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05/04/2016

Le peuple écoutait ces farces théologiques le cou tendu, les yeux fixes et la bouche ouverte, comme les enfants écoutent les contes de sorciers, et s'en retournent tout contrit

... Béatitude des simples d'esprit qui se délectent aujourd'hui des discours de leurs hommes/femmes politiques préférés , à chacun sa religion , l'une profane n'excluant pas une deuxième couche cléricale , la double peine !

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« A Louis-César de La Baume Le Blanc, duc de La Vallière

[vers le 25 avril 1761]1

Votre procédé 2, monseigneur le duc, est de l'ancienne chevalerie ; vous vous exposez pour sauver un homme qui s'est mis en péril à votre suite . Mais la petite erreur dans laquelle vous m'avez induit, sert à déployer votre profonde érudition . Peu de grands fauconniers 3 auraient déterré les Sermones festivi 4, imprimés en 1502, et réimprimés en 1515 5. Raillerie à part, vous faites une action digne de votre belle âme, en vous mettant pour moi à la brèche .

Vous me disiez dans votre première lettre qu'Urseus Codrus , était un grand prédicateur ; vous m'apprenez dans votre seconde que c’était un grand libertin, mais 6 qu'il n’était pas cordelier . Vous demandez pardon à Saint François d'Assise, et à tout l'ordre séraphique , de la méprise où je suis tombé . Je me joins à vous, et je prends 7 sur moi la pénitence ; mais il reste toujours très 8 véritable, que les mystères représentés à l'hôtel de Bourgogne, étaient beaucoup plus décents que la plupart des sermons de ce temps 9. C'est sur ce point que roule la question .

Mettons qui nous voudrons à la place d'Urseus Codrus, et nous aurons raison . Il n'y a pas un mot dans les mystères qui révolte 10 la pudeur et la piété . Quarante associés qui font, et qui jouent des pièces saintes en français, ne peuvent s'accorder à déshonorer leurs pièces , par des indécences qui révolteraient le public , et qui feraient fermer leur 11 théâtre . Mais un prédicateur ignorant, qui travaille seul, qui ne rend compte à personne de son ouvrage 12, qui n'a nul usage des bienséances, peut mêler dans son discours 13 quelques sottises, surtout quand il les prononce en latin .

Tels étaient par exemple, les sermons du cordelier Maillard, que vous avez sans doute dans votre 14 bibliothèque . Vous verrez dans son sermon du jeudi de la seconde semaine de Carême, qu'il apostrophe ainsi les femmes des avocats qui portent des habits garnis d'or, Vous dites que vous êtes vêtues suivant votre état, à tous les diables votre état, et vous-mêmes mesdemoiselles . Vous me direz peut-être, nos maris ne nous donnent point de si belles robes, nous les gagnons de la peine de notre corps, à trente mille diables la peine de votre corps, mesdemoiselles 15.

Je ne vous répète que ce trait de frère Maillard pour ménager votre pudeur , mais si vous voulez vous donner le soin d'en chercher de plus forts dans le même auteur, vous en trouverez de dignes d'Urseus Codrus . Frère André 16 et Menot 17 étaient fort fameux pour ces 18 turpitudes . La chaire, à la vérité, n'était pas 19 toujours souillée par des obscénités; mais longtemps les sermons ne valurent pas mieux que les mystères de l'hôtel de Bourgogne .

Il faut avouer que les prétendus réformés de France, furent les premiers qui mirent quelque raison dans leurs discours, parce qu'on est obligé de raisonner quand on veut changer les idées des hommes . Cette raison était encore bien loin de l'éloquence . La chaire, le barreau, le théâtre, la philosophie, la littérature, la théologie, tout chez nous fut à quelques exceptions près fort au dessous des pièces qu'on joue aujourd'hui à la foire .

Le bon goût, en tout genre, n'établit son empire que dans le siècle de Louis XIV . C'est là ce qui me détermina, il y a longtemps, à donner une légère esquisse de ce temps glorieux et vous avez remarqué que dans cette histoire, c'est le siècle qui est mon héros, encore plus que Louis XIV lui-même, quelque respect et quelque reconnaissance que nous devions à sa mémoire .

