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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

quand un prêtre ne peut plus dire la messe, ce n'est pas la peine d'avoir un autel

... Et quand on n'a plus de vacances, on n'a pas besoin d'hôtel .

Le curé fait la messe sur le net : «Encore tes sites de culte ...

https://verviers.lameuse.be/539290/article/2020-03-28/le-...

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

[à monsieur le colonel

d'Hermenches chez monsieur le comte de Bezenval, Lieutenant-général

Inspecteur général des Suisses en son hôtel

à Paris ]

15è mars 1765 à Ferney

Je ne suis pas étonné , monsieur, que vous soyez content des Français . Vous êtes comme une belle qui se voit avec complaisance entourée de ses amants . Peut-être avez-vous perdu un peu du côté de l'intérêt, mais cela se regagne en agréments ; et d'ailleurs, il est bien difficile que vous ne soyez pas bientôt colonel en pied . Pour peu que vous voyiez M. le duc de Choiseul il connaîtra bien vite tout ce que vous valez ; il y a des gens pour qui l’ordre du tableau n'est pas fait .

Je suis extrêmement sensible à l’honneur du souvenir de M. de Bezenval . Je suis persuadé que son amitié pour vous a été le principal motif qui vous a fait donner la préférence à la France sur la Hollande . Voulez-vous bien avoir la bonté, monsieur, de lui présenter mes très humbles hommages ? Si M. le maréchal de Richelieu regrette mon petit théâtre de Ferney je le regrette bien aussi ; mais quand un prêtre ne peut plus dire la messe, ce n'est pas la peine d'avoir un autel . Je perds la vue, je n'ai plus de voix, je suis condamné à souffrir, j'entre dans ma soixante et douzième année, il n'y a plus moyen d’amuser des Genevois . D'ailleurs, Jean-Jacques Rousseau m'avait écrit que je corrompais sa république en donnant des spectacles 1; je n'ai pas voulu m'exposer plus longtemps aux excommunications de ce père de l’Église . Je ne fais donc plus de tragédie, ni n'en joue ; j'applaudis de loin au Siège de Calais, et au lieu d'un théâtre, je bâtis deux ailes au château de Ferney . Si jamais vous daignez en occuper une quand vous irez à Hermenches vous comblerez de joie et d'honneur toute ma petite famille, et surtout le vieux malade qui vous est dévoué avec la tendresse la plus respectueuse .

V. »

1 Lettre du 17 juin 1760 ; voir à ce propos la lettre du 23 juin 1760 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/28/je-voudrais-que-vous-ecrasassiez-l-infame-c-est-la-le-grand-5647116.html

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31/05/2020 | Lien permanent

Ce n'est pas un bon moyen de faire connaître un ouvrage que d'en dire du mal

... Peut-être de ton temps ami Voltaire ; on voit bien que tu ne connais pas les réseaux sociaux, extraordinaire entreprise de démolition, qui encense des conneries monumentales et débine des propos sensés . It's a mess !

 

Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 27/8/2015

 

 

« A Pierre Rousseau

à Bouillon

par Sedan

27è août 1760 1

La personne à qui monsieur Rousseau a écrit touchant le petit ouvrage de Mlle Vadé, servira monsieur Rousseau dans toutes les occasions ; mais cette personne ne lui a point envoyé cette petite pièce dont elle était en possession, dans l'intention de porter le moindre préjudice à Mlle Vadé ; il paraît au contraire que cette demoiselle devait s'attendre à quelques remerciements, attendu qu'elle a pris vivement le parti du Journal encyclopédique contre L’Année littéraire, ou anti-littérature .

Ce n'est pas un bon moyen de faire connaître un ouvrage que d'en dire du mal ; et le petit ouvrage envoyé était très connu, et on en a déjà fait trois éditions . Le mieux eût été de ne jamais prévenir le jugement du public, de ne le point choquer, et de ne point sacrifier son jugement et son intérêt à la crainte qu'on peut avoir de quelques misérables qui n'ont aucun crédit .

