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05/12/2010

je n'ai point de culs noirs , et j'ai renoncé aux blancs que j'aimais autrefois à la folie

Voici un cul-noir sur fond noir : Eh! oui, il est à fleurs !!

cul noir.jpg

J'ai ri de bon coeur en apprenant la nouvelle de ces irascibles voyageurs en partance pour Casablanca qui ont voulu jouer les fortes têtes dans leur avion .

Rendez-vous compte : au moment de leur départ, ils sont informés que suite à une panne sur un avion de la même compagnie, ils vont devoir passer par deux autres étapes imprévues pour aller récupérer les passagers en difficulté, avant d'atteindre leur destination : bilan, 6 h de voyage en plus prévues .

Ces gens -là, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur intérêt de consommateurs égoïstes, n'entendent point partager leur bel avion avec ceux qui sont en rade .

Et ça devient très moral heureusement : quelques meneurs décident l'occupation de l'avion et quelques transactions plus tard, beaucoup plus tard, ceux-là qui ne voulaient pas perdre 6h de leur précieux temps libre de vacanciers privilégiés, ceux-là donc sont encore au sol au point de départ 14h plus tard que prévu et au départ effectif de l'avion auront "gagné" près de 24h de colère imbécile à ajouter à leur vie bornée.

Rions mes frères et Ecr[asons] l'Imb[écile] !


 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

5è décembre [1759] aux Délices

 

Ermite de l'arsenal, l'ermite de Tournay et des Délices est dictateur i, parce qu'il a mal aux yeux. Vous m'écrivez toujours à Genève comme si j'étais un parpaillot, mettez par Genève, s'il vous plait ; je ne veux pas que l'enchanteur qui fera mon histoire prétende sur la foi de vos lettres que j'ai fait abjuration. La bonne compagnie de Genève veut bien venir chez moi, mais je ne vais jamais dans cette ville hérétique ; c'est ce que je vous prie de signifier à frère Berthier, supposé qu'il vive encore, ou à frère Garassise ii, ou même à l'auteur des Nouvelles ecclésiastiques iii; il me semble qu'il faudrait faire une battue contre toutes ces bêtes puantes ; mais les philosophes ne sont presque jamais réunis, et les fanatiques après s'être déchirés à belles dents se réunissent tous pour dévorer les philosophes. Un de mes plaisirs dans mon petit royaume, est de tirer à cartouches contre ces drôles-là sans les craindre ; c'est un amusement de ma vieillesse.

 

On dit que la tragédie de M. de Thibouville iv n'a pas si bien réussi que l'apparition de frère Berthier v; il y a quelques années que les choses sérieuses ne réussissent guère en France ; témoin la prose réitérée du traducteur de Pope vi, et témoins nos combats sur terre et sur mer ; il faut espérer que le diable qui n'est toujours pas à la porte d'un pauvre homme vii, ne sera pas toujours à la porte de la pauvre France.

 

O passi graviora, dabit deus his quoque finem.viii

 

On profitera sans doute des bons exemples des Russes, et du maréchal Daun. Retenez pour votre vie, mon ancien ami, une anecdote singulière. Le roi de Prusse me mande du 17 novembre ces propres mots : Dans trois jours je vous en écrirai davantage de Dresde. Et au bout de trois jours, il perd vingt mille hommes ix; vous m'avouerez que ce monde-ci est la fable du pot au lait ; vous avez sans doute une mauvaise copie de La Femme qui a raison, et soyez sûr qu'on n'a que de très détestables copies de presque tous nos amusements de Tournay et des Délices ; vous auriez bien dû venir voir les originaux ; nous avons joué une nouvelle tragédie x sur un petit théâtre vert et or ; et nous avons fait pleurer deux des plus beaux yeux que je connaisse, qui sont ceux de Mme l'ambassadrice de Chauvelin, sans compter ceux de son mari, moins beaux, à la vérité, mais appartenant à une tête pleine d'esprit et de goût. Ma nièce n'a pas tous les talents de Mlle Clairon ; mais elle est beaucoup plus attendrissante, et non moins vraie. Pour moi, je suis, sans vanité, le meilleur vieillard que nous ayons à la comédie. Je me suis un peu ruiné, mon cher ami, en bâtiments et en châteaux, et mes moutons meurent de la clavelée ; cependant je n'ai point envoyé ma vaisselle à la monnaie xi; attendu qu'il n'y [a] point d'hôtel, ni même aucune monnaie dans le pays de Gex, et je ne veux point la vendre aux huguenots ; je n'ai point de culs noirs xii, et j'ai renoncé aux blancs que j'aimais autrefois à la folie.

