18/03/2025
pourquoi tant d’assassinats religieux
... Mais quel.s dieu.x honorent les assassins ? Les dieux et leurs prophètes ne sont que des alibis pour des humains pourris .
Sous tous les cieux et climats, tuer celui qui n'honore pas le même prophète ou dieu est follement justifié
« A Pierre-Firmin de La Croix
Ferney, 4è Septembre 1769 par Lyon 1
Je ne conçois pas, monsieur, pourquoi cet infortuné Sirven se hâte si fort de se remettre en prison à Mazamet, puisque vous serez à la campagne jusqu’à la saint-Martin. Il faut qu’il s’abandonne entièrement à vos conseils. Je crains pour sa tête dans une prison où il sera probablement longtemps. Il m’a envoyé la consultation des médecins et chirurgiens de Montpellier 2. Il est clair que le rapport de ceux de Mazamet était absurde, et que l’ignorance et le fanatisme ont condamné, flétri, ruiné une famille entière, et une famille très vertueuse. J’ai eu tout le temps de la connaître ; elle demeure, depuis six ans, dans mon voisinage. La mère est morte de douleur en me venant voir ; elle a pris Dieu à témoin de son innocence à son dernier moment ; elle n’avait pas même besoin d’un tel témoin.
Ce jugement est horrible, et déshonore la France dans les pays étrangers. Vous travaillez, monsieur, non seulement pour secourir l’innocence opprimée, mais pour rétablir l’honneur de la patrie.
J’espère beaucoup dans l’équité et dans l’humanité de monsieur le procureur général. M. le prince de Beauvau lui a écrit, et prend cette affaire fort à cœur ; mais je crois qu’on n’a besoin d’aucune sollicitation dans une cause que vous défendez. Je suis même persuadé que le Parlement embrassera avec zèle l’occasion de montrer à l’Europe qu’il ne peut être séduit deux fois par le fanatisme du peuple, et par de malheureuses circonstances qui peuvent tromper les hommes les plus équitables et les plus habiles. J’ai toujours été convaincu qu’il y avait dans l’affaire des Calas de quoi excuser les juges. Les Calas étaient très innocents, cela est démontré ; mais ils s’étaient contredits. Ils avaient été assez imbéciles pour vouloir sauver d’abord le prétendu honneur de Marc-Antoine leur fils, et pour dire qu’il était mort d’apoplexie, lorsqu’il était évident qu’il s’était défait lui-même. C’est une aventure abominable ; mais enfin on ne peut reprocher aux juges que d’avoir trop cru les apparences. Or il n’y a ici nulle apparence contre Sirven et sa famille. L’alibi est prouvé invinciblement . Cela seul devait arrêter le juge ignorant et barbare qui l’a condamné.
On m’a mandé que le Parlement avait déjà nommé d’autres juges pour revoir le procès en première instance. Si cette nouvelle est vraie, je tiens la réparation sûre ; si elle est fausse, je serai affligé. Je voudrais être en état de faire dès à présent le voyage de Toulouse. Je me flatte que les magistrats me verraient avec bonté, et qu’ils me verraient avec d’autant moins mauvais gré d’avoir pris si hautement le parti des Calas, que j’ai toujours marqué dans mes démarches le plus profond respect pour le Parlement, et que je n’ai imputé l’horreur de cette catastrophe qu’au fanatisme dont le peuple était enivré. Si les hommes connaissaient le prix de la tolérance, si les lois romaines, qui sont le fond de votre jurisprudence, étaient mieux suivies, on verrait moins de ces crimes et de ces supplices qui effraient la nature. C’est le seul esprit d’intolérance qui assassina Henri III et Henri IV, votre premier président Duranti, et l’avocat général Rafis 3 ; c’est lui qui a fait la Saint-Barthélemy ; c’est lui qui a fait expirer Calas sur la roue. Pourquoi ces abominations n’arrivent-elles qu’en France ? pourquoi tant d’assassinats religieux, et tant de lettres de cachet prodiguées par le jésuite Le Tellier ? Sont-ils le partage d’un peuple si renommé pour la danse et pour l’opéra-comique ?
Tant que vous aurez des pénitents blancs, gris, et noirs, vous serez exposés à toutes ces horreurs ; il n’y a que la philosophie qui puisse vous en tirer ; mais la philosophie vient à pas lents, et le fanatisme parcourt la terre à pas de géant.
