Rechercher : richelieu 26 mai 1755
tâchez de venir nous voir avec des tétons rebondis et un gros cul
... No comment !
« A MADAME DE FONTAINE
A PARIS.
A Monrion, 8 janvier [1756]
J'envoie, ma chère nièce, la consultation de votre procès avec la nature au grand-juge Tronchin 1 je le prierai d'envoyer sa décision par la poste en droiture, afin qu'elle vous arrive plus vite. Vous me paraissez à peu près dans le même cas que moi faiblesse et sécheresse, voilà nos deux principes. Cependant, malgré ces deux ennemis, je n'ai pas laissé de passer soixante ans et madame Ledosseur vient de mourir, avant quarante, d'une maladie toute contraire. Mlles Bessières 2 avaient une vieille tante qui n'allait jamais à la garde-robe elle faisait seulement, tous les quinze jours, une crotte de chat que sa femme de chambre recevait dans sa main, et qu'elle portait dans la cheminée; elle
mangeait, dans une semaine, deux ou trois biscuits, et vivait à peu près comme un perroquet; elle était sèche comme le bois d'un vieux violon, et vécut dans cet état près de quatre-vingts ans, sans presque souffrir.
Au reste, je présume que M. Tronchin vous prescrira à peu près le même remède qu'à moi et, comme vous avez l'esprit plus tranquille que le mien, peut-être ce remède vous réussira mais ce ne sera qu'à la longue 3. Le père putatif du maréchal de Richelieu 4, qui était le plus sec et le plus constipé des ducs et pairs, s'avisa de prendre du lait à la casse, cela avait l'air du bouillon de Proserpine , il s'en trouva très-bien. Il mangeait du rôti à dîner, il prenait son lait à la casse à souper, et vécut ainsi jusqu'à quatre-vingt-quatre ans. Je vous en souhaite autant, ma chère nièce. Amusez-vous toujours à peindre de beaux corps tout nus, en attendant que le docteur Tronchin rétablisse et engraisse le vôtre.
Adieu, ma chère nièce; tâchez de venir nous voir avec des tétons rebondis et un gros cul. Je vous embrasse tendrement, tout maigre que je suis. J'écris à Montigny 5sur la mort de Mme Ledosseur. Sa perte m'afflige, et fait voir qu'on meurt jeune avec de gros tétons. La vie n'est qu'un songe nous voudrions bien, votre sœur et moi, rêver avec vous. »
2 La lettre du 15 octobre 1726 est adressée à l'une de ces demoiselles, depuis sa résidence d'exil en Angleterre . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1725-26---partie-15-73258701.html
3 Cinq mois plus tard, Mme Marie-Thérèse de Fontaine alla aux Délices, où Tronchin la ressuscita bientôt.
4 Le maréchal de Richelieu, selon la règle générale, était fils de son père; mais il parait que ce père n'était pas Armand-Jean Vignerod, mort en mai 1715. Cette particularité était bien connue du maréchal lui-même; et les lettres que Voltaire lui adressa le 10 octobre et le 3 décembre 1769 ne laissent aucun doute sur ce point. (CL.)
04/05/2012 | Lien permanent
la rage de ceux qui gagnent leur pain à écrire
... peut être pardonnée, parfois .
Mais il en est d'autres, comme cet ahuri de BHL qui du haut de ses millions (d'euros, pas d'admirateurs, vous m'avez compris ) n'a pas même l'excuse de la nécessité d'assurer sa pitance quotidienne pour vitupérer contre tout être qui ose dire et mettre en relief les folies israeliennes .
"La première mort de Günter Grass", "ce gros poisson des lettres,[NDLR : prix Nobel de littérature, excusez du peu !], ce turbot congelé par soixante ans de pose et de mensonge, achève de se décomposer ..." , voilà ce qu'on trouve dans le Bloc Notes de BHL du Point du 12 avril, car Günter Grass s'est permis le crime de lèse-majesté de dire qu'Israël est une menace sérieuse pour la paix dans le monde ; ce en quoi , je trouve que M. Grass ne fait que redécouvrir l'eau chaude , écrire une évidence .
