28/11/2010
Autrefois les ministres ne faisaient jamais de tels aveux.
J'en conclus fort aisément que nous sommes revenus à une époque d'Ancien Régime (quoique tous les régimes amaigrissants aient été mis au ban de la médecine récemment, ils ont cela de commun avec la politique de faire maigrir les petits et engraisser les gros ! ).
Des ministres ! faire des aveux !
Non, mais , Volti, tu rêves .
Plutôt crever la bouche pleine que recracher des mensonges , telle est la règle de nos jours .
"Il a noblement avoué son tort"
Alors là !!
Reconnaitre le tort des autres partis ? oui !
Celui de son parti ? presque, si on est en froid avec ses dirigeants !
Jamais, si on vise une place juteuse ou si on veut la garder !
Je réactualise donc : "Aujourd'hui, les ministres ne font jamais de tels aveux."
Aveux de banlieue : Yo ! man ! : http://www.deezer.com/listen-524271
Aveux de rigolade : petit retour vers le feuilleton radiophonique qui berça mes dernières années lycéennes : http://www.deezer.com/listen-235991
et http://www.deezer.com/listen-235991
et encore http://www.deezer.com/listen-235895
Et puis, aveux d'amour : http://www.deezer.com/listen-1150376
Ceux-ci coûtent autant à faire, je crois même plus, que ceux qu'on doit faire sur la place publique . Dans l'intime on risque sa vie , dans le public on ne risque que sa place . Alors ...
Au passage, je vous recommande de lire les lettres de d'Alembert qui fait jeu égal en humour et esprit avec Volti. C'est un magnifique scientifique et un érudit qui me plait .
« A Jean Le Rond d'Alembert
28 novembre [1762]
Mon cher confrère, mon grand philosophe, vous ne me paraissez pas trop compter sur l'amitié des grands i. N'avez-vous jamais éprouvé que les petits n'aiment guère mieux ? Pour moi qui ai le bonheur d'être petit, je vous avertis que je vous aime de tout mon cœur.
A l'égard du duc de Choiseul, convenez que je lui ai une très grande obligation puisque je lui dois d'être libre chez moi ii, et de ne pas dépendre d'un intendant. Vous en savez pas ce que c'est qu'un intendant de province. Le frère d'Omer iii me manda un jour qu'il n'était en place que pour faire du mal. Aussi voulut-il m'en faire ; et j'eus les franchises de ma terre malgré lui. Vous voyez que je me suis toujours moqué de la famille d'Omer. C'est à M. le duc de Choiseul que je dois tout cela. S'il a eu le malheur de croire sur une écriture rapide que j'avais écrit une sotte lettre iv, il a bien réparé son erreur. Il a noblement avoué son tort. Autrefois les ministres ne faisaient jamais de tels aveux.
Pour Luc, quoique je doive être très fâché contre lui, je vous avoue qu'en qualité d'être pensant, et de Français je suis fort aise qu'une très dévote maison v n'ait pas englouti l'Allemagne et que les jésuites ne confessent pas à Berlin. L'Infâme est bien puissante vers le Danube. Vous me dites qu'elle perd de son crédit vers la Seine vi. Je le souhaite, mais songez qu'il y a trois cent mille hommes gagés vii pour soutenir ce colosse affreux, c'est à dire plus de combattants pour la superstition que la France n'a de soldats. Tout ce que peuvent faire les honnêtes gens, c'est de gémir entre eux quand cette superstition est persécutante, et de rire quand elle n'est qu'absurde, d'éclairer le plus d'esprits bien nés que l'on peut et de former insensiblement dans l'esprit [des hommes]viii destinés aux places une barrière contre ce fléau abominable. Ils doivent savoir que sans les disputes sur la transsubstantiation et sur la bulle, Henri III, Henri IV et Louis XV n'auraient pas été assassinés . C'est un bon arbre, disent les scélérats dévots, qui a produit de mauvais fruits. Mais puisqu'il en a tant produit ne mérite-t-il pas qu'on le jette au feu ?ix Chauffez-vous en donc tant que vous pourrez, vous et vos amis.
