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01/06/2009

malgré ma faiblesse,...secouer le joug

Actualité du château : ça bouge, ça remue, il se passe toujours quelque chose au domaine de Volti !! Qu'on se le dise (HautetFort, bien sûr ! )....

vernissage 30mai2009025.jpg

 

 

 

Comme évidemment, il faut parler des évènements importants de ce monde, je ne peux passer sous silence "l'effondrement de Nadal", vous m'en auriez voulu ! Non ? Ah  bon ! Je respire...

C'est vrai que quand on pense à la super prime qui lui passe sous le nez, il  a de quoi avoir les boules !

Pour le commun des mortels qui ne gagne pas des millions d'euros (même en toute une vie de travail), il reste le RSA ... qui va concerner à peu près 3 millions de foyers français . Sept millions de  personnes qui disposeront de 454,63 Euros (pour une personne seule sans enfant) ou un complément de salaire pour ceux qui n'atteignent pas la barre de salaire de 880 euros mensuels.

Je vous recommande d'utiliser une raquette à grand tamis et à très petites mailles, sinon les pièces de 1 centime passent au travers ! Déjà qu'elles sont rares, n'en perdont point ...

Monsieur Nadal, laissez-moi encore pleurer sur vous et vos semblables sportifs qui ont le grand malheu-eu-eur de perdre un match, ou une course, dont le succès envisagé, outre la renommée  apporte une somme ridiculement, insolemment, outrageusement élevée, un pactole !

Sponsors de tout poil, que ne faites vous votre publicité en vendant vos produits à des prix plus raisonnables, plutôt qu'en gavant quelques divas de la raquette ou de la baballe !

Fédérations de sports, arrêtez d'engraisser quelques dirigeants poussifs et que les millions libérés permettent l'accès du plus grand nombre aux sports qui ne sont accessibles actuellement qu'aux mieux lotis .

 

 

En parlant de "lotis", n'oublions pas que les beaux jours qui ne le sont pas pour tous, font refleurir les papiers bleus d'huissiers qui vous annoncent votre expulsion. Véritable temps de guerre en temps de paix, exode qui n'a pas de nom !

Madame la Ministre, qu'est devenue votre louable intention de ne déloger quelqu'un, mettre dehors une famille, expulser et briser des vies, que si on offre dans le même temps un nouvel abri digne de ce nom ? Hâtez-vous, il y a urgence !

Tous les jours voient leurs lots de pauvres jetés à la rue par des propriétaires forts de leur "bon droit" ! J'ai terriblement envie de leur faire connaître aussi ma "bonne droite" au foie ou au menton (je n'ai pas d'a priori, je peux fournir les deux, question de goût !)...

 

Revenons au calme... Marcher, souffler ...

Mais c'est vrai qu'il est bon de s'exprimer : "Il y a longtemps que j’ai envie de combattre ce géant" , dit Volti, et il l'a fait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont

 

 

Rempli de goût, libre d’affaire,

Formont, vous savez sagement

Suivre en paix le sentier charmant

De Chapelle et de Sablière ;

Car vous m’envoyez galamment

Des vers écrits facilement,

Dont le plaisir seul est le père,

Et quoiqu’ils soient faits doctement,

C’est pour vous un amusement.

Vous rimez pour vous satisfaire,

Tandis que le pauvre Voltaire,

Esclave maudit du parterre,

Fait sa besogne tristement.

Il barbote dans l’élément

Du vieux Danchet et de La Serre.

[censeurs royaux et auteurs]

 Il rimaille éternellement,

Corrige, efface assidûment,

Et le tout, Messieurs, pour vous plaire.

 

                   Je vous soupçonne de philosopher à Canteleu avec mon cher, aimable et tendre Cideville. Vous savez combien j’ai toujours souhaité d’apporter mes folies dans le séjour de votre sagesse.

 

Atque utinam ex vobis unus, vestrique fuissem

Aut custos gregis, aut maturae vinitor uvae !

Hic gelidi fonts, hic mollia prata, Lycori,

Hic nemus, hic ipso tecum consumerer aevo.

[Ah si j’avais été l’un de vous, ou gardien de votre troupeau, ou vendangeur de votre raisin mûr ! Ici il y a des sources fraiches, ici il y a de moelleuses prairies, Lycoris, ici il y a un bois, ici avec toi c’est l’âge même qui me consumerait.]

 

                   Mais je suis entre Adélaïde du Guesclin, le seigneur Osiris [personnage de son opéra Tanis et Zélide] et Newton. Je viens de relire ces Lettres anglaises moitié frivoles, moitié scientifiques. En vérité, ce qu’il y a de plus passable dans ce petit ouvrage, est ce qui regarde la philosophie ; et c’est, je crois ce qui sera le moins lu. On a beau dire : le siècle est philosophe. On n’a pourtant pas vendu deux cents exemplaires du petit livre de M. de Maupertuis, où il est question de l’attraction,[Discours sur les différentes figures des astres … avec une exposition abrégée des systèmes de M. Descartes et de M. Newton, 1732] et si on montre si peu d’empressement pour un ouvrage écrit de main de maître, qu’arrivera-t-il aux faibles essais d’un écolier comme moi ? Heureusement j’ai tâché d’égayer la sécheresse de ces matières et de les assaisonner au goût de la nation. Me conseilleriez-vous d’y ajouter quelques petites réflexions détachées des Pensées de Pascal ?[25ème Lettre philosophique] Il y a longtemps que j’ai envie de combattre ce géant. Il n’y a guerrier si bien armé qu’on ne puisse percer au défaut de la cuirasse ; et je vous avoue que si malgré ma faiblesse, je pouvais porter quelques coups à ce vainqueur de tant d’esprits, et secouer le joug dont il les a affublés, j’oserais presque dire avec Lucrèce :

 

Quare supersticio pedibus subjecta vicissim

Obteritur, nos exaequat victoria coelo.

