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04/01/2024

Cette formalité était absolument nécessaire

... Il était temps de cesser d'engorger les usines d'incinération des ordures de nos déchets organiques recyclables : https://www.marmiton.org/anti-gaspi/tri-des-dechets-oblig...

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« A François-Louis Jeanmaire

3 mai 1768 à Ferney

Je reçois, monsieur, de M. Surleau mon compte entièrement conforme à celui que j'avais envoyé depuis si longtemps . Cette formalité était absolument nécessaire . Je ne crois pas que je vive assez pour toucher dans deux ans le montant des billets que m'a faits Mgr le duc de Virtemberg ; mais je serai assez content si dorénavant les fermiers et les régisseurs me paient avec l'exactitude que vous leur avez recommandée . Je donne trente mille francs par an à ma famille . Sa subsistance et la mienne sont uniquement fondées sur Son Altesse Sérénissime .

J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que je vous dois

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire. »

03/01/2024

Je suis malheureusement un homme public, et très public, et entre les deux extrémités où je me trouvais je crois avoir choisi la moins dangereuse

...Par exemple  voyons Joachim Roncin, père de "Je suis Charlie ! " :

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/l-auteur-du-slogan-improvise-je-suis-charlie-raconte-dans-un-livre-le-voyage-en-absurdie-qui-a-suivi_6280449.html

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« A Marie-Louise Denis

3è mai 1768 1

Je comptais, ma chère nièce, vous envoyer des paquets par Des Franches et par Calas, qui sont tous deux partis trop tôt . La providence m'a envoyé M. le duc de Villa-Hermosa avec M. le marquis de Mora, gendre de cet adorable premier ministre d'Espagne qui a ouvert la porte à la vérité et qui a rogné les griffes de l'Inquisition . Mes ouvrages entrent aujourd'hui plus librement en Espagne qu'en France . La raison a fait des progrès rapides à Madrid et en Italie, mais le monstre à qui on porte tant de coups d'un bout à l'autre de l'Europe se débat dans son sang avec tant de fureur qu'il déchire encore ceux qui l'attaquent . Les jansénistes surtout sont devenus plus insolents et plus dangereux que les jésuites . J'ai toujours prévu que les loups succéderaient aux renards, et il ne faut aller à la chasse aux loups qu'avec les plus extrêmes précautions . J'attends de votre amitié que vous fermerez la bouche aux gens de lettres indiscrets qui me font l'auteur des brochures dont l'Europe est inondée . Vous savez que je n'en ai fait aucune, et que je ne dois pas être la victime de la calomnie .

Il y a trois fanatiques très dangereux dans la pays que j'habite, l’aumônier de la Résidence à Genève, le pauvre évêque d'Annecy, et le riche évêque de Saint-Claude 2. C'est avec ces trois loups qu'il faut que je hurle . Ferney est actuellement peuplé de plus de deux cents personnes ; ce sont des bœufs, et je suis leur bouvier, il faut que je sois à leur pâturage quand ils broutent leur herbe .

Vous savez que nous avons fait faire ensemble des prières pour la santé de la reine ; je les fais toujours continuer . On ne doit certainement reprocher à personne l’accomplissent des devoirs que tout le monde rempli . Je suis malheureusement un homme public, et très public, et entre les deux extrémités où je me trouvais je crois avoir choisi la moins dangereuse . Je m'en remets sur tout cela, encore une fois, à votre amitié et à votre sagesse ; et je me flatte que vous serez secondée par votre famille que j’embrasse de tout mon cœur .

Vous savez que M. Dupuits est ici avec MM. Rieu et Christin . Dîtes à l'enfant combien je l'aime ; j'ai reçu une lettre d’elle qui m'a fait beaucoup de plaisir par les sentiments et même par l'orthographe . »

1 Sur le manuscrit Mme Denis a changé le 3 de la date en 2 .

Je n'ai reçu, monsieur, votre lettre du 29 avril que ce matin en m'éveillant

... Jusque là rien d'étonnant, le facteur est pressé de finir sa tournée au plus tôt . Mais , chose tout à fait invraisemblable pour nos P et T, leurs syndicats et préposés, c'est un dimanche, et pire encore un 1er mai . Qui dit mieux ? On est loin de la semaine de trente-cinq heures et des RTT .