Je me consolerai, et j’aurai quelque espérance de voir les hommes devenirs meilleurs, si vous faites rendre aux Sirven une justice complète. Je vous prie, monsieur, de ne vous point rebuter des irrégularités dans lesquelles peut tomber un homme accablé d’une infortune de sept années, capable de déranger la meilleure tête.
Au reste, il doit avoir encore assez d’argent, et il n’en manquera pas.
Je suis tout prêt de faire ce que veut M. Darquier 4 ; je pense entièrement comme lui ; il m’a pris par mon faible, et vous augmentez beaucoup l’envie que j’ai de rendre ce petit service à la littérature. Il faudrait pour cela être sur les lieux, il faudrait passer l’hiver à Toulouse ; c’est une grande entreprise pour un vieillard de soixante-quinze ans, qui aime passionnément les beaux-arts, mais qui n’a que des désirs et point de force.
J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec tous les sentiments d’estime, et j’ose dire d’amitié que vous méritez, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Original signé ; éd . Kehl avec un fragment de la lettre du 30 août 1769 à Audra et sous son nom, suivant la copie Beaumarchais ; les lettres Best. D15843 du 23 août et 15991 du 13 septembre respectivement de La Croix et Audra, permettent de rétablir la correspondance .
2 La Décision de la faculté de médecine de Montpellier , imprimée par La Croix en appendice à son Mémoire pour le sieur Pierre-Paul Sirven […] : page 165 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6291073c/f173.image.r=faculte
3 Voir l'Histoire du parlement de Paris , chap. XXXI : page 514 : https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_du_parlement/%C3%89dition_Garnier/Chapitre_31
4 Voir lettre du 5 août 1769 à Darquier de Pellepoix : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/02/12/j-ai-bien-peur-que-toutes-ces-idees-ne-soient-les-reves-d-un-vieillard-leur.html
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17/03/2025
il n’y a point de pays si disgracié de la nature qu’on ne puisse en tirer parti.
.... Tel est le credo voltairien qui se vérifie étonnamment et heureusement sous toutes les latitudes, des pôles à l'équateur .
Offres de la nature : https://www.worldnaturephotographyawards.com/
« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul
Ferney, 4 septembre 1769 1
Madame Gargantua,
Pardon de la liberté grande 2; mais comme j’ai appris que monseigneur votre époux forme une colonie dans les neiges de mon voisinage, j’ai cru devoir vous montrer à tous deux ce que notre climat, qui passe pour celui de la Sibérie sept mois de l’année, peut produire d’utile.
Ce sont mes vers à soie qui m’ont donné de quoi faire ces bas ; ce sont mes mains qui ont travaillé à les fabriquer chez moi, avec le fils de Calas ; ce sont les premiers bas qu’on ait faits dans le pays.
Daignez les mettre, madame, une seule fois ; montrez ensuite vos jambes à qui vous voudrez, et si on n’avoue pas que ma soie est plus forte et plus belle que celle de Provence et d’Italie, je renonce au métier ; donnez-les ensuite à une de vos femmes, ils lui dureront un an.
Il faut donc que monseigneur votre époux soit bien persuadé qu’il n’y a point de pays si disgracié de la nature qu’on ne puisse en tirer parti.
Je me mets à vos pieds, j’ai sur eux des desseins ;
Je les prie humblement de m’accorder la joie
De les avoir logés dans ces mailles de soie
Qu’au milieu des frimas je formai de mes mains.
Si La Fontaine a dit : Déchaussons ce que j’aime 3,
J’ose prendre un plus noble soin ;
Mais il vaudrait bien mieux (j’en juge par moi-même)
Vous contempler de près que vous chausser de loin.
Vous verrez, madame Gargantua, que j’ai pris tout juste la mesure de votre soulier. Je ne suis fait pour contempler ni vos yeux ni vos pieds, mais je suis tout fier de vous présenter de la soie de mon cru.
Si jamais il arrive un temps de disette, je vous enverrai, dans un cornet de papier, du blé que je sème, et vous verrez si je ne suis pas un bon agriculteur digne de votre protection.