[Par là, la superstition est à son tour renversée et foulée aux pieds, et nous la victoire nous élève jusqu’au ciel.]

 

                   Au reste, je m’y prendrai avec précaution, et je ne critiquerai que les endroits qui ne seront point tellement liés avec notre sainte religion qu’on ne puisse déchirer la peau de Pascal sans faire saigner le christianisme. Adieu. Mandez moi ce que vous pensez des lettres imprimées et du projet sur Pascal. En attendant je retourne à Osiris. J’oubliais de vous dire que le paresseux Linant échafaude son Sabinus.[il entreprit Sabinus, « Ramessès » et fera représenter Alzaïde en décembre 1745]

 

 

                   Voltaire

                   1er juin 1733. »

 

 

19/04/2009

Je n’ai point de recueillement dans l’esprit

Oui, mon côté manuel s'est fortement exprimé ces jours-ci, et Volti est resté sur la touche . Il y a une vie qui tient compte de la météo et des possibilités de travail en équipe !...

Quelques courbatures passées, quelques couleurs dues au soleil et à la lasure dégoulinante,  la satisfaction du devoir accompli pour le bien des usagers du terrain de tir (à l'arc ) me laissent retrouver une ambiance XVIIIème (siècle!). Il faut toucher à tout pour être heureux . Et optimiste pour entreprendre des travaux en plein air !!

http://www.arcclubprevessin.com/

 

 

 

 

Ce dimanche, je refréquente mon flatteur préféré, que certains -et je les comprend- iront qualifier de lèche-cul ! Soit ! mais méfiez-vous, il a la langue acide !! Poli, aimable, trop aimable ? C'est sa nature . A prendre tel quel sans se leurrer : "que votre imagination est riante et féconde !". Avouez que si quelqu'un vous fait un tel compliment - ici je parle pour moi- vous le prenez au premier degré si vous êtes imbu de vous même et flatté par "un maître" que vous avez "l'honneur" de fréquenter, ou vous vous souvenez de la fable "Le Corbeau et le Renard", et vous riez de vous même ; c'set mon option !

 

 

 

 

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« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

 

                            Vraiment mon cher ami, je ne vous ai point encore remercié de cet aimable recueil que vous m’avez donné [Epître en vers accompagnant des écrits  de Cideville]. Je viens de le relire avec un nouveau plaisir. Que j’aime la naïveté de vos peintures ! que votre imagination est riante et féconde ! et ce qui répand sur tout cela un  charme inexprimable, c’est que tout  est conduit par le cœur. C’est toujours  l’amour ou l’amitié qui vous inspire. C’est une espèce de profanation à moi de ne vous écrire que de la prose après les beaux exemples que vous me donnez. Mais, mon cher ami, carmina secessum scribentis et otia quaerunt [= les vers requièrent pour le poête la retraite et les loisirs ]. Je n’ai point de recueillement dans l’esprit. Je vis de dissipation depuis que je suis à Paris, tendunt extorque poemata [= on est en train de m’arracher la composition poétique], mes idées poétiques s’enfuient de moi. Les affaires et les devoirs m’ont appesanti l’imagination. Il faudra que je fasse un tour à Rouen pour me ranimer. Les vers ne sont guère à la mode à Paris. Tout le monde commence à faire le géomètre et le physicien. On se mêle de raisonner. Le sentiment, l’imagination et les grâces sont bannis. Un homme qui  aurait vécu sous Louis XIV et qui reviendrait au monde ne reconnaitrait plus les Français. Il croirait que les Allemands ont conquis ce pays –ci. Les belles-lettres périssent à vue d’œil. Ce n’est pas que je sois fâché que la philosophie soit cultivée, mais je ne voudrais pas qu’elle devint un tyran qui exclût tout le reste. Elle n’est en France qu’une mode qui succède à d’autres et qui passera à son tour, mais aucun art, aucune science ne doit être de mode. Il faut qu’ils se tiennent tous par la main, il faut qu’on les cultive en tout temps. Je ne veux point payer de tribut à la mode, je veux passer d’une expérience physique à un opéra ou à une comédie, et que mon goût ne soit jamais émoussé par l’étude. C’est votre goût, mon cher Cideville, qui soutiendra toujours le mien, mais il faudrait nous voir, il faudrait passer avec vous quelques mois, et notre destinée nous sépare quand tout devrait nous réunir.

 

                            J’ai vu Jore à votre semonce [après l’édition des Lettres philosophiques en avril 1734, condamnation de V* et Jore perd sa maîtrise d’imprimeur ; V* dès le 12 avril 1735 désira voir Jore pour se « raccommoder entièrement avec lui »]. C’est un grand écervelé. Il a causé tout le mal pour s’être conduit ridiculement.

 

                            Il n’y a rien à faire pour Linant ni auprès de la présidente [Mme de Bernières], ni au théâtre [les comédiens ne désirent pas jouer la pièce de Linant]. Il faut qu’il songe à être précepteur [« ce qui est difficile attendu son bégaiement, sa vue basse et le peu d’usage qu’il a de la langue latine »]. Je lui fais apprendre à écrire, après quoi il faudra qu’il apprenne le latin, s’il le veut montrer. Ne le gâtez point si vous l’aimez.

 

                            Vale.

 

                            Voltaire

                            Ce 16 avril 1735. »