Vous pensez bien que je ne parle que de la superstition car pour la religion chrétienne je la respecte et je l'aime comme vous .
Courage donc, mes frères, prêchez avec force et écrivez avec adresse. Dieu vous bénira.
Protégez, mon frère, tant que vous pourrez la veuve Calas . C'est une huguenote imbécile, mais son mari a été la victime des pénitents blancs. Il importe au genre humain que les fanatiques de Toulouse soient confondus. Un autre fanatique, Patouillet, aidé de Caveirac, a écrit deux volumes contre l'Histoire générale x. Tant mieux. Si on lit leur livre, cela fera naître des éclaircissements. J'avais levé un coin du voile dans la première édition, je le déchire un peu dans la seconde. Vous y trouverez de quoi vous édifier. En attendant j'enverrai à l'Académie l'Héraclius de Calderon : il fera connaitre le génie espagnol xi. En vérité ils sont dignes d'avoir chez eux l'Inquisition.
Que faites-vous à présent ? travaillez-vous en géométrie, en histoire, en littérature ? Quoi que vous fassiez, écrasez l'Infâme, et aimez qui vous aime. »
i D'Alembert moqueur a écrit : « ... à l'égard de ses bontés (de Choiseul) je vous en souhaite la continuation. » ; lettre du 17 novembre : http://books.google.fr/books?pg=PA592&lpg=PA592&i...
ii En mai 1759, Choiseul a fait obtenir à V* et Mme Denis le brevet de conservation des droits seigneuriaux de Ferney ; ces droits seront à nouveau contestés en mai 1763.
iii Le frère d'Omer Joly de Fleury était intendant de Bourgogne. V* l'avait reçu chez lui en octobre 1760, fort bien, avec le fils même d'Omer : http://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Joly_de_Fleury
et cf. lettre du 16 octobre 1760 à Mlle Clairon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/10/16/a...
iv « ... sotte lettre » : version très falsifiée et antigouvernementale publiée dans le St James's chronicle du 17 juillet 1762 de la lettre adressée à d'Alembert le 29 mars ; cf. lettre du 15 septembre à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/15/tachez-de-votre-cote-d-eclairer-la-jeunesse-autant-que-vous.html
et lettre 104 et suivantes,pages 587-... : http://books.google.fr/books?pg=PA592&lpg=PA592&i...
Cela faisait sa « vraie tribulation » que le duc de Choiseul le « crû l'auteur de cette belle rhapsodie anglaise » et « qu'il le (lui)( eût) écrit avec bonté... » disait-il aux d'Argental le 25 octobre ; il ajoutait : « J'en ai été outré et je lui ai dit bien des injures qu'il mérite. » Pour détromper Choiseul
il lui envoyait la véritable lettre avec un billet de d'Alembert ; le 12 décembre, Choiseul le tranquillisait : « Vous avez raison, vous n'avez point écrit la lettre supposée ; personne n'en parle, ni ne songe actuellement à vous l'imputer ... ma chère marmotte, je vous aimerai toujours de tout mon cœur. »
v La maison d'Autriche. Luc = Frédéric II de Prusse.
vi Le 17 novembre d'Alembert lui a écrit : « il y a , dit-on, 24 jésuites retirés à Versailles ...Le parlement ne les y voit pas d'un bon œil et se propose d'enfumer le terrier ..., ils ne sont plus guère renards. » Sur les avatars des jésuites, cf. lettre du 19 mai 1762 . La dissolution de l'ordre a été prononcée le 6 août 1762 par le Parlement.
vii Prêtres et moines.
viii Mots omis par V*.
ix Tel qu'il est dit dans les évangiles.
x V* évoque les Erreurs de M. de Voltaire sur les faits historiques, dogmatiques..., 1762, ouvrage anonyme dont il a demandé le nom de l'auteur à Damilaville ; cf. lettre du 9 septembre 1762, et page 407 lettre CCLIX : http://books.google.be/books?id=9EUQAAAAYAAJ&pg=PA407...