On dit que vous avez reçu parfaitement un petit médecin 4 de votre colonie ; mais un laboureur est bien plus utile qu’un médecin. Je ne suis plus typographe ; je m’adonne entièrement à l’agriculture, depuis le poème des Saisons de M. de Saint-Lambert. Cependant, s’il paraît quelque chose de bien philosophique qui puisse vous amuser, je serai toujours à vos ordres.
Agréez, madame, le profond respect de votre ancien colporteur, laboureur, et manufacturier.
Guillemet. »
1 Copie par Wyart ; éd. Kehl , d'après une copie Beaumarchais-Kehl qui donne la date mais où manquent les mots et plus belle dans le troisième paragraphe .
Voir aussi : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/09/04/8859596261d7ae3c78cdc44a7390565d.html
2 Expression des Mémoires de Grammont, chap. III., page 22 : https://archive.org/details/mmoiresdelavied00hamigoog/page/n31/mode/2up
3 La Fontaine, dans son conte de La Courtisane amoureuse, a dit :
Je voudrais bien déchausser ce que j’aime.
Voir : https://www.ruedesfables.net/conte-la-courtisane-amoureuse/
4 Coste ; voyez la lettre d'avril 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/17/rien-n-est-plus-juste-qu-une-augmentation-de-petits-appointe-6519242.html
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16/03/2025
Les affaires des Turcs vont mal. Je voudrais bien que ces marauds-là fussent chassés du pays de Périclès et de Platon
... Amen
« A Jean Le Rond d'Alembert
4 de Septembre [1769] 1
Martin était un cultivateur établi à Bleurville, village du Barrois, bailliage de la Marche, chargé d’une nombreuse famille. On assassina, il y a deux ans et huit mois, un homme sur le grand chemin auprès du village de Bleurville. Un praticien ayant remarqué sur le même chemin, entre la maison de Martin et le lieu où s’était commis le meurtre, une empreinte de soulier, on saisit Martin sur cet indice, on lui confronta ses souliers, qui cadraient assez avec les traces, et on lui donna la question. Après ce préliminaire, il parut un témoin qui avait vu le meurtrier s’enfuir ; le témoin dépose, on lui amène Martin ; il dit qu’il ne reconnaît pas Martin pour le meurtrier ; Martin s’écrie : « Dieu soit béni ! en voilà un qui ne m’a pas reconnu. »
Le juge, fort mauvais logicien, interprète ainsi ces paroles : « Dieu soit béni ! j’ai commis l’assassinat, et je n’ai pas été reconnu par le témoin. »
Le juge, assisté de quelques gradués du village, condamne Martin à la roue, sur une amphibologie. Le procès est envoyé à la Tournelle de Paris ; le jugement est confirmé ; Martin est exécuté dans son village. Quand on l’étendit sur la croix de Saint-André, il demanda permission au bailli et au bourreau de lever les bras au ciel pour l’attester de son innocence, ne pouvant se faire entendre de la multitude. On lui fit cette grâce, après quoi on lui brisa les bras, les cuisses, et les jambes, et on le laissa expirer sur la roue.
Le 26 juillet de cette année, un scélérat ayant été exécuté dans le voisinage, déclara juridiquement, avant de mourir, que c’était lui qui avait commis l’assassinat pour lequel Martin avait été roué. Cependant le petit bien de ce père de famille innocent est confisqué et détruit ; la famille est dispersée depuis trois ans, et ne sait peut-être pas que l’on a reconnu enfin l’innocence de son père.
Voilà ce qu’on mande de Neufchâteau en Lorraine ; deux lettres consécutives 2 confirment cet événement.
Que voulez-vous que je fasse, mon cher philosophe ? Villars ne peut pas être partout. Je ne peux que lever les mains au ciel, comme Martin, et prendre Dieu à témoin de toutes les horreurs qui se passent dans son œuvre de la création. Je suis assez embarrassé avec la famille Sirven. Les filles sont encore dans mon voisinage. J’ai envoyé le père à Toulouse ; son innocence est démontrée comme une proposition d’Euclide. La crasse ignorance d’un médecin de village, et l’ignorance encore plus crasse d’un juge subalterne, jointe à la crasse du fanatisme, ont fait condamner la famille entière, errante depuis six ans 3, ruinée, et vivant d’aumônes.
