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29/02/2020

Quand vous prendriez un mauvais parti, prenez-le tous ensemble, par cela il deviendra le meilleur

... Est-ce ainsi qu'on peut résumer l'attitude des jurés des César hier soir ?

 

 

« A François Tronchin

[vers le 25 décembre 1764]

1° L’Évangile traité de livre scandaleux, téméraire, impie, et blasphèmes affreux sous le nom d'un contradicteur qu'on ne réfute point (page 40 petite édition 1, envoyée aux rues basses il y a plus de quinze jours ).

Les pasteurs de Genève ne savent plus ce qu’ils croient, ni ce qu'ils veulent, ni ce qu'ils disent ( page 51) . On ne sait pas même ce qu'ils font semblant de croire etc. (page 54).

3° Invectives contre la réformation (page 66 et suivantes).

4° Lettre d'un ami contre les ministres les 2 de Genève, indignement rendue publique (page 85).

5° Ridicule donné à tous les miracles de Jésus-Christ ( depuis la page 87 jusqu'à la page 98 ) , dans laquelle il est dit, Il y a des miracles dans l’Évangile qu'il n'est pas même possible de prendre au pied de la lettre, sans renoncer au bon sens .

Nicolas fut, pour ainsi dire, brûlé par la main des ministres (page 180).

La puissance exécutive n'est que de la force, et là où règne la force, l’État est dissous (page 125).

On a presque toujours vu dans le Conseil des Deux Cents peu de lumières et encore moins de courage, et cela ne peut être autrement, vu la manière dont il est rempli (page 259).

Le[s] citoyens sont esclaves d'un pouvoir arbitraire, et livrés sans défense à la merci de vingt-cinq despotes ( page 260).

10° Vous êtes des marchands, des artisans, des bourgeois, toujours occupés de vos intérêts, de votre trafic, de votre gain (page 340).

11° Le Conseil trame une conspiration (page 343).

12° Le Conseil appelé oppresseur (page 360) .

13° Quand vous prendriez un mauvais parti, prenez-le tous ensemble, par cela il deviendra le meilleur (page dernière), ce qui veut dire si vous êtes tous d'accord pour poignarder le Conseil vous aurez raison .

On dit que le Conseil aura trop de prudence et trop de fermeté pour s’amuser seulement à faire brûler un livre à qui la brûlure ne fait nul mal, et qu'il punira avec toute la sévérité des lois, autant qu'il est en lui, un blasphémateur séditieux, qui blasphème Jésus-Christ en se disant chrétien ; et qui veut bouleverser sa patrie en se disant citoyen .

On dit que le Conseil engagera aisément le corps des pasteurs à faire la représentation la plus forte malgré les petits ressentiments particuliers qui doivent se taire devant l'intérêt général, et qui seront sans doute sacrifié à l'intérêt visible du corps des pasteurs .

On dit que les meilleurs citoyens pourront élever leur voix, et demander justice au Conseil .

On dit que le Conseil appuyé de ces bons citoyens, et de tous les pasteurs pourra déployer alors sa justice en pleine liberté, et que s'il ne prend pas ce parti, il sera exposé à la dérision publique, et traîné dans les boues par la populace .

On dit qu'il nommera sagement des commissaires qui ne rendront compte de l'ouvrage séditieux qu'après la nouvelle élection, ce qui servira sans doute à réunir toutes les voix du Conseil, et à leur faire prononcer un jugement qui mette fin à l'audace d'un scélérat . »

2 Il y a ici une lacune qu'on ne sait pas combler .

28/02/2020

vous vous souvenez que quand Luc me mordit à la jambe, je déclarai que c’était moi qui était dans mon tort

... mais que le roquet Jean-Luc (Mélenchon) s'avise d'en faire autant, et c'est à coups de pieds au cul qu'il sera remercié "  , ainsi pense, je l'espère, Emmanuel Macron .