. L'auteur est le jésuite Nonnotte (qui figure dans le tableau dit Le triomphe de Voltaire au château à Ferney-Voltaire, -en enfer bien entendu !-.)
Le père Patouillet avait publié entre autre l'Apologie de Cartouche, ou le scélérat sans reproche par la grâce du P. Quesnel, 1731,http://books.google.be/books?id=EewFAAAAQAAJ&pg=PA5&a...
et Novi de Caveirac, auteur de l'Apologie de Louis XIV et de son conseil, sur la révocation de l'Édit de Nantes ... avec une dissertation sur la journée de la Saint Barthélémy, 1758 : http://books.google.be/books?id=708A7rLJkwAC&printsec...
xi V* a joint à ses Commentaires sur Corneille une traduction de la pièce de Calderon qu'il juge très sévèrement ; cf. lettre du 4 juin à Capacelli et lettres du 17 juin et 15 septembre 1762 à d'Alembert.
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27/11/2010
J'aimerais mieux être nègre que Portugais
Lettre écrite le 30 jullet 2011 pour parution le 27 novembre 2010 .
« A Louis-François-Armand du Plessis, maréchal duc de Richelieu
A Ferney 27 novembre 1761
Vous donnez, Monseigneur, quatre-vingt-deux ans à Malagrida aussi noblement que je faisais Cerati 1 confesseur d’un pape . Malagrida n'avait que 74 ans 2. Il ne commit point tout à fait le péché d'Onan. Mais Dieu lui donnait la grâce de l'érection ; et c'est la première fois qu'on a fait brûler un homme pour avoir eu ce talent . On l'a accusé de parricide 3, et son procès porte qu'il a cru qu'Anne, mère de Marie, était née impollue, et qu'il prétendait que Marie avait reçu plus d'une visite de Gabriel 4. Tout cela fait pitié, et fait horreur . L’Inquisition a trouvé le secret d'inspirer de la compassion pour les jésuites . J'aimerais mieux être nègre que Portugais . Eh ! misérables, si Malagrida a trempé dans l'assassinat du roi, pourquoi n'avez vous pas osé l'interroger, le confronter , le juger , le condamner ? Si vous êtes assez lâches, assez imbéciles pour n'oser juger un parricide, pourquoi vous deshonorez-vous en le faisant condamner par l'Inquisition pour des fariboles ?
On m'a dit, Monseigneur, que vous aviez favorisé les jésuites à Bordeaux . Tâchez d'ôter tout crédit aux jansénistes et aux jésuites et Dieu vous bénira .
Mais surtout persistez dans la généreuse résolution de délivrer les comédiens qui sont sous vos ordres, d'un joug, et d'un opprobre qui rejaillit sur tous ceux qui les emploient . Otez-nous ce reste de barbarie malgré maître Le Dain, et malgré son discours prononcé du côté du greffe 5.
Le polisson qui a fait le Testament du maréchal de Belle-Isle mériterait un bonnet d'âne 6.
Quelles omissions avez-vous donc faites dans une convention de Closterseven 7? On n'en fit qu'une ; ce fut de ne la pas ratifier sur-le-champ .
Ce n'est pas que je suis fâché contre le faiseur du Testament qui prétend que j'aurais été mauvais ministre . A la façon dont les choses se sont passées quelquefois, on aurait pu croire que j'avais grande part aux affaires .
Qu'on pende le prédicant Rochette, ou qu'on lui donne une abbaye, cela est fort indifférent pour la prospérité du royaume des Francs . Mais j'estime qu'il faut que le Roi lui fasse grâce 8. Cette humanité le fera aimer de plus en plus . Et si c'est vous, Monseigneur , qui obtenez cette grâce du Roi, vous serez l'idole de ces faquins de huguenots . Il est toujours bon d'avoir pour soi tout un parti .