Enfin, j’espère que le parlement de Toulouse se fera un honneur et un devoir de montrer à l’Europe qu’il n’est pas toujours séduit par les apparences, et qu’il est digne du ministère dont il est chargé. Cette affaire me donne plus de soins et d’inquiétudes que n’en peut supporter un vieux malade ; mais je ne lâcherai prise que quand je serai mort, car je suis têtu.
Heureusement on a fait, depuis environ dix ans, dans ce parlement, des recrues de jeunes gens qui ont beaucoup d’esprit, qui ont bien lu, et qui pensent comme vous.
Je ne suis pas étonné que votre projet sur les progrès de la raison 4 ait échoué. Croyez-vous que les rivaux du maréchal de Saxe eussent trouvé bon qu’il eût fait soutenir une thèse en leur présence sur les progrès de son art militaire ?
J'ai vu le fils du docteur Mathy ; dignus, dignus est intrare in nostro philosophico corpore 5.
Je viens de retrouver dans mes paperasses une lettre de la main de Locke 6, écrite la veille de sa mort à milady Péterborough 7; elle est d’un philosophe aimable.
Les affaires des Turcs vont mal. Je voudrais bien que ces marauds-là fussent chassés du pays de Périclès et de Platon : il est vrai qu’ils ne sont pas persécuteurs, mais ils sont abrutisseurs 8. Dieu nous défasse des uns et des autres !
Tandis que je suis en train de faire des souhaits, je demande la permission au révérend père Hayet 9 de faire des vœux pour qu’il n’y ait plus de récollets au Capitole. Les Scipion et les Cicéron y figureraient un peu mieux, à mon avis. Tantôt je pleure, tantôt je ris sur le genre humain. Pour vous, mon cher ami, vous riez toujours, par conséquent vous êtes plus sage que moi.
A propos, savez-vous que l’aventure du chevalier de La Barre a été jugée abominable par les cent quarante députés de la Russie 10 pour la confection des lois ? Je crois qu’on en parlera dans le code comme d’un monument de la plus horrible barbarie, et qu’elle sera longtemps citée dans toute l’Europe, à la honte éternelle de notre nation. »
1 Ed. Kehl . V* répond à une lettre du 29 août 1769 ; voir : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-avec-d-alembert-partie-53.html
D’Alembert demande des précisions au sujet de l'affaire Martin .
2 Nous ignorons tout de ces lettres ; furent-elles anonymes ?
3 Et même plus de sept .
4 Voir le dernier paragraphe de la lettre du 29 août.
5 Réminiscence du Malade imaginaire, troisième divertissement . Traduction : il est digne digne d'entrer dans notre corps philosophique .
6 Auteur, avec l’avocat Soret, de la Religion vengée, écrit périodique. (G.Avenel .) ; voir : https://dictionnaire-journaux.gazettes18e.fr/journal/1189-la-religion-vengee
D'après E. S. de Beer, cette lettre serait datée du 28 février 1703 ou 1704 et adressée à la première femme de lord Peterborough, lady Carey Fraiser ( ou Fraser ) ; elle ferait actuellement partie de la collection Orlov au musée historique de Moscou .
7 Noter que Peterborough jouera un rôle important dans le dernier grand conte de V*, L'Histoire de Jenni ; voir la Notice des Romans et contes de V*.
Voir et entendre : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/...
8 Littré ne donne que ce seul exemple pour ce néologisme .
9 Ou plutôt Hayer ; voir lettre du 6 janvier 1761 à d'Alembert: http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/07/marchez-toujours-en-ricanant-mes-freres.html
10 Réunis à Moscou (Georges Avenel).
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15/03/2025
Tout le monde est bien disposé pour vous . Votre malheur a excité l’indignation et la pitié de l'Europe
... On peut le dire des Ukrainiens, mais on n'a pas les mêmes bons sentiments pour les habitants de la bande de Gaza . Il semble bien qu'il soit plus facile d'influencer Poutine que Natanyahou, de la race tous deux , des plus grands massacreurs du XXIè siècle comme le retiendra l'Histoire .
