04/05/2019
Je fais ce que je peux pour ne pas perdre patience
...
« A Cosimo Alessandro Collini
Mon cher ami, je vous adresse un voyageur qui est digne de voir Manheim, votre bibliothèque, votre académie et toutes vos raretés, mais surtout le respectable maître de toutes ces belles choses ; c’est M Mallet 1, d’une très bonne famille de Genève, homme d’un vrai mérite. Il a été longtemps à la cour de Copenhague, où il est fort regretté ; il a fait l’Histoire de Danemark, comme vous celle du Palatinat 2. Je vous prie de le recommander à M. Harold 3 avec le même empressement que je vous le recommande. Votre théâtre de Schwetzingen a porté bonheur à Olympie ; on dit qu’elle est bien jouée et bien reçue à Paris. Le public a témoigné qu’il ne serait pas fâché de voir l’auteur ; mais si je pouvais faire un voyage, ce serait vers le Rhin que j’irais, et non vers la Seine . Mon état me permet moins que jamais ce bonheur, je dépéris tous les jours . Je suis actuellement au lit, avec un peu de fièvre ; mes souffrances sont continuelles . Je fais ce que je peux pour ne pas perdre patience. On dit que la philosophie rend heureux ; mais je crois que les gens qui ont dit cela se portaient bien. Je vous embrasse de tout mon cœur.
V.
Ferney ce 28è mars 1764. »
1 Paul Henri Mallet ; sur cet ouvrage, Histoire du Danemarc, voir lettre de 1763 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/06/18/vous-avez-tres-bien-releve-mes-inadvertances.html
2 Voir lettre à Collini du 20 septembre 1762 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/14/dire-je-vous-hais-avec-la-plus-douloureuse-tendresse-5971120.html
3 Cet Anglais ami de Collini, était attaché à la personne de l'électeur Charles-Théodore. L'opéra traduit de l'italien par Collini, était intitulé Cajo Fabricio ( voir : https://data.bnf.fr/fr/15587723/johann_adolf_hasse_cajo_fabricio/
). Il avait été représenté sur le théâtre du palais de Manheim. (Clogenson).
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