 

M. de Paulmy a-t-il renoncé à l'exécrable dessein d'aller en Pologne xiii? Présentez-lui mes respects, et dites-lui que s'il persiste dans cette triste idée, j'avertirai les hussards prussiens qui le prendront en passant ; n'a-t-il donc pas assez de son mérite pour vivre à Paris, toujours estimé et honoré ?

 

Bona noce, mon ancien ami.

 

V. »


i = Celui qui dicte, au sens premier de dictator, en latin.

 

ii Allusion à la Relation ...du jésuite Berthier (cf. deux billets de septembre-octobre 1759 et la lettre du 25 août) qui se termine par « l'Apparition de frère Berthier à frère Garassise continuateur du Journal de Trévoux », et peut-être déjà à la future Relation du voyage de frère Garassise ... publiée en 1760. http://www.voltaire-integral.com/Html/24/17_Relation_Bert...

 

 

 

iii Les Mémoires ecclésiastiques ou mémoires pour servir à l'histoire de la constitution Unigenitus (1728-1803)de tendance janséniste, dont les principaux rédacteurs étaient alors Fontaine de La Roche et semble-t-il Louis Guidi. http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelles_eccl%C3%A9siastiques

http://c18.net/dp/dp.php?no=1027

 

v « Cette brochure s'est vendue à tous les carrefours et les plaisanteries en on fort réussi. » écrivit Thiriot le 28 novembre.

 

 

vi Celle des édits de Silhouette qui avait aussi traduit Pope; cf. lettre du 30 novembre.

 

vii Est-ce une allusion à son Pauvre Diable ?

 

viii Oh ! Vous avez supporté des maux si lourds ! La divinité mettra également un terme à ceux ci .

 

ix Frédéreic perdit 15 000 hommes, tant blessés que prisonniers le 21 novembre à Maxen. En fait les « propres mots » de Frédéric étaient : « Je vous écrirai dans une huitaine de jours de Dresde. » V* commence un chapitre de ses Mémoires par cette « anecdote singulière ».

 

x Tancrède ; cf. lettre du 5 novembre 1759.

 

xi Comme les Français de France, y compris le roi, sous le ministère de Silhouette par son arrêt du 26 octobre 1759.http://www.comite-histoire.minefi.gouv.fr/admin_eco/minis...

 

xii C'est-à-dire de la vaisselle de faïence (à la place de la vaisselle d'argent), au dessous recouvert d'un vernis brun.http://www.leblogantiquites.com/2007/06/cul-noir-de-for.h... http://www.alienor.org/ARTICLES/faience_patronyme/prod02....

 

xiii Comme ambassadeur.

04/12/2010

Je ne vous parlerai pas aujourd'hui, mon cher ange, des deux enfants que j'ai faits dans ma quatre-vingt-quatrième année

 

Mademoiselle_de_Beaumont,_chevalier_d'Éon_(1728-1810).jpg

http://www.youtube.com/watch?v=qgre_75wrsU

 Je viens de revoir comme partenaire de la petite rousse, la brune Zouc, et comme Volti se vante de faire des enfants à 84 ans, parlons d'accouchement :

http://www.youtube.com/watch?v=CZ4vjgxylE0&feature=re...

 

Le_chevalier_d’Éon_(1728-1810).jpg

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

6è décembre 1777 à Ferney

 

Je ne vous parlerai pas aujourd'hui, mon cher ange, des deux enfants que j'ai faits dans ma quatre-vingt-quatrième année i. Vous les nourrirez s'ils vous plaisent ; vous les laisserez mourir s'ils sont contrefaits. Mais je veux absolument vous parler d'un autre monstre, c'est de cet animal amphibie qui n'est ni fille ni garçon ii; qui est, dit-on, habillé actuellement en fille ; qui porte la croix de Saint Louis sur son corset, et qui a comme vous douze mille francs de pension. Tout cela est-il bien vrai ? Je ne crois pas que vous soyez de ses amis s'il est de votre sexe, ni de ses amants s'il est de l'autre. Vous êtes à portée plus que personne de m'expliquer ce mystère . Il ou elle m'avait fait dire par un Anglais de mes amis, qu'il ou elle, viendrait à Ferney iii, et j'en suis très embarrassé.

 

Je vous demande en grâce de me dire un mot de cette énigme.

 

Je ne sais point de nouvelles de la santé de M. de Thibouville, vous croyez bien que je m'y intéresse. La mienne est bien déplorable,vous savez que je n'ai pas besoin d'un fort hiver.