Si monsieur Rousseau est mécontent de l’endroit où il a transporté son île flottante de Délos 2, on lui offre un château ou une maison isolée , à l'abri de tous les flots ; il y trouvera toutes sortes de secours, et de l'indépendance . Il pourra y transporter sa manufacture, et il ferait encore mieux de se servir de la manufacture d'un négociant accrédité, dans le voisinage, qui est tout prêt . Il pourrait tirer de très grands avantages de ce parti, et n'aurait jamais rien à craindre ; il faudrait seulement qu'il vint sous un autre nom, qu'il n'en parlât à personne, et que la marque de sa marchandise ne portât le nom d'aucune ville ; il se ferait adresser les paquets de ses correspondants à Lyon . »

1 L'édition Moland ajoute la dernière phrase d'après une copie communiquée par Ferdinand Brunetière .

2 Le Journal encyclopédique fut publié successivement à Liège, Bruxelles, et en dernier lieu à Bouillon .

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27/08/2015 | Lien permanent

Comptez que nous sommes tous des imbéciles, ce n'est point avec des livres qu'on obtient des grâces de la Cour

... ou alors seulement en Grande Bretagne qui possède livres et cour, et qui récompense du titre de Sir ceux qui font du bien au trésor royal . Notre cour républicaine bien évidemment a ses soutiens qui un jour au l'autre peuvent se retrouver gratifiés d'un ruban rouge (qui n'est pas signe de soutien à SIDACTION ) ou d'une place confortable . Oui, nous sommes tous des imbéciles, et il est des imbéciles heureux .

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Fermé pour cause de concurrence déloyale

 

 

« A Paul-Claude Moultou

[janvier-février 1763] 1

Mes yeux vous sont très obligés, mon cher monsieur, voici une lettre que vous pouvez envoyer à Mme Calas , pour M. le marquis de Gouvernet .

Comptez que nous sommes tous des imbéciles, ce n'est point avec des livres qu'on obtient des grâces de la Cour ; et l'Apologétique de Tertullien ne fut pas lue seulement d'un marmiton de cuisine de l'empereur . Les bons livres peuvent faire des philosophes, encore n'est-ce que chez les jeunes gens, les autres ont pris leurs plis . C'est ce qui fait que M. de Crosne est entièrement pour nous, indépendamment même des formes juridiques . Mais il faut des formes à MM. d'Aguesseau et Gilbert, qui ne sont point du tout philosophes . Il faut auprès des ministres de très grandes protections, et point de livres . Un bon ouvrage peut porter son fruit dans quinze ou vingt ans, mais aujourd’hui il s'agit d'obtenir la protection de Mme de Pompadour . Le grand point est d'intéresser son amour-propre, à faire autant de bien à l’État, que Mme de Maintenon a fait de mal . Je répondrais bien de sa bonne volonté, et de celle de MM. les ducs de Choiseul et de Praslin . Mais avec tout cela, l'affaire ne serait pas encore faite, tant il est difficile de changer ce qui est une fois établi . C'est assurément une très belle entreprise, elle demande encore plus de soins que l'affaire Calas . Je mourrais bien content, si j'avais mis une pierre à cet édifice . Nous raisonnerons de tout cela avec monsieur Moultou, l’homme du monde que j'estime le plus, et en qui j'ai la plus grande confiance . »

1 L'édition Gaberel omet le dernier paragraphe .

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31/12/2017 | Lien permanent

Ce Fréron n'est que le cadavre d'un malfaiteur qu'il est permis de disséquer

... Pour actualiser cette affirmation, remplacer Fréron par Balkany ( lequel est défendu par une star du barreau grand-guignolesque tant ses indignations -tarifées- sont écoeurantes ) .

Résultat de recherche d'images pour "balkany et moretti caricature"

Qui les voudrait pour amis ?

