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11/05/2016

Je suis bienfaiteur de l’Église ; je veux m’en faire craindre et aimer.

... Et ce n'est que justice .

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« A Etienne-Noël Damilaville 

Il ne faut pas rire ; rien n’est plus certain que c’est un homme de l’Académie de Dijon 1 qui a fait cette drôlerie. Il est fort connu de madame Denis ; et cette madame Denis, quoique fort douce, mangerait les yeux de quiconque voudrait supprimer la tirade des romans 2, surtout dans un second acte.

J’ai trouvé, moi qui suis très pudibond, que les jeunes demoiselles que leurs prudentes mères mènent à la comédie pourraient rougir d’entendre un bailli qui interroge Colette, et qui lui demande si elle est grosse. Je prierai mon Dijonnais d’adoucir l’interrogatoire.

Je remercie infiniment M. Diderot de m’envoyer un bailli qui sans doute vaudra mieux que celui de la pièce. Je crois qu’il faut qu’il soit avocat, ou du moins qu’il soit en état d’être reçu au parlement de Dijon ; en ce cas, je l’adresserais à mon conseiller, qui me doit au moins le service de protéger mon bailli. Sûrement un homme envoyé par M. Diderot est un philosophe et un homme aimable. Il pourrait aisément être juge de sept ou huit terres dans le pays, ce qui serait un petit établissement.

Je ne sais pas trop comment frère Thieriot s’ajuste avec les excommuniés du sieur Le Dains 3. Frère Thieriot ne doit pas paraître : je m’en rapporte à lui, il est sage.

J’ai mis mes prêtres à la raison, évêque, official, promoteur, jésuite ; je les ai tous battus, et je bâtis mon église comme je le veux, et non comme ils le voulaient. Quand j’aurai mon bailli philosophe, je les rangerai tous. Je suis bienfaiteur de l’Église ; je veux m’en faire craindre et aimer.

Je lève les mains au ciel pour le salut des frères.

V.

Frère Thieriot a-t-il le diable au corps de vouloir qu’on imprime la Conversation du cher Grizel ?

15 juin [1761] »

1 V* dit vrai puisqu'il est maintenant membre de l'académie de Dijon .

 

Je dois joindre la reconnaissance à l'estime et je vous assure que je remplis bien ces deux devoirs

... Combien de fois dans une vie peut-on dire cela ? une fois ? deux ? plus ? jamais ?

 Et à qui ?

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Estime et reconnaissance

 

 

« A Jean-Louis Aubert

Au château de Ferney le 15 juin 1761

Vous vous êtes mis, monsieur, à côté de La Fontaine, et je ne sais s'il a jamais écrit une meilleure lettre en vers que celle dont vous m'honorez . Tous les lecteurs vous saurons gré de vos fables 1, et j'ai par dessus eux une obligation personnelle envers vous . Je dois joindre la reconnaissance à l'estime et je vous assure que je remplis bien ces deux devoirs . Il y en a un troisième dont je devrais m'acquitter, ce serait de répondre en vers à vos vers charmants ; mais vous me prenez trop à votre avantage 2. Vous êtes jeune, vous vous portez bien ; je suis vieux et malade . Mon malheur veut encore que je sois surchargé d'occupations qui sont bien opposées aux charmes de la poésie . Je peux encore sentir tout ce que vous valez, mais je ne peux vous payer en même monnaie . Faites-moi donc grâce, en me rendant la justice d'être bien persuadé que personne ne vous en rend plus que moi . J'ai honte de vous témoigner si faiblement, monsieur, les sentiments véritables avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

Votre etc. »

2 Sur l'anecdote à laquelle pense V* en employant ce tour, voir lettre du 16 août 1759 à Allamand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/09/20/je-serais-fort-aise-d-entendre-votre-parole-quoique-ni-vous-5451443.html