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30/06/2015

c'est dans le fond une très bonne fille, quoiqu’elle ait l'air un peu malin

... Mumu, Muriel Robin, une femme qui mérite nos applaudissements, notre affection et notre respect . Qui nous console des revers de la vie ordinaire . Longue et bonne  vie à toi .

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« Au baron Frédéric Melchior Grimm

Mlle Vadé a reçu la charmante lettre du cher prophète ; elle s'imagine qu'Habacuc ne paye point de ports de lettres attendu la secrétairerie du premier prince de Juda 1. Partant elle hasarde ce paquet, et en fera tenir incessamment un autre dans un autre goût pour varier . Elle aura toujours une grande attention pour les besoins de Lefranc, pour ceux de Me Abraham, du divin Palissot ; elle respectera comme le doit le Journal de Trévoux , le Journal chrétien, et tous les sages persécuteurs ; elle fait mille compliments au philosophe de la rue Tarane 2; s'il se trouve jamais à Paris quelque honnête libraire qui veuille imprimer le sermon du cousin Vadé il fera une bonne œuvre ; elle écrira demain un petit mot à la belle philosophe qui a de si beaux yeux et un si bon cœur .

Au reste, Mlle Vadé est un peu malade, mais elle croit que rien n'est plus sain que de rire, et elle rit beaucoup de tout ce qui se passe ; elle embrasse de tout son cœur le cher prophète ; c'est dans le fond une très bonne fille, quoiqu’elle ait l'air un peu malin .

[du 27 juin 1760]3 »

1 On se souvient que Grimm était secrétaire du duc d'Orléans .

2 Diderot .

3 Date ajoutée par Grimm .

 

on n'est pas de fer, quoiqu'on soit dans un siècle de fer

... Et Charles Pasqua , quoique n'ayant pas été en tôle, vient de finir sa carrière dont l'épisode politique (trop long ) n'est pas la meilleure partie . Que d'affaires louches pour démontrer s'il en était encore besoin que le pouvoir corrompt . Qui se souvient de tes quelques succès ? Je me marre déjà en entendant les louanges de ceux qui auraient tout fait pour te piquer ta place .

A toi, comme à tous ceux qui cassent leurs pipes, ce chant que j'aimerais voir entonné par tous nos papes, popes, imams, bonzes, pasteurs,...

https://www.youtube.com/watch?v=8FMFxaT-n7U

Allez, je me sers un petit 102, il fait soif .

Et pour toi, Charles  ? une bière !

Tchin tchin !

 pastis-102_design.png

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

Envoyé de

Parme,

conseiller d'honneur du parlement

rue de la Sourdière

à Paris
27è juin 1760 1
Mon cher ange pardonnera si je n'écris pas de ma main ; on n'est pas de fer, quoiqu'on soit dans un siècle de fer. M. Tronchin est étonné que vos médecins de Paris n'aient pas prévu la pierre bilieuse; je lui ai donné 36 livres 2; je l'ai consulté sur le rhumatisme; il demande des détails, et alors il dira son avis.
Il faudrait, mon divin ange, refondre l'Écossaise, changer absolument le caractère de Frelon, en faire un balourd de bonne volonté qui gâterait tout en voulant tout réparer, qui dirait toutes les nouvelles en voulant les taire, et qui influerait sur toute la pièce jusqu'au dernier acte. Cette pièce a été faite bonnement et avec simplicité, uniquement pour faire donner Fréron au diable; elle ne pourrait être supportée au théâtre qu'en cas qu'on la prît pour une comédie véritablement anglaise. Elle ressemble aux toiles peintes de Hollande, qui ne sont de débit que quand elles passent pour être des Indes. Je vous enverrai, je crois, demain cette misère, avec quelques légères corrections. Il est impossible de rien changer aux deux derniers actes, à moins de faire une pièce nouvelle. Je me trompe peut-être, mais je crois que le Droit du Seigneur vaut infiniment mieux. Vous aurez le petit embellissement de la fin de Tancrède en son temps, afin de ne pas mêler les espèces.
Pour Médime, j'en ai par-dessus la tête ; je ne puis rien faire pour elle; je suis son serviteur, et lui souhaite toutes sortes de prospérités. Vous devriez bien donner un Pauvre Diable à votre ancien portier; peut-être trouverait-il quelque honnête typographe qui s'en chargerait pour l'édification publique. Tout le monde admire la modestie de Lefranc de Pompignan, et on voit combien le roi et tout l'univers prennent le parti de ce grand homme ; je crois que Mlle Vadé lui en dira deux mots 3. J'ai pris la liberté de vous adresser ma seconde réponse à la seconde lettre du sieur Palissot. Cette lettre le met si fortement et si honnêtement dans tout son tort, elle justifie si pleinement Diderot; elle doit faire tellement rougir M. Joly de Fleury sans l'offenser, elle est si mesurée et si vraie dans tous ses points, que je crois que c'est une très-bonne œuvre de se la laisser dérober en ôtant votre nom.
Vous êtes un véritable ange d'avoir fait cette démarche auprès de Mme la comtesse de La Marck ; rien n'est plus digne de vous que de protéger Diderot, qui le mérite d'autant plus qu'il est malheureux. Je suis toujours émerveillé du silence de M. le maréchal de Richelieu ; s'il refuse un passeport à un huguenot, il faut au moins écrire à un catholique . Je suis bien affligé de la maladie de Mme d'ArgentaI . Je baise le bout de vos ailes .