 

 

« A Jean-François Marmontel, de l'Académie française

à Paris

Mon cher confrère, je n'ai eu chez moi M. le comte de Creutz 1 qu'un jour . J'aurais voulu passer ma vie avec lui . Nous envoyons rarement de pareils ministres dans les cours étrangères . Que de Welches, grand Dieu dans le monde . Je vous avoue que je suis de l'avis d'Antoine Vadé, qui prétend que nous ne devons notre réputation dans l'Europe qu'aux gens de lettres . Ils ont fait sans doute une grande perte dans Mme de Pompadour . Nous ne pouvions lui reprocher que d’avoir protégé Catilina et Le Triumvirat ; elle était philosophe . Si elle avait vécu elle aurait fait autant de bien que Mme de Maintenon a fait de mal . M. le comte de Creutz me disait qu’en Suède les philosophes n'avaient besoin d'aucune protection ; il en est de même en Angleterre , cela n'est pas tout à fait ainsi en France . Dieu ait pitié de nous, mon cher confrère . M. de Creutz m'apporta aussi une lettre du très philosophe frère d'Alembert 2. Dites, je vous prie, à ce très digne et très illustre frère, que je ne lui écris point, parce que lui avais écrit quelques jours auparavant .

Vous devez avoir reçu un Corneille, vous en recevrez bientôt un autre . Cramer a un chaos à débrouiller, je ne me suis mêlé en aucune manière des détails de l'édition ; et je n'ai encore en ma possession qu'un exemplaire imparfait que je n'ai pas même relu .

J'ai été très affligé de La Dunciade, ainsi que de la comédie des Philosophes, mais j'ai toujours pardonné à Jérôme Carré les petits compliments qu'il a fait de temps en temps à maître Aliboron dit Fréron . Ce Fréron n'est que le cadavre d'un malfaiteur qu'il est permis de disséquer .

On dit que frère Hélvétius est allé en Angleterre, en échange de frère Hume . Je ne sais si notre secrétaire perpétuel 3 me conserve toujours un peu d’amitié . Les frères doivent se réunir pour résister aux méchants, dont on m'a dit que la race pullule . Frère Saurin doit aussi se souvenir de moi dans ses prières . J'exhorte tous les frères à combattre avec force et prudence pour la bonne cause . Adressons nos communes prières à saint Zénon, saint Épicure, saint Marc-Antonin, saint Epictète, saint Bayle, et à tous les saints de notre paradis . Je vous embrasse bien tendrement.

Frère V.

21è mai 1764, aux Délices. »

1 Creutz est un ami de d'Alembert .

2 Cette lettre de d'Alembert n’est pas autrement connue .

3 C'est encore Duclos .

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23/06/2019 | Lien permanent

Vous me direz que la feuille L n'est pas tirée . C'est précisément pour cela que je la veux

... Signé Mélenchon and C° (ou à peu près ). Cet Insoumis de pacotille, escorté de seize députés viens de déposer une " proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête sur l'alimentation industrielle", ladite commission, comme toutes les autres du même tonneau, ne servant à rien d'autre qu'à occuper quelques gratte-papiers pendant des mois sinon des années pour arriver à un résultat connu du monde entier bien  avant leurs études et leurs conclusions oiseuses . Bis repetita placent ?

http://www.assemblee-nationale.fr/15/propositions/pion071...

 Image associée

Guignolo Ier : faire le clown , oui ! être à jour d'informations : niet ! Et pourtant , elles sont à portée de la main : http://www.bmj.com/content/360/bmj.k322

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 15 mars 1763]

Je renvoie la lettre L, et le commencement d'M, corrigées ; j'y joins les 20, 21 et 22è chapitres , en attendant un post scriptum .

À l'égard de Pierre le rabâcheur, je crois que trois pièces dans le 7è tome le rendraient bien mince . Je pense qu'il en faudra quatre . Œdipe a peu de remarques comme vous savez, La Toison d'or n'en a point , Sertorius n'en a pas un trop grand nombre . Sophonisbe en a beaucoup moins, et n'en mérite guère . Prenez garde que si vous commencez le 8è volume par Sophonisbe, les volumes ne soient trop inégaux . Faites vos réflexions, calculez bien . Je prie mon cher Caro de m'envoyer les feuilles E, G, H, I, K, L, M, de la Tolérance . Vous me direz que la feuille L n'est pas tirée . C'est précisément pour cela que je la veux, afin d'en revoir l'épreuve . »

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09/03/2018 | Lien permanent

On joue tous les jours la comédie à Lausanne. Ce n'est pas comme dans votre ville de Calvin

 http://www.deezer.com/listen-5836894

 

"Il faut que je m'accoutume aux naufrages", voici en substance ce que doit se dire le monde arabo-musulman qui a fait profession de mettre des dictateurs au pouvoir .