BHL se garde bien de jouer les entremetteur et médiateur dans le conflit israelo-palestinien, sa pantalonnade de salonnard en Lybie serait mal reçue par "une démocratie : l'Etat d'Israël" .
Monsieur le donneur de leçons, le verbeux soi-disant philosophe, vous voulez la paix partout, (sauf en Palestine-Israël) , mais combien d'années de guerre vous satisferont-elles avant de reconnaître la pure soif de pouvoir du gouvernement israëlien ? Vous êtes tellement borné et de mauvaise foi ( y compris votre foi religieuse ) que vous crèverez aussi bête qu'à votre première ligne .
Que n'allez-vous vivre dans ce "tout petit pays, l'un des plus petits du monde, l'un des plus vulnérables aussi" ?
Tellement vulnérable !
Va donc , eh! Calimero !!
Paroles de Corneille !!
« A M. le marquis de THIBOUVILLE.
1er novembre [1755]. 1
Mme Denis vient de me communiquer votre lettre, mon cher marquis je suis plus affligé et plus indigné que vous. Je n'ignore pas absolument qui sont les misérables dont la fureur a mêlé le nom de mes amis et des hommes les plus respectables dans je ne sais quelle plaisanterie qu'on a fait revivre si cruellement depuis quelques années. On m'en a envoyé des fragments où j'ai trouvé M. le maréchal de Richelieu traité de maquereau; M. d'Argental, de protecteur des mauvais poètes. Le succès de l'Orphelin de la Chine a ranimé la rage de ceux qui gagnent leur pain à écrire. Ils ont été fourrer Calvin dans cet ancien ouvrage dont il est question, parce que je suis dans un pays calviniste 2. Enfin ils ont poussé leur imbécile insolence jusqu'à oser profaner le nom du roi 3. Voyez, s'il vous plaît, les beaux vers dans lesquels ils ont exprimé ce panégyrique
Lui, des Bourbons trompant la destinée,
A la gard' Dieu laisse aller son armée, etc.
Je n'ose poursuivre, tant le reste est exécrable. J'ai vu, dans un de ces malheureux exemplaires, saint Louis en enfer 4. Il y a sept ou huit petits grimauds qui brochent continuellement des chants de ce prétendu poème. Ils les vendent six francs le chant, c'est un prix fait, il y en a déjà vingt-deux, et ils mettent mon nom hardiment à la tête de l'ouvrage. Je n'ai pas manqué d'avertir M. le maréchal de Richelieu. On m'avait écrit que vous étiez fourré dans cette rapsodie 5, avec M. d'Argental mais je n'avais point vu ce qui pouvait vous regarder, c'est une abomination qu'il faut oublier, elle me ferait mourir de douleur. Adieu, Mme Denis est aussi affligée que moi. Oublions les horreurs de la société humaine. Amusez-vous dans de jolis ouvrages conformes à la douceur de vos mœurs et aux grâces de votre esprit. Nous attendons votre roman avec impatience cela sera plus agréable que l'histoire de tout ce qui se fait aujourd'hui. Vous devriez venir prendre du lait ici, pour punir les scélérats qui abusent de votre nom et du mien d'une manière si misérable.
Pardonnez à un pauvre malade obligé de dicter, et qui a dicté cette lettre très-douloureusement. »
1 Voir aussi lettre du 21 mai au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/01/17/ma-pauvre-pucelle-devient-une-p-infame-a-qui-on-fait-dire-de.html
2 Variantes des chants V et XX : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
et : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
3 Variantes des chants XII et XIV : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
et : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
4 Variantes du chant V : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
5 Variantes du chant XXI : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
14/04/2012 | Lien permanent
Je leur réponds à tous , et vous croyez bien que ce n’est pas pour leur dire des choses qui leur déplaisent
...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
2è novembre 1764
Les neiges sont sur nos montagnes, et me voilà redevenu aveugle ; Dieu soit béni !
