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12/12/2010

J'ai eu la hardiesse de prévenir l'arrêt du parlement.

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Ci-dessus : Logo de : http://www.eurafecam.org/EURAFECAM/Bibliotheque/Crimes/so...

Pop crimes :  http://www.deezer.com/listen-5918978 ; ne me demandez pas ce qu'il chante , mais c'est lourd, rythmé et gai comme une porte de prison .

Après les crimes du passé dont nous parle Volti, Crimes of the future : ça a l'air de faire mal  ! http://www.deezer.com/listen-6267553

And now : 9 Crimes ! exactly ! Pas un de plus ! De ceux qu'on ne regrette pas ; à écouter sereinement :   http://www.deezer.com/listen-697670 , ou à voir et écouter : http://www.youtube.com/watch?v=cgqOSCgc8xc

 

 

 

 

« A Joseph Vasselier

 

Vous avez dû, mon cher correspondant, recevoir trois volumes à votre adresse avec un petit billet, le tout sous une enveloppe à M. Tabareau. De sorte que vous avez chacun vos Questions encyclopédiques jusqu'au C.

 

Voici une feuille du quatrième volume, où il est question de Mme Lerouge 1, à la page 164. J'ai eu la hardiesse de prévenir l'arrêt du parlement. S'il ne confirme pas ma sentence je serai bien étonné.

 

Je vous prie, mon cher correspondant, de m'envoyer le mémoire pour Sirven 2.

 

Voici des Questions encyclopédiques que vous êtes supplié de vouloir bien faire remettre à M. de Bordes 3.

 

10è décembre [1770] à Ferney. »

 

1 Dans l'article « Des Crimes » des Questions sur l'Encyclopédie, Mme Lerouge, de Lyon, avait accusé à tort sa voisine Mme Perra d'avoir tué sa fille dont on retrouva le corps dans le Rhône, et on avait fait témoigner contre Mme Perra son propre fils âgé de cinq ans et demi.Pages 163 -166: http://www.archive.org/stream/questionssurlenc04volt#page...

2 Le 30 août 1769, V* a demandé à l'abbé Audra de lui faire parvenir par Vasselier le Mémoire pour le sieur Pierre-Paul Sirven ... appelant . Contre les consuls et communauté de Mazamet, de Pierre Firmin de La Croix. Le livre sera annoté par V* : note 832 : http://books.google.be/books?id=3W7IVGRHzAAC&pg=PA115...

3 Charles Bordes de l'Académie de Lyon.http://cths.fr/an/prosopo.php?id=100466

11/12/2010

s'il se présente quelque évêque ou quelque balayeur du collège de Sorbonne

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Balayeur : http://www.deezer.com/listen-2148635

Evêque : http://www.deezer.com/listen-628031

Balayeur : http://www.deezer.com/listen-2119137

 Saint Nicolas , même après sa fête, ça compte encore : http://www.deezer.com/listen-3416201

Balayeur Yéyé : http://www.deezer.com/listen-1336294

Et, en ce temps hivernal, pour se réchauffer a "brandy for the bishop" (ou plus si affinité ! ) : http://www.deezer.com/listen-5857712

http://www.deezer.com/listen-2650147 vie d'un balayeur vue par un  prince de la poésie, Prévert .

 

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 Cet évêque-ci est doublement utile ; comme son modèle de chair (ici, il ne reste que l'os )  il cure les oreilles (des pécheurs : qui abet audias audiat audiendi !) et les débarasse de leurs (ignorance ? ) crasse (sous-ongulaire) . Allez ! et ne grattez plus !

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

Mon cher philosophe, mon cher ami, il est important que nous ayons i avec M. Gaillard un littérateur quel qu'il soit ii, attaché à l'Académie, philosophe, et intrépide ennemi des cagots. On m'a parlé beaucoup de M. de Malesherbes iii.

 

On dit aussi que le président de Brosses se présente. Je sais qu'outre les Fétiches iv et les Terres australes v, il a fait un livre sur les langues vi, dans lequel ce qu'il a pillé est assez bon, et ce qui est de lui détestable.