 

Je remercie de loin votre fort aimable secrétaire qui a bien voulu raccommoder les langes de mon dernier enfant iv. Savez-vous bien que je vous en enverrais encore un autre, si celui-là ne mourait pas en nourrice ? Il est plaisant que je sois si prolifique en étant continuellement à la mort.

 

Avez-vous mis en nourrice mon Contantinopolitain v chez M. le maréchal de Duras vi? Je ne vous fais cette question, mon cher ange, que pour vous remercier de vos bontés, car je ne suis pressé de rien. Si j'avais des passions vives, ce serait de venir me mettre à Paris sous les ailes de mon ange. Je me recommande à M. de Thibouville.

 

V. »

 

i Agathocle, et Irène.

 

 

iii Cependant,V* le 16 septembre a écrit au chevalier qu'il aspirait au plaisir de voir un capitaine-femme aussi célèbre. George Keate lui ayant vanté dans une lettre du 15 août les mérites du chevalier d'Éon, dont « on ne parlera plus à présent ... que sous le titre de Mlle de Beaumont » qui souhaitait vivement « passer deux ou trois jours dans sa société [de V*] » dans le courant de septembre .http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Keate

 

 

iv V* a envoyé le 17 novembre « des emplâtres pour mettre un appareil à toutes les blessures d'Irène » en indiquant le mode d'emploi à l'« aimable secrétaire » : « J'ose instamment supplier la secrétaire aimable que vous avez élevée de vouloir bien placer ces petits papiers que j'envoie. Il n'y a qu'à lire l'indication de chacun, ensuite in coupe avec des ciseaux cette indication , et on met la correction avec quatre petits pains à cacheter à la place convenable. »

 

v Irène.

 

vi Premier gentilhomme de la chambre alors « d'année » qui décide des programmes des spectacles à la Comédie Française.

Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras : http://wapedia.mobi/fr/Emmanuel-F%C3%A9licit%C3%A9_de_Dur...

 

 Zouc encore, parce que je l'aime : http://www.dailymotion.com/video/x109eh_zouc_fun

 http://www.dailymotion.com/video/x7kib0_zouc-chez-michel-...

 http://www.dailymotion.com/video/x169z4_zouc-la-fourmi_fun

 

 

 

03/12/2010

Plus vous serez gai, plus longtemps vous vivrez

pleurer rire.jpg

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Dédié à tous les candidats, politiques en mal de reconnaissance : http://www.deezer.com/listen-294527  ; je vous le recommande chaudement (surtout en ce temps hivernal !)

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 Deux fous géniaux : http://www.deezer.com/listen-7156802

Un déglingué modèle qui a vérifié le titre de cette note : http://www.deezer.com/listen-2420943

 

 

 « A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Ferney, ce 6 décembre [1771]

 

Sire,

 

Je n'ai jamais si bien compris qu'on peut pleurer et rire dans le même jour. J'étais tout plein et tout attendri de l'horrible attentat commis contre le roi de Pologne i, qui m'honore de quelque bonté. Ces mots qui dureront à jamais : Vous êtes pourtant mon roi, mais j'ai fait serment de vous tuer ii m'arracheraient des larmes d'horreur, lorsque j'ai reçu votre lettre et votre très philosophique poème iii qui dit si plaisamment les choses du monde les plus vraies. Je me suis mis à rire malgré moi, malgré mon effroi et ma consternation. Que vous peignez bien le diable et les prêtres, et surtout cet évêque, premier auteur de tout le mal !iv


Je vois bien que quand vous fîtes ces deux premiers chants, le crime infâme des Confédérés n'avait point encore été commis. Vous serez forcé d'être aussi tragique dans le dernier chant que vous avez été gai dans les autres, que Votre Majesté a bien voulu m'envoyer v. Malheur est bon à quelque chose, puisque la goutte vous a fait composer un ouvrage si agréable vi: depuis Scarron, on ne faisait point de vers si plaisants au milieu des souffrances. Le roi de la Chine ne sera jamais si drôle que Votre Majesté vii, et je défie Moustapha d'en approcher.

 

N'ayez plus la goutte, mais faites souvent des vers à Sans-Souci dans ce goût-là. Plus vous serez gai, plus longtemps vous vivrez : c'est ce que je souhaite passionnément pour vous, pour mon héroïne viii, et pour moi chétif.

 

Je pense que l'assassinat du roi de Pologne lui fera beaucoup de bien. Il est impossible que les Confédérés, devenus en horreur au genre humain, persistent dans une faction si criminelle. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que la paix de la Pologne peut naitre de cette exécrable aventure.