Il est vrai qu'en général nos voisins ne valaient guère mieux que nous . Comment s'est-il pu faire que l'on prêchât toujours et que l'on prêchât si mal ! Comment les Italiens qui s'étaient tirés depuis si longtemps de la barbarie en tant de genres, ne fussent 20 pour la plupart dans la chaire que des arlequins en surplis ; tandis que la Jérusalem du Tasse égalait l'Iliade, que l'Orlando furioso surpassait l'Odyssée, que le Pastor fido 21 n'avait point de modèle dans l'Antiquité, et que les Raphaël et les Paul Véronèse exécutaient réellement ce qu'on imagine des Zeuxis, et des Apelle ?

Il n'est pas 22, monseigneur le duc, que vous n'ayez lu le concile de Trente, il n'y a pas 23 de duc et pair ( à ce que je pense ) qui n'en lise quelque session tous les matins . Vous avez remarqué le sermon de l'ouverture du concile par l'évêque de Bitonto 24.

Il prouva 25 premièrement, que le concile est nécessaire parce que plusieurs conciles ont déposé des rois et des empereurs . Secondement, parce que dans l'Enéide Jupiter assemble 26 le concile des dieux . Troisièmement, parce qu'à la création de l'homme, et à l'aventure de la tour de Babel, Dieu s'y prit en forme de concile . Il assure ensuite que tous les prélats doivent se rendre à Trente comme dans le cheval de Troie : enfin , que la porte du Paradis et celle 27 du concile est la même , que l'eau vive en découle, et que les pères doivent en arroser leurs cœurs comme des terres sèches ; faute de quoi, le Saint-Esprit leur ouvrira la bouche comme à Balaam et à Caïfe .

Voilà ce qui fut prêché devant les états généraux de la chrétienté 28. Le sermon de saint Antoine de Padoue, aux poissons, est encore plus fameux en Italie que celui de M. de Bitonto . On pourrait donc excuser notre frère André et notre frère Garasse, et tous nos gilles de la chaire du 16è et 17è siècle s'ils n'ont pas mieux valu que nos maîtres les Italiens .

Mais quelle était la source de cette grossièreté absurde si universellement répandue en Italie du temps du Tasse ; en France du temps de Montagne, de Charon et du chancelier de L'Hospital ; en Angleterre dans le siècle du chancelier Bacon ? Comment ces hommes de génie, ne réformaient-ils pas leur siècle ? Prenez-vous-en aux collèges qui élevaient la jeunesse, et à l'esprit monacal et théologal, qui mettait la dernière main à notre barbarie que les collèges avaient ébauchée . Un génie tel que le Tasse lisait Virgile, et produisait la Jérusalem . Un Machiavel lisait Térence et faisait La Mandragore . Mais quel moine, quel curé 29, lisait Cicéron et Démosthène ? Un malheureux écolier, devenu imbécile pour avoir été forcé pendant quatre ans, d'apprendre par cœur Jean Despautère 30, et ensuite devenu fou pour avoir soutenu thèse sur l'universel 31, et de la pensée, et sur les catégories, recevait en public son bonnet et ses lettres de démence, et s'en allait prêcher devant un auditoire, dont les trois quarts étaient plus imbéciles que lui , et plus mal élevés .

Le peuple écoutait ces farces théologiques le cou tendu, les yeux fixes et la bouche ouverte, comme les enfants écoutent les contes de sorciers, et s'en retournent tout contrit . Le même esprit qui le conduisait aux facéties de la mère sotte 32, le conduisait à ces sermons, et on y était d'autant plus assidu qu'il n'en coûtait rien 33.

Ce ne fut guère que du temps de Coeffeteau 34 et de Balzac 35, que quelques prédicateurs osèrent parler raisonnablement, mais ennuyeusement, et enfin, Bourdaloue fut le premier en Europe qui eut de l’éloquence en chaire . Je rapporterai encore ici le témoignage de Burnet, évêque de Salisbury qui, dans ses mémoires dit qu'en voyageant en France , il fut étonné de ces sermons, et que Bourdaloue réforma les prédicateurs d'Angleterre, comme ceux de France 36.

