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08/03/2025

Je ne vois pas pourquoi ceux qui rendent service à la patrie n'en seraient pas payés de leur vivant

... Citez-moi quelques exemples !

Et, par contre, que ceux qui desservent la patrie soient condamnés sans rémission.

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Ferney 30è auguste 1769

Je sais qu'il est beau d'être modeste, mais il ne faut pas être indifférent sur sa gloire . Je me flatte, monseigneur, que du moins cette petite édition que j'ai eu l’honneur de vous envoyer 1 ne vous aura pas déplu . Elle devrait vous rebuter s'il y avait de la flatterie, mais il n'y a que de la vérité . Je ne vois pas pourquoi ceux qui rendent service à la patrie n'en seraient pas payés de leur vivant . Salomon dit que les morts ne jouissent de rien 2 et il faut jouir .

J'ai eu l'honneur de vous parler de l'opéra de M. de La Borde . Permettez-moi de vous présenter une autre requête sur une chose beaucoup plus aisée que l'arrangement d'un opéra , c'est d'ordonner Les Scythes pour Fontainebleau au lieu de Mérope, ou Les Scythes après Mérope, comme il vous plaira . Vous me ferez le plus grand plaisir du monde . J'ai des raisons essentielles pour vous faire cette prière . Je vous demande en grâce de faire mettre Les Scythes sur la liste de vos faveurs pour Fontainebleau . Mes soixante et seize ans et mes maladies ne m'empêchent pas, comme vous voyez, de penser encore un peu aux bagatelles de ce monde . Pardonnez-les-moi en faveur de ma grande passion, c’est celle de vous faire encore une fois ma cour avant de mourir et de vous renouveler mon très tendre et profond respect .

V. »

2 Un des thèmes de l'Ecclésiaste, IX, 5 : https://saintebible.com/ecclesiastes/9-5.htm

07/03/2025

puisqu'il demande du temps pour une bagatelle qu'il eût dû faire en moins d'une seconde, j'ai droit de conclure qu'il n'en fera rien du tout

... Qui donc est ce retardataire ? Bayrou ?

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère vis-à-vis l'hôtel des Menus

à Paris

30è auguste 1769

Je réponds à votre lettre du 23 auguste 1, et je vous remercie d'auguste, car août est d'un welche abominable . J'ai répondu exactement, ma chère amie, à toutes les autres, et j’ai entré dans les plus grands détails . Voici ma situation présente .

Je suis très malade ; il y a quatre mois que je n'ai mis un habit . J’ai bien des raisons de fuir le commerce des hommes, mais la solitude avec les maladies continuelles composent un état qui ne laisse envisager qu'une mort prochaine .

Je vous ai toujours mandé que je redoutais l'hiver pour vous et pour moi dans le pays où je suis ; que je redoutais encore plus l'ennui que vous éprouveriez . Je n'ai jamais eu que votre bonheur en vue , et je penserai toujours de même.

Il me serait impossible d'aller actuellement à Paris mettre de l'ordre à mes affaires ; ma santé est trop déplorable, et d'ailleurs il faut que je règle tout avec les gens de Montbéliard ; j'attends sur cela M. Christin .

Je suis actuellement dans de si cruelles souffrances malgré tout mon régime, que je ne vous réponds pas de vous écrire avec beaucoup d’ordre .

Je n'augure rien de bon de la réponse de M. de Vim . Cette affaire est si peu de chose pour lui qu'il pouvait la conclure sur-le-champ quand ce n'eût été que par considération pour mon âge ; et puisqu'il demande du temps pour une bagatelle qu'il eût dû faire en moins d'une seconde, j'ai droit de conclure qu'il n'en fera rien du tout .

En ce cas, ce sera un malheur de plus pour moi , mais je ne suis pas moins touché de l’amitié et du zèle que vous avez mis dans cette entreprise ; vous m'en seriez plus chère si ma tendresse pour vous pouvait augmenter .