 

Je lui ai d'ailleurs envoyé une consultation de neuf avocats, qui tous concluaient que je pouvais l'arguer de dol à son propre parlement vii. Il a eu un procédé bien vilain contre moi, et j'ai encore la lettre dans laquelle il m'écrit en mots couverts que si je le poursuis il pourra me dénoncer comme auteur d'ouvrages suspects que je n'ai certainement pas faits. Je puis produire ces belles choses à l'Académie, et je ne crois pas qu'un tel homme vous convienne viii.

 

J'ignore s'il se présente quelque évêque ou quelque balayeur du collège de Sorbonne. Si on veut un homme de lettres, il me semble qu'il en faut un qui puisse servir la littérature et l'Académie. Il n'y en a peut-être pas de plus propre à remplir ces deux objets que M. Marin. Il a réussi dans quelques histoires bien écrites ix; il a fait de jolis vers ; il a obligé tous les gens de lettres x; il est dans un âge et dans une place qui répondent de sa conduite. Voyez ce que vous pouvez faire. Je crois que de tous les littérateurs c'est celui dont vous serez le plus content. Je devine très bien quelle est la souscription xi dont vous me parlez, cela serait charmant.

 

L'aventure de l'archevêque de Toulouse n'est que trop vraie, et vous ferez très bien de savoir qu'il a eu des ordres supérieurs xii. C'est un mystère qu'il faut absolument éclaircir.

 

Permettez-moi d'embrasser M. de Condorcet et vos autres amis.

 

V. 

 

A Ferney ce 10 décembre 1770 »

 http://www.deezer.com/listen-5247380

 

i  = qu'on élise à l'Académie française.

 

ii   Cf. lettre à Richelieu du 4 février 1771; et pour connaitre les titres de Gabriel-Henri Gaillard : http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

Et lettres à d'Alembert au sujet de cette élection prévue : pages 518-... : http://books.google.be/books?id=HhJEAAAAYAAJ&pg=RA4-P...

 

iii    Lamoignon de Malesherbes qui sera reçu à l'Académie le 16 février 1775. http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Chr%C3%A9tien_Guillaume_de_L...

 

iv   Du culte des dieux fétiches, ou parallèle de l'ancienne religion de l'Égypte avec la religion actuelle de Nigritie, 1760. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106440f

De Brosses : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Brosses

 

v   Histoire des navigations aux terres australes, 1756.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k751404

 

vi   Traité de la formation mécanique des langues et des principes physiques de l'étymologie, 1765. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50476b/f2.image.pag...

 

vii   De Dijon . Voir les lettres de V* à Mme Denis du 6 avril 1768 et lettres de novembre 1761 pour les démêles de V* avec de Brosses à qui il a acheté le comté de Tournay en 1758.

 

viii    V* , ulcéré, écrira à d'Alembert le 28 décembre 1770 : « Je passe le Rubicon pour chasser le nasillonneur, délateur et persécuteur, et je déclare que je serai obligé de renoncer à ma place si on lui en donne une. »

 

ix   Marin a écrit une Histoire de Saladin , 1758, http://books.google.be/books?id=98IGAAAAcAAJ&printsec...

et des pièces de théâtre, 1765, participé à des éditions et à la compilation de la Bibliothèque du théâtre français, 1768.

 

x  Marin en temps que secrétaire général de la Librairie rend des services aux philosophes et à V* particulièrement en essayant de faire pénétrer ses ouvrages en France et lui faisant parvenir des lettres. Par la suite V* changera d'avis sur Marin. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Louis_Claude_M...

 

xi  Pour la statue de V* par Pigalle.

