerre de 1741, un vaisseau espagnol tout chargé de bulles de la Cruzade, d’indulgences, et d’agnus Dei. Je me flatte que votre vaisseau ne porte point de telles marchandises ; elles procurent une très grande fortune dans l’autre monde, mais il faut d’autres cargaisons dans celui-ci.
Si le patron va aux grandes Indes, je le prierai de se charger d’une lettre pour un brame avec qui je suis en correspondance 3, et qui est curé à Bénarès sur le Gange. Il m’a prouvé que les brames ont plus de quatre mille ans d’antiquité. C’est un homme très savant et très raisonnable : il est d’ailleurs beaucoup plus baptisé que nous, car il se plonge dans le Gange toutes les bonnes fêtes. J’ai dans ma solitude quelques correspondances assez éloignées, mais je n’en ai point encore eu qui m’ait fait plus d’honneur et plus de plaisir que la vôtre.
Je n’ai pu vous écrire de ma main, étant très malade ; mais cette main tremblante vous assure que je serai jusqu’au dernier moment de ma vie, monsieur, votre, etc. »
1 Jean-Gabriel Montaudouin de La Touche : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Gabriel_Montaudouin_de_La_Touche
et : https://data.bnf.fr/fr/13016460/jean-gabriel_montaudouin_de_la_touche/
Voir aussi : https://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=60&t=6867&start=30
2 Minute avec des corrections autographes ; copies contemporaines ( cette dernière copiée d'après l’original, dont le premier paragraphe était autographe ). D'après l'en-tête de la copie Darmstadt , il semble que la lettre aurait été adressée à Nantes . Ceci est confirmé par la lettre du 20 juin 1768 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-20.html
Nantes est à l'époque le port le plus actif pour le commerce au long cours .
3 Voir lettre du 13 juillet 1761 à Capperonnier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/06/16/vous-favoriserez-une-entreprise-qui-n-est-pas-indigne-de-vos-5816022.html
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