Vous me parlez de la lettre de M. des Franches, vous verrez encore une fois , par mes précédentes, que j'ai répondu à tous les articles . Vraiment ce M. Conti se moque bien du monde de me proposer de traduire un chant du Tasse pour lui procurer le débit d 'un livre qu'il n’aura point fait . Cet homme ne sait pas apparemment que j'ai soixante et seize ans, que je suis malade, et que j'ai plus d'une affaire . Je n'ai ni le temps ni la force seulement de lui répondre . Je vous prie de le lui dire si vous le voyez . Le Tasse devint fou, mais cet homme ne le deviendra pas .

Je vais écrire à M. de La Sourdière pour la Scythie . J'ai bien peur que ce M. de La Sourdière 2 ne gâte par ses plaisanteries l'affaire que vous avez entamée avec Mme de Le Long 3 ; il est tout propre à cela ; il y a quarante ans que je connais mon homme .

Vous me faites beaucoup trop d'honneur en pensant que je vis avec les deux personnes qui sont chez moi . Je garde le prêtre parce qu’il y a cinq ans que je l'ai . Je n'ai pris l'autre 4 pour quelque temps que parce que j'ai eu compassion de ses malheurs inouïs . Je l'ai tiré d'un état fort triste qui lui aurait fait perdre le peu qu'il lui reste . La dame qui le vit à Neuchâtel ne le vit qu'abruti par le malheur . Il est vrai qu'il fait de très mauvais vers, comme bien d'autres 5 ; mais c'est un vieil enfant très bon, très serviable et très infortuné . Nous verrons quel parti il pourra prendre . Pour moi, je ne sais encore quel sera le mien ; il faut que j'aie un peu de santé, ou que je songe à mourir . Mais vif ou mort, vous verrez que je vous ai toujours aimée .

Je vous prie , ma chère amie, de donner cette lettre à votre gros magistrat 6 .

En voici encor une autre pour la dame Duchesne 7. »

1 Conservée . Mme Denis s'y plaint de Durey . Elle suggère de nouveau d'écrire à Richelieu pour Les Scythes . Enfin, elle répond qu'aucune affaire concernant un « Martin » n'est mentionnée dans les registres du parlement de Paris .

2Richelieu ainsi que le note Mme Denis au-dessus de la ligne .

3Mme Denis a porté « de Pompadour » au-dessus de la ligne .

4Durey de Morsan , voir lettre de Mme Denis du 11 septembre 1769 .

5 Comme Mme Denis elle-même, entre autres .

6 Cette lettre à d'Hornoy qui était chargé de se renseigner sur la prétendue affaire martin ne nous est pas parvenue ; sa réponse fut négative ( voir lettre du 30 août 1769 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/03/08/on-croit-que-notre-siecle-n-est-que-ridicule-il-est-horrible-la-nation-pass.html

) et V* revint à la charge plus tard sans plus de succès .

7 Non conservée.

son affaire traînera encore longtemps

... Pauvre Ukraine , que peut-on faire pour toi ?

https://www.publicsenat.fr/actualites/international/guerr...

 

 

 

« A l'abbé Joseph Audra

Baron de Saint-Just, Professeur

en histoire, etc.

place Mage

à Toulouse

Mon cher professeur en histoire, il faudra mettre un jour dans l'histoire de votre vie la protection que vous avez donnée à Sirven.

Mandez-moi, je vous prie, s'il est remis en prison à Castres ou à Mazamet ; si son affaire traînera encore longtemps, et à qui il faudra s'adresser quand on pourra lui faire tenir quelque argent .

M. de La Croix pourrait m'envoyer son mémoire 1 en l'adressant à M. Vasselier, premier commis des postes de Lyon ; il n'y aurait qu'à mettre sur la première page : Monsieur Vasselier est prié de faire parvenir ce mémoire à M. de Voltaire, quand il l'aura lu .