 

Je suis fâché de vous dire que voilà cinq têtes couronnées assassinées en peu de temps ix dans notre siècle philosophique. Heureusement, parmi tous ces assassinats, il se trouve des Malagrida x, et pas un philosophe. On dit que nous sommes des séditieux ; que sera donc l'évêque de Kiovie xi? On dit que les conjurés avaient fait serment sur une image de la Sainte Vierge, après avoir communié. J'ose supplier instamment Votre Majesté, si ingénieuse et si diabolique xii, de daigner m'envoyer quelques détails bien vrais de cet étrange évènement xiii, qui devrait bien ouvrir les yeux à une partie de l'Europe. Je prends la liberté de recommander à vos bontés l'abbaye d'Oliva xiv. Je me mets à vos pieds (pourvu qu'ils n'aient plus la goutte) avec le plus profond respect et le plus grand ébahissement de tout ce que je viens de lire. »

 

 

 

i Stanislas-Auguste Poniatowski a été victime d'un attentat le 3 novembre 1771 ; il fut seulement blessé, et selon les historiens, par hasard .Il se serait agi seulement de le déposer et pour cela de l'enlever. V*, le 3 décembre lui envoya ses « vœux pour (sa) conservation et pour (son) bonheur. »

 

ii Serment fait à la Vierge ; cf. note xiii

 

iii   La Guerre des Confédérés, poème imité de La guerre civile de Genève de V* et destiné à « peindre les folies des Confédérés, ... les sottises d'un Krasinski, d'un Potocki, d'un Oginski ... » comme dit Frédéric le 18 novembre.

Les Confédérés sont des Polonais catholiques hostiles à l'égalité des Dissidents (non catholiques) hostiles à l'intervention politique et armée de Catherine II dans les affaires polonaises et au roi Stanislas qu'elle a contribué à mettre en place.

 

iv    Dans le Chant I de son poème, Frédéric écrit : « Tout vieux démon est l'intime des prêtres ;/ .../ Tel parut-il (le diable) jouant la comédie, / Mais qui devint fatale tragédie, / ... Voir : Page 196 et suivantes : http://books.google.be/books?id=6cxWAAAAMAAJ&pg=PA463...

Au Chant II : « ... les seigneurs s'assemblèrent, / Parmi ces chefs éclatait Krasinsky,/ Malakowski, le vaillant Potocki... » : Page 204, etc .

 

v    Le 12 janvier 1772, Frédéric répondra : « Il était vrai que mon poème était achevé lorsque cet attentat se commit ; je ne le jugeais pas propre à entrer dans un ouvrage où règne d'un bout à l'autre un ton de plaisanterie et de gaieté ; cependant je n'ai pas voulu, non plus , passer cette horreur sous silence, et j'en ai dit deux mots, en passant, au commencement du chant cinquième ... J'ai poussé la licence plus loin ; car , quoique la guerre dure encore, j'ai fait la paix d'imagination pour finir... Vous verrez par le troisième et quatrième chant que je vous envoie, qu'il n'était pas possible de mêler des faits graves avec tant de sottises... »

 

vi    Une crise de goutte de cinq semaines a « donné le temps de rimer et de corriger tout à son aise » à Frédéric.

 

vii     Allusion au poème de Kien Long, Éloge de la ville de Moukden ... et à l'épître-simulation que Frédéric a alors écrite à V* « de la part du roi de la Chine » ; cf. lettre à Frédéric du 20 décembre 1770.

 

viii  Catherine II.

 

 

ix    Louis XV : attentat de Damiens en janvier 1757 ; Joseph de Portugal : 1758 ; Pierre III de Russie : juillet 1762 ;Ivan de Russie : juillet 1764; Stanislas de Pologne : 1770.

 

x   Des jésuites, comme Malagrida, avaient été impliqués dans l'attentat contre le roi de Portugal, Malagrida fut relâché. Cf. lettre du 10 février 1759 aux Cramer.

 

xi   Sans doute Zaluski, un des instigateurs des Confédérés, dont parle Frédéric dans son poème , sans le nommer.

 

xii   Le 18 novembre, en envoyant son poème, Frédéric écrit :  « sur les folies des Confédérés » soutenus par le pape : « comme je suis un hérétique excommunié une fois pour toutes, j'ai bravé les foudres du Vatican. »

 

xiii    Frédéric répond le 12 janvier : « L'horrible attentat entrepris et manqué contre le roi de Pologne s'est passé 'à la communion près) de la manière dont il est détaillé dans les gazettes. Il est vrai que le misérable qui a voulu assassiner le roi de Pologne en avait prêté le serment à Pulawski maréchal de confédération, devant le maitre-autel de la Vierge, à Czenstochow. Je vous envoie les papiers publics, qui peut-être ne se répandront pas en Suisse... ». « Le corps de la Confédération n'agît pas par système. Ce Pulawski ... est proprement l'auteur de la conspiration tramée contre le roi de Pologne. Il a été page du prince Charles de saxe et c'était pour placer ce prince sur le trône qu'il a tramé cet horrible complot. Les autres Confédérés rejettent ce prince ... les uns y veulent placer le landgrave de Hesse, les autres l'Électeur de Saxe, d'autres encore le prince de Teschen. Tous ces partis différents ont ... de la haine l'un pour l'autre. » En effet, les ambitions personnelles et les rivalités y sont importantes.