Mon divin ange me parle de Mlle Doligny 1 et de Mlle de Luzy 2 ; je le supplie de mander quels rôles il faut donner à l’une et à l’autre : j’exécuterai vos ordres sur-le-champ. En attendant, elles peuvent apprendre ceux que vous leur destinez.
M. le maréchal de Richelieu aura peut-être oublié qu’il m’a écrit que je pouvais disposer de tous ces rôles ; mais heureusement j’ai sa lettre, ainsi que des preuves convaincantes que le Testament politique n’est point du cardinal de Richelieu. Je brave M. le maréchal, et madame la duchesse d’Aiguillon, et M. de Foncemagne 3, et le dépôt des Affaires étrangères. Je leur réponds à tous 4, et vous croyez bien que ce n’est pas pour leur dire des choses qui leur déplaisent. Ma réponse est bien respectueuse, bien flatteuse, mais, à mon gré, bien curieuse. J’espère qu’elle vous amusera, et que M. le duc de Praslin n’en sera pas mécontent. J’y dis un petit mot sur les livres qu’on impute à de pauvres innocents 5.
Au reste, mon cher ange, je n’ai point prétendu que M. le duc de Praslin débutât, dans une séance du Conseil Le Portatif n’est pas de V. ; mais il est indubitable, il est démontré, que le Portatif est de plusieurs mains ; et si vous en doutez, je vous enverrai l’original de Messie avec la lettre de l’auteur, tous deux de la même écriture. Alors, étant convaincu de la vérité, vous la ferez mieux valoir et M le duc de Praslin, convaincu par ses yeux, serait plus en droit de dire dans l’occasion : V. n’a point fait le Portatif ; il est de plusieurs mains.
Je sais qu’on fait actuellement une très belle édition de ce Portatif en Hollande, revue, corrigée, et terriblement augmentée. C’est un ouvrage très édifiant, et qui sera fort utile aux âmes bien nées.
Au reste, que peut-on dire à V. quand V. n’a donné cet ouvrage à personne, et quand il a crié le premier au voleur, comme Arlequin dévaliseur de maisons ? V. est intact, V. s’enveloppe dans son innocence 6. V. reprendra les Roués en considération, quand il pourra avoir au moins la moitié d’un œil. V. remercie tendrement son ange pour notre gendre , lequel est assigné à comparoir au Grand-Conseil, et à plaider contre les religieux corsaires de Malte. Nous sommes très disposés à en passer par ce que M. l’ambassadeur de Malte voudra. Je suis persuadé que l’ordre dépenserait beaucoup d’argent à cette affaire, et y gagnerait très peu de chose. V. remercie surtout pour la grande affaire des dîmes, dans laquelle heureusement son nom ne sera point prononcé , ce nom fait un assez mauvais effet quand il s’agit de la sainte Église.
Sub umbra alarum tuarum. »
1 Louise-Adélaïde de Berthon de Maisonneuve, appelée Louise Doligny a fait ses débuts à la Comédie-Française le 3 mai 1763, et est sociétaire depuis le10 avril 1764. Voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/mlle-doligny#
2 Dorothée Luzy a fait ses débuts le 26 mai 1763 et est aussi reçue le 10 avril 1764 . Voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/mlle-luzy#
3 Foncemagne, éditeur de l'ouvrage est soutenu dans son entreprise par Anne-Charlotte de Crussol-Florensac, duchesse d'Aiguillon : voir la lettre qu'il lui adresse à ce propos en 1761 ; l'ouvrage fut publié sous le titre Maximes d’État ou Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal de Richelieu, 1764, et comporte un essai de Foncemagne sur l’authenticité du document. Voir : https://books.google.fr/books?id=8hnWqJsGDJIC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52507326d/f9.image
4 Sous le titre Doutes nouveaux sur le testament attribué au cardinal de Richelieu, daté Genève 1765, paru en novembre 1764 . Voir : https://books.google.fr/books?id=8jAHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
5 Vers la fin des Doutes nouveaux …, page 64, V* écrit : « Jamais on ne parla à Louis XIII du Testament politique attribué au cardinal de Richelieu, et on parle quelquefois à Louis XV et à sa cour d'écrits qu'on m'attribue, et auxquels je n'ai pas la moindre part . ».