Mais il faudrait en prévenir le directeur de la poste de Toulouse, sans quoi on taxerait le paquet pour M. Vasselier comme celui d'un autre .

M. le prince de Beauvau me fait l'honneur de me mander que l'affaire de Sirven est en très bon train, qu'il l'a fortement recommandée , et qu'il en espère beaucoup 2.

Dès qu'il y aura quelque chose de nouveau, je ne manquerai pas de l'adresser à monsieur votre cousin . Notre ami l'abbé Morellet a donc écrasé la Compagnie des Indes ; mais cette compagnie a fait couper le cou à Lally, qui à mon gré ne le méritait pas . Il y avait quelques employés aux Indes qui méritaient mieux une pareille catastrophe . C'est ainsi que va la monde . Tout ira bien dans la Jérusalem céleste . Je vous donne ma bénédiction en vous embrassant de tout mon cœur .

30è auguste 1769. 3 »

1 Mémoire pour le sieur Pierre-Paul Sirven […] appelant , Contre les consuls et communauté de Mazamet, proposé par Firmin de La Croix dans une lettre à V* du 23 août 1769, qui parut effectivement en 1770 . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6291073c/f225.item.texteImage

et : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12239578w

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Grand_dictionnaire_universel_du_XIXe_si%C3%A8cle/LACROIX_(Pierre-Firmin),_pr%C3%AAtre_de_la_doctrine_chr%C3%A9tienne,_litt%C3%A9rateur_et_professeur_de_philosophie_%C3%A0_Toulouse

2 Lettre inconnue.

3 Original cachet « de Lyon » ; éd. Kehl (fragment ajouté en post scriptum à la lettre du 4 septembre 1769 à de La Croix , d'après la copie Beaumarchais ) ; L. G. Pélissier « Lettres de divers écrivains français », Bulletin du bibliophile, mai 1906 .

Par erreur la lettre du 4 septembre 1769 à La Croix est attribuée à Audra : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-30.html

06/03/2025

vous rendrez à la France un service dont elle a grand besoin

... Paroles de partisan, ou d'opposant, au président Macron ? Conseil ou menace ?

Voyons les commentaires après son intervention télévisée; par exemple : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/geopoliti...

 

 

« A Joseph-Michel-Antoine Servan

Ferney 26 auguste [1769] 1

Voici un jeune homme à qui je porte envie, non parce qu'il est dans la fleur de l'âge et que je suis très vieux, non parce qu'il a la santé et que je suis très malade , mais parce qu'il aura l'honneur de vous faire sa cour : c'est M. Mallet-Dupan 2, d'une ancienne famille de la magistrature de Genève . Il sait que c'est à Grenoble qu'il faut aller pour voir l'honneur de la magistrature ; il est un de ceux qui respectent le plus la vraie vertu et la vraie éloquence . Je prends la liberté, monsieur, de vous le présenter pour me consoler du malheur d'être éloigné de vous . Agréez les sentiments que je vous ai voués pour le reste de ma vie . Personne n'est plus sensible que moi à vos grands talents et à vos bontés . Je me flatte que votre santé vous permet de vous occuper de l'important ouvrage que vous avez commencé 3 ; vous rendrez à la France un service dont elle a grand besoin .

J'ai l'honneur d'être avec respect, monsieur, etc.

Voltaire. »

1 Manuscrit olographe acheté par Holloway à la vente John Young du 20 avril 1869 à Londres ; éd. Beuchot.

2 Jacques Mallet, connu sous le nom de Mallet-Du Pan , est un cousin éloigné de Dupan dont les lettres aux Freudenreich sont une source intéressante de la connaissance de V* . Sa mère est Eve-Michée-Elisabeth, fille de Jacob Dupan .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Mallet_du_Pan

et : https://www.histoire-en-citations.fr/citations/on-crut-que-robespierre-allait-fermer-l-abime

3 Ce projet aboutira à un Discours sur le progrès des connaissances humaines en général, de la morale et de la législation en particulier, 1781 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6578022d.texteImage

05/03/2025

J'ai trois faveurs à vous demander

... Sera-ce la conclusion de l'allocution présidentielle de ce soir ? Ce serait étonnant venant de lui . Et ce serait tout à fait extraordinaire si c'était la phrase d'accroche  ! enfin, on verra ...