« A Pierre-Paul Sirven
Je prie instamment mon cher Sirven de [ne] se point inquiéter, de ne se point décourager . M. le prince de Beauvau a écrit des lettres les plus fortes en votre faveur à monsieur le procureur général 1 . Tout le monde est bien disposé pour vous . Votre malheur a excité l’indignation et la pitié de l'Europe . Les attestations de Montpellier suffisent ; mais je vais écrire à Paris pour avoir une consultation de la faculté de médecine ou de chirurgie .
Vous vous êtes remis trop tôt en prison 2 puisque vous ne pourrez être jugé qu'après la Saint-Martin ; mais vous êtes entre les mains d'un avocat qui prend votre cause à cœur 3 .
J'écrirai moi-même quand il le faudra à monsieur le procureur général . Je suis en droit de faire cette démarche puisque j’ai été témoin de votre conduite pendant six années . Je suis convaincu de votre innocence comme de ma propre existence . Si j'avais de la santé j'irais à Toulouse, mais vous n'aurez pas besoin de mes sollicitations . Votre cause est claire comme le jour ; l'alibi est démontré ; le rapport des chirurgiens est absurde ; la vérité, la raison, la nature, tout parle en votre faveur.
Mandez-moi par qui je pourrai vous faire tenir quelque argent .
Je vous embrasse de tout mon cœur.
V...
A Ferney 3è septembre 1769.
Je prends la liberté d'adresser cette lettre à Mme la veuve Lavaysse 4, suivant vos intentions, je me flatte qu'elle le permettra . »
1 Riquet de Bonrepos : https://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/auteur/032421389
2 Il fallait nécessairement se prrésenter aux autorités judiciaires pour faire appel . Sirven fut écroué avec un régime de faveur le 25 août 1769 et interrogé le 2 septembre par Jean-François-Antoine Astruc . La Saint-martin est le 11 novembre .
3 Pierre-Firmin de La Croix : https://data.bnf.fr/fr/ark:/12148/cb12239578w
4 Née Antoinette Faure . Elle perdit son mari en novembre 1768 ; voir lettre du 5 janvier 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/17/il-est-vrai-qu-il-s-y-trouve-plus-qu-ailleurs-des-hommes-dur-6507350.html
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14/03/2025
Je vous prie monsieur de payer
... Telle est la demande ukrainienne à M. Lecornu :
« A Guillaume-Claude de Laleu Secrétaire
du roi, Notaire à Paris
Je vous prie monsieur de payer à l'ordre de M. Bontemps deux mille quatre cents livres valeur entendue .
Fait à Ferney , 2 septembre 1769. 1»
1 Ce document est endossé deux fois : « Payez à l’ordre de MM. Clavière père et fils à Lyon valeur desdits sieurs . Genève le 6 septembre 1769. F. L. Bontemps et comp[agnie] » ; « Payez à l’ordre de MM. Dufour Maltet et Le Royer valeur en compte à Genève le 6è 7bre 1769 . Clavière père et fils à Lyon. »
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On ne peut guère forcer les hommes à l’admiration sans exciter l’envie
... L'envie , sentiment trop souvent bas, péché capital, mène le monde plus que l'admiration. Dommage, on se contente de niveler par le bas .
« A Catherine II, impératrice de Russie
À Ferney, 2 septembre 1769 1
Madame,
La lettre dont Votre Majesté impériale m’honore, du 14 juillet 2, a transporté le vieux chevalier de la guerrière et de la législatrice Thomyris, devant qui l’ancienne Thomyris serai assurément peu de chose. Il est bien beau de faire fleurir une colonie aussi nombreuse que celle de Saratof, malgré les Turcs, les Tartares, la Gazette de Cologne, et le Courrier d’Avignon.
Vos deux bijoux d’Asof et de Taganrock, qui étaient tombés de la couronne de Pierre le Grand, seront un des plus beaux ornements de la vôtre, et j’imagine que Moustapha ne dérangera jamais votre coiffure.
Tout vieux que je suis, je m’intéresse à ces belles Circassiennes qui ont prêté à Votre Majesté serment de fidélité, et qui prêteront sans doute le même serment à leurs amants. Dieu merci, Moustapha ne tâtera pas de celles-là. Les deux parties qui composent le genre humain doivent être vos très obligées.
Il est très vrai que Votre Majesté a deux grands ennemis, le pape et le padicha des Turcs. Constantin ne s’imaginait pas qu’un jour la ville de Rome appartiendrait à un prêtre, et qu’il bâtissait sa ville de Constantinople pour des Tartares. Mais aussi il ne prévoyait pas qu’il se formerait un jour vers la Moska et la Néva un empire aussi grand que le sien.
