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18/11/2010

un auteur est peu propre à corriger les feuilles de son propre ouvrage. Il lit toujours comme il a écrit, et non comme il est imprimé.

Tout à fait en accord avec l'esprit voltairien !

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« A Georg Conrad Walther i

 

[à Potsdam ce 18 novembre 1752]

 

J'ai oublié, mon cher Walther, de vous prier dans ma dernière lettre d'envoyer sur le champ un exemplaire de l'édition en sept volumes avec un exemplaire de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV à M. Roques, conseiller ecclésiastique du landgrave de Hesse Hombourg, à Fridericsdorf dans le pays de Hesse Hombourg par Francfort-sur-le-Mein. Il connait le libraire qui contrefait votre édition du Siècle à la faveur de quelques notes que La Beaumelle y ajoute ii et il peut vous servir. Il travaille au journal de Francfort. Il connait tous les tours de ce La Beaumelle qui a été obligé de quitter successivement Copenhague, Berlin, Leipzik et Gotha et qui ne vit à présent à Francfort que du produit de sa plume.

 

Je vous donne tous les éclaircissements que je peux, et vous recommande toujours de vous hâter. Quand vous ne m'enverriez à présent qu'un seul exemplaire relié pour le roi de Prusse, vous me feriez un plaisir sensible. Les autres manuscrits ne pourront être prêts que dans le mois de janvier. Adieu, je vous embrasse.

 

V.

 

Mandez-moi le nom de l'imprimeur du journal de Francfort, c'est celui qui contrefait votre édition.

Je viens de faire relire l'édition en sept volumes par un correcteur habile. On y a trouvé deux cent quatre fautes de plus que celles que j'y avais remarquées : un auteur est peu propre à corriger les feuilles de son propre ouvrage. Il lit toujours comme il a écrit, et non comme il est imprimé. Je vous félicite d'avoir un correcteur habile à présent. C'est un meuble indispensable. Les fautes innombrables dont cette édition en sept volumes fourmille sont pour la plupart si ridicules, et altèrent le sens si étrangement qu'il est impossible qu'elle ne soit décriée. Ne manquez pas au moins d'en envoyer des exemplaires à ceux des auteurs des journaux qui pourraient la décrier et vous faire tort.

 

Croyez-moi, vendez-la vite et à bon marché, il n'y a là rien à gagner. Je vous plains beaucoup mais aussi pourquoi ne m'avoir pas envoyé les feuilles à corriger ? Je les aurais fait revoir par M. de Francheville, père de mon secrétaire, et encore par son fils.

 

Francheville le père a fait un poème sur les vers à soie. Je ne sais si on cultive les mûriers chez vous, si on aime en Allemagne les vers à soie et les vers. Francheville voudrait avoir une douzaine d'écus de son poème, et des exemplaires reliés pour en faire des présents.

 

Réponse sur tous ces articles.

 

Envoyez-moi, je vous prie, par le chariot de poste les Lettres iii de Maupertuis. Je vous serai très obligé. Joignez aussi, je vous prie, la Physique de Mushembroek. Je vous rendrai bientôt tous vos livres.

 

Je ne sais si vous avez fait mettre quelque avertissement dans les gazettes.

En cas que vous ne l'ayez pas fait, en voici un qu'il est très important que vous fassiez insérer :

 

...avertit qu'il débite avec privilège la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, la seule que l'auteur reconnaisse. Les fautes sans nombre des premières éditions y sont exactement corrigées. L'ouvrage augmenté d'un tiers contient des anecdotes tirées des manuscrits du marquis de Torcy, deux écrits dont l'original est de la main de Louis XIV, et beaucoup d'articles curieux sur les arts, les lettres, l'État et l'Église.

 

Il faut absolument envoyer cela à Cologne, à Utrecht, à Amsterdam, et me mander à quels gazetiers et à quels journalistes vous enverrez de ma part un exemplaire. Informez vous de leurs noms. Il faut prendre toutes les précautions possibles pour que l'édition de Francfort ne fasse pas tomber la vôtre. Je travaille de mon côté, mais surtout je vous recommande M. Roques. »

 

i http://c18.net/vo/vo_textes_siecle.php?div1=45

Voir pages 300-303 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rd...

ii Nouvelle édition augmentée d'un très grand nombre de remarques par M. de B***, 1753.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72769s.image.f4...

Le texte était celui de l'ancienne édition, celle de Berlin. V* rejettera la responsabilité sur Maupertuis qu'il accusera de s'être servi de La Beaumelle, de l'avoir excité contre lui en disant qu'il avait « averti ( le roi) à souper de la manière dont La Beaumelle avait parlé de sa cour ... dans son livre intitulé Le qu'en dira-t-on » ;

Laurent Angliviel de La Beaumelle : http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Angliviel_de_La_Beau...

http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=...

cf. lettres à Roques du 3 février et du 4 avril 1753 notemment.

http://www.voltaire-integral.com/Html/15/03ROQUES.html

 

iii Vingt trois lettres parues en septembre -octobre 1752 à Dresde.

http://www.flipkart.com/lettres-de-mr-maupertuis-pierre-b...

 

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