 

 

« A Jacques Lacombe, Libraire

rue Christine

à Paris

A Ferney 26è auguste 1769

J'ai trois faveurs à vous demander, monsieur, la première, de vouloir bien faire mes compliment à M. et Mme de La Harpe .

La seconde , d'envoyer Les Guèbres contresignés aux directeurs des comédies de province, et particulièrement à celui de Bordeaux.

Le troisième, de vouloir bien m’envoyer par la poste aussi contresigné, un livre qu'on dit que vous avez imprimé sur les siècles de Louis XIV et de Louis XV, et qui est de M. de La Dixmerie 1. Ce sera une grande obligation que je vous aurai de me procurer des amusements dans ma solitude, et des consolations dans mes maladies .

Vous savez, monsieur, avec quels sentiments j'ai l’honneur d''être votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

Vous avez soutenu la gloire de la nation dans des occasions un peu plus sérieuses, et vous ne l’abandonnerez pas

... Mais à qui donc s'adresse-t-on ici ? Je ne pense pas à un.e politicien.ne de quelque bord qu'il/elle soit plus soucieux.se de gloriole personnelle que du bien public, mais plus à nos sportifs qui ont brillé aux Jeux olympiques et qui continuent leurs efforts . Vive la France et les patates frites !

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis , duc de Richelieu

21è auguste 1769 à Ferney

Mon héros souffrira-t-il qu’on donne de vieille musique à une jeune princesse 1? Je lui répète et je l’assure que l’opéra de M. de La Borde est rempli de morceaux charmants, qui tiennent de l’italien autant que du français.

Qui favorisera un premier valet de chambre du roi, si ce n’est un premier gentilhomme de la Chambre ? L’amie 2 de mon héros ne doit-elle pas s’intéresser à faire donner une belle fête ? Cela ne lui fera-t-il pas honneur ? Je crois qu’elle n’a qu’à témoigner sa volonté. Je ne doute pas que M. le duc d’Aumont ne se fasse un plaisir de lui donner l’opéra qu’elle demandera. Si j’osais répondre de quelque chose, ce serait du succès de cette musique. En vérité, il est honteux de donner du réchauffé à une dauphine. Vous avez soutenu la gloire de la nation dans des occasions un peu plus sérieuses, et vous ne l’abandonnerez pas quand il s’agit de plaisirs. Il ne vous en coûtera que trois ou quatre paroles, et à votre amie autant.

Ne rejetez pas la prière du plus ancien, du plus tendre et du plus respectueux de vos courtisans. Tout mourant qu’il est, il s’intéresse fort aux plaisirs des vivants ; mais il vous est encore plus attaché qu’à tous les plaisirs de la cour.

Il vous supplie, monseigneur, d’agréer son profond respect.

V. »

1 Marie-Antoinette.

2 La Du Barry.

04/03/2025

Voici, mon cher ami, un petit mémoire sur la facétie en question

... De Zelensky à Trump ? De l'outragé au maître chanteur, ce dernier, au demeurant, me semblant se dégonfler devant un Poutine aussi amoral que lui , et cognant tous deux sur plus petit qu'eux . Donald , you are a  coward ! Your speeches are bullshit !

 

 

« A [Charles Bordes ?]

21è auguste 1769 1

Voici, mon cher ami, un petit mémoire sur la facétie en question. Je tâcherai de faire partir, par la première poste, deux exemplaires. Je pourrai même les corriger à la main, afin qu’ils soient plus dignes de vos bontés et de vos remarques.

Je vous embrasse en idée, avec l’espérance consolante de vous revoir. »



1 Original ; éd. Cayrol .