 

xiv     Riche abbaye près de Dantzig dont l'abbé était par tradition un gentilhomme prussien jusqu'alors nommé par le roi de Pologne.  

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02/12/2010

Je ne fais d'autre office que celui d'un grison qui rend des lettres.

Le titre reflète bien mon travail de blogger , non ?

"je me contente de bonnes doublures de peluche cramoisie que je préfère aux fourrures" 

Pour une fois, le coup du lapin ne laissera pas de séquelles ... 

nue plutot que fourrure NATHALIE-UMBROGLIA-PETA-FRANCE.jpg

Je ne pense pas que ce soit par sentimentalisme que Volti choisisse des doublures de peluche plutôt que de la fourrure, mais par goût .  

On ne chantera pas alors : http://www.youtube.com/watch?v=PsJtoVBhmbw

 

 

« A Jean-Robert Tronchin i


2 décembre [1757]

 

Mon cher correspondant, vous trouverez folio verso de la pâture pour les réflexions d'un homme respectable ii qui pense comme il le doit .

 

Il en a fait sans doute de très justes sur l'aventure du 5 iii. Vous pouvez être sûr que tout était fini si on s'était emparé des hauteurs que le roi de Prusse garnit de cavalerie et de canons sans qu'on s'en aperçût. On était trois fois plus près de ces hauteurs que lui. Le général Marshall iv entrait en Saxe avec quinze mille hommes. Tout a été perdu par une seule faute bien grossière. L'artillerie prussienne emportait nos gens dix à dix, et on s'enfuit de tous côtés. Le roi de Prusse se donna le soir le plaisir de demander des draps (à une dame d'un château voisin chez laquelle il soupa v) pour faire des bandages à nos blessés. On ne peut nous humilier avec plus de générosité.

 

La reine de Pologne est morte de chagrin vi. La France se ruine. Voilà encore quarante millions en rentes viagères. Je ne crois pas que j'y mette mon denier. J'aime mieux mon Palatin vii, et je me contente de bonnes doublures de peluche cramoisie que je préfère aux fourrures. Il ne faut songer qu'à se tenir bien chaud cet hiver. Gare la convention de Stade viii! Le beau billet qu'a La Châtre ix! Bonsoir, vos fermiers vous embrassent.

 

V.

 

Mille respects, je vous prie, à M. et Mme de Montferrat. La nièce se joint à moi.

 

« Les mêmes instructions qu'on avait, on les a encore. J'écrirai au premier jour à M. le comte de Tencin. Assurez-le , je vous prie, de toute mon estime, et dites-lui que je persiste toujours dans mon système. »

 

Voilà les propres mots qu'on m'écrit du 23 novembre x. Je supplie qu'on écrive en droiture, si cela se peut sans hasarder que les lettres soient ouvertes sur la route. Il n'appartient qu'à la prudence de Son Excellence de conduire cette affaire très épineuse et de donner des conseils convenables dans des circonstances où l'on ménage avec une attention scrupuleuse d'autres puissances.

 

Je ne fais d'autre office que celui d'un grison qui rend des lettres. Mais mon cœur s'acquitte d'un autre devoir auquel il s'attache uniquement, celui d'aimer son roi, sa patrie et le bien public, de ne me mêler absolument de rien que de faire des vœux pour la prospérité de la France, et de mériter l'estime de celui dont je respecte les lumières autant que la personne. »

 

ii Le cardinal de Tencin ; V* par l'entremise de Tronchin, le 20 octobre, offre de servir d'intermédiaire entre la margravine et Louis XV.

Pages 411-412 : http://books.google.be/books?id=NaA3eTAyKIQC&pg=PA411...

iii Défaite franco-autrichienne de Rossbach.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Rossbach

iv Comte Ernst Dietrich von Marschall von Burgholzhausen, général autrichien. Auf Deutch : http://de.wikisource.org/wiki/ADB:Marschall_von_Burgholzh...

v ? La princesse d'Anhalt-Zerbst ?

vi Elle est morte le 17 novembre à Dresde où elle demeura après l'invasion de la Saxe par Frédéric et le départ de son mari Auguste III pour la Pologne.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Jos%C3%A8phe_d'Autriche

vii V* négocie un prêt qu'il fait à l'Électeur Palatin ; cf. lettre à J.R. Tronchin du 3 février 1758.

viii Convention de Closter-Seven, signée par Richelieu le 10 septembre avec le duc de Cumberland qui doit en vertu de cet accord se retirer au delà de l'Elbe. Cette convention est rompue depuis le 28 novembre.

http://www.histofig.com/Chronologie-guerre-de-7-ans.html...