6 Odes, III, xxiv, 54-55, d'Horace .
22/12/2019 | Lien permanent
Il est poltron comme un lézard. Il est difficile à présent de le mettre en prison
... Mais Vladimir Poutine, dégonflé qui se retranche bien à l'abri, tu ne finiras pas doucettement ta détestable vie dans une de tes datchas, attends-toi à une chasse sans fin . Tu es passé maître dans le rôle de capo mafioso, assassin par procuration, ton tour viendra d'être du coté de la gueule du canon , toi et tes soutiens .
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
A Ferney 22è janvier 1768
En réfutation, monseigneur, de la lettre dont vous m'honorez, du 15 de janvier, voici comme j'argumente. Quiconque vous a dit que j'avais soupçonné ce Gallien d'être le fils du plus aimable grand seigneur de l'Europe est un enfant de Satan. Il se peut que ce malheureux l'ait fait entendre à Genève, pour se donner du crédit dans le monde et auprès des marchands; mais, comme j'ai eu chez moi deux de ses frères, dont l'un est soldat, et dont l'autre a été mousse, il est bien impossible qu'il me soit venu dans la tête qu'un pareil polisson fût d'un sang respectable. C'est encore une autre calomnie de dire que Mme Denis et moi nous ayons mangé avec lui. Mme Denis vous demande justice. Il n'a jamais eu à Ferney d'autre table que celle du maître d'hôtel et des copistes, comme vous me l'aviez ordonné. On lui fournissait abondamment tout ce qu'il demandait; mais on ne lui laissait prendre aucun essor dans la maison, et on se conformait en tout aux règles que vous aviez prescrites. Ses fréquentes absences, qu'on lui reprochait, ne pouvaient être prévenues. On ne pouvait mettre un garde à la porte de sa chambre.
Dès que je sus qu'il prenait à crédit chez les marchands de Genève, je fis écrire des lettres circulaires par lesquelles on les avertissait de ne rien fournir que sur mes billets.
Dès que M. Hennin, résident à Genève, en eut fait son secrétaire, il le fit manger à sa table, selon son usage, usage qui n'est point établi chez moi. Alors Gallien vint en visite à Ferney, il mangea avec la compagnie; mais ni Mme Denis ni moi ne nous mîmes à table, nous mangeâmes dans ma chambre . Voilà l'exacte vérité.
C'est principalement chez M. Hennin qu'il a acheté des montres ornées de carats 1, et des bijoux. Le marchand dont je vous ai envoyé le mémoire ne lui a fourni que le nécessaire. Ne craignez point d'ailleurs qu'il soit jamais voleur de grand chemin. Il n'aura jamais le courage d'entreprendre ce métier, qu'il trouve si noble. Il est poltron comme un lézard. Il est difficile à présent de le mettre en prison. Il partit de Genève le lendemain que le résident l'eut chassé, et dit qu'il allait à Berne ordonner aux troupes de venir investir la ville. Le fond de son caractère est la folie. En voilà trop sur ce malheureux objet de vos bontés et de ma patience. Je dois, à votre exemple, l'oublier pour jamais.
J'ai pris la liberté de vous consulter sur les calomnies d'un autre misérable 2 de cette espèce, qui, dans ses mémoires, a insulté indignement les noms de Guise et de Richelieu en plus d'un endroit. Le monde fourmille de ces polissons qui, nés pour être domestiques, s'érigent en juges des rois et des généraux d'armée, dès qu'ils savent lire et écrire.