Votre vieux chevalier conçoit bien, madame, qu’il y a dans les confédérés de Pologne quelques fanatiques ensorcelés par des moines. Les croisades étaient bien ridicules ; mais qu’un nonce du pape ait fait entrer le Grand-Turc dans une croisade contre vous, cela est digne de la farce italienne 3. Il y a là un mélange d’horreur et d’extravagance dont rien n’approche . Je n’entends rien à la politique, mais je soupçonne pourtant que parmi ces folies il y a des gens qui ont quelques grands desseins . Si Votre Majesté ne voulait que de la gloire, on vous en laisserai jouir, vous l’avez assez méritée ; mais il paraît qu’on ne veut pas que votre puissance égale votre renommée : on dit que c’est trop à la fois. On ne peut guère forcer les hommes à l’admiration sans exciter l’envie.
Je vois, madame, que je ne pourrai faire ma cour à Votre Majesté cette année dans les États de Moustapha, le digne allié du pape. Il faut que je remette mon voyage à l’année prochaine. J’aurai, à la vérité, soixante-dix-sept ans, et je n’ai pas la vigueur d’un Turc ; mais je ne vois pas ce qui pourrait m’empêcher de venir dans les beaux jours saluer l’étoile du Nord et maudire le Croissant. Notre Mme Geoffrin a bien fait le voyage de Varsovie, pourquoi n’entreprendrais-je pas celui de Pétersbourg au mois d’avril ? J’arriverais en juin, je m’en retournerais en septembre ; et si je mourais en chemin, je ferais mettre sur mon petit tombeau : Ci-gît l’admirateur 4 de l’auguste Catherine, qui a eu l’honneur de mourir en allant lui présenter son profond respect.
Le jeune Gallatin n'est point en état de voyager comme moi 5; il est très malade, et je crois d'ailleurs qu’il perdra un oeil . Pour votre vieux chevalier, madame, il a encore des yeux qui brûlent de contempler sans lunettes ce qu'il y a de plus rare dans le monde .
Je me mets aux pieds de Votre Majesté impériale.
L’ermite de Ferney. »
1Minute avec corrections autographes, où V* a écrit par distraction : « Lettre de l'impératrice de Russie, auguste 1769 ». ; éd. Kehl sans l'avant dernier paragraphe sur Gallatin .
2 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7594
avec ce P.S . : « Voici monsieur ce qu'il y a a de plus nouveau de mon armée . Le 19 juin nos troupes légères ont envoyé sur l'autre rive du Dnester vingt mille Turcs qui avaient tenté le passage et l'armée passa cette rivière deux jours après sans que l'ennemi se montrât, le 28,29 et 30 les troupes légères en vinrent aux mains et notre armée avança pendant ce trois jours. Le 1er juillet dix mille Turcs et vingt à trente mille Tartares l’attaquèrent . On le battit toujours en avançant . Le 2 soixante dix mille Turcs renouvelèrent l'attaque mais furent repoussés de hauteur en hauteur de façon qu'ils s 'enfuirent sous les canons de Chotzin . Cette même nuit le corps qui était posté vis-à-vis de cette forteresse sur l'autre bord de la rivière sous les ordres du lieutenant général Renkampf commença à bombarder la ville ; le prince de Gallitzin campa à deux verstes du retranchement des troupes turques . Le corps turc s'enfuit . Le lendemain on changea le bombardement en blocus . Nos troupes légères envoient des patrouilles au-delà de Pruth. »
3 Sur cette intervention du nonce du pape pour secourir la Pologne, voir lettre du 15 novembre 1768 à Catherine II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/27/ces-barbares-meritent-d-etre-punis-par-une-heroine-du-peu-d-6500331.html
4 Voltaire avait adressé la même flatterie au prince royal de Prusse, en 1738 .
5 Sur le projet de Gallatin, voir lettre du 1er avril 1769 à Catherine II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/02/sa-memoire-est-prodigieuse-son-esprit-est-digne-de-sa-memoir-6517180.html
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13/03/2025
Les melons seront bientôt mûrs
... Fashion week oblige !