Page 343 : http://books.google.be/books?id=k0KtAAAAMAAJ&pg=PA343...

ix Le marquis de La Châtre avait exigé une promesse écrite de fidélité de Ninon de Lenclos.

http://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_de_la_vie_et_des_o...

x « On » = la margravine ; ce sont presque « les propres mots ». Il s'agit des négociations secrètes de paix entre la France et la Prusse.

ane chapeau.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

01/12/2010

feu Mme du Châtelet qui n'a fini que par des infidélités

Feu ! feu ! sur tout ce qui bouge, comme dit le colonel Trautman à Rambo ! qui bien sûr réponds illico "ça va péter colonel !"

Comme je n'ai pas l'âme guerrière, en tout cas pas assassine, pour me réchauffer en ce jour neigeux, je me tourne vers l'Oiseau de feu . Sera-ce suffisant pour me dispenser de mettre les chaines à ma voiture ?

Galamment, d'abord réchauffer les jeunes filles :http://www.deezer.com/listen-5517634

Se faire admirer comme sage :http://www.deezer.com/listen-5517638

Glorifier la victime, si tant est que ça puisse la consoler :http://www.deezer.com/listen-5517643

Faire un viron chez Petrouchka , voir si elle a de la vodka :http://www.deezer.com/listen-5517648

Un peu pompette lui faire faire trois tours de valse :http://www.deezer.com/listen-5517649

Finir sans plus savoir qui est qui :http://www.deezer.com/listen-5517652

Et prendre l'Oiseau de feu pour sa lampe de chevet :http://www.deezer.com/listen-5517658

Bon, cette présentation d'une oeuvre magistrale est un peu limite hors sujet ! quoi que ...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Conseiller d'honneur du Parlement

rue de la Sourdière à Paris

 

A Lyon 2 décembre [1754]

 

Est-il possible que je ne reçoive point de lettres de mon cher ange ? Les bontés qu'on a pour moi à Lyon et l'empressement d'un public de province i, beaucoup plus enthousiasmé que celui de Paris, le premier jour de Mérope, ne guérissent point les maladies dont je suis accablé, ne consolent point mes chagrins et ne guérissent point mes craintes. C'est de vous seul que j'attends du soulagement. On me donne tous les jours des inquiétudes mortelles sur cette maudite puc...ii Il est avéré que Mlle du Thil iii la possède. Elle la tient de feu Mme du Châtelet qui n'a fini que par des infidélités iv. Il n'est que trop vrai que Pasquier v avait lu le Chant de l'âne chez un homme qui tient son exemplaire de Mlle du Thil, et que Thiriot a eu une fois raison. Je me rassurais sur son habitude de parler au hasard. Mais le fait est vrai. Un polisson nommé Chevrier a lu tout l'ouvrage. Et enfin il y a lieu de croire qu'il est entre les mains d'un imprimeur, et qu'il paraitra aussi incorrect et aussi funeste que je le craignais. Cependant je ne peux ni rester à Lyon dans de si horribles circonstances, ni aller ailleurs dans un état où je ne peux me remuer. Je suis accablé de tous côtés dans une vieillesse que les maladies changent en décrépitude et je n'attends de consolation que de vous seul. Je vous demande en grâce de vous informer par vos amis, et par le libraire Lambert de ce qui se passe afin que du moins je sois averti à temps et que je ne finisse pas mes jours avec Talhouët vi. Je vous ai écrit trois fois de Lyon. Votre lettre me sera exactement rendue, je l'attends avec la plus douloureuse impatience et je vous embrasse avec larmes. Vous devez avoir pitié de mon état, mon cher ange.

 

V. »

 

iLe 9, il écrira qu'il va aller voir jouer Brutus et que « s'il avait de l'amour propre, (il) resterait à Lyon. »

Pages 475 et suivantes : http://books.google.fr/books?id=N4M-AAAAcAAJ&pg=PA475...

 

 

ii La Pucelle cf. lettre du 20 novembre

Lettre CCCLXXX page 478 : http://books.google.fr/books?id=24jDtGSdQnUC&pg=PA478...