Les deux partis de Genève prennent des mesures d'accommodement toutes différentes de l'arrêt des médiateurs. Ce n'était pas la peine de faire venir un ambassadeur de France chez eux, et d'importuner le roi une année entière. Voilà bien du bruit pour peu de chose, mais cela n'est pas rare.
Agréez, monseigneur, mon tendre et profond respect.
V. »
1 De petits diamants d'un carat .
2 La Beaumelle, l'un des nombreux « misérables » ennemis de V* . Voir lettre du 18 janvier 1768 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/26/je-compte-pour-rien-ceux-qui-n-ont-fait-que-vivre-et-vieillir-et-dont-l-his.html
28/08/2023 | Lien permanent
Je fuis les hommes, et je m'en trouve bien; j'aime mes amis, et je m'en trouve encore mieux
« A M. THIERIOT.
Le 23 août [1755]
Mon ancien ami, amusez-vous tant que vous pourrez avec une Pucelle; cela est beau à votre âge. Il y a trente ans que je fis cette folie. Je vous ai envoyé la copie que j'avais depuis dix ans. Je ne puis songer à tout cela que pour en rougir. Dites aux gens qui sont assez bons pour éplucher cet ouvrage qu'ils commencent par critiquer sérieusement frère Jean des Entommeures et Gargantua.
Quant à mes cinq magots de la Chine, je les crois très-mal placés sur le théâtre de Paris, et je n'en attends pas plus de succès que je n'attends de reconnaissance des comédiens 1, à qui j'ai fait présent de la pièce. Il y a longtemps que j'ai affaire à l'ingratitude et à l'envie. Je fuis les hommes, et je m'en trouve bien; j'aime mes amis, et je m'en trouve encore mieux. Je voudrais vous revoir avant d'aller voir Pascal et Rameau 2, e tutti quanti, dans l'autre monde.
Puisque vous voyez M. d'Argenson le philosophe 3, présentez- lui, je vous prie, mes respects. »
1 Il parait, d'après la lettre de Voltaire à d'Argental du 26 février 1756, que les comédiens, à cette époque, n'avaient pas encore remercié l'auteur de l'Orphelin de la Chine, représenté le 20 août 1755 avec le plus brillant succès.
18/03/2012 | Lien permanent
J'ai perdu le temps de mon existence à composer un énorme fatras dont la moitié n'aurait jamais dû voir le jour
... Je serais bien heureux si seulement la moitié [de mon existence] n'offrait guère d'intérêt , et pour moi , et pour le reste de l'humanité . Passons ...
Rêvons ...
http://www.ina.fr/art-et-culture/cinema/video/I06349880/jacques-prevert-fatras.fr.html
Et puis, réveillons-nous ! Plus sérieux, dédié par moi-même à tout xénophobe français : Etranges étrangers : http://www.dailymotion.com/video/x8naq5_jacques-prevert-etranges-etrangers_news#.UPg3emdZnbo
« A M. Charles PALISSOT de MONTENOY.
rue Neuve-saint-Augustin
vis-à-vis l'hôtel Richelieu à Paris
Au Chêne, à Lausanne, 27 octobre [1757].