 

xii   Le 23 novembre, V* écrit déjà à d'Alembert : « ... votre archevêque de Toulouse, si tolérant, a fait mourir par son intolérance, le pauvre abbé Audra (qui enseignait l'Histoire de V* et en avait fait un manuel) ... Il a fait un mandement cruel contre lui, et a sollicité sa destitution de sa place de professeur en histoire ... Cette aventure a donné la fièvre et le transport au pauvre abbé, et il est mort au bout de quatre jours »(le 17 octobre). D'Alembert répondra : « ... L'abbé a forcé l'archevêque à donner son mandement, en manquant à sa parole, en retirant sa démission, en voulant compromettre un des grands vicaires ; l'archevêque avant ce temps-là avait résisté pendant un an aux clameurs du parlement, des évêques, de l'Assemblée du clergé . A la fin on lui a forcé la main. » L'abbé est mort d'une « fièvre maligne ». Voir aussi : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

10/12/2010

J'ai goûté la vengeance de consoler le roi de Prusse ; et cela me suffit.

For Babet : http://www.deezer.com/listen-5129630 : ça laisse rêveur !

"Une" Babet qui me semble plus séduisante que "le" Babet-bouquetière de Volti : http://www.deezer.com/listen-7179858

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

conseiller d'honneur du parlement

rue de la Sourdière à Paris

 

Aux Délices 10 décembre [1757]

 

Mon cher et respectable ami, je reçois une lettre de Babet i qui a troqué son panier de fleurs contre le portefeuille de ministre . J'en suis enchanté. M. Amelot ni même M. de St Contest n'écrivaient pas de ce style. Je vous remercie de m'avoir procuré un bouquet de fleurs de la grosse Babet. Rengainez mes inquiétudes ii, mais si dans l'occasion on vous parlait encore de mes correspondances assurez bien que ma première correspondance est celle de mon cœur avec la France. J'ai goûté la vengeance de consoler le roi de Prusse iii; et cela me suffit . Il est battant d'un côté, et battu de l'autre iv. A moins d'un nouveau miracle, il sera perdu. Il valait mieux être philosophe comme il se vantait de l'être. »

 

ii V* a fait part de ses inquiétudes à d'Argental le 2 et 3 décembre. On était mécontent en France de sa correspondance avec le roi de Prusse avec qui on était en guerre et on craignait que notre alliée autrichienne n'en prenne ombrage ; il avait conseillé Frédéric (qui voulait se suicider) de négocier et l'avait confié à Bernis. Bernis ne lui répondit même pas .On avait dû « penser que cette confidence était la suite de l'intérêt qu'il prenait encore au roi de Prusse »!

Pages 335-339 : http://books.google.fr/books?id=thNEAAAAYAAJ&pg=PA336...

iii Alors que Frédéric vaincu voulait se suicider ; cf. lettres du 2 septembre 1757 à JR Tronchin et du 15 octobre à Frédéric. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/01/s...

iv Vainqueur à Rossbach le 5 novembre contre les Français et Autrichiens, Frédéric est battu par les Autrichiens à Breslau les 22-23 novembre. Rupture le 28 novembre de la convention de Closter-Seven entre Français et Anglais. Frédéric sera de nouveau vainqueur le 5 décembre. Cette guerre, vue d'outre-atlantique : http://amerindien.e-monsite.com/rubrique,guerre-de-sept-a...


09/12/2010

nous avons été honorés aussi d'un petit tremblement de terre ...et le dîner n'en a pas été dérangé.

Pour rester dans le ton léger de Volti au sujet du tremblement de terre en territoire genevois :

http://www.youtube.com/watch?v=WePEHIQNh_o

Pour tous ceux qui connaissent le caractère suisse, nul étonnement à ce que même les tremblements de terre helvétiques se passent calmement, parce que : "y'aaa paaas l'feu auauauauau  lac !!"

bouteille bois casse tete.jpg

http://www.palason.ca/main.cfm?p=002&l=fr&SECID=4...