Bourdaloue fut presque le Corneille de la chaire ( si l'on ose dire 37) comme Massillon en a été depuis le Racine ; non que j'égale un art profane à un saint ministère 38, ni que j'égale non plus la difficulté médiocre de faire un bon sermon, à la difficulté prodigieuse 39 de faire une bonne tragédie . Mais je dis que Bourdaloue porta la force du raisonnement dans l'art de prêcher, comme Corneille l'avait portée dans l'art dramatique 40, et que Massillon s'étudia à être aussi élégant en prose que Racine l'était en vers .

Il est vrai qu'on reprocha quelquefois 41 à Bourdaloue comme à Corneille, d'être un peu trop avocat, de vouloir quelquefois 42 trop prouver, au lieu de toucher, et de donner quelquefois de mauvaises preuves . Massillon, au contraire , crut qu'il valait mieux peindre et s'émouvoir ; il imita Racine autant qu'on peut l'imiter en prose ; en prêchant pourtant (comme de raison 43) que les auteurs dramatiques sont damnés 44. Son style est pur, ses peintures sont attendrissantes . Relisez ce morceau sur l'humanité 45.

« Hélas ! s'il pouvait être quelquefois permis d'être sombre, bizarre, chagrin, à charge aux autres et à soi-même, ce devrait être à ces infortunés que la misère, les calaminés, les nécessités domestiques, et tous les plus noirs soucis environnent, ils seraient bien plus dignes d'excuse, si portant déjà le deuil, l'amertume, le désespoir souvent dans le cœur, ils en laissaient échapper quelques traits au dehors . Mais faut-il que les grands, les heureux du monde à qui tout rit, et que les joies et les plaisirs accompagnent partout, prétendent tirer de leur félicité même un privilège qui excuse leurs chagrins bizarres et leurs caprices ? Qu'il leur soit permis d'être fâcheux, inquiets, inabordables, parce qu'ils sont plus heureux ? Qu'ils regardent comme un droit acquis à la prospérité , d'accabler encore du poids de leur humeur, des malheureux qui gémissent déjà sous le joug de leur autorité, et de leur puissance ? 46»

Souvenez-vous ensuite de ce morceau de Britannicus :

Tout ce que vous voyez conspire à vos désirs,

Vos jours, toujours sereins , coulent dans les plaisirs ,

L'empire en est pour vous l'inépuisable source ;

Ou si quelque chagrin en interrompt la course,

Tout l'univers, soigneux de les entretenir,

S'empresse à l'effacer de votre souvenir .

Britannicus est seul, quelque ennui qui le presse,

Il ne voit dans son sort que moi qui s'intéresse ;

Et n'a pour tout plaisir, seigneur, que quelques pleurs ,

Qui lui font quelquefois oublier ses malheurs 47.

Je crois voir dans la comparaison de ces deux morceaux, le disciple qui tâche de lutter contre le maître . Je vous en montrerais vingt exemples, si je ne craignais d'être long .

Massillon et Cheminais 48 savaient Racine par cœur, et déguisaient ces vers dans leur prose . C'est ainsi que plusieurs prédicateurs venaient apprendre chez Baron l'art de la déclamation, et rectifiaient ensuite le geste du comédien , par le geste de l'orateur sacré . Rien ne prouve mieux que tous les arts sont frères quoique les artistes soient bien loin de l'être 49.

Le malheur des sermons, c'est que ce sont des déclamations dans lesquelles on dit 50 souvent le pour et le contre . Le même homme qui dimanche dernier assurait qu'il n'y point de félicité dans la grandeur, que les couronnes sont d'épine, que les cours ne renferment que d'illustres malheureux, que la joie n'est répandue que sur le front du pauvre, prêche le dimanche suivant, que le peuple est condamné à l'affliction et aux larmes, et que les grands de la terre sont plongés dans des délices dangereuses .