 

Voltaire in a Cabriolet

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[vers le 25 décembre 1764] 1

Mon très aimable Caro, vous vous souvenez que quand Luc 2 me mordit à la jambe, je déclarai que c’était moi qui était dans mon tort . Je dois la même justice à Collete . Nous étions occupés Wagnière et moi à rembourrer notre coussin, et nous avions abandonné les rênes, Collete rencontra une borne , elle fit passer le cabriolet par dessus, nous tombâmes les uns sur les autres, c'est-à-dire Wagnière, Collete , le cabriolet et moi, nous nous relevâmes comme nous pûmes ; Collete me demanda mille pardons, me fit les plus charmantes mines du monde, et nous continuâmes notre promenade fort gaiement .

Je vous remercie tendrement, mon cher Caro, de l'intérêt que vous voulez bien prendre au cocher, et de l'envoi que vous faites à M. le prince Galitzin .

Quant à la lettre de change sur M. le comte de Lauraguais, je crois qu'il faudrait s'adresser chez lui à son homme d'affaires .

Est-il bien vrai qu'on réponde aux Lettres de la campagne 3?

Mille tendres amitiés à toute votre famille . »

1Lettre datée ntamment d'après la date de publication de l'ouvrage mentionné : Réponse aux Lettres écrites de la campagne, de d'Ivernois .

2 V* a eu un singe qu'il nommait Luc, ainsi que par moquerie il surnommait Frédéric II ; voir lettre du 21 août 1756 à J.-R. Tronchin , de Lyon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/10/quand-le-dernier-des-autrichiens-aura-tue-le-dernier-des-pru.html

et voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1756/Lettre_3222

3 L'ouvrage de François-Henri d'Ivernois, parut le 1er janvier 1765, selon Emile Rivoire, sous le titre Réponse aux Lettres écrites de la campagne (par Tronchin), 1764 ; voir : https://books.google.fr/books?id=IClt2OdSWgEC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12463095/francois-henri_d__ivernois/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_d%27Ivernois

 

 

 

 

 

 

27/02/2020

we have few beds, but you will not sleep on two chairs

... dit , rassurant, le directeur de La Santé au couple Fillon . Pour y échapper, François va-t-il être obligé, pour se disculper , lui , et du coup sa douce et tendre et dure à cuire, de faire valoir le devoir conjugal de Pénélope comme un travail qui mérite rétribution, who knows ?

 

 

« A James Boswell

[25 décembre 1764] 1

Sr ,

You will do us much honour and pleasure, we have few beds, but you will not sleep on two chairs . My uncle, tho very sick, hath guess'd at yr merit . I know it more, because I have seen you longer. 2»

1 Boswell a noté sur l'original : « Answer by M. de Voltaire in the character of his nièce » (« réponse de M. de Voltaire, dans le caractère de sa nièce ». Six jours plus tard, Boswell écrit à Rousseau : « J'ai été chez M. de Voltaire . Sa conversation est la plus brillante que j’aie jamais entendu . J'avais avec lui un entretien très sérieux . Il me parlait de sa religion naturelle d'une manière dont j'étais frappé . » La présente lettre écrite par V* au nom de sa nièce répond en effet à une lettre de Boswell du 25 décembre à celle-ci dans laquelle il la prie de solliciter pour lui de son oncle la permission de passer encore une nuit sous son toit, de façon à profiter de sa compagnie .

Voir : https://www.whitman.edu/VSA/visitors/boswell.html

et : https://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_1966_num_1_3_4141

et : https://books.openedition.org/ugaeditions/7611?lang=fr

2 « Monsieur, / Vous nous ferez beaucoup d'honneur et de plaisir . Nous avons peu de lits, mais vous ne dormirez pas sur deux chaises . Quoique malade, mon oncle se doute de votre mérite . Je le connais d'autant mieux que je vous ai vu plus longtemps . »

Quelque mépris qu'on ait pour la calomnie, il est quelquefois nécessaire de la réfuter

... Le couple Fillon est fort mal placé pour réfuter ce qui n'est que la vérité .

Le "condamné par le tribunal médiatique" jouit bien entendu d'une liberté et d'un confort bourgeois que bien d'honnêtes innocents peuvent lui envier . Plus subtil que les Balkany, plus faux-cul aussi . Il va falloir payer !