Je joins au chiffon que j'ai l'honneur de vous écrire, le chiffon de Grizel 9. Il faut qu'un premier gentilhomme de la chambre ait toujours un Grizel en poche pour l'inciter doucement à protéger notre tripot dans ce monde-ci et dans l'autre . Agréez toujours mon profond respect .
V. »
1 Cerati était confesseur du conclave et no, à proprement parler le confessseur de Clément XII ; V* laissa cependant subsister cette erreur dans son commentaire sur Corneille (à propos d ela dédicace de Théodore ) voir lettre à Mlle Clairon du 7 août 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/07/introduire-dans-la-piece-de-sophocle-une-partie-carree-d-ama.html#more
2 Soixante-douze en réalité ; il avait été exécuté au cours d'un autodafé le 21 septembre . Cet autodafé sert de point de départ au Sermon du rabbin Akib que V* vient de composer .
3 Le roi du Portugal ne fut que blessé le 4 septembre 1758 ; Malagrida fut alors emprisonné bien que les jésuites n'aient pas participé, du moins directement , à l'attentat ; puis il fut relâché .
4 Malagrida fut à nouveau emprisonné et condamné, officiellement pour avoir écrit la Vie de sainte Anne, et la Vie de l'Antéchrist .
5 Sur la polémique concernant l'excommunication des comédiens, voir lettre du 6 mai à Le Brun : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/des-lors-il-devint-ingrat-cela-est-dans-la-regle.html
du 31 mai à Damilaville et Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/05/30/il-faut-defendre-les-vivants-et-les-morts-contre-les-gens-d.html
du 7 août à Mlle Clairon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/07/introduire-dans-la-piece-de-sophocle-une-partie-carree-d-ama.html
En ce qui concerne le rôle de Richelieu, V* pense sans doute comme il l’écrivait à Mlle Clairon le 27 août, qu'il « sera très aisé aux premiers gentilshommes de la chambre de guérir (la) blessure » , car « il y a une ordonnance du roi ... » : page 329 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800358/f335.image.r=.langFR
6 Le Testament politique du maréchal de Belle-Isle , 1761, de François-Antoine Chevrier qui écrivait dans sa préface que le père Griffet avait réfuté les doutes de V* concernant l'authenticité du Testament du cardinal de Richelieu .
7 Suivant laquelle les troupes de Hanovre et de Brunswick commandées par le duc de Cumberland capitulaient devant Richelieu en septembre 1757, et se retiraient ; elle fut rompue avant d'être ratifiée ; sur ces négociations de paix avec l'Angleterre, voir lettre du 14 septembre 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/13/ah-pauvres-francais-rejouissez-vous-car-vous-n-avez-pas-le-s.html
8 Ce même jour, V* écrit à Ribote-Charron de Montauban à propos de cette affaire : « M. le maréchal de Richelieu me mande … qu'il ne peut rien pour votre ministre et pour ses adhérents tant qu'ils seront entre les mains du parlement de Toulouse . J'ose me flatter de la clémence du roi lorsque l'affaire sera jugée . Vous ne pouvez pas douter … qu'on ne soit très indigné à la cour contre les assemblées publiques . On vous permet de faire dans vos maisons tout ce qui vous plait … Jésus-Christ a dit qu'il se trouverait toujours entre deux ou trois personnes assemblées en son nom, mais quand on est trois ou quatre mille, c'est le diable qui s'y trouve . » Le pasteur Rochette fut pendu en février 1763 .
9 Conversation de M. l'intendant des menus en exercice avec M. l'abbé de Grizel : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k728828/f3.image ;
voir les lettres du 6 mai à Le Brun (ci-dessus, note 5) et 11 novembre 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/11/nous-nous-ramentevons-ici-qu-il-y-a-six-semaines-en-ca-que-n.html
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Un temps viendra où les tracasseries de la comédie seront finies
Lettre rédigée le 29 juillet 2011 pour parution le 27 novembre 2010 .
Petites tracasseries !
jolies ...
