17/12/2008
grosse tête, petites pensées
« J’ai changé l’Europe, mais je n’ai pas changé Cohn Bendit » dixit Nicolas imperator (un ami dit : nabot-léon). C’est vrai l’Europe est devenue « E.U. hope » et peut-être « E.U. rope » (pour nous pendre ?). Il a l’impression d’avoir changé, - en mieux bien sûr!. Je trouve personnellement qu’il a toujours la grosse tête. A-t-il changé de chapeau pour une pointure supérieure ? Ce grand « sentimental » m’agace toujours autant, il me laisserait indifférent s’il n’avait pas une telle place. Baste ! je laisse là ce roi de cour de récré !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental
Il faut que vous me pardonniez, mon cher ange. Je suis un bon Suisse qui avait trop pris les choses à la lettre. Vous me mandiez qu’on [le gouvernement français] a plus de ménagements et plus de jalousie qu’un amant et une maîtresse, et que mes correspondances mettaient obstacle à un retour qu’on pourrait attribuer à ces correspondances mêmes. Daignez considérer que le temps où vous me parliez ainsi, était précisément celui où le bon Suisse n’avait fait aucune difficulté d’avouer à Mme de P.[ompadour] ses liaisons que je crus un peu dangereuses sur votre lettre. Rien n’est assurément plus innocent que ces liaisons ; elles se sont bornées comme je vous l’ai dit, à consoler un roi qui m’avait fait beaucoup de mal, et à recevoir les confidences du désespoir dans lequel il était plongé alors. Je vous avertis que le roi de Prusse et l’impératrice pourraient voir des lettres que j’ai écrites à Versailles, sans que ni l’un ni l’autre pût m’en savoir le moindre mauvais gré. J’avais cru seulement que le désespoir où je voyais le roi de Prusse pouvait être un acheminement à une paix générale si nécessaire à tout le monde et qu’il faudra faire à la fin. Je ne m’attendais pas alors que nos chers compatriotes se couvriraient d’opprobre, et qu’une armée de cinquante mille hommes fuiraient comme des lièvres devant six bataillons dont les justaucorps viennent à la moitié des fesses ; je ne prévoyais pas que les Hanovriens assiégeraient Harbourg, et qu’ils seraient plus forts que M. de Richelieu. Nous avons grand besoin d’être heureux dans ce pays là, car nous y sommes en horreur pour nos brigandages, et méprisés pour notre lâcheté du 5 novembre. Les Autrichiens disent qu’ils n’ont pris Breslau que parce qu’ils n’avaient pas de Français avec eux. Enfin nous n’avons d’appui en Allemagne que ces mêmes Autrichiens qui se moquent de nous. Il faut espérer que M. de Richelieu rétablira notre crédit et notre gloire, et que les succès de Marie-Thérèse nous piqueront d’honneur…..Vous voyez que je suis aussi bon Français que bon Suisse.
Tout bon que je suis j’ai toujours sur le cœur les quatre baïonnettes que ma nièce eut dans le ventre. J’aurais voulu que le roi de Prusse eût réparé cette infamie, mais je vois qu’il est difficile de venir à bout de lui, même en lui prenant Breslau.
Au moment que je griffonne, la nouvelle vient de Francfort que nous avons été malmenés devant Harbourg. Je n’en veux rien croire. Ce sont des hérétiques qui le mandent. Passons vite.
On a joué à Vienne L’Orphelin de la Chine, l’impératrice l’a redemandé pour le lendemain. Voilà des nouvelles de tripot assez agréables. Le tripot de la guerre n’est pas si plaisant. Venons à l’article du portrait. Donnez-moi des dents et des joues et je me fais peindre par Van Loo. En attendant, mon cher ange, envoyez au charnier St Innocent. Mon effigie est là trait pour trait.
J’ai actuellement chez moi Mme d’Epinay qui vient demander des nerfs à Tronchin. Il n’y a point là de salmigondis [allusion à Mme de Montferrat = « joli salmigondis de dévotion et de coquetterie »]. Cela est philosophe, bien net, bien décidé, bien ferme. Je la quitte pourtant et je vais au palais Lausanne. Vous verrez, mon cher ange, des Ecossais francisés, des Douglas qui ont des terres dans mon voisinage, qui ont un procès au Conseil, au rapport de M. de Courteille.
Je baise pour eux le bout de vos ailes. Je demande votre protection. Mais vous ! vous ! vous avez une affaire et point d’audience. Cela est drôle. Pour Dieu expliquez-moi cela. Et vale et ama nos.
Voltaire
Aux Délices le 17 décembre 1757 »
« au charnier St Innocent. Mon effigie est là trait pour trait. » : terriblement réaliste et humoriste ce sacré gaillard ; il ne sait pas que plus de vingt ans l’attendent encore.
Mme d’Epinay, « Cela est philosophe, bien net, bien décidé, bien ferme. Je la quitte pourtant » : le manque de nerfs de cette dame a dû être cette fois un vice rédhibitoire et l’attrait de la chaleur de sa résidence lausannoise supérieur aux qualités de « cela ». La description tient en quatre épithètes, et si Mme d’Epinay en avait eu connaissance aurait-elle apprécié ? Ou alors aurait-elle été outrée d’être « cela » ? Féministes de tous pays qu’en dîtes-vous ?
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