 

 

iii Fut dame de compagnie de Mme du Châtelet.Ou plus exactement Mlle de Thiel qui fut aussi amie de Clairaut .http://www.clairaut.com/ncoijuillet1734cf.html#Voltaire68-

 

iv Les derniers mots sont barrés sur la copie Beaumarchais Kehl.

 

v ? Étienne Pasquier ? Alors conseiller à la première chambre des requêtes .

 

vi François-Joachim Lapierre de Talhouët, maître des requêtes, condamné à mort en 1723 comme prévaricateur puis seulement incarcéré à Pierre-Encise, aux portes de Lyon, sur la Saône.

Page 232 : http://books.google.fr/books?id=ntxQVAWPIWAC&pg=PA232...

 

Pierre-Encise,-Lyon.jpg

 

Pour rappeler une des vocations passées de Pierre-Encise , rien ne vaut ceci pour repousser les murs :

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30/11/2010

On dit qu'une nouvelle scène de finances va égayer la nation.

 Cette phrase, comme bien d'autres sorties de leur contexte, semble admirablement s'appliquer à l'actualité, et pourtant elle est de 1759 !

Les charlatans qui font de Nostradamus et Elisabeth Tessier leurs garants, leurs maitres, ne manqueront pas, -je le leur demande-, de reconnaitre en Volti un prophète exceptionnel ! ou alors c'est à désespérer de la bonne foi de ces gourous à deux sous !

caillou archaeocyathenormandie.jpg Pour trouver un tel "caillou" il faut aller en Normandie, mon cher Volti, point d'Elbe, ni de Tamise ...

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http://www.deezer.com/listen-6721995

Connaissez-vous l'Abbé Caillou ? http://www.deezer.com/listen-5106405

http://www.deezer.com/listen-7438814 petit comme un ca.....

Mais connaissez-vous, par contre, Alphonse du gros caillou ? Non ? alors je vous le présente : http://www.deezer.com/listen-6110380 et j'en reste là pour ce jour . 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

Aux Délices 30 novembre [1759]

 

Mon adorable ange, je vois bien par votre lettre que M. le duc de Choiseul est encore plus estimable que je ne croyais ; je vois sa franchise noble et digne d'un meilleur temps, et surtout je vois que son cœur est digne de vous aimer. Il vous a mis au fait de tout i. Il ne peut assurément mieux placer sa confiance. Je lui envoie aujourd'hui un gros paquet de Luc ii. Peut-être avec le temps on tirera quelque avantage des lettres que je fais passer. Je ne suis point jaloux du roi d'Espagne iii. S'il fait la paix, moi Jodelet, je ne vais point sur les brisées de Sa Majesté Catholique . Sérieusement , mon cher ange, je n'ai aucune envie de me faire de fête. J'ai seulement rêvé que pouvant aller souvent chez l'Électeur palatin qui daigne m'aimer un peu, et chez Mme la duchesse de Gotha, et même à Londres, où l'on m'a invité vingt fois, je pourrais dans l'occasion faire passer au ministre un compte fidèle de ce que j'aurais vu et entendu iv. Je me flatte que M. le duc de Choiseul ne me prend pas pour un alte succinctus v qui cherche pratique. Je suis frappé de nos malheurs et s'il s'agissait de m'arracher à ma charmante retraite pour aller ramasser quelque caillou qui pût servir parmi les fondements qu'on cherche pour établir l'édifice de la paix, j'aurais été chercher ce caillou dans l'Elbe ou dans la Tamise. Mais, Dieu merci je serai inutile, et je ne quitterai probablement pas mes étables, ma bergerie et mon cabinet. Permettez-moi de laisser dormir mes chevaliers vi jusqu'en janvier . Pour les oublier mieux vii, je me mets au second volume de Pierre le Grand . Le Prut viii, Catherine orpheline gouvernant un empire, un fils condamné par son père et par quatre-vingts juges dont la moitié ne savait pas signer son nom ix, feront une diversion qui vaudra les neuf années d'Horace x. On dit qu'une nouvelle scène de finances va égayer la nation xi. On ne fera point la guerre l'hiver, on courra aux spectacles, et la chevalerie pourra vous égayer ce carême.

 

Je pense que c'était l'abbé du Resnel à gouverner nos finances plutôt qu'à Silhouette, car celui-ci n'a traduit Pope et le Tout est bien qu'en prose, et l'abbé l'a traduit en vers. Mais j'aimerais encore mieux Martin xii le manichéen .

 

De grâce, mon respectable ami, dites-moi si les effets publics reprennent un peu de faveur. J'ai quatre-vingts personnes à nourrir .