Pénélope , faute de tapisserie, tu peux continuer ta sinécure de chargée de commission au fleurissement de Solesmes . Attention , ne force pas, ne vas pas te froisser un muscle !

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« A Pierre Rousseau

25 décembre [1764] 1

Quelque mépris qu'on ait pour la calomnie, il est quelquefois nécessaire de la réfuter . Un libraire d'Amsterdam a cru qu'il était de son intérêt d’imprimer sous mon nom des bêtises hardies . Il a débité une brochure intitulée , Ouvrage posthume de M. de M. Y., Le Testament de Jean Meslier, autre brochure, etc., etc. Il a donné a ce petit recueil le titre de Collection complète des ouvrages de M. de V. Comment un si petit livre peut-il être intitulé Collection complète ? Et comment une œuvre posthume de M. Y. , et un testament d'un homme mort il y a trente ans, peuvent-ils être de moi ? Je ferai encore une autre question : comment ne punit-on pas un tel délit , qui est celui d'un calomniateur et d'un faussaire ? Un autre libraire s’est avisé d'imprimer l'Arétin 2 sous mon nom . Un autre donne mes prétendues Lettres secrètes ; mais mon ami, si elles sont secrètes, elles ne doivent donc pas être publiques . Il ne se passe guère de mois où l'on ne m'attribue quelques ouvrages dans ce goût .

Je ne les lis point, et c'est ce qui me console d'avoir presque entièrement perdu la vue : mais je ne me consolerais pas de ces impertinentes imputations, si je ne savais que les honnêtes gens voient avec indignation ces abus de la presse, et que les hommes en place ne jugent pas sur des brochures de Hollande et sur des gazettes . Il faut pardonner cet abus de l'imprimerie en faveur du bien qu'elle a fait aux hommes . »

1 D'après l'édition « Extrait d'une lettre de M. de Voltaire, du 25 décembre » dans le Journal encyclopédique du 1er janvier 1763 ; une copie manuscrite a été faite d'après l'imprimé .

2 L'Arétin moderne, 1763, de Henri-Joseph du Laurens ; l'ouvrage ne porte pas le nom de V* et est donné comme publié « aux dépens de la congrégation de l'Index », ce qui évidemment est une paisanterie . Il a été condamné à Genève le 11 janvier 1764. Voir : https://data.bnf.fr/fr/13093423/henri-joseph_dulaurens_l_arretin/

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207923x/f3.image

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri-Joseph_Dulaurens

Vous rendez tant de justice, messieurs, aux ouvrages qu'on fait, que j'ose vous prier de la rendre à ceux qu'on ne fait point

...

 

« A la « Gazette littéraire de l'Europe »

24 décembre 1764

Vous rendez tant de justice, messieurs, aux ouvrages qu'on fait, que j'ose vous prier de la rendre à ceux qu'on ne fait point . J’ai appris dans ma retraite que depuis plus d'un an on imprime sous mon nom, dans les pays étrangers, des écrits auxquels je n'ai pas la moindre part . J'ignore si je dois cet honneur à la malignité d’un éditeur ou à l'intérêt très mal entendu d'un libraire . Tout ce que je puis déclarer, c'est que je regarde comme des faussaires tous ceux qui se servent ainsi d'un nom connu pour débiter des livres qui ne sont pas faits pour l'être . N'étant pas à portée de réprimer une pareille licence, je puis et je dois au moins m’en plaindre , et je m’adresse à vous, messieurs, comme à des hommes à qui l’honneur de la littérature doit être plus cher qu'à personne.

J'ai l'honneur d'être , etc. »

26/02/2020

Que m’importe, lui dit le vizir, que le chien ait mordu le porc, ou que le porc ait mordu le chien ?

... Le vizir étant Donald Trump , reçu en grande pompe en Inde, et fidèle à sa coutume, prêchant le faux pour passer la main dans le sens du poil aux dirigeants d'une puissance commercialement redoutable .

«https://www.lemonde.fr/international/article/2020/02/25/t...