Voir d'autres oeuvres sur : http://elixum.over-blog.fr/
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
27è novembre [1765]
Je dois dire , ou répéter, à mes anges, que quand je leur ai envoyé un plan 1, qui n'est pas un plan de tragédie, je n'ai pris cette liberté que parce que plusieurs personnes des deux partis m'en avaient prié 2. J'ajoute encore que je n'ai mis par écrit mes idées que pour donner à M. Hennin 3 des notions préliminaires de l'état des choses . M. Fabry, dont j'ai déjà eu l'honneur de vous parler, et qui est à peu près chargé des affaires par intérim, m'a paru être de mon avis dans les conversations que j'ai eues avec lui . Ce qui pourrait me faire croire que j'ai rencontré assez juste, c'est qu'ayant proposé en général le nombre de sept cents citoyens, pour exiger une assemblée du corps entier de la république, ce nombre a paru trop fort aux citoyens, et trop petit aux magistrats . Par conséquent il ne s'écarte pas beaucoup du juste milieu que j'ai proposé, puisque l'assemblée générale n'est presque jamais composée que de treize cents tout au plus, et qu'il n'y a qu'un seul exemple où elle ait été de quatorze cents.
Mes remontrances à Lekain deviennent inutiles après l'édition faite d'Adélaïde 4, ainsi n'en parlons plus . Un temps viendra où les tracasseries de la comédie seront finies comme celles de Bretagne 5, et où le petit ex-jésuite pourra revenir à ses Roués 6; mais pour moi je serai toujours à mes anges avec respect et tendresse .
V. »
1 Le « petit plan de pacification » qui deviendra les Propositions à examiner pour apaiser les divisions de Genève et les Réflexions sur les moyens proposés pour apaiser les troubles de la ville de Genève .
2 Le 25 novembre le Conseil avait décidé d'envoyer Lullin, secrétaire d'Etat, chez V* dire : « le plus honnêtement qu'il pourra que le Conseil n'est en aucune façon disposé à transiger sur la constitution de la république et qu'il rompe le plus civilement qu'il sera possible toute négociation .»
4 Le 25 novembre, V* envoyait à Lekain une ancienne et « meilleure » leçon pour deux vers ; le 16, il lui avait demandé d'indiquer dans l'errata que quatre vers devaient être supprimés . Le 29 , en lui accusant réception de l'édition, il lui reprochera « beaucoup de fautes qui ne sont point corrigées dans l'errata. »
5 Celles du parlement de Bretagne : en rapport avec le jugement de La Chalotais . Plutôt que d'accorder au roi les impôts demandés, le parlement de Rennes, soutenant les nobles des États de Bretagne, avait presque en entier donné sa démission le 20 mai 1765, applaudi par le peuple . Le 11 novembre, La Chalotais, procureur général au parlement, son fils et trois conseillers avaient été arrêtés . Le parlement de Paris fera des remontrances au roi qui ira le sermonner et le menacer le 3 mars 1766 .
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Je promets à Votre Majesté que tant qu'elle me fera la grâce de me loger aux châteaux, je n'écrirai contre personne
Je te promets : http://www.deezer.com/listen-3143598
Je te promets :
http://www.deezer.com/listen-3094084
Je te promets :
http://www.deezer.com/listen-2568632
Je promets d'essayer :
http://www.deezer.com/listen-5127416
Mais finalement, Je n'te promets rien (ainsi devait penser Volti en son fors intérieur ):
http://www.deezer.com/listen-6286140
Je préfère de beaucoup l'écriture de Volti,( -comme dans cette lettre à Marie-Louise ):
http://www.christies.com/lotfinder/lot_details.aspx?intOb... -,
à celle de Frédéric II : voir
http://www.museedeslettres.fr/public/detail_oeuvre.php?id...