La mort de ce pauvre petit Patu 1 me touche bien sensiblement, monsieur. Son goût pour les arts et la candeur de ses mœurs me l'avaient rendu très-cher. Je ne vois point mourir de jeune homme sans accuser la nature; mais, jeunes ou vieux, nous n'avons presque qu'un moment et ce moment si court, à quoi est-il employé? J'ai perdu le temps de mon existence à composer un énorme fatras dont la moitié n'aurait jamais dû voir le jour. Si, dans l'autre moitié, il y a quelque chose qui vous amuse
c'est au moins une consolation pour moi. Mais, croyez-moi, tout cela est bien vain, bien inutile pour le bonheur. Ma santé n'est pas trop bonne vous vous en apercevrez à la tristesse de mes réflexions. Cependant je m'occupe avec Mme Denis à embellir mes retraites auprès de Genève et de Lausanne. Si jamais vous faites un nouveau voyage vers le Rhône, vous savez que sa source est sous mes fenêtres. Je serais charmé de vous voir encore, et de philosopher avec vous. Conservez votre souvenir au Suisse
V. »
1 Voir lettre du 26 octobre 1757 à Jacob Vernes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/17/je-suis-toujours-etonne-de-vivre-quand-je-vois-des-jeunes-ge.html
17/01/2013 | Lien permanent
il ne dit pas un mot de tout ce qui était indispensable, et il dit des sottises énormes
... Jean-Luc [Mélenchon, bien sûr], tu es ridicule à force d'être bêtement vindicatif, et comme la grenouille de la fable, trop enflé tu crèveras . Tes colères sont creuses et ne sont évidemment pas un programme de gouvernement et de progrès . Jamais tu ne seras calife à la place du calife bien que tu fasses de la lèche aux électeurs musulmans . Ferme-la ! on a besoin de paix .
https://www.lunion.fr/id528923/article/2023-10-10/lactu-v...
« Au chevalier Pierre de Taulès
A Ferney 5 mars 1768 1
Les trois quarts de la nouvelle édition du Siècle de Louis XlV sont imprimés, monsieur; et à moins que vous n'ayez quelques anecdotes sur le jansénisme, il ne m'est plus possible de vous en demander sur les affaires politiques. Je sais bien qu'il y a eu quelque politique dans les querelles des jansénistes et des molinistes mais en vérité elle est trop méprisable et c'est rendre service au genre humain que de donner à ces dangereuses fadaises le ridicule qu'elles méritent.
Quant au testament attribué au cardinal de Richelieu, vous pouvez, je crois, m'instruire avec liberté de tout ce que vous en savez, et en demander la permission à M. le duc de Choiseul, en lui montrant ma lettre. Mme la duchesse d'Aiguillon a fait chercher au dépôt des Affaires étrangères tout ce qu'elle a cru favorable à son opinion. Si vous avez quelques lumières nouvelles, je me rétracterai publiquement, et je dirai que le cardinal de Richelieu a fait en politique un ouvrage aussi ridicule et aussi mauvais en tout point qu'il en a fait en théologie. Mais jusque-là je croirai qu'il est aussi faux que ce ministre en soit l'auteur, qu'il est faux que celui qui ôte un moucheron de son verre puisse avaler un chameau 2.
La narration succincte, très mal composée par l'abbé de Bouzeis sous les yeux du cardinal de Richelieu 3, n'a rien de commun avec le testament. Elle démontre au contraire que le testament est supposé . Car, puisque cette narration récapitule assez mal ce qu'on avait fait sous le ministère du cardinal, le testament devait dire bien ou mal ce que Louis XIII devait faire quand il serait débarrassé de son ministre . Il devait parler de l'éducation du dauphin, des négociations avec la Suède, avec le duc de Weimar et les autres princes allemands, contre la maison d'Autriche; comment on pouvait soutenir la guerre et parvenir à une paix avantageuse; quelles précautions il fallait prendre avec les huguenots, quelle forme de régence il était convenable d'établir en cas que Louis XIII succombât à ses longues maladies, etc.
Voilà les instructions qu'un ministre aurait données, si en effet parmi ses vanités il avait eu celle de parler après sa mort à son maître . Mais il ne dit pas un mot de tout ce qui était indispensable, et il dit des sottises énormes, dignes du chevalier de Mouhi et de l'ex-capucin Maubert 4, sur des choses très inutiles.
Si vous voyez M. le chevalier de Beauteville 5, je vous supplie, monsieur, de vouloir bien lui présenter mon respect.
Aimez un peu, je vous en prie, un homme qui ne vous oubliera jamais. »
1Minute incomplète de la première phrase et des deux derniers paragraphes, avec mention de V* : « A M. le ch[evalier] de Taulès, 4 mars 1768 ». ; édition Supplément au recueil , également incomplète ;i a été suivie.