 

 

 A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

23è décembre 1764

Je commence, mon cher ange, et je dois commencer toutes mes lettres par le mot de reconnaissance. Nous vous demandons en grâce, Mme Denis et moi, de répéter à M. le duc de Praslin ce mot, qui est gravé dans nos cœurs pour vous et pour lui. Tandis que vous prenez des mesures politiques avec le tripot de la Comédie, il y a vraiment de belles querelles dans le tripot de Genève.

Quelques conseillers ont voulu que je vous en prévinsse, comptant que, dans l’occasion, vous serez leur médiateur auprès de M. le duc de Praslin. M. Crommelin doit vous en parler ; mais je ne crois pas que la querelle devienne jamais assez violente pour que la France s’en mêle ; le fond en est excessivement ridicule. Permettez-moi de vous ennuyer, en vous disant de quoi il s’agit.

La république de Genève est un petit État moitié démo, moitié aristo-cratique. Le Conseil du peuple, qu’on appelle le Conseil des Quinze-Cents, est en droit de destituer les premiers magistrats, qu’on appelle syndics. Jean-Jacques Rousseau (afin que vous le sachiez) était du Conseil des Quinze-Cents ; les magistrats qui exercent la justice s’étant divertis à faire brûler les livres de J.-J., J.-J., du haut de sa montagne ou du fond de sa vallée, excita les chefs de la populace à demander raison aux magistrats de l’insolence qu’ils avaient eue d’incendier les pensées d’un bourgeois de Genève. Ils allèrent deux à deux, au nombre d’environ six cents, représenter l’énormité du cas ; et J.-J. ne manqua pas de leur faire dire que, si on rôtissait les écrits d’un Genevois, il était bien triste qu’on n’en fît pas autant à ceux d’un Français. Un magistrat vint me demander poliment la permission de brûler un certain Portatif . Je lui dis que ses confrères étaient bien les maîtres, pourvu qu’ils ne brûlassent pas ma personne, et que je ne prenais nul intérêt à aucun Portatif.

Pendant ce temps J.-J. faisait imprimer, dans Amsterdam, un gros livre bien ennuyeux pour toutes les monarchies, et qui ne peut guère être lu que par des Genevois : cela s’appelle les Lettres de la montagne. Il y souffle le feu de la discorde, il excite tous les petits ordres de ce petit État les uns contre les autres ; et, à la première lecture, on a cru qu’il y aurait une guerre civile. Pour moi, je crois qu’il n’y aura rien, et que le tocsin de Rousseau ne fera pas un bruit dangereux. S’il y a quelques coups de poing donnés, je ne manquerai pas de vous en avertir, soit pour vous amuser, soit pour vous prier d’engager M. le duc de Praslin à mettre le hola.

 Je ne sais quel ministre de je ne sais quelle puissance, ou quelle faiblesse chrétienne à la Porte ottomane, demanda un jour audience au grand-vizir, pour lui apprendre que les troupes de son maître chrétien avaient battu les troupes d’un autre prince chrétien. Que m’importe, lui dit le vizir, que le chien ait mordu le porc, ou que le porc ait mordu le chien ?

Vous ne serez point le vizir dans une occasion pareille ; vous serez un médiateur bienfaisant.

Si M. Crommelin vous parle de toutes ces tracasseries, je vous prie de lui dire que je vous en avais parlé comme je le devais.

Madame d’Argental m’inquiète beaucoup plus que Genève ; je ne sais rien de pis que de n’avoir point de santé ; ma mie Fournier 1 n’a-t-elle pas d’elle un soin extrême ?

Respect et tendresse. »



25/02/2020

je prie mon très cher corsaire de vouloir bien rayer Voiture comme Balzac

...

 

« A Henri Rieu

22 décembre [1764]

On m'envoie encore de Lyon une belle édition de Voiture 1, ainsi je prie mon très cher corsaire de vouloir bien rayer Voiture comme Balzac 2.

Il y a un courrier littéraire à Genève . Il annonce numéro 72, View of the internal policy of great Britain 3.

Je ne sais pas le nom du libraire, et je m'en rapporte aux bontés que mon cher corsaire a pour moi .

Mille compliments à M. Gaussen . »