 

 

 

 

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Banquier à Lyon

 

 

Aux Délices près de Genève

10 décembre 1755

 

Vous apprendrez, Monsieur, par toutes les lettres de cet ordinaire que nous avons été honorés aussi d'un petit tremblement de terre . Nous en sommes pour une bouteille de vin muscat qui est tombée d'une table, et qui a payé pour tout le territoire. Il est heureux d'en être quitte à si bon marché. Ce qui m'a paru d'assez singulier, c'est que le lac était tout couvert d'un nuage très épais par le plus beau soleil du monde. Il était deux heures et vingt minutes ; nous étions à table dans nos petites Délices, et le dîner n'en a pas été dérangé. Le peuple de Genève a été un peu effarouché ; il prétend que les cloches ont sonné d'elles-mêmes, mais je ne les ai pas entendues.

 

En attendant la fin du monde, je suis encore forcé de vous importuner, Monsieur, pour les bagatelles de cette vie. Notre sellier avait oublié de demander 8 aunes de grand galon pareil à celui que nous avons l'honneur et l'importunité de fourrer dans cette lettre.

 

L'insatiable Mme Denis jure encore que vous ne lui refuserez pas quatre milliers de clous dorés pour des fauteuils . Il me parait qu'il faut bien des choses pour habiter en terre hérétique.

 

Nous vous faisons mille tendre compliments, mon cher correspondant ; et nous partons pour voir s'il y a eu un tremblement de terre à Montriond.

 

V. »

 

08/12/2010

Qui vous empêchera, Monseigneur, de faire mettre vingt-cinq mille au lieu de trente mille, dans votre édit ?

 

 

 

« A Anne-Robert-Jacques Turgot

 

8è décembre 1775, à Ferney

 

Monseigneur,

 

Il faut encore que malgré vos immenses travaux, malgré les miens chétifs, malgré mon petit accident qu'on a honoré du nom d'apoplexie, et peut-être hélas ! malgré votre goutte, je vous fasse encore passer deux minutes à lire mes radoteries . Je vous dis comme à M. de Trudaine que je vais lundi 11 du mois dans nos États faire accepter votre arrêt i, purement et simplement comme la bulle Unigenitus, en dépit du premier ordre de l'État, qui est , dit-on, un peu rénitent.

 

Je regarde votre arrangement non seulement comme le salut de notre petite province, mais comme experimentum in anima vili, pour faire ailleurs de plus grandes opérations. L'article des corvées, surtout, est l'avantage du royaume . Et pour vos trente mille livres aux soixante colonnes de l'État ii, il faudra bien que nous les donnions, puisque vous croyez la chose juste.

 

Mais après avoir accepté, et signé, je vous demande hardiment une grâce, c'est l'aumône. Elle est de droit divin bien plus que la dîme et surtout bien plus que l'indemnité des trente mille livres. Je dis à chacun des soixante publicains : peccata tua eleemosinis redime iii, vous êtes maudits dans l'Évangile comme dans votre pays ; tâchez de gagner le royaume des cieux en vous faisant amicos ex mammona iniquitatis iv.

 

Qui vous empêchera, Monseigneur, de faire mettre vingt-cinq mille au lieu de trente mille, dans votre édit ? Songez, je vous en conjure, que nous sommes , de compte fait, le plus pauvre canton du royaume, que nous payons tout sur le fonds de nos terres, et que nos terres couvertes de glace pendant cinq mois de l'année ne rendent pas trois pour un. Songez que le corps des fermiers généraux est après celui des bernardins et des bénédictins le corps le plus riche du royaume, et qu'une aumône de cinq mille francs ne fut jamais mieux placée.

 

D'ailleurs, en vérité ces soixante rois des aides et gabelles méritent-ils tant de libéralité de votre part ? ne savez-vous pas tous les tours qu'ils veulent vous jouer, et tous les bruits ridicules qu'ils font courir ? n'êtes-vous pas précisément dans le cas où était le duc de Sully quand tant de financiers et de suppôts de financiers s'élevaient contre sa probité éclairée ? Il est bien juste de les condamner à une amende de cinq mille francs en faveur des pauvres de Gex qui vous bénissent.