Allons, bonne année : travail- santé- fortune- congés- JO !

 

 

« A Etienne-Salomon Reybaz, 1 Gouverneur

de monsieur le comte de Lewenhaupt 2

à Genève

Je n'ai reçu, monsieur, votre lettre du 29 avril que ce matin en m'éveillant . Je suis très malade dans mon lit . Je n'en recevrai pas moins la visite de M. Campbel 3 avec une sensible reconnaissance . Je vous prie de présenter mes compliments à votre élève .

J'ai l'honneur d'être avec tous les compliments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi, etc.

Dimanche au matin 1er mai 1768 à Ferney. »

.

2 Fils du comte Adam Lewenhaupt . Voir page 10 de https://journals.openedition.org/alsace/2541

3 Personnage non identifié .

02/01/2024

Si jamais vous vous trouvez dans une compagnie où tout le monde montre son cul, je vous conseille de mettre chausses bas en entrant, au lieu de faire la révérence

... Ce n'est pas dans le code de bonne conduite de Nadine de Rotschild, mais ça pourrait être du Stéphane Bern épris du respect de l'étiquette coûte que coûte. Bien des caciques du RN et de la NUPES tiennent à ce que leurs proches sympatisants dévoilent leurs arrières et gardent tête basse  .

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Plus chastes : Les 4-sans cul, de Chambéry

 

 

 

« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle

1er Mai 1768

Mon cher marquis, le sieur Gillet ou Gilles n’est pas trop bien informé des affaires de ce monde. Il ne sait pas que quand on est enfermé entre des renards et des loups, il faut quelquefois enfumer les uns et hurler avec les autres. Il ne sait pas qu’il y a des choses si méprisables qu’on peut quelquefois s’abaisser jusqu’à elles sans se compromettre . Si jamais vous vous trouvez dans une compagnie où tout le monde montre son cul, je vous conseille de mettre chausses bas en entrant, au lieu de faire la révérence.

Faites, je vous en prie, mes sincères compliments à MM. Duché et Venel 1; les compagnons francs-maçons doivent se reconnaître au moindre mot 2.

On demande si on peut vous adresser de petits paquets sous l’enveloppe de M. l’intendant.

Mais surtout, si vous allez à votre régiment, passez par chez nous, n’y manquez pas, je vous en prie : ce pèlerinage est nécessaire, j’ai beaucoup de choses à vous dire pour votre édification.

Le marquis de Mora, fils du comte de Fuentès, ambassadeur d’Espagne à Paris, gendre de ce célèbre M. le comte d’Aranda qui a chassé les jésuites d’Espagne, et qui chassera bien d’autres vermines, est venu passer trois jours avec moi ; il s’en retourne en Espagne, et ira peut-être auparavant à Montpellier : c’est un jeune homme d’un mérite bien rare. Vous le verrez probablement à son passage, et vous serez étonné. L’inquisition d’Espagne n’est pas abolie ; mais on a arraché les dents à ce monstre, et on lui a coupé les griffes jusque dans la racine. Tous les livres si sévèrement défendus à Paris entrent librement en Espagne. Les Espagnols, en moins de deux ans, ont réparé cinq siècles de la plus infâme bigoterie.

Rendez grâces à Dieu, vous et vos amis, et aimez-moi. »

1 Ces personnages ont déjà été rencontrés dans la lettre du 23 mars 1767 à Villevielle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/09/il-est-vrai-que-le-diable-est-dechaine-6400196.html

2 Première allusion à la franc-maçonnerie dans la correspondance de V*.

A votre avis, que doivent faire les sages, quand ils sont environnés d’insensés barbares ? Il y a des temps où il faut imiter leurs contorsions, et parler leur langage

... Le fera-t-on pour s'adresser à Israël, ou plus exactement à Netanyahou ? à Kim Jung un ? à Poutine ? à Xi Jinping et toute la foule de sanguinaires de tous continents  ? Face à des tordus soyons encore plus retors qu'eux !

