21/02/2014
S'il ne sert que suivant l'argent que son maître lui donne, il fera une besogne bien médiocre
... Ce qui est l'avis de tous (ou presque ) les salariés .
Et on entre alors dans cette fameuse spirale de la médiocrité : "je ne suis pas payé autant que j'estime le mériter, donc je travaille moins", du coup le patron n'augmente personne "ils sont bien payés pour le peu qu'ils font", et le serpent se mord la queue ! ça fait mal !! Je suggère que la tête et la queue retrouvent leur place respective et vivent en bonne entente pour leur bien réciproque .
« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG
à l'île Jard
à Strasbourg.
Aux Délices, 2 février [1759]
Comment va votre santé, madame? comment vous trouvez- vous du plus doux des hivers? N'êtes-vous pas étonnée qu'on ne prenne pas en Allemagne un si beau temps pour s'égorger ? Connaissez-vous milord Maréchal, ancien conjuré anglais, ancien réfugié en Espagne, aujourd'hui gouverneur ad honores 1 de la petite principauté de Neufchâtel ? Il passa hier par Genève pour aller, de la part du roi son maître prussien, allumer, s'il le peut, quelques flambeaux de la discorde dans l'Italie. S'il ne sert que suivant l'argent que son maître lui donne, il fera une besogne bien médiocre. Les nouvellistes du pays que j'habite, qui ont des correspondances dans toute l'Europe, disent toujours que la conspiration du Portugal 2 n'est que la suite des amours du roi et de la jalousie d'un homme du vieux temps, qui a trouvé mauvais d'être cocu. Vous voyez, mesdames, que, depuis Hélène, vous êtes la cause des plus grands événements; mais les jésuites vous disputent votre gloire. Ils se sont mêlés de cette affaire, qui ne les regardait pas. De quoi s'avisent-ils d'entrer dans la vengeance de la mort d'une femme ?3 Ils disent pour raison qu'ils étaient depuis longtemps en possession d'assassiner, et qu'ils n'ont pas voulu laisser perdre leurs privilèges. La mort prochaine du roi d'Espagne, les attentats contre les têtes couronnées, les amis du roi de Suède mourant par la main du bourreau 4, l'Allemagne nageant dans le sang, forment un tableau horrible. Cependant on ne songe à rien de tout cela dans Paris. On y est toujours aussi fou qu'auparavant, toujours se plaignant, toujours riant, toujours criant misère, et plongé dans le luxe ; et moi, madame, toujours vous aimant avec le plus [ten]d[r]e 5 respect . »
1 Honoraire .
2 Voir page 395 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411331n/f398.image
3 Charrot écrit : « Je crois qu'il faut lire : « de l'amour d'une femme ». Il s'agit de la comtesse Ataïde d'Atougina qui passait pour avoir été la maîtresse du roi du Portugal et qui n'était pas morte . Le Précis du Siècle de Louis XV, chap. xxxviii » ( dans lequel V* écrit Atouguia)
4 Voir lettre du 4 août 1756 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/07/26/au-sortir-du-tombeau-de-sa-mere-avec-des-bras-qui-avaient-l.html
5 Le papier de la lettre est déchiré .
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