 

Nous vous supplions surtout de vouloir bien, en faisant ce traité avec les soixante rois de France, leur signifier de retirer leurs troupes v au 1er janvier. Leurs grenadiers jouent de leur reste ; ils se croient dans un pays ennemi, et ils le désolent. Mais surtout paccata tua eleemosinis redime.

 

Je me mets à vos pieds goutteux ; et mon âme particulièrement se met aux pieds de la vôtre.

 

LE VIEUX MALADE DE FERNEY V. »

 

 

i  Qui concerne le rachat du monopole du sel aux fermiers généraux, l'expulsion de leurs commis et l'abolition des corvées.                                               Cf. lettres du 29 août à Moultou,31 août à de Vaines, 5 octobre à Mme de Saint-Julien, du 5 octobre à Turgot.http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/28/a...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/31/m...

 

ii  Les soixante fermiers généraux.

 

iii  Rachète tes péchés par des aumônes.

 

iv  (Fais toi )des amis avec l'argent de l'injustice.

 

v  Leurs employés.

la raison vient de Dieu, et la superstition vient des hommes

 

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« A Peacock i


A Ferney, 8 décembre 1767

 

Je ne saurais , Monsieur, vous remercier en anglais, parce que ma vieillesse et mes maladies me privent absolument de la facilité d'écrire. Je dicte donc en français mes très sincères remerciements sur le livre instructif que vous avez bien voulu m'envoyer ii. Vous m'avez confirmé de vive voix iii une partie des choses que l'auteur dit sur l'Inde ; sur ses coutumes antiques conservées jusqu'à nos jours ; sur ses livres, les plus anciens qu'il y ait dans le monde ; sur les sciences, dont les brachmanes ont été les dépositaires ; sur leur religion emblématique, qui semble être à l'origine de toutes les autres religions . Il y a longtemps que je pensais, et que j'ai même écrit une partie des vérités que ce savant auteur développe . Je possède une copie d'un ancien manuscrit iv qui est un commentaire du Veidam, fait incontestablement avant l'invasion d'Alexandre. J'ai envoyé à la Bibliothèque royale de Paris l'original de la traduction faite par un brame, correspondant de notre pauvre Compagnie des Indes, qui sait très bien le français.

 

Je n'ai point de honte, Monsieur, de vous supplier de me gratifier de tout ce que vous pourrez retrouver d'instructions sur ce beau pays où les Zoroastre, les Pythagore, les Apollonius de Thyane ont voyagé comme vous.

 

J'avoue que ce peuple, dont nous tenons les échecs, le tric-trac, les théorèmes fondamentaux de la géométrie, est malheureusement d'une superstition qui effraie la nature. Mais avec cet horrible et honteux fanatisme il est vertueux, ce qui prouve bien que les superstitions les plus insensées ne peuvent étouffer la voix de la raison : car la raison vient de Dieu, et la superstition vient des hommes qui ne peuvent anéantir ce que Dieu a fait.

 

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec une très vive reconnaissance ... »

 

ii  Deux premiers volumes de Interesting historical Events relative to the provinces of Bengal and the Empire of Indostan, 1766-1771, de J. Z. Holwell. http://books.google.fr/books?id=s_0RAAAAYAAJ&printsec...

 

 

iii  A Chabanon, le 26, V* écrira qu'il a eu chez lui « le fermier général du roi de Patna » qui « sait très bien la langue courante des brahmes. »

 

iv  Cf. la lettre à Deshauterayes du 21 décembre 1760 au sujet de ce prétendu ancien manuscrit.http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/26/o...

07/12/2010

la haine cordiale que j'ai pour votre métier de César.

Dans le domaine "je me fous de votre gueule et je me gave", un César, qui au demeurant ne manquait pas de talent artistique, et qui a eu celui de vivre grâce au mauvais goût de ses contemporains, dont un exemple suit :

 

cesar_moto.jpg

Etre Cesar ! Est-ce bien enviable ?  http://www.deezer.com/listen-5803986

Rendons à Cesar ce qui appartient à Jules : http://www.deezer.com/listen-2417346 ; merci à Georges Chelon, que, malheureusement, on n'entend qu'à dose homéopathique sur nos ondes hertziennes.