Il est cependant regrettable qu'il ne soit envisagé par le peuple que la technique du baton pour reprendre son destin en main . Je fais des voeux pour que les urnes ne soient pas seulement funéraires .

La faim a réveillé la peur, qui a réveillé la colère qui va faire couler le sang, fatalement .

Le poids des mots ! et direct à l'hosto ! le choc des balles , encore et encore .  

http://www.deezer.com/listen-254651

et pour ceux qui sont pour la B.O. : http://www.deezer.com/listen-2305241

alibaba_musical_rc2.jpg

 Et pendant ce temps là, on danse à Lausanne et on brasse des paroles (vaines ? ) à Genève.

Voir : http://rajaadanse.magix.net/

 Et , contraste, pourquoi pas , à venir, avenir souhaité : http://www.partagider.com/index.php?post/11-Edito-55CSW

nous verrons ce qu'il en sortira sur le terrain ( J'ai cru entendre : "poussière, comme d'hab' !! " ).

 

 

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

 

Montriond 4 ou 5 février [1757]

 

Mon cher correspondant, encore un gros vaisseau de pris !i Je tremble pour notre compagnie des Indes.

 

Il me parait assez sûr que l'Espagne va se déclarer. Le roi de Prusse vient de m'écrire une lettre très tendre ii. L'impératrice de Russie veut que j'aille à Pétersbourg iii. Mais je vous réponds bien que je ne quitterai pas vos Délices iv. Il faut que je m'accoutume aux naufrages . Ce ne sont pas seulement mes vaisseaux qui périssent. Une barque que j'envoyais de Montriond aux Délices, chargée de bois et de meubles, est allée au fond du lac . Cela ne m'empêchera pas de jouer le vieux bonhomme Lusignan dans Zaïre. Ce rôle me convient . On joue tous les jours la comédie à Lausanne. Ce n'est pas comme dans votre ville de Calvin .

 

Je suis bien fâché de la mort du marquis d'Argenson, ex-ministre philosophe v. Il y avait cinquante ans que je l'aimais.

 

Me permettrez-vous de vous adresser les lettres ci-jointes pour épargner une partie du port à de pauvres diables ?

 

Les Pictet vi sont enchantés de Lyon et ils ont raison .

 

Il me revient qu'on a brûlé à Glats les magasins du roi de Prusse. C'est une perte difficile à réparer. Il y a disette de grains en Germanie.

 

Les deux Suisses vous embrassent bien tendrement.

 

V. »

 

i Par les Anglais .

ii Le 8, à la duchesse de Saxe-Gotha : « Le roi de Prusse m'a écrit de Dresde le 19 janvier une lettre toute pleine de bonté » . Frédéric écrivait à sa sœur , la margravine , le 20 janvier , qu'il a fait «  répondre par l'abbé (de Prades) tout plein de belles choses » à V* (dont il avait été surpris de recevoir une lettre car on disait V* mort ! ).

Lettre MMCDLIX page 423 ; lettres MMCDLV pages 420-421 et MMCDLVII page 422 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f426.image.p...

iii « Pour écrire l'histoire de Pierre Ier » écrit-il en cette période à ses correspondants.

iv « Vos Délices » allusion au fait que V* a acheté la propriété sous le nom de Tronchin : Cf. lettre du 13 février 1755 http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/13/j...

v Mort le 26 janvier . http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Louis_de_Voyer_de_...

Cf. lettre à Cideville du 9 février : pages 422-423 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f426.image.p...

