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19/04/2009

Point de bruit si je ne le fais

Juste pour me remettre à jour !!

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 abbé bazin.jpg

 

                            Mon cher frère, je suis confondu, pétrifié ; c’est donc un secret que l’expulsion des jésuites, puisqu’il est défendu d’en parler ? [ouvrage de d’Alembert « Sur la destruction des Jésuites en France » ; suspendu de publication]. Point de bruit si je ne le fais est donc la devise des maîtres des actions et des pensées des hommes ? J’espère au moins qu’on ne perdra rien pour attendre, et que dans quelque temps ce charmant ouvrage paraîtra. Les Bazin de Hollande [livres de l’edition de La Philosophie de l’histoire, qu’il attribue à l’abbé Bazin] n’étaient pas encore arrivés quand M. Delahaye [fermier général] partit avec les Caloyer [= « Catéchisme de l’honnête homme ou Dialogue entre un caloyer et un homme de bien »]. Ces Caloyer m’ont paru fort augmentés, et capables de faire beaucoup de bien .Vous avez une petite liste des personnes auxquelles on peut en envoyer, et vous trouverez sans doute quelque adepte qui se chargera aisément du reste.

 

Les Bazin sont d’un genre tout différent . Ils ne me semblent pouvoir faire fortune qu’auprès de ceux qui connaissent un peu l’histoire ancienne. Je crois qu’ils n’essuieront pas le sort de la Destruction. L’étiquette du sac n’inspire pas la même défiance. Le nom seul de jésuite effarouche la magistrature. On examine l’ouvrage dans l’idée d’y trouver des choses  dangereuses. Des fatras d’histoire donnent moins d’alarme. La destruction des Babyloniens par les Persans effarouche moins que la destruction des jésuites par les jansénistes.

 

L’enchanteur Merlin [libraire Merlin] est très instamment prié de n’en pas faire une édition nouvelle avant de faire écouler celle d’un pauvre diable à qui on a donné ce petit morceau pour le tirer de la pauvreté. Je crois que l’enchanteur se tirera bien de  sa seconde édition ; l’ouvrage m’a paru assez curieux et assez neuf. Je n’en ai envoyé que quelques feuilles en divers paquets à M. d’Argental, sous le couvert d’un ministre. Mandez-moi, mon cher frère, si je puis en user de même avec vous, en me servant de l’adresse de M. Gaudet [directeur général des vingtièmes, supérieur de Damilaville], et en lui adressant les paquets par Lyon.

 

Je ne verrai Gabriel [Cramer] que dans quelques jours. C’est un petit voyage d’aller de Genève chez moi, l’allée et le retour prennent une journée.

                            Mon cher frère, je vous embrasse. Ecr[asez] l’Inf[âme].

 

Voltaire

19 avril 1765. »

 

 

 

 

Et puisqu'il était question de jésuites, parlons de JESUS, ou plutot chantons le !!

http://www.youtube.com/watch?v=12cBaujFBCM

 

 Vive Jean Yanne ! Il me manque ...

                               Bonne semaine (et au delà bien sur !) ...

 

Allez, encore une petite chanson pour la route : http://www.youtube.com/watch?v=_B_fpDpenIY&feature=re...

 

14/04/2009

je mépriserai toujours les fanatiques, en quelque genre que ce puisse être

"je mépriserai toujours les fanatiques, en quelque genre que ce puisse être" : les mépriser, parfois ! les détester, toujours ! c'est mon option ferme et définitive (je ne demanderai pas de joker , mon cher Jean-Pierre ! ).

Quelques exemples qui me sont tombés sous le museau du mulot !!

 

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Amis du sport, je vous conseille de garder le sourire comme le spectateur à lunettes, vous pleurerez plus tard !! Je me demande comment les sportifs peuvent recevoir les ovations d'une foule de beaufs comme le canari obèse ci-dessus, et continuer à s'y exposer ? Pour le fric, may be ?!