Ils disent dans l'avent, que Dieu est sans cesse occupé du soin de fournir à tous nos besoins ; et en carême que la terre est maudite . Ces lieux communs les mènent jusqu'au bout de l'année par des phrases fleuries 51.

Les prédicateurs en Angleterre ont pris un autre tour qui ne nous conviendrait guère ; le livre de la métaphysique la plus profonde , est le recueil des sermons de Clarke 52; on dirait qu'il n'a prêché que pour des 53 philosophes ; encore ces philosophes auraient pu lui demander à chaque période un long éclaircissement, et Le Français à Londres à qui on ne prouve rien 54, aurait bientôt laissé là le prédicateur . Son recueil a 55 fait un excellent livre, que 56 peu de gens sont capables d'entendre .

Quelle différence entre les temps, et entre les nations ! Et qu'il y a loin de frère Garasse, et de frère André, aux Clarke et aux Massillon !

Dans l'étude que j'ai faite de l'histoire, j'en ai toujours tiré ce fruit, que le temps où nous vivons est de tous les temps le plus éclairé, malgré nos 57 mauvais livres 58, comme il est le plus heureux, malgré quelques 59 calamités passagères . Car quel est l'homme de lettres qui ne sache que le bon goût n'a été le partage de la France, qu'à commencer au temps de Cinna et des Provinciales ?

Et quel est l'homme un peu versé dans notre histoire, qui puisse assigner un temps plus heureux depuis Clovis, que le temps qui s'est écoulé depuis que Louis XIV commença à régner par lui-même, jusqu'au moment où j'ai l'honneur de vous parler ? Je défie l'homme de la plus mauvaise humeur de me dire quel siècle il voudrait préférer au nôtre ?

Il faut être juste : il faut convenir, par exemple, qu'un géomètre de vingt-quatre ans en sait beaucoup plus que Descartes ; qu'un vicaire de paroisse prêche plus raisonnablement que le grand aumônier de Louis XII . La nation est plus instruite, le style en général est meilleur, par conséquent les esprits sont mieux faits aujourd’hui qu'ils ne l’étaient autrefois .

Vous me direz, monsieur, que nous sommes à présent dans la décadence du siècle, et qu'il y a beaucoup moins de génie et de talents que dans les beaux jours de Louis XIV . Oui, le génie a baissé 60 nécessairement, mais les lumières se 61 sont multipliées . Mille peintres médiocres 62 du temps de Salvator Rose ne valaient pas Raphaël et Michel-Ange . Mais ces mille peintres médiocres que Raphaël et Michel-Ange avaient formés, composaient une école infiniment supérieure à celle que ces deux hommes trouvèrent établie de leur temps . Nous n'avons à présent, sur la fin de notre 63 siècle, ni de Massillon, ni de Bourdaloue, ni de Bossuet, ni de Fénelon ; mais le plus ennuyeux de nos prédicateurs d'aujourd'hui , est un Démosthène, en comparaison de tous ceux qui ont prêché depuis saint Rémi, jusqu’au frère Garasse .

Il y a plus de distance de la moindre de nos tragédies, aux pièces de Jodelle, que de l'Athalie de Racine aux Maccabées de La Motte, et au Moïse de l'abbé Nadal 64. En un mot, dans tous les arts de l'esprit, nos artistes valent 65 moins qu'au commencement du grand siècle, et dans ses beaux jours ; mais la nation vaut mieux . Nous sommes inondés à la vérité, de 66 brochures, et la mienne se mêle 67 à la foule ; c'est une multitude prodigieuse de moucherons et de chenilles, qui prouve l'abondance des fruits et des fleurs ; vous ne voyez pas de ces insectes dans une terre stérile ; et remarquez que dans cette foule immense des ces petits écrits, tous effacés les uns par les autres, et tous précipités au bout de quelques jours dans un oubli éternel, il y a souvent 68 plus de goût et de finesse, que vous n'en trouveriez dans tous les livres écrits avant les Lettres provinciales .

Voilà l'état de nos richesses de l'esprit, comparées à une indigence de plus de douze cents années .