« J'ai tendrement regretté le marquis d'Argenson, notre vieux camarade. Il était philosophe et on l'appelait à Versailles d'Argenson la bête. Je plais davantage la chèvre, s'il est vrai qu'on l'envoie brouter en Poitou. » La « chèvre » = comte d'Argenson, frère du marquis, exilé aux Ormes près de Saumur. http://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Pierre_de_Voyer_de_Paul...

vi Pierre Pictet, professeur, et sa famille habitent aussi St Jean, près des Délices ; Mme Denis avait été un peu jalouse de la jeune et jolie Charlotte, fille de Pierre, qui avait fait un bonnet pour V* . http://www.archivesfamillepictet.ch/famille/biographies.h...

 

Pour poursuivre mon chemin, l'ami Georges, qui ne se défile jamais : http://www.deezer.com/listen-917425

 

 

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04/02/2011 | Lien permanent

Ce n'est qu'avec les ennuyeux qu'on est ingrat

... Et tous nos candidats aux élections devraient bien le retenir faute de retenir leurs partisans désabusés et abusés .

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Au château de Ferney pays de Gex en Bourgogne

par Genève 22è janvier 1761

Madame, moi, n'avoir point écrit à Votre Altesse Sérénissime ? Moi coupable d'ingratitude ? Non, madame, il est impossible d'être ingrat avec vous . Il y a trop de plaisir à sentir et à exprimer les sentiments qu'on vous doit . Ce n'est qu'avec les ennuyeux qu'on est ingrat ; on ne l'est jamais envers les vertus aimables .

J'ai eu l'honneur d'écrire à Votre Altesse Sérénissime tant que j'ai eu un souffle de vie . Et l'état de faiblesse où je suis me force aujourd’hui de vous remercier de vos bienfaits par une main étrangère . Je reçois le paquet de Mme de Bassevitz ; je vais la remercier ; mais elle permettra que je commence par madame la duchesse de Gotha .

Je m’étais bien donné de garde, madame, d'adresser par la poste, les volumes du Czar Pierre . Le port immense qu'ils auraient coûté eût été une indiscrétion , et le paquet ne valait pas cette dépense . J’envoyai le petit ballot par le commissionnaire Oboussier, de Lausanne ; il m’a plusieurs fois assuré que le paquet était arrivé à Francfort . Je lui écris encore aujourd'hui pour savoir le nom de son correspondant . Le peu de sureté des voitures publiques, est, à la vérité, le plus petit malheur de la guerre, mais il ne laisse pas d'en être un . Quand finira-t-elle donc madame cette guerre funeste ? Mme de Bassevitz n'en souffre-t-elle pas beaucoup ? Son pays n'est-il pas dévasté et rançonné ? Oserais-je madame, prendre la liberté de vous demander où est à présent M. le landgrave de Hesse ? Serait-il vrai qu'il fût gardé à vue ; et qu'on ne pût lui écrire les choses les plus simples , qu'en courant quelque risque ? N'est-ce encore là un des effets de cette guerre maudite ?

Un de mes étonnements est que le roi de Prusse ait pu envoyer un détachement de son armée, à celle de ses alliés . Depuis Mithridate on n'a jamais résisté si longtemps ; il fut vaincu par les Romains, mais le Mithridate d'aujourd'hui est le seul Romain que je connaisse . Son poème sur l'art de la guerre est très bien traduit en italien . Il est plus aisé de traduire ses vers , que d'imiter ses exemples . Je me mets aux pieds de Votre Altesse Sérénissime, et à ceux de toute votre auguste famille, avec le plus profond et le plus tendre respect .

Le vieux Suisse V.

La grande maîtresse des cœurs, m'a-t-elle entièrement oublié ?

Je ne doute pas que Votre Altesse Sérénissime n'ait un ministre à Paris, mais si elle n'en avait pas, elle me permettra de lui recommander un Genevois nommé Cromelin dont je réponds comme de moi-même . Elle en serait quitte je crois pour 1 200 livres de France par an ou à peu près et elle serait fidèlement servie .

Son Altesse Sérénissime permet-elle qu'on insère ici cette lettre pour Mme de Bassevits ? »

 

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22/01/2016 | Lien permanent

Le nom de Rousseau n'est pas heureux pour la bonne morale et la bonne conduite.