V. »

1 L'édition de Kehl omet je lui ai donné 36 livres, et la fin à partir de Je suis toujours émerveillé ...

 

ces beaux mots : Vous ne savez ce que vous dites ; j'ajoute à présent que vous ne savez ce que vous faites

... Ô combien de nos politiques, combien de nos chefs (?) religieux, combien de syndicalistes à la petite semaine (qui ne représentent qu'eux mêmes ) sont justiciables de ce jugement qui n'a pas pris une ride .

 

 

 

« A Nicolas-Claude THIERIOT.
[Aux Délices, 23 juin 1760].
La poste part; je n'ai que le temps de vous dire, mon cher ami, que vous ne savez ce que vous dites ; que je sais mieux que vous l'aventure de Robin, et les sentiments de ceux qui l'ont fait coffrer, et le tort extrême qu'on a eu de fourrer Mme la princesse de Robecq dans une querelle de comédie; et qu'on trouve à Versailles le Mémoire de Pompignan aussi sot qu'à Paris, et qu'un compliment de M. de La Vauguyon 1 n'est qu'un compliment, et qu'il ne faut point s'alarmer, et que les bons cacouacs auront toujours le public pour eux, et qu'il faut rire.
Par quelle fatalité me dit-on toujours : « Vous avez lu le Mémoire de Pompignan ; que dites-vous de ce mémoire et de sa généalogie?» Et personne ne me l'envoie, et je suis tout honteux.
J'ai reçu une grande lettre de Jean-Jacques Rousseau 2; il est devenu tout à fait fou ; c'est dommage.
J'ai commencé ma lettre, mon cher ami, par ces beaux mots : Vous ne savez ce que vous dites ; j'ajoute à présent que vous ne savez ce que vous faites, car il vaudrait bien mieux venir aux Délices, dans la chambre des fleurs, que d'aller chez un médecin dont vous n'avez pas besoin, puisque vous êtes gros et gras.
J'ai vu Marmontel; il est gros et gras aussi, et, de plus, m'a paru fort aimable. Il soutient sa disgrâce en homme qui ne la méritait pas.
J'ai la Vision, j'en ai deux exemplaires ; mais, pour Dieu, faites- moi avoir Moses's Légation 3, et l'Interprétation de la Nature 4.
Je suis dans un commerce très-vif avec le bienheureux Palissot; je lui ai écrit une lettre paternelle 5, en dernier lieu, dans laquelle je lui propose de faire une rétractation publique.
Adieu, adieu; une autre fois je vous en dirai davantage ; mais il faudrait venir chez nous. Je vous embrasse tendrement. 

Le Suisse V.»

1 Antoine-Paul-Jacques de Quélen, duc de La Vauguyon, nommé dans le Poème de Fontenoy, vers 195 (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poeme-de-fonten... ). Il était alors gouverneur du duc de Bourgogne, mort en 1761. Il n'est plus guère connu aujourd'hui que par son billet d'enterrement, que Grimm rapporte tout au long dans sa Correspondance littéraire, février 1772. Voir aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Qu%C3%A9len_de_S...

4 Voir lettre du 19 juin à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/18/o...