Et pour l'usage national, hardi Machiavel !

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

1 de mai [1768]

 Mon cher ami, mon cher philosophe, que l’être des êtres répande ses éternelles bénédictions sur son favori d’Aranda, sur son très cher Mora, et sur son bien-aimé Villa-Hermosa !

Un nouveau siècle se forme chez les Ibériens. La douane des pensées n’y ferme plus l’allée à la vérité, ainsi que chez les Velches. On a coupé les griffes au monstre de l’inquisition, tandis que chez vous le bœuf tigre frappe de ses cornes et dévore de ses dents 1.

L’abominable jansénisme triomphe dans notre ridicule nation, et on ne détruit des rats que pour nourrir des crocodiles. A votre avis, que doivent faire les sages, quand ils sont environnés d’insensés barbares ? Il y a des temps où il faut imiter leurs contorsions, et parler leur langage. Mutemus clypeos 2. Au reste, ce que j’ai fait cette année, je l’ai déjà fait plusieurs fois ; et, s’il plaît à Dieu, je le ferai encore Il y a des gens qui craignent de manier des araignées, il y en a d’autres qui les avalent.

Je me recommande à votre amitié et à celle des frères. Puissent-ils être tous assez sages pour ne jamais imputer à leurs frères ce qu’ils n’ont dit ni écrit . Les mystères de Mitra ne doivent point être divulgués, quoique ce soient ceux de la lumière ; il n’importe de quelle main la vérité vienne, pourvu qu’elle vienne. C’est lui , dit-on, c’est son style, c’est sa manière ; ne le reconnaissez-vous pas ? Ah ! mes frères, quels discours funestes ! Vous devriez au contraire crier dans les carrefours :  «  Ce n’est pas lui. » Il faut qu’il y ait cent mains invisibles qui percent le monstre, et qu’il tombe enfin sous mille coups redoublés. Amen.

Je vous embrasse avec toute la tendresse de l’amitié et toute l’horreur du fanatisme. »

1  V* songe à Etienne Pasquier qui joua un rôle dans les affaires La Barre, Lally et autres ; voir lettre du 7 novembre 1754 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/11/si-vous-me-conservez-une-amitie-a-laquelle-je-suis-mille-foi.html

je serais au désespoir que des mesures mal prises nuisissent à vos intérêts

...

 

« A Gabriel Cramer

[avril-mai 1768]

Mon cher Caro, j'ai reçu les estampes . Ce sont assurément de très belles enseignes à bière . Je vous plains bien d'avoir fait cette malheureuse dépense, et je me flatte que Le Siècle de Louis XIV et de Louis XV vous dédommagera . J'ai mandé à l’ami Panckoucke , qu'il pourrait inviter dans les journaux à fournir des mémoires sur tous ceux qui se sont distingués dans le siècle présent ; mais j'ai oublié de lui dire qu'il ne faudra faire cette invitation que quand le livre aura pris un peu faveur . La précipitation gâterait tout . L'empressement d'offrir l'in-quarto et d'envoyer partout des billets n'a déjà été que trop préjudiciable . Je vous aime, Caro, et je serais au désespoir que des mesures mal prises nuisissent à vos intérêts .

Au reste, il est essentiel pour moi que Le Siècle de Louis XV soit achevé incessamment , la négligence de vos ouvriers me retient en prison chez moi, et m'empêche de faire un voyage dont je ne puis me dispenser tout malade que je suis .

Je vous embrasse de tout mon cœur . »

01/01/2024

Je ne publie pas cette déclaration dans l’espérance de désarmer l’envie et l’imposture ; mais je la dois à la vérité, à mes amis, à ma famille

... Telle est ( ou aurait dû être selon le président auteur ) la conclusion sous-titrée de la "cérémonie" [sic] des voeux qui comme toutes celles qui ont précédé ne restera pas dans l'histoire .

En musique de fond, pour résumer l'esprit du discours, j'aurais bien mis les Stones avec "Angry" : https://www.youtube.com/watch?v=_mEC54eTuGw&ab_channe...