(et ne parlons pas de celle de JJ R. qui me tire les yeux hors de la tête ) : chercher Rousseau sur : http://rde.revues.org/index4152.html
NDLR - Tiré à part :
En oiseau de nuit, je suis revenu sur lien mis dans les favoris il y a quelques mois, Dailymotion , et ai renoué avec France Inter . Je ne le regrette pas, car le hasard faisant bien les choses, je suis tombé sur ceci :
http://www.dailymotion.com/video/xf5ihe_justice-or-not-ju...
et je vous laisse deviner ce qui m'a plu avant même le premier mot du journaliste ! Je compte bien continuer à l'écouter .
« A Frédéric II, roi de Prusse
Je promets à Votre Majesté que tant qu'elle me fera la grâce de me loger aux châteaux, je n'écrirai contre personne, soit contre le gouvernement de France i, contre les ministres, soit contre d'autres souverains, ou contre des gens de lettres illustres envers lesquels on me trouvera rendre les égards qui leur sont dus ii. Je n'abuserai point des lettres de Sa Majesté et je me gouvernerai d'une manière convenable à un homme de lettres qui a l'honneur d'être chambellan de Sa majesté, et qui vit avec des honnêtes gens.
Fait à Potsdam ce 27 novembre 1752 iii.
J'exécuterai, Sire, tous les ordres de Votre Majesté et mon cœur n'aura pas de peine à lui obéir. Je la supplie encore une fois de considérer que jamais je n'ai écrit contre aucun gouvernement, encore moins contre celui sous lequel je suis né, et que je n'ai quitté que pour venir achever ma vie à vos pieds. J'ai été historiographe de France, et en cette qualité j'ai écrit l'histoire de Louis XIV et celle des campagnes de Louis XV que j'ai envoyées à M. d'Argenson iv. Ma voix et ma plume ont été consacrées à ma patrie, comme elles le sont à vos ordres. Je vous conjure d'avoir la bonté d'examiner quel est le fond de la querelle de Maupertuis, je vous conjure de croire que j'oublie cette querelle puisque vous me l'ordonnez. Je me soumets sans doute à toutes vos volontés. Si Votre Majesté m'avait ordonné de ne me point défendre v, et de ne point entrer dans cette dispute littéraire, je lui aurais obéi avec la même soumission. Je la supplie d'épargner un vieillard accablé de maladies et de douleurs, et de croire que je mourrai aussi attaché à elle que le jour où je suis arrivé à sa cour.
Voltaire. »
i Après avoir mentionné cette déclaration, le Journal de la Librairie ajoute : « Il faut apparemment qu'il ait fait quelque ouvrage pour ce pays-ci. », ce qui fit en France l'effet désiré par Frédéric. C'est apparemment un des raisons qui ont empêché l'installation de V* en France à son retour.
ii A Koenig, le 17 novembre, V* écrit une lettre ostensible où il se déclare convaincu par son Appel au public et il condamne les menées de Maupertuis et ridiculise les suggestions faites par celui-ci dans ses Œuvres .On vient, le 27, de découvrir que V* a envoyé à l'imprimeur le 25, la Diatribe du Docteur Akakia (imprimeur Luzac à Leyde).
iii Toute cette première partie est de la main du roi.
iv Envoi du 3 octobre 1752.
v Évocation de la « calomnie » de Maupertuis disant au roi de Prusse que V* aurait déclaré que Frédéric lui donnait son linge sale ( ses œuvres ) à blanchir ; cf. lettre à d'Argental du 26 février 1753 .
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26/11/2010
Il faut vouloir ce qu'on ne peut empêcher.
Moustapha du XXIè siècle, peu glorieux : http://www.deezer.com/listen-5500238
« A Catherine II, impératrice de Russie
A Ferney 26 novembre 1770
Madame,
Il faut vouloir ce qu'on ne peut empêcher. Je vois qu'on obligera ce gros Moustapha à vous demander la paix. Mais au nom de Jésus-Christ notre Sauveur faites-la lui payer bien cher. Quand Votre Majesté Impériale sera devenue son amie, je l'appellerai Sa Hautesse. On a débité qu'il voyait familièrement l'ambassadeur d'Angleterre deux fois par semaine et qu’il lui parlait en italien i; j’ai bien de la peine à le croire : les Turcs apprennent l’arabe tout au plus. Je connais des souveraines fort supérieures en tout aux Moustapha, qui parlent plusieurs langues en perfection ; mais pour le padischa de Stamboul, je doute fort qu’il ait ce mérite, et qu’il ait chez lui une académie.