Eve éternelle
« A [Paul-Claude Moultou ?]
1er septembre 1769 1
Monsieur, les nouvelles de Nervis 2 sont aussi bonnes que celles de M. Boursier. Un de nos voisins 3 ayant écrit à M. l’abbé Foucher une lettre insérée page 151 du Mercure de France (juin 1769) cet académicien répondit 4, page 144 du second volume de juillet, on lui écrivit 5 page 122 du volume d’août, et l’abbé mettra sans doute dans le Mercure de septembre sa seconde réponse 6 reçue le 26 août, et répondue le 31 du même mois 7 : le tout au sujet du Sadder.
On a aussi imprimé la prétendue Profession de foi de M. de Voltaire, dont le confesseur et le curé de ce savant ont pris acte le 15 avril 8 devant le notaire de Ferney, qui avait donné acte le 1er dudit mois d’avril 9 à M. de Voltaire du pardon public des Guyon, Nonotte, etc. Cette profession de foi n’est point signée de M. de Voltaire, ni des témoins qui ont signé les actes du 31 mars et du 1er avril : ce qui en rend la vérité et l’authenticité plus que suspectes à ceux qui lisent avec réflexion ; voici la lettre qu’une religieuse de Paris 10, laquelle a été quelque temps à Gex, vient d’écrire à ce sujet à monsieur le curé de Ferney, avec un extrait qu’elle lui envoie de ces quatre actes. Vous aurez la bonté de me renvoyer cette lettre, et de faire parvenir à ladite religieuse la réponse de monsieur le curé 11, que vous cachetterez après l’avoir lue, et vous la ferez mettre à la petite poste.
M. Delean a une médaille en plomb qu’il aura l’honneur de vous remettre, ou à M. de La Haye, qui voudra bien lui porter le petit billet ci-joint 12, et se charger de sa réponse, que vous m’enverrez avec la lettre de la religieuse au curé, et celle que m’a promise l’homme de confiance de M. le comte de Sch. 13, qui posta une bagatelle à une dame respectable dont j’attends des nouvelles avec les vôtres, à votre arrivée à Paris.
Les melons seront bientôt mûrs : on n’oubliera pas GG ni SS.
Quand M. Waechter 14 vous aura envoyé des médailles de cuivre, on rendra celle de plomb à M. Delean. »
1 Original ; Ed. Clogenson . Cette lettre est à rapprocher de la lettre du 13 août 1769, et doit être destinée au même correspondant . Les allusions sont parfois obscures .
2 Sirven.
3 C’est sous le nom de Bigex que Voltaire écrivit à l’abbé Foucher les lettres du 30 avril 1769 http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/30/j-espere-que-vous-serez-content-de-ma-politesse-6520988.html
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/439
4 Cette lettre a déjà été citée ; voir lettre du 25 juin 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/12/21/il-a-pardonne-publiquement-a-ceux-qui-l-avaient-calomnie-6528157.html
5 Lettre du 25 juin 1769 .
6 Ceci n'eut pas lieu .
7 Lettre du 31 août 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/03/09/se-tromper-est-tres-ordinaire-insulter-en-se-trompant-est-od-6538883.html
8 C'est le second des documents reproduits à propos de la lettre du 15 avril 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/16/6519171si-je-me-suis-trompe-dans-quelques-occasions-j-ai-droit-de-m-adresse.html
9 Cet acte est au bas de la lettre du 3 août 1769 :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/02/09/vous-avez-une-grande-reputation-dans-l-europe-et-je-predis-que-vous-ne-vous.html
10 Cette lettre de la religieuse de Paris paraît ne pas avoir été imprimée. (Beuchot.)
Ni la lettre, ni la « religieuse de Paris » ne sont connues à moins que la religieuse ne soit Mme Denis .
11 On ne connaît rien de tel .
12 S'agit-il du document cité en note de la lettre du 3 août 1769 ?
13 On ne connaît aucune lettre émanant d'un « homme de confiance » de Schomberg ; voyez les lettres du
23 juillet 1769 à,d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/27/m-6532752par-quelle-fatalite-est-il-plus-aise-de-rassembler-des-laboureurs.html
et 4 août 1769 :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/02/11/si-les-intolerants-n-etaient-que-ridicules-ce-ne-serait-qu-u-6534987.html
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