 Mon "amour" !?!? pour Rousseau, le Jean-Jacques, -je laisse de côté le Jean-Baptiste, très falot,- est aujourd'hui très visible par le choix de ce titre !

Persiste et signe.

                       Réalisme d'un blogueur pas solitaire .

 Amusons-nous autant que possible , comme nous y invite ce pastiche :

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/vu-sur-le-web/20...

 Usez sans modération de cette adresse :

http://voltaire-a-ferney.org/41.html

 

 « A Etienne-Noël Damilaville

12è janvier 1765

 

J'ai fait chercher hier dans Genève la brochure dont vous m'avez parlé i; je n'ai pu encore la trouver. On dit que ce n'est qu'une seule feuille, et qui a été oubliée presque en naissant, qu'on attribue à un ministre nommé Vernes ou Vernet ii, lequel a déjà écrit une autre brochure contre Jean-Jacques iii, oubliée tout de même. Je n'ai vu ni l'un ni l'autre écrit, Dieu merci, et n'ai fait que parcourir les livres ennuyeux faits à cette occasion. Je serais assurément bien fâché d'avoir la moindre part à toutes ces tracasserie. J'ai resté constamment dans mes campagnes depuis dix ans, et j'y mourrai sans me mêler à ces sottes querelles. Le nom de Rousseau n'est pas heureux pour la bonne morale et la bonne conduite.

Au reste, mon cher frère, je serais très fâché que mes Lettres prétendues secrètes fussent débitées à Paris iv; quelle rage de publier des lettres secrètes ! J'ai prié instamment M. Martin de renvoyer ces rogatons en Hollande d'où elles sont venues. Je suis bien las d'être homme public, et de me voir condamné aux bêtes comme les anciens chrétiens. L'état où je suis ne demande que le repos et la retraite ; il faut mourir en paix ; mais afin que je meure gaiement écr[asez] l'Inf[âme]. »

 

i Le Sentiment des citoyens, attribué à V* et publié le 27 décembre 1764 : http://www.voltaire-integral.com/Html/25/19_Sentiments.html

ii Vernes, pasteur est un ami de V*, tandis que Vernet est alors un ennemi de V* (voir la Guerre littéraire en 1759 ; cf. lettre 26 page 27 : http://books.google.fr/books?id=bp0DOrSvtd8C&pg=PA27&... )

 iii Vernes a publié les Lettres sur le christianisme de Jean-Jacques Rousseau, 1763 ; http://www.archive.org/stream/lettressurlechri00vern#page...

V* commentera les Lettres de monsieur le pasteur Vernes à monsieur J.-J. Rousseau avec les réponses que Cramer achètera et éditera en 1764-1765.

 iv Lettres secrètes de M. de Voltaire, données comme éditées à Genève en 1765 par M. L.B.(initiales mises pour faire croire que l'éditeur est La Beaumelle), en fait Baptiste-René Robinet, contenaient essentiellement le texte inexact des lettres à Berger (1734-1748); cf. page 2588 : http://books.google.fr/books?id=dMs8AQAAIAAJ&pg=PA258...

Dès le 8 octobre 1764, V* en parle, et entendra dire en novembre 1764 que des lettres que lui avait adressées Frédéric II et qui faisaient partie de la collection de Mme du Châtelet s'imprimaient à Utrecht.

 

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12/01/2011 | Lien permanent

Il y a des temps où on fait tout impunément. Il y en a d’autres où rien n’est innocent.

Juste un essai, allez-y, je vous fais partager cette découverte qui me réconcilie avec ce tube classique que je ne peux plus entendre au piano depuis quelques années ... Quand un doué nippon revisite Beethoven , écoutez-moi ça :

http://www.teepik.com/video-2080-la-lettre-a-elise-un-peu...

Alors, sourire ou grimace ?

