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31/03/2020

Est-il vrai que les esprits sont un peu calmés

... Malheureusement non .

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[vers le 20 janvier 1765] 1

Mon cher Caro, l'Académie se plaint toujours de n'avoir pas reçu son livre . Je vous demande en grâce de faire finir ses plaintes et de ne me pas brouiller avec trente-neuf confrères . Est-il vrai que les esprits sont un peu calmés au sujet de ces lettres si décentes et si raisonnables de Jean-Jacques ? Aurai-je quelque feuilles de la Destruction ? »

1 La date est suggérée par le fait que cette lettre semble représenter le dernier effort de V* pour amener Cramer à envoyer un exemplaire de Corneille à l'Académie ; le 25 il y renonce, voir lettre du 25 janvier 1765 à d'Alembert : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-avec-d-alembert-partie-36.html

30/03/2020

Comment peut-on imaginer une telle absurdité ?

... Soigner du Covid-19 par la prière !

Faites une recherche "covid-19 -prière ", vous n'avez pas fini de rire , -- jaune (pour rester dans le ton du virus ) .

La réalité, mes chers amis, dépasse l'entendement , tous les religieux de tous bords sont prescripteurs de ce merveilleux médicament , suivis par une foule d'abrutis qui , assurés de l'immunité, risquent d'être de misérables transporteurs du virus , avant qu'en toute justice divine ils soient rayés de la carte. 

N'oublions pas Pinocchio Ier- Donald Trump qui compte sur les cloches de Pâques pour sauver le pays . C'est extraordinaire, mais banal maintenant aux USA de Trump, que la courbe des morts soit parallèle à celle de Wall Street : à la hausse ! USA great again ! USA greatest provider of death !

Kaceto.net

Pour appeler Dieu, appuyez sur un buzzer !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

[vers le 18 janvier 1765] 1

Quelle horreur ! quelle abomination ! Mon cher frère , il y a donc en effet des diables ? vraiment je ne le croyais pas. Comment peut-on imaginer une telle absurdité ? Suis-je un prêtre ? Suis-je un ministre ? En vérité cela fait pitié. Mais ce qui fait plus de pitié encore, c’est l’affreuse conduite de Jean-Jacques : on ne connaît pas ce monstre.

Tenez, voilà deux feuillets de ses Lettres de la montagne, et voilà la lettre que j’ai été forcé d’écrire à Mme la maréchale de Luxembourg, qu’il a eu l’adresse de prévenir contre moi. Je vous prie de n’en point tirer de copie, mais de la faire lire à M. d’Argental . C’est toute la vengeance que je tirerai de ce malheureux. Quel temps, grand Dieu, a-t-il pris pour rendre la philosophie odieuse ! le temps même où elle allait triompher.

Je me flatte que vous montrerez à Protagoras-Archimède la copie que je vous envoie. Je vous avoue que tous ces attentats contre la philosophie par un homme qui se disait philosophe me désespèrent.

Frère Gabriel doit avoir envoyé une petite lettre de change payable à Archimède. Je verrai lundi les premières épreuves 2, il sera servi comme il mérite de l’être. Si vous voulez être informé de toutes les horreurs de Jean-Jacques, écrivez à Gabriel, il vous en dira des nouvelles. »

1 Les éditions suivant la copie Beaumarchais-Kehl datent du 12 janvier . On la date du 18 par référence d'un « lundi » qui est un vendredi ce 18 janvier 1765.

2 La destruction des jésuites, de d'Alembert .

Dans l'énorme quantité de requêtes qu'on vous présente, oserai-je me flatter que vous jetterez un coup d’œil sur la mienne ?

... Lisez Voltaire !

Par exemple, Zadig, le préféré de Mam'zelle Wagnière, qui sera , je le souhaite le "basilic" qui vous guérira, sinon du Covid, mais surement au moins de l'ennui : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/v...

howcase SHOWCASE #MAGAZINE #SHOPPING #VITRINES# PARIS# HIVER 