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08/10/2014

La mode est-elle toujours dans les académies de louer les athées d'avoir eu de grands sentiments de religion ? Qu'on est sot à Paris !

... Je confirme, et , comme la peine c'est une sottise capitale .

 Idiot, mais pas sot !

Un_idiot_a_Paris.jpg

 

 

 

 

« Marie-Louise Denis

et

Voltaire

à [François-Augustin Paradis de Moncrif]1

[septembre 1759]

[…] qu'il nous reviendra pour vous monsieur je crains fort que votre santé, votre paresse et Saint Cloud ne nous privent du plaisir de vous recevoir dans un de nos châteaux, et que vou[s]2 ne nous obligiez de vous aller faire une petite visite à Paris . Mais comment faire quitter à mon oncle sa charrue ? La chose est plus difficile que l'on ne croit . L'absence ne peut altérer la tendre amitié que j'ai pour vous depuis si longtemps et que je vous conserverai toute ma vie .

Denis.

 

Soyez bien malade mon cher camarade, afin que nous vous guérissions . Venez au temple d’Esculape, faites votre pèlerinage comme les dames de Paris . Nous avons ici depuis deux ans Mme d'Epinay, confessée en chemin, arrivée mourante . Non seulement elle est ressuscitée mais inoculée . Voilà un grand triomphe et un grand exemple . Et moi donc ! ne pourrai-je me citer ? Je m'étais arrangé pour mourir il y a quatre ans et je me trouve plus fort que je ne l'ai jamais été, bâtissant, plantant, rimant, faisant l'histoire de cet empire russe qui nous venge et qui nous humilie .

O fortunatos nimium, sua nam bona morunt, agricola .3

Ainsi je ne me suis point fait enduire de térébenthine 4 et je n'ai point eu besoin d'envoyer chercher des capucins . Maupertuis a vécu comme un insensé et est mort comme un sot . Le roi de Prusse ne pouvait le souffrir mais comme il n'avait encore de niches à faire ni à l'impératrice , ni au roi, il en faisait à Maupertuis et à moi . J'ai pris le parti d'enterrer l'un, et d'être beaucoup plus heureux que l'autre . L'ingratitude du roi de Prusse a fait mon bonheur, et le roi notre bon maître l'a comblé en déclarant mes terres libres . Il ne me manque que de vous voir arriver ici pour prendre comme moi des lettres de vie au bureau de Tronchin .

Je vous embrasse de tout mon cœur . La mode est-elle toujours dans les académies de louer les athées d'avoir eu de grands sentiments de religion ?

Qu'on est sot à Paris !

V. »

1 Manuscrit olographe où manque le premier feuillet de Mme Denis ; l'édition Cayrol suggère Cideville comme destinataire, mais celui-ci n'est pas membre d'une académie et de plus il n'y a rien qui le concerne personnellement, de même que le ton de la lettre ne convient pas ; Voltaire à Ferney suggère Chennevières, mais on peut faire les mêmes remarques que pour Cideville . De plus la mention de Saint Cloud doit être retenue, d'où le destinataire ici proposé .

Voir : http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/francois-augustin-paradis-de-moncrif

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Augustin_de_Paradis_de_Moncrif

2 Correction du texte de Bestermann, vous , qui ne convient pas .

3 Ô trop heureux les laboureurs, car ils connaissent leur bonheur ; Virgile, Bucoliques, X,458-459.

4 Allusion aux expériences de Maupertuis, V* parle ordinairement de poix-résine . http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Louis_Moreau_de_Maupertuis

 

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