Si vous examinez à présent nos mœurs, nos lois, notre gouvernement, notre société, vous trouverez que mon compte est juste . Je date depuis le moment où Louis XIV prit en mains les rênes , et je demande au plus acharné frondeur, au plus triste panégyriste des temps passés s'il osera comparer le temps 69 où nous vivons, à celui où l'archevêque de Paris 70 portait au parlement un poignard dans sa poche ? Aimera-t-il mieux le siècle précédent, où l'on tuait le premier ministre 71 à coup de pistolet 72, et où l'on condamnait sa veuve 73 à être brûlée comme sorcière ? Dix ou douze années du grand Henri IV paraissent heureuses après quarante ans d'abominations et d'horreurs, qui font dresser les cheveux . Mais pendant ce peu d'années que le meilleur des princes employait à guérir nos blessures, elles saignaient encore de tous côtés . Le poison de la ligue infectait encore les esprits, les familles étaient divisées, les mœurs étaient dures, le fanatisme régnait partout hors 74 à la cour, le commerce commençait à naître, mais on n'en goûtait pas encore les avantages, la société était sans agréments, les villes sans police, toute les consolations de la vie manquaient en général aux hommes 75.

Remontez à travers cent mille assassinats commis au nom de Dieu sur les débris de nos villes en cendres, jusqu'au temps de François Ier, vous voyez l'Italie teinte de notre sang, un roi prisonnier à 76 Madrid, les ennemis au milieu de nos provinces .

Le nom de père du peuple est resté à Louis XII, mais ce père eut des enfants bien malheureux, et le fut lui-même . Chassé de l'Italie, dupé par le Pape,vaincu par Henri VII, obligé de donner de l'argent à son vainqueur pour épouser sa sœur 77, il fut bon roi d’un peuple grossier, pauvre , et privé d'arts et de manufactures . Sa capitale n’était qu'un amas de maisons 78 de paille et de plâtre, presque toutes couvertes de chaume . Il vaut mieux sans doute vivre sous le 79 bon roi d'un peuple éclairé et opulent, quoique malin et raisonneur .

Plus vous vous enfoncez dans les siècles précédents, plus vous trouvez tout sauvage ; et c'est ce qui rend notre histoire de France si dégoutante, qu’on a été obligé d'en faire des abrégés chronologique à colonnes, où tout le nécessaire se trouve, et où l'inutile seul est omis pour sauver l'ennui d'une lecture insupportable, à ceux de nos compatriotes qui veulent savoir en quelle année la Sorbonne fut fondée ; et aux curieux qui doutent si la statue équestre qui est dans la cathédrale gothique de Paris, est de Philippe de Valois, ou de Philippe Le Bel 80.

Ne dissimulons point ; nous n'existons que depuis environ six-vingts ans . Lois, police, discipline militaire, commerce, marine, beaux arts, magnificence, esprit, goût, tout commence à Louis XIV et plusieurs avantages se perfectionnent aujourd'hui . C'est là ce que j'ai voulu insinuer en disant que tout était barbare chez nous auparavant ; et que la chaire l'était comme tout le reste . Urseus Codrus ne valait pas trop la peine que je vous parlasse longtemps de lui ; mais il m'a fourni ces réflexions que je crois utiles . Il faut tâcher de tirer parti de tout 81.

N.B. – Dans l'éloge que je viens de faire de ce siècle dont je vois la fin, je ne prétends point du tout comprendre le libraire qui a imprimé l'Appel aux nations, en faveur de Corneille et de Racine, contre Shakespeare et Otwai ; et j'avouerai sans peine que Robert Estienne imprimait plus correctement que lui . Il a mis des certitudes pour des attitudes ; profane pour ancienne ; votre sœur pour ma sœur , et quelques autres contresens qui défigurent un peu cette importante brochure . Comme c'est un procès qui doit être jugé à Petersbourg, à Berlin à Vienne, à Paris et à Rome, par les gens qui n'ont rien à faire, il est bon que les pièces ne soient pas altérées 82. »

