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20/01/2013

au milieu des intérêts publics je ne dois pas songer à mes chagrins particuliers

... Juste les mettre entre parenthèses ! Faire contre mauvaise fortune bon coeur et espèrer une juste solution des emm.... embêtements que créent des proches mal intentionnés .

Au besoin, montrer les dents

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« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

 Au Chêne à Lausanne [2 ?] novembre [1757]

L'aventure de Berlin, madame, était déjà dans toutes les gazettes et le prince Louis de Virtemberg me l'avait mandée de Lissa, mais non pas avec toutes les circonstances que vous m'apprenez . On ne dit rien du trésor . Apparemment que le sieur Ferdersdorf , ce valet de chambre premier ministre, l'aura fait transporter à Custrin . Mais il y en avait un autre à Potsdam tout en or . C'eût été une assez bonne capture . Il était auprès de la petite salle des soupers de confidence . Il y aura grande apparence qu'à la fin de toutes ces affaires-ci on verra plus d'espèces circuler en Allemagne .

Je me tais sur cette grande révolution . Il m'est seulement permis de remarquer que Frédéric aurait été le plus heureux des rois aussi bien que le plus riche s'il avait été aussi philosophe qu'il a cru quelquefois l'être . Il aurait épargné à l'Europe la guerre de 1741 et celle qui désole aujourd'hui une partie de l'Allemagne .

Je ne peux que le plaindre . Il m'a écrit plusieurs fois et j'ai goûté la vengeance de le consoler . J'aurais souhaité, je vous l'avoue, qu'il eût un peu justifié les sentiments de compassion qu'il m'a inspiré en réparation de la violence inexcusable dont il usa envers ma nièce, envers une étrangère, une sujette du roi de France qui ne lui devait rien et dont il n'avait aucun sujet de se plaindre . J'apprendrai peut-être quelque jour à la postérité que dans Francfort où l'empereur a été élu, un marchand nommé Smith, condamné pour fausse monoye par une commission impériale, et un nommé Freytag condamné dans Dresde à la brouette, ont de leur autorité privée arrêté ma nièce au nom du roi de Prusse dans la rue au milieu de la populace, l'ont conduite à pied en prison, l'ont fait coucher en présence de quatre soldats qui avaient la baïonnette au bout du fusil au pied de son lit, se sont saisis de ses effets et des miens, les ont gardés tant qu'ils ont voulu et m'ont volé des sommes considérables : Mme Denis n'avait d'autres crimes que de m'avoir conseillé plusieurs fois de revenir dans ma famille . Il est bien étrange que le roi de Prusse m'écrive aujourd'hui sans réparer le moins du monde cette action qui n'est pas à sa gloire . Mais, madame, au milieu des intérêts publics je ne dois pas songer à mes chagrins particuliers, et ma nièce heureuse dans ma retraite oublie ce que ce prince n'aurait pas dû oublier . Est-il possible qu'avec tant de talents il se soit attiré tant d'inimitiés personnelles, et que son esprit n'ait servi qu'à son malheur ! Je réfléchis souvent sur ce grand exemple, les malheurs des rois peuvent servir même aux hommes obscurs . Il ne manquerait rien à la douceur de la retraite dont je jouis si vous veniez habiter à Montriond . Mais je ne compte sur rien que sur mon tendre respect pour vous .

V.

Je vous supplie madame, de me mander les suites de la prise de Berlin . Vous m'écrivez sur de grandes feuilles, soit, pourvu qu'elles soient remplies . »

 

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