 

 

« A François Morénas

[vers le 30 avril 1768] 2

J’ai lu, monsieur, dans votre gazette, l’histoire de ma conversion, opérée par la grâce et par un ex-jésuite, qui m’a, dit-on, confessé et traîné au pied des autels. Plusieurs autres papiers publics y ont ajouté que j’avais une lettre de cachet pour pénitence ; d’autres sont entrés dans des détails de ma famille ; d’autres ont parlé d’un beau sermon que j’ai fait dans l’église. Tout cela pourrait servir à établir le pyrrhonisme de l’histoire. Ceux qui écrivent de Paris ces nouvelles, très ignorées dans mon pays, ne sont pas apparemment mes amis, et vous savez que des succès vains et passagers dans les belles-lettres attirent toujours beaucoup d’ennemis très implacables.

Je puis assurer que l’ex-jésuite retiré chez moi n’a jamais été mon confesseur, que je n’ai jamais eu la moindre part à la foule d’écrits qu’on se plaît à m’attribuer ; que je n’ai parlé dans ma paroisse, en rendant le pain bénit, que pour avertir d’un vol qu’on faisait dans ce temps-là même à mes paroissiens, et surtout pour avertir qu’il fallait prier tous les dimanches pour la santé de la reine, dont on ignorait la maladie dans mes déserts.

Enfin, monsieur, pour vous prouver la fausseté de tout ce qu’on a imprimé dans vingt gazettes, d’après les bulletins de Paris, je me vois forcé de publier l’attestation ci-jointe 3, que j’ai eu la précaution d’accepter depuis trois ans, pour confondre les calomniateurs qui me persécutent depuis plus de trente.

 

À Ferney le 5 avril 1765.

« Nous soussignés certifions que M de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, seigneur de Ferney et Tournay, au pays de Gex, près de Genève, a non seulement rempli les devoirs de la religion catholique dans la paroisse de Ferney, où il réside, mais qu’il a fait bâtir et orner l’église à ses dépens ; qu’il a entretenu un maître d’école ; qu’il a défriché à ses frais les terres incultes de plusieurs habitants ; a mis ceux qui n’avaient point de charrue en état d’en avoir, leur a bâti des maisons, leur a concédé des terrains, et que Ferney est aujourd’hui plus peuplé du double qu’il ne l’était avant qu’il en prît possession ; qu’il n’a refusé ses secours à aucun des habitants du voisinage. Requis de rendre de témoignage, nous le donnons comme la plus exacte vérité. »



Le tout signé par deux curés, par les syndics de la noblesse et de la province, par des prêtres, des gradués, par les habitants ; collationné par un notaire royal, et déposé au contrôle de Gex.

Je ne publie pas cette déclaration dans l’espérance de désarmer l’envie et l’imposture ; mais je la dois à la vérité, à mes amis, à ma famille qui sert le roi dans ses armées et dans les premiers tribunaux du royaume, et à la charge que Sa Majesté a bien voulu me conserver auprès de sa personne.

J’ai l’honneur d’être,

monsieur

votre . »

2 Le corps de la lettre est de la main de Bigex, l'en-tête « à un gazetier d'Avignon » de celle de Wagnière, d'abord daté de 1765 puis de 1768 et finalement « avril 1768' . comme l'attestation est datée du 28 avril et qu’elle fut envoyée à l'archevêque de Genève le 29, la date du 30 avril pour la présente lettre est probablement correcte .

3 Une copie contemporaine endossée par V* collationné par devant notaire et contrôle au bailliage, signé de divers noms de familiers de V* (Gros, Sauvage de Verny, Fabry, David (prieur des Cames) , Adam, Fournier, Christin) porte ici « double » au lieu de « triple » . D'autres attestations plus complètes et plus détaillées furent aussi élaborées par les soins de V*.

Voir lettre du 29 avril 1768 à Biord : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/30/m-6477853je-ne-sais-quels-faux-rapports-ont-pu-m-attirer-tant-d-aigreur-de.html