1 Seconde édition constituée par le Commentaire historique, troisième édition, celle de Kehl . La première édition fut imprimée par le duc qui en avait « remis le manuscrit à son colporteur pour le faire imprimer » . Ce texte , sauf exception, reproduit fidèlement le mùanuscrit, lequel est titré par V* Réponse de l'auteur de l'Appel aux nations à M. le duc de La Vallière . Lorsque V* reprit le texte pour le publier dans le Commentaire historique, il lui fit subir des transformations nombreuses qui passèrent dans les éditions ultérieures , à commencer par l'édition de Kehl . Dans le relevé des principales variantes qui suit, l’édition du Commentaire historique est représentée par le sigle éd.. 2 et celle de Kehl par Kl . On notera encore que la date se déduit aisément du fait que c'est une réponse à la lettre du duc du 9 avril 1761 . elle était connue à la cour au début de mai puisque Hénault en parle à V* le 5 mai : « Votre réponse est très curieuse et je la communiquerai à coup sûr à Mme du Deffand […]. »

2Allusion à la lettre de La Vallière dans laquelle celui-ci s'accusait de l'erreur commise par V* à propos de Codrus ; voir lettre du 1er avril 1761 à d'Argental :

3 Le duc avait été nommé en 1748 « grand fauconnier de la maison du roi ».

4 Voir lettre du 1er avril 1761 à d'Argental .

5 Ces 4 mots manquent dans éd.2.

6 Ed2 ajoute cependant .

7 de la méprise où vous m'avez fait tomber . Je prends éd2

8 Éd 2 remplace très par pour .

9 des sermons du seizième siècle éd 2.

10 Au lieu de révoltent [sic] éd 2 donne alarme .

11 Ed 2 donne le pour leur .

12 Dans éd2 ces neuf mots sont supprimés .

13 dans son sermon éd 1

14 dans votre riche et immense éd2

15 Olivier Maillard , Opus quadragésimale, xxv.

16 André Boulanger, connu comme « le petit père André » ; on ne conserve de lui, semble-t-il , qu'une Oraison funèbre sur la mort de […] Marie de Lorraine, 1627 . http://www.amazon.fr/Oraison-Lorraine-monast%C3%A8re-testament-Boulanger/dp/B001CF58IQ

17 Michel Menot dont les Sermons choisis ont été republiés récemment par Joseph Nève, 1924 .

18 Ed2 remplace ces par les .

19 Ed2 remplace n'était pas par ne fut pas .

20 Ed1 remplace ne fussent par n'étaient-ils .

21 De Giovanni Battista Guarini .

22 Ed2 ajoute ici douteux , qui semble s'imposer .

23 Ed2 remplace il n'y a pas par pas .

24 Paolo Sarpi , dans sa fameuse Histoire du Concile de Trente, en parle abondamment, ainsi que Sforza Pallavicino dans son ouvrage du même nom , 1664 .

25 Ed2 remplace Il prouva par il prouve .

26 Ed2 remplace assemble par assembla .

27 Ed2 ajoute celle .

28 Ed2 ajoute ces mots : Quel préjugé divin en faveur d'un concile !

29 Ed2 remplace curé par docteur .

30 On sait que Jean Despautère , de son vrai nom Jan van Pauteren était l'auteur de méthodes pédagogiques, notamment d'une grammaire latine très utilisée dans l'enseignement du latin du XVIè au XVIIIè siècle . C'est de cet ouvrage que provient le proverbe exemplum ut talpa ( exemple de mots de deux genres en latin) qu'on utilisait pour appliquer un mot prononcé à une situation présente .

31 soutenu une thèse sur l'université éd 2 .

32 La présence de cette mère sotte, dans ce contexte, fait de nouveau penser au Pot-pourri, où celle-ci se trouve mentionnée dès le premier chapitre .

33 Ed2 ajoute : Car mettez un impôt sur les messes, comme on le proposa dans la minorité de Louis XIV, personne n'entendra la messe .