On dit aussi qu’il va confier ses armées invincibles à son frère, ce qui contredit un peu les desseins pacifiques qu’on lui attribue . Mais son frère en sait-il plus que lui ? et puisqu’il est padischa, pourquoi ne commande-t-il pas ses armées lui-même ?
Je m’imagine qu’il tremblerait de peur devant l’un des quatre Orlof, qui valent mieux que les quatre fils Aymon, et qui sont des héros plus réels.
Je plains beaucoup plus l’anarchie polonaise que l’insolence ottomane : toutes les deux sont dans la détresse qu’elles méritent. Vive le roi de la Chine, qui fait des vers ii, et qui est en paix avec tout le monde !
J’avoue à Votre Majesté que je déteste le gouvernement papal iii. Je le trouve ridicule et abominable ; il a abruti et ensanglanté la moitié de l’Europe pendant trop de siècles. Mais le Ganganelli qui règne aujourd’hui est un homme d’esprit, qui sent apparemment combien il est honteux de laisser la ville de Constantin à des barbares, ennemis de tous les arts, et qu’il faut préférer des Grecs, quoique schismatiques, à des mahométans. Le roi de Sardaigne , qui a des droits à l’île de Cipre iv, n’aime point ces barbares. Mais, encore une fois, je ne comprends pas l’indifférence des Vénitiens, qui pourraient reprendre Candie en trois mois ; encore moins l’impératrice-reine v, à qui Belgrade, la Bosnie, et la Servie, étaient ouvertes. On est devenu bien modéré avec les Turcs, et bien honnête.
Pardon, Madame, de mes réflexions ; mais vous avez daigné m’accoutumer à dire ce que je pense, et on pardonne tout aux grandes passions.
Que Votre majesté Impériale daigne agréer toujours le profond respect et l'attachement inviolable du vieil ermite de Ferney. »
i Réponse de Catherine le 12/23 décembre disant « qu'aucun ministre étranger ne voit le sultan que dans les audiences publiques » et que « Moustapha ne sait que le turc. » Cf. lettre 68 de : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...
ii Cf lettre à Thiriot du 26 novembre ; cf. : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/24/s...
iii Le 9/20 octobre Catherine écrivit : « Je trouve qu'il n'y a que le pape et le roi de Sardaigne qui aient du mérite en Italie. » ; cf. lettre 59 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...
v Marie-Thérèse d'Autriche.
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je tâche de me corriger, moi et mes ouvrages, dans un âge où l'on prétend qu'on est incapable de tout
Note écrite le 31 juillet 2011 pour parution le 26 novembre 2010 .
« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville
rue de Beaune à Paris
26è novembre 1777
Je dois autant de reconnaissance que d'estime au vrai Baron 1, plus connaisseur que Baron . Nous sommes encore bien loin de livrer Irène aux bêtes féroces du parterre de Paris . Mais j'ai eu le temps de remédier aux très grands défauts que vous aviez trouvés au second acte, quand on vient annoncer au prince Alexis Comnène en présence d'Irène qu'il est mandé par l'empereur 2. C'est assurément un coup de théâtre qui méritait qu'Alexis en parlât avec plus d'étendue . Je n'ai pas manqué d'envoyer cette addition à l'ange exterminateur, redevenu l'ange sauveur 3.
Permettez-moi de résister obstinément aux autres critiques qui sont trop contraires à l'esprit dans lequel j'ai fait Irène . J'avais tenté d’abord de rendre son mari tout à fait odieux, afin de la justifier . Je m'aperçus bien vite qu'alors elle devenait ridicule de s'obstiner à être fidèle, et de se tuer très sottement pour ne pas manquer à la mémoire d'un méchant homme . J'ai vu évidemment qu’il faut avoir quelque reproches à se faire pour qu'on soit bien reçue à se tuer entre son père et son amant .
A l'égard de la catastrophe, il faut bien se donner de garde de l'allonger . Le parterre s'en va dès que l'héroïne est morte . Il ne faut que le spectacle attendrissant de l'amant et du père qui disent chacun deux mots aux genoux de la mourante ; Omne supervacuum pleno de pectore manat 4.
L'ascendant d'un vieillard fanatique sur une enfant, c'est à dire sur une fille, et non pas sur un garçon, ne peut fournir aucune allusion . Vous savez bien qu'il n'y a dans votre pays aucun fanatique qui gouverne sa fille enfant .
Mon imagination décrépite est d'ailleurs aux ordres de votre critique judicieuse, et mon cœur est encore plus aux ordres de votre cœur . Vous vous êtes heureusement corrigé de l'habitude affreuse de m'écrire deux fois par an quatre mots indéchiffrables qui ne signifiaient rien . Cela est bon pour la petite poste de Paris pour avertir un homme oisif qu'il est prié à souper chez une femme oisive, avec des gens qui n'ont rien à faire , ni à dire . Je n'ai pas un moment à moi dans la journée ; je suis accablé de travaux incroyables, de maladies et d'années, et cependant je trouve encore des moments pour raisonner avec vous , pour vous dire que je vous aime tendrement, surtout quand vous secouez avec moi votre paresse, et je viendrai vous voir si je puis jamais supporter le voyage, et si je ne meurs point en chemin . Mais la destinée m'a toujours contredit . Nous formons des projets avec Mme Denis, avec M. et Mme de Villette, nous arrangeons ces projets à midi et nous en découvrons toutes les impossibilités à deux heures . Cette Mme Denis vous écrit à la fin . Vous voyez bien qu'on n'est pas incorrigible . Pour moi je tâche de me corriger, moi et mes ouvrages, dans un âge où l'on prétend qu'on est incapable de tout . Je n'en crois rien . Si j'avais fait une faute à cent ans, je voudrais la réparer à cent un . Adieu ; si j'avais tort de vous aimer, je ne m'en corrigerais pas .
V. »
1 Thibouville, comédien amateur . http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri-Lambert_de_Thibouville
2 Voir : scène 4 : http://www.voltaire-integral.com/Html/07/07IRENE.html#a2
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25/11/2010
Si vous connaissez des gens qui veuillent de belles montres à bon marché, adressez-vous à la fabrique de Ferney
Des montres comme celle-ci ? http://www.deezer.com/listen-3103246
Auriez-vous l'heure ?
http://www.deezer.com/listen-5195626
Une discrète allusion au corps malade de Volti : http://www.deezer.com/listen-7198228
A ras le bitume, C'est l'heure : http://www.deezer.com/listen-3770581
Mais au fait Quelle heure est-il ? : http://www.deezer.com/listen-776606
« A Nicolas-Claude Thiriot
A Ferney 26 novembre [1770]
J'ai répondu à M. de Salies à son adresse. Voici, mon ancien ami, un rogaton qui pourra vous amuser 1.Vous connaissez sans doute l'Eloge de Moukden en vers par le roi de la Chine 2.Vous verrez dans la réponse l'éloge de mon pays.
Je crois que voici le temps de donner Ninon et Gourville 3.
Si vous connaissez des gens qui veuillent de belles montres à bon marché, adressez-vous à la fabrique de Ferney. J'y ai accueilli les meilleurs artistes de Genève au nombre de trente familles 4. Vale et me ama.
2 Eloge de la ville de Moukden et de ses environs ... On y a joint une pièce de vers sur le thé de Kien Long, ce poème a été traduit en prose.
http://books.google.at/books?id=8WwTAAAAQAAJ&printsec...
3 Le Dépositaire.http://www.voltaire-integral.com/Html/06/06DEPOSI.htm
4 http://www.worldtempus.com/fr/encyclopedie/horlogers-cele...
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.deo-erexit-...
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