 

Est-il vrai que M. d'Armentières a été battu xiii, est-il vrai que les flottes se battent xiv? Je croyais que la flotte de M. le maréchal de Conflans allait à la Jamaïque. J'ai peur que tout n'aille aux diables sur mer et sur terre. La paix, la paix, mon divin ange.

 

V. »

 

i V*, une fois de plus, sert d'intermédiaire entre la France et la Prusse, depuis septembre, dans des négociations de paix secrètes. Il fait passer les lettres écrites suivant les instructions du ministère par le truchement de la Duchesse de Saxe-Gotha à qui il adresse des billets d'accompagnement codés ; cf. lettre du 26 janvier 1760 : par exemple « la belle » ou « la coquette » désignent Frédéric !

ii Choiseul le remerciera le 20 décembre de la communication de « deux lettres de Luc, une du 12 novembre et l'autre du 21 » ; il écrira : « J'ai montré votre lettre (celle du 30 novembre) au roi et à sa société ; je les ai fort assurés que j'avais trouvé le pupitre, qu'il ne restait plus qu'à trouver le traité à signer dessus une base si agréable. » La lettre du 21 était arrivée par l'intermédiaire de la duchesse de Saxe-Gotha.

iii Choiseul proposait une médiation de l'Espagne.

 

iv C'est par l'intermédiaire de d'Argental que V* avait proposé ses services à Choiseul vers le 15 novembre.

 

v « qui a son vêtement retroussé haut » comme le sont les serveurs d'Horace dans les Satires, à savoir remuants, voire intrigant comme l'altecinctus de Phèdre.

 

vi Tancrède.

vii Par habitude, V* prend du recul : « ces ouvrages gagnent à se reposer » dit-il ans une lettre du 20 juillet.

viii Le Pruth, rivière célèbre par la mauvaise campagne de Pierre le Grand contre les Turcs.

ix Le 22 novembre, V* écrit à Schouvalov : « La triste mort du czarovits m'embarrassera un peu. Je n'aime pas à parler contre ma conscience, l'arrêt de mort m'a toujours paru trop dur ... Je tâcherai de me tirer de ce pas glissant en faisant prévaloir dans le cœur du czar l'amour de la patrie sur les entrailles du père. »

x A propos de Tancrède, il écrit le 24 novembre : « Horace veut qu'on tienne son affaire enfermée neuf ans »

xi Bertin, le 23 novembre vient de remplacer le contrôleur Silhouette qui avait fait enregistrer par lit de justice le 20 septembre l'Édit de subvention qui taxait les riches ; il avait dû suspendre les remboursements le 21 octobre . V* dira de Silhouette le 3 décembre : « il a voulu gouverner en temps de guerre comme à peine on pourrait le faire en temps de paix ... il a ruiné le crédit dont il avait besoin . Ses idées m'ont paru très belles, mais employées très mal à propos ... il a fait tout le contraire de ce qu'on fait à Londres. » Le 12, il soupçonnera certains financiers à qui il « voulait faire rendre gorge » de l'avoir « culbuté ».

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_de_Silhouette...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_L%C3%A9onard_Jean_Bapt...

 

xii En rapport avec Candide.

xiii Louis de Conflans, marquis d'Armentières abandonne, sur ordres supérieurs, Munster le 23 novembre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Conflans_d'Armenti%...

 

xiv Hubert de Conflans est battu sur mer le 20 novembre par l'amiral anglais Hawke dans la baie du Morbihan.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_de_Brienne_de_Conflan...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Hawke

 

Et pour vous raccompagner :  Le roi caillou : http://www.deezer.com/listen-7557796

un petit volume qui sera peut-être amusant pour ceux qui n'ont rien à faire .

Lettre écrite le 28 juillet 2011 pour parution le 30 novembre 2010.

 

lois de minos.jpg

 

 

De Voltaire et Jean-Louis Wagnière

 

« A Gabriel Cramer

 

[vers le 30 novembre 1772]

 

Quelque chose qu'on fasse à Paris allons toujours notre train, Caro. Après les notes 1 nous mettrons l'Epître à Boileau, l'Epître à Horace, la Réponse d'Horace de La Harpe 2, et deux ou trois autres pièces que j'ai un peu relimées . Cela fera , comme je vous l'ai dit, un petit volume 3 qui sera peut-être amusant pour ceux qui n'ont rien à faire .

 

Ordonnez, je vous en prie, qu'on fasse la correction ci-jointe .

 

Wagnière remercie bien sensiblement monsieur Cramer de la grande Encyclopédie . »


1 « les notes » de la tragédie Les lois de Minos.

3 Intitulé Les Lois de Minos .http://www.voltaire-integral.com/Html/07/04MINOS.html