 

 

 

 

Ce qui me frappe dans la lettre suivante, c'est que Volti est devenu un EUROPEEN et parle de la France et des Français comme d'un peuple et une nation dont il n'est que spectateur désabusé . Que dirait-il aujourd'hui ?

 

 

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                            Mon cher philosophe, auriez-vous jamais lu un chant de la Pucelle, dans lequel tout le monde est devenu fou [chant XVII], et où chacun donne et reçoit sur les oreilles à tort et à travers ? Voilà précisément le cas de vos chers compatriotes les Français. Parlements, évêques, gens de lettres, financiers, antifinanciers [allusion au livre l’Antifinancier], tous donnent et reçoivent des soufflets à tour de bras ; et vous avez bien raison de rire ; mais vous ne rirez pas longtemps, et vous verrez les fanatiques maîtres du champ de bataille. L’aventure de ce cuistre de Crevier [qualifié d’ « âne » par Palissot, Crevier, vieux janséniste avait obtenu l’exil de Palissot et celui de l’archevêque de Paris] fait déjà voir qu’il n’est pas permis de dire d’un janséniste qu’il est un plat auteur . Vous serez les esclaves de l’université avant qu’il soit deux ans. Les Jésuites étaient nécessaires, ils faisaient diversion ; on se moquait d’eux, et on va être écrasé par des pédants qui n’inspireront que l’indignation. Ce que vous écrit un certain goguenard couronné [Frederic II a écrit à d’Alembert qu’il n’est en guerre ni avec « les cagots, ni avec les jésuites » et laisse aux Français le soin de « ferrailler envers et contre tout » ] doit bien faire rougir votre nation belliqueuse.

 

                            Répandez ce bon mot tant que vous pourrez, car il faut que vos gens sachent le cas qu’on fait d’eux en Europe. Pour moi, je gémis sérieusement sur la persécution que les philosophes vont infailliblement essuyer . N’avez-vous pas un souverain mépris pour votre France, quand vous lisez l’histoire grecque et romaine ? trouvez-vous un seul homme persécuté à Rome depuis Romulus jusqu’à Constantin, pour sa manière de penser ? le sénat aurait-il jamais arrêté l’Encyclopédie ? y-a-t-il jamais eu un fanatisme aussi stupide et aussi désespérant que celui de vos pédants ?

 

                            Vraiment oui, j’ai donné une chandelle au diable [expression de d’Alembert quand V* a envoyé son conte Les Trois Manières à Mme du Deffand]; mais vous auriez pu vous apercevoir que cette chandelle devait lui brûler les griffes, et que je lui faisais sentir tout doucement qu’il ne fallait pas manquer à ses anciens amis [lettre du 7 mars à Mme du Deffand].

 

                            A l’égard des hauts lieux dont vous me parlez, sachez que ceux qui habitent ces hauts lieux sont philosophes, sont tolérants, et détestent les intolérants avec les quels ils sont obligés de vivre [allusion aux Choiseul].

 

                            Je ne sais si le Corneille entrera en France, et si on permettra au roi d’avoir ses exemplaires [« … entre les mains d’un cuistre nommé Marin, qui doit décider si le public pourra le lire. » : d’Alembert]. Ce dont je suis bien sûr, c’est que tous ceux qui s’ennuient à Sertorius et à Sophonisbe, etc., trouveront fort mauvais que je m’y ennuie aussi ; mais je suis en possession depuis longtemps de dire hardiment ce que je pense, et je mépriserai toujours les fanatiques, en quelque genre que ce puisse être. Ce qui me déplait dans presque tous les livres de votre nation, c’est que personne n’ose mettre son âme sur le papier, c’est que les auteurs feignent de respecter ce qu’ils méprisent ; vos historiens surtout sont de plates gens, il n’y en a pas un qui ait osé dire la vérité. Adieu, mon cher philosophe ; si vous pouvez écrasez l’Infâme, écrasez-la et aimez-moi, car je vous aime de tout mon cœur.

 

                            Voltaire

                            14 avril 1764. »