 

And now au château de Voltaire :

Lettre à Eilise, la seule que je connaisse, et qui m'a épaté hier après midi où elle a, d'affilée, conduit deux visites particulièrement chargées, et en particulier celle de 16h30 qu'elle a assurée en bilingue (la priorité étant accordée aux anglophones à 16h30 tous les jeudis). Elle a fait un triomphe et été applaudie à juste titre.Très bonne guide, et ce qui ne gâte rien, fort jolie ("fiancée") avec un grand copain du modèle suivant :

CaneCorso.jpg

Il est beau le Kiki à sa maman ! Je me moque, mais ce solide meilleur ami de l'homme est d'une gentillesse remarquable tout comme ses maitres . 

 

 

A la relecture, je m'aperçois que pour ma grande honte, qu'on peut tout à fait comprendre qu'Eilise est "fiancée" au beau poilu quadrupède ! D'où l'importance de savoir placer des virgules , sinon la gaffe est vite écrite .

 Que nenni, bien sûr, elle a un vrai et agréable "fiancé" bipède, comme vous, et moi, en tout cas moi ....

 

 

 

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

 

           Je ne suis pas encore tout à fait logé [rue du Long Pont, près du Portail St Gervais, il était avant chez Mme de Fontaine-Martel, baronne, décédée en janvier], j’achevais mon nid, et j’ai bien peur d’en être chassé pour jamais. Je sens de jour en jour, et par mes réflexions, et par mes malheurs, que je ne suis pas fait pour habiter en France. Croiriez-vous bien que monsieur le garde des Sceaux [Chauvelin] me persécute pour ce malheureux Temple du Goût, comme on aurait poursuivi Calvin pour avoir abattu une partie du trône du pape. Je vois heureusement qu’on verse en Angleterre un peu de baume sur les blessures qu’on me fait en France. Remerciez je vous en prie de ma part, l’auteur du Pour et du Contre des éloges dont il m’a honoré. Je suis bien aise qu’il flatte ma vanité après avoir si souvent excité ma sensibilité par ses ouvrages. Cet homme là était fait pour me faire éprouver tous les sentiments.

 

 

           Vous avez vu sans doute ce second Temple du goût imprimé à Amsterdam. Il fourmille de fautes. Il y a entre autres deux vers qui finissent tous deux par censeur pointilleux. Il faut corriger le premier ainsi

 

quittez d’un bel esprit fâcheux

 

Il y a bien d’autres sottises dont je ne vous parle pas et que vous corrigerez en les lisant.

 

 

           Je me flatte que vous trouverez dans l’ouvrage plus d’ordre, plus de correction, plus de choses utiles, et une prose plus châtiée que dans le premier. Mandez-moi ce que vous pensez du Temple et de la lettre qui est au frontispice.

 

 

           Je vous aurais déjà envoyé la vingt-cinquième Lettre sur les Pensées de Pascal, mais Jore que vous connaissez ne me l’a pas encore fait remettre. Dès que je l’aurai elle partira sur le champ pour Londres. Vous feriez bien de me donner l’adresse de votre libraire à qui je l’adresserais, sans qu’il vous en coûtât de port. Au reste, il s’en faut de beaucoup que je veuille à présent précipiter cette édition des Lettres anglaises, au contraire vous me feriez le plus  sensible plaisir du monde d’en retarder autant que vous pourrez la publication. Je crains bien que dans les circonstances présentes elles ne me portent un fatal contrecoup. Il y a des temps où on fait tout impunément. Il y en a d’autres où rien n’est innocent. Je suis actuellement dans le cas d’éprouver les rigueurs les plus injustes sur les sujets les plus frivoles. Peut-être dans deux mois d’ici je pourrai faire imprimer l’Alcoran. Je voudrais que toutes les criailleries, d’autant plus aigres qu’elles sont injustes, sur le Temple du Goût fussent un peu calmées avant que les Lettres anglaises parussent. Donnez-moi le temps de me guérir pour me rebattre contre le public. A la bonne heure qu’elles soient imprimées en anglais ; il n’en viendra pas d’exemplaire à Paris, et nous aurons le temps de recueillir les sentiments du public anglais avant d’avoir fait paraitre l’ouvrage en français. En ce cas nous aurons le temps de faire des cartons, s’il est besoin pour le bien de l’ouvrage. Surtout, mon cher Thiriot, ne manquez pas de  mettre expressément dans la préface que ces lettres  vous ont  été écrites pour la plupart en 1728. Vous ne direz que la vérité. La plupart furent en effet écrites vers ce temps là dans la maison de notre cher et vertueux ami Fakener. Vous pourrez ajouter que le manuscrit ayant couru, et ayant été traduit, ayant même été imprimé en anglais et étant près de l’être en français, vous avez été indispensablement obligé de faire imprimer l’original dont on avait déjà la copie anglaise.