2Évangile de Matthieu, XXIII, 24 : https://www.aelf.org/bible/Mt/23
3 Voir, sur ce prétendu testament de Richelieu https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2004_num_162_2_463456
4 Sur Maubert de Gouvest, voir lettre du 24 octobre 1755 à Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/09/on-dit-il-est-mort-et-puis-serre-la-file-et-on-est-oublie-po.html et https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/562-jean-maubert-de-gouvest
5 Beauteville est alors à Paris avec Taulès.
24/10/2023 | Lien permanent
C'est à vous à juger de ses talents et à les encourager
... Parlons sport pour une fois, bien que non fan du tennis (et toutefois nettement plus amateur que du foot ), voyons un jeune prometteur Stefanos Tsitsipras
« A Henri-Louis Lekain
Mon cher grand acteur, je vous adresse un jeune homme, qui par les lettres que j'ai reçues de lui me paraît avoir beaucoup de mérite . C'est à vous à juger de ses talents et à les encourager . Pour peu qu'il ait de succès on le recommandera à M. le maréchal de Richelieu . Je vous embrasse de tout mon cœur .
V.
26è septembre 1764 à Ferney . »
16/11/2019 | Lien permanent
ceux qui ont tâté des affaires de ce monde : ils font semblant de s’intéresser fort à l’autre ; mais, dans le fond, ils
... D'où le taux d'abstention ! Ne cherchons pas plus loin . Deuxième épisode dimanche : manche éliminatoire, l'écrémage du week end passé a déjà donné une tendance , le lait a tourné, quels seront les rats qui vont élire domicile dans le fromage ?
Votez pour moi !
« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian
À Ferney, 12 mars 1766
Quatre personnes, monsieur, se sont empressées de m’envoyer la réponse du roi au Parlement. Je vous dirai ce que je leur ai mandé : c’est que le roi est le meilleur écrivain de son royaume ; que je n’ai rien vu de plus noblement pensé ni de plus noblement écrit, et que s’il n’était pas protecteur de l’Académie, je lui donnerais ma voix pour être l’un des Quarante.
Vous ne me dites point quand vous allez à la campagne ; vous ne me parlez point de la tonsure sacerdotale de votre ami qui veut apparemment passer du Conseil au collège des cardinaux. Il n’y a pas d’apparence qu’il ne prétende qu’à être canonisé ; c’est une envie qui ne prend guère à ceux qui ont tâté des affaires de ce monde : ils font semblant de s’intéresser fort à l’autre ; mais, dans le fond, ils se moquent de nous, et on le leur rend bien.
Il me paraît qu’il y a un peu de différence entre Esculape Tronchin et Harpagon Astruc ; mais ce qui me fâche le plus, c’est qu’un homme d’esprit tel que votre ami, dont vous me parlez, soit devenu un énergumène. Cela me prouve évidemment qu’il est trop loin d’avoir l’esprit juste ; et je crois qu’il a très-mal calculé quand il calculait, comme il raisonne aujourd’hui très-mal. Vous savez sans doute que le livre de la prédication1, ou contre la prédication, est de l’abbé Coyer. Toute la partie du livre où il se moque des sermonneurs est fort bonne, et la partie où il veut établir des censeurs lui en attirera.
Vous allez donc à la Pentecôte à Hornoy. Il est bon que vous sachiez ce que c’est que la Pentecôte, suivant saint Augustin, dans son sermon 125 : « Quarante jours figurent évidemment la vie présente ; dix jours la vie éternelle. Dix et quarante font cinquante, ce qui fait l’accomplissement de la loi. 2» Je ne doute pas que de pareilles prédications, qui sont en très-grand nombre dans Augustin, n’augmentent beaucoup la dévotion de votre ami.
