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26/09/2017

Il faudrait que je fusse un monstre pour parler mal du ministère dans de telles circonstances

... où MM. Martinez et Mélenchon jouent à savoir qui a la plus grosse [NDLR : manifestation, bande de malotrous !] en prétendant défendre des droits que personne ne connait vraiment totalement dans cette foule de piétons à banderoles (qui les paye ?) et grévistes routiers . Les soi-disant Insoumis sont en fait diablement soumis à leur gourou Jean-Luc Ier , tous derrière et lui devant, rêvant d'un pouvoir de président de république bananière .

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Rappel : "S'aimer ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder tous deux dans la même direction "

 http://www.huffingtonpost.fr/2017/09/06/jean-luc-melencho...

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

Aux Délices 1er novembre [1762]

Mon très digne philosophe, n'est-ce pas Mécène qui disait , non omnibus dormio 1? Et moi chétif je vous dis non omnibus argroto 2. J'étais au moins fort aise que M. le duc de Choiseul sût à quel point il m'avait chagriné . Il avait pu me soupçonner d'être ingrat . Je lui ai les plus grandes obligations, c'est à lui seul que je dois les privilèges de ma terre . Toutes les grâces que je lui ai demandées pour mes amis , il me les a accordées sur-le-champ . Je suis d'ailleurs attaché depuis vingt ans à M. le comte de Choiseul . Il faudrait que je fusse un monstre pour parler mal du ministère dans de telles circonstances . Vous avez parfaitement senti combien cette infâme accusation retombait sur vous . On voulait nous faire regarder nous et nos amis comme de mauvais citoyens et rendre notre correspondance criminelle . Cette abominable manœuvre a dû m'être infiniment sensible . Mon cœur en a été d'autant plus pénétré que dans le temps même que M. le duc de Choiseul me faisait des reproches , il daignait accorder à ma recommandation le grade de lieutenant-colonel à un de mes amis 3. C'était Auguste qui comblait Cinna de faveurs . J'en ai eu le cœur percé, et je ne lui pardonne pas encore de nous avoir pris pour des conjurés . Je ne conçois pas comment il a pu imaginer un moment que cette infâme et sotte lettre fût de moi . Je lui ai envoyé la véritable avec votre petit billet 4. Il verra à qui il a à faire, et que nous sommes dignes de son estime et de ses bontés .

Je persiste à croire que le parlement de Toulouse doit réparation à la famille des Calas, qu'Omer doit faire amende honorable à la philosophie et que ce n'est pas assez d'abolir les jésuites quand on a tant d'autres moines .

Nous sommes au sixième tome de Corneille le sublime et le rabâcheur . Sa nièce joue la comédie très joliment et me fait plus de plaisir que son oncle . Nous avons à Ferney des spectacles toutes les semaines, et en vérité d'excellents acteurs . Il y a beaucoup à travailler à Olympie . L'ouvrage des six jours était fait pour que l'auteur se repentit . Il m'a fallu mettre un an à polir ce qu'une semaine avait ébauché . Les difficultés ont été grandes . Nous verrons si j'en serai venu à bout . Au bout du compte il est assez plaisant de faire les pièces, le théâtre, les acteurs, les spectateurs . Les déserts du pays de Gex sont fort étonnés . L'infâme commence à y être fort bafouée . Rendez-lui toujours le petit service de la montrer dans tout son ridicule et dans sa laideur . Le curé d'Étrepigny fait de merveilleux efforts en Allemagne . J'ai lu le Dictionnaire des hérésies 5. Je connais quelque chose d'un peu plus fort 6.

Dieu nous aidera . Adieu, je vous embrasse tendrement .

V. »

1Je ne dors pas pour tout le monde ; ces mots sont attribués à l'hôte de Mécène ; ce dernier faisait une cour pressante à la femme de son hôte, lequel feignait d'être endormi . Un esclave tenta de dérober une coupe d'or, et c'est alors que son maître prononça les paroles en question .

2 Je ne suis pas malade pour tout le monde .

4 Le 26 octobre 1762 d'Alembert a écrit à V* : « Je crois, mon cher et illustre confrère, avoir fait encore mieux que vous ne me paraissez désirer, vous me demandiez il y a huit jours copie de la lettre que vous m'avez écrite le 29 mars, et je vous ai envoyé l'original même ; vous me priez aujourd’hui d’envoyer l'original à M. le duc de Choiseul, vous êtes à portée de le lui faire parvenir, si vous le jugez à propos (…) . Nous sommes fort heureux, vous et moi, que l'imbécile et impudent faussaire ait conservé quelques phrases de votre lettre du 29 mars ; il vous a fourni les moyens, en produisant l'original, de mettre l'imposture à découvert . Il est certain, mon cher confrère, qu'il a couru des copies de ce véritable original ; j'en ai vu une il y a trois ou quatre mois entre les mains de l'abbé Trublet . On les vendait manuscrites, à ce qu'il m'a dit lui-même, à la porte des Tuileries, où il avait acheté la sienne ; de vous dire comment ces copies ont couru, c'est ce que j'ignore, ce qu’il y a de certain c'est que je n'en ai donné ni laissé prendre à personne (…) . Il me paraît bien difficile, pour ne pas dire impossible, de remonter jusqu'au fabricateur de la lettre en question ; on pourrait savoir de l'auteur du journal anglais où elle a été imprimée, de qui il l'a reçue ; pour moi, j'imagine que c'est l'ouvrage de quelque maraud de Français réfugié à Londres (…) . Adieu mon cher et illustre philosophe, vous ne mériteriez pas ce dernier nom, si une plate calomnie, facile à confondre, avait pu vous rendre malade (…) . Quand aurons-nous Corneille, la suite du Czar, Olympie, etc., etc. ? Voilà ce qui mérite de vous occuper, et non pas des atrocités absurdes . »

Choiseul écrira à V* , de Fontainebleau, le 12 novembre : « Je n'ai pas eu le temps de vous répondre, ma chère marmotte ; j’ai été occupé tout ce mois-ci à finir une petite tracasserie dont mon maître était occupé et qui effectivement commençait à devenir fastidieuse à tout le monde, hors à votre héros qui me paraît n'en être pas las ; je suis son serviteur, mais à présent le jeu ne vaudra pas la chandelle . Vous avez raison, vous n'avez point écrit la lettre supposée ; personne n'en parle, ni ne songe actuellement à vous l'imputer . Paix ou guerre, ma chère marmotte, je vous aimerai toujours de tout mon cœur . »

6 Le Dictionnaire philosophique, comme on le verra ensuite .

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