34 Nicolas Coeffeteau était le prédicateur ordinaire de Henri IV .

35 Les lettres de Guez de Balzac ne peuvent être mentionnées à proprement parler au titre de l'art oratoire, bien qu'on les trouvât souvent fort éloquentes . Mais il est invoqué comme l'un des grands écrivains du temps . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Guez_de_Balzac

et : http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-louis...

36 Gilbert Burnet, Bishop Burnet's History of his own time, 1724 ; http://onlinebooks.library.upenn.edu/webbin/book/lookupname?key=Burnet%2C%20Gilbert%2C%201643-1715

37 Cette parenthèse manque dans éd1 .

38 non que j'égale un art à moitié profane à un ministère presque saint éd2 .

39 Éd2 ajoute : et inexprimable .

40Mais je dis que Bourdaloue voulut raisonner comme Corneille éd2.

41 Éd2 remplace quelquefois par souvent .

42 Ed2 supprime quelquefois .

43en prêchant cependant éd2.

44 Éd2 ajoute : car il faut bien que chaque apothicaire vante son onguent et damne celui de son voisin . – Noter encore à quel point cette addition annonce le Pot-pourri .

45 Suivi par des grands éd1 .

46 Il s'agit d'un sermon pour le quatrième dimanche du carême figurant dans le Petit carême de Massillon , « Sur l'humanité des grands envers le peuple »

47 Vers de Racine, Britannicus, II, 3 , dont la ressemblance avec le passage cité de Massillon ne nous parait pas si frappante .

48 Il s'agit d'un prédicateur jésuite maintenant oublié, Timoléon Cheminais de Montaigu . https://fr.wikipedia.org/wiki/Timol%C3%A9on_Cheminais_de_Montaigu

49 Depuis Relisez ce morceau, un long passage, omis dans l'éd2, est restauré par édKl.

50 Éd2 ajoute trop .

51 Éd2 ajoute et ennuyeuses .

52 Les remarques de V* ne s'appliquent pas aux Dix sept Sermons de Samuel Clarke, publiés en 1724, mais aux fameuses conférences de Boyle , A discourse cconcerning the being and attributes of God, 1705-1706 .

53 Éd2 donne les pour des .

54 Allusion à la pièce de Louis de Boissy , Le Français à Londres, jouée en 1728, et à son personnage de petit maître .

55Éd2 supprime a .

56 Éd2 ajoute très .

57 Éd2 ajoute encore ici très .

58 Éd2 ajoute : et malgré la foule de tant d'insipides journaux .

59 Éd2 remplace quelques par nos .

60 Éd2 remplace a baissé par baisse et baissera .

61 Éd2 supprime se .

62 médiocres ne figure pas dans éd1 et 2 .

63 Éd1 ajoute beau .

64 Sur l'abbé Nadal , voir une lettre que V* lui adresse sous le nom de Thieriot en 1725 :

65 Éd2 ajoute bien .

66 Éd2 ajoute pitoyables.

67 Éd2 met au pluriel : les miennes se mêlent .

68 Éd2 remplace souvent par quelquefois .

69 Éd2 donne les temps pour le temps .

70 Il s'agit du futur cardinal de Retz, Jean-François-Paul de Gondi, qui n’était pas encore archevêque à l'époque , 1769 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Paul_de_...

71 Le maréchal d'Ancre, Concino Concini ; voir : http://www.histoirdefrance.fr/crimes/concini.htm

72 Éd2 ajoute dans la cour du Louvre .

73 Leonora Dora, dite Galigaï ; éd1 et 2 donnent femme . Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Leonora_Dori

74 Éd2 remplace hors par hormis .

75 Éd2 ajoute : et pour comble de malheur Henri IV était haï . Ce grand homme disait au duc de Sully : Ils ne me connaissent pas , ils me regretteront .

76 dans éd1 et 2 .

77 C'est à dire Marie Tudor .

78 Éd2 ajoute de bois .

79 Éd2 remplace le par un .

80 Jusqu'à la Révolution, il existait une statue de Philippe IV à Notre-Dame .

81 Éd2 corrige : il m'a fourni des réflexions qui pourront être utiles si vous avez la bonté de les redresser .

82 Ce nota manque dans éd2 .

 

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