Embrassez pour moi ma nièce, qui doit bien plaindre ce pauvre homme. »
1 Voir lettre du 5 mars 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/06/17/il-fallait-commencer-par-dire-qu-adam-avait-preche-eve-et-qu-6322318.html
2 Les Sermons de saint Augustin sur le Nouveau Testament, traduits en français [...] par M. Dubois [Philippe Dubois-Goibaud], 1700 , III, 133 (sermon CXXV, le numéro est différent dans les autres éditions) .Voir : https://data.bnf.fr/fr/12158778/philippe_goibaud-dubois/
25/06/2021 | Lien permanent
c'est la maladie qui fait la vieillesse et qui détruit les talents mais rien ne détruit mon goût pour les talents des au
J'aime beaucoup cette photo consensuellement/politiquement incorrecte :
Je la dédie à tous les fumeurs, et fumeuses (n'est-ce pas Mam'zelle Wagnière ) non repentis, à qui je souhaite de tout coeur d'échapper à toute maladie liée à l'herbe à Nicot, comme le fit un brave homme que je connais, mort dans sa centième année, fumeur invétéré .
Et merde aux censeurs qui ont supprimé la pipe de Jacques Tati, la cibiche de Sartre, le mégot de Lucky Lucke !
Volti, non fumeur, n'a jamais jété l'anathème sur les producteurs de fumée bleue . Il prisa, par mode , sans doute , dans sa prime jeunesse .
« A Henri-Louis LEKAIN i
A Prangins, 27 février [1755]
Mon cher Orosmane,ii venez à Dijon, où l'on vous admire, et de là dans une maison où l'on vous chérit. Si vous voulez que j'écrive à M. le maréchal de Richelieu pour vous faire obtenir un congé iii, je hasarderai ma faible recommandation, et Mme Denis y ajoutera la sienne, qui n'est pas faible.
J'aimerai jusqu'au dernier moment le spectacle de Paris qui fait le plus d'honneur à la nation; mais je vous aimerai encore davantage. Faites mes compliments, je vous en prie, à tous vos camarades. J'ai lu le Triumvirat; j'y ai trouvé de belles choses iv. Ce n'est point M. de Crébillon qui a quatre-vingts ans, c'est moi: car c'est la maladie qui fait la vieillesse et qui détruit les talents mais rien ne détruit mon goût pour les talents des autres, et surtout pour ceux que vous possédez. Adieu je vous embrasse de tout mon cœur, je vous embrasse tendrement.
P. S. Pour moi, qui me porte bien, monsieur, je trouve le Triumvirat détestable; mais je meurs d'envie de vous voir, aussi bien que mon oncle. Je suis fort flattée de votre souvenir. Venez voir le malade et sa garde; vous serez reçu avec le plus grand plaisir du monde, et mon oncle n'aura peut-être pas le cœur assez dur pour vous laisser partir les mains vides. On a beau essayer de persuader au public que mon oncle avait fait le Triumvirat, celui de Crébillon n'en a pas paru meilleur. Quelle folie de répandre de pareils bruits .
Adieu, monsieur; allez à Dijon vous faire admirer, et venez nous voir nous aimons autant votre personne que vos talents.
DENIS. »
i Lekain : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lekain
ii Un des personnages principaux de Zaïre : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-zaire-partie-1-79291504.html
iii Le maréchal de Richelieu, premier gentilhomme de la Chambre du roi, avait aussi la responsabilité des spectacles donnés par les Comédiens français, dont Lekain, qui pour jouer indépendamment, devait obtenir un congé ; ce sera fait pour les congés de Pâques de la Comédie Française .
iv Comparer avec son avis, peu chaleureux, de la lettre du 6 octobre 1754 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/05/on-irait-s-imaginer-que-les-dames-qui-se-tuent-a-six-mille-l.html
et du 6 février 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/06/cette-pucelle-pour-qui-on-m-a-tant-fait-trembler.html
Mme Denis est plus franche dans son expression .
Douce chaîne de la vie .
En écho à cette belle photo sur : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance---annee-1741---partie-10-90652809.html
07/12/2011 | Lien permanent