 

 

Si cela ne me disculpe pas auprès de ceux qui veulent me faire du mal, j’en serai quitte pour prévenir leur injustice et leur mauvaise volonté par un exil volontaire, et je bénirai le jour qui me rapprochera de vous. Plût au ciel que je puisse vivre avec mon cher Thiriot dans un pays libre.

 

 

           Ma santé seule m’a retenu jusqu’ici à Paris. Je vais faire transcrire pour vous, l’opéra, Eriphyle, Adélaïde ; je vous enverrai aussi une épître sur la calomnie adressée à Mme du Châtelet. A propos d’épître, dites à M. Pope que je l’ai très bien reconnu in his Essay on man. T’is certainly his style. Now and there it is some obscurity, but the whole is charming. Si vous voyez M. Jordan, assurez-le de mon estime. Je crois que vous verrez dans quelques mois le marquis de Maffei qui est le Varron et le Sophocle de Vérone. Vous serez bien content de son esprit et de la simplicité de ses mœurs. J’attends de vos nouvelles. Dites, je vous prie à M. Jordan que je lui ai hasardé une lettre mais que je ne sais pas son adresse.

 

 

           Voltaire

           24 juillet 1733 à Paris. »

 

 

 

 

 

 

 

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Je sais, ça n'a pas grand chose à voir avec ce qui précède, quoique "plut au ciel que je puisse vivre dans un pays libre" ne soit pas étranger à mon choix en plus du fait que cet air là me trotte dans la tête, allez savoir pourquoi ...

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24/07/2009 | Lien permanent

il ne me reste plus que le sentiment; mais ce n'est pas assez, il faudrait l'exprimer

 

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« A M. Jacques Abram Elie Daniel Clavel de Brenles 1.

Aux Délices, le 14 octobre [1755]

Je profite d'un petit moment de santé, ou plutôt de relâchement de mes maux, pour présenter mes tendres respects à M. et à Mme de Brenles. La maladie de M. de Giez m'a empêché, il y a un mois, d'aller à Monrion, et la mienne maintenant me retient auprès de Genève. Je vois bien que nous retournerons à peu près dans le même temps à Lausanne: ce sera là que je remercierai Mme de Brenles. Ses vers 2 sont le prix le plus flatteur de l'Orphelin de la Chine. Je suis actuellement dans l'incapacité de répondre, même en prose il ne me reste plus que le sentiment; mais ce n'est pas assez, il faudrait l'exprimer, et ce n'est pas une besogne de malade.
M. Dupont devait venir à Monrion cet automne voilà les choses furieusement dérangées. On n'éprouve dans la vie que des contradictions, bien heureux encore quand on s'en tient là. J'ai à soutenir tous les maux du corps et de l'âme; l'espérance de revoir M. et Mme de Brenles me soutient. Nous leur renouvelons, Mme Denis et moi, les plus sincères amitiés.
Adieu, couple respectable et aimable, jusqu'au moment où Monrion nous rassemblera.

 

V. »

 

 

2 Mme de Brenles composait des poésies fugitives assez agréables; elle traduisit même le Caton d'Addison, en faisant usage des rimes croisées, à l'exemple de Voltaire dans Tancrède. Mme de Brenles, Étiennette Chavannes, devint veuve
vers le commencement de novembre 1771, et mourut en 1775. L'un de ses frères est nommé dans la lettre de Voltaire au pasteur Bertrand, du 30 janvier 1759. (CL. ) : voir page 209 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f214.image.r=.langFR

 

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08/04/2012 | Lien permanent

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