Une curiosité :  http://www.deezer.com/listen-1566386

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Ferney, 8 décembre [1773]

 

Sire,

 

Une belle dame de Paris i (dont vous ne vous souciez guère) prétend que vous serez fâché contre moi de ce que je donne Votre Majesté au diable ii; et moi je lui soutiens que vous me le pardonnerez, et que Belzébuth même en sera fort content, attendu qu'il n'y a jamais eu personne plus diable que vous à la tête d'une armée, soit pour arranger un plan de campagne, soit pour l'exécuter, soit pour réparer un accident.

 

Je n'aime point du tout, il est vrai, votre métier de héros, mais je le révère ; ce n'est point à moi de juger de la Tactique de M. Guibert. Je ne m'entends point à ces belles choses ; je sais seulement qu'il vous regarde avec raison comme le premier tacticien, et moi, j'ajoute : comme le premier politique ; car vous venez d'acquérir un beau royaume, sans avoir tué personne iii, et non seulement vous voilà pourvu d'évêchés et d'abbayes, non seulement vous voilà général des jésuites iv après avoir été général d'armée, mais vous faites des canaux comme à la Chine, et vous enrichissez le royaume que vous vous êtes donné par un trait de plume. Que vous reste-t-il à faire ? rien d'autre que de vivre longtemps pour jouir.

 

Comme Votre Majesté recevra probablement mon petit paquet aux bonnes fêtes de Noël, et que le Dieu de paix va naître avant qu'il soit trois semaines, je me recommande à lui, afin qu'il obtienne ma grâce de vous et que vous me pardonniez toutes les pouilles que j'ai dites à Votre Majesté, et la haine cordiale que j'ai pour votre métier de César. Ce César comme vous savez, pardonnait à ses ennemis quand il les avait vaincus ; et vous aurez pour moi la même clémence, après vous être bien moqué de moi v.

 

Le vieux malade de Ferney, qui s'égaye quelquefois dans les intervalles de ses souffrances, se met à vos pieds avec cinq ou six sortes de vénérations pour vos cinq ou six sortes de grands talents, et pour votre personne qui les réunit. »

 

i  Mme Necker ; V* en parlait à d'Alembert le 5 décembre.

 

ii  En parlant de l'Essai général de tactique de Guibert, V* dans la Tactique écrit : « A Frédéric surtout portez ce bel ouvrage, / Et soyez convaincu qu'il en fait davantage : / Lucifer l'inspira bien mieux que votre auteur ; / Il est maître passé dans cet art plein d'horreur, / Plus adroit meurtrier que Gustave et qu'Eugène. » ; cf. lettre à d'Alembert du 19 novembre. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Antoine-Hippolyte_de...

Tactique de V* : page 6 : http://books.google.fr/books?id=0y4HAAAAQAAJ&printsec...

 

iii  Partage de la Pologne en 1772, -traité ratifié par le roi de Pologne et la diète le 18 septembre 1773,- alors que Frédéric n'a pas participé à la guerre. Il se justifia auprès de V* le 9 octobre 1773 : « ... l'Europe croit assez généralement que le partage que l'on a fait de la Pologne est une suite de manigances politiques qu'on m'attribue, cependant rien n'est plus faux. Après avoir proposé vainement des tempéraments différents, il fallut recourir à ce partage comme l'unique moyen d'éviter une guerre générale. » D'autre part il écrivit : « je concours depuis longtemps aux opérations des Russes par des subsides que je leur paie, et vous devez savoir qu'un allié ne fournit pas des troupes et de l'argent en même temps... »

 

iv  Cf. lettre à d'Alembert du 19 novembre.

 

v   Le 9 octobre, Frédéric venait de se moquer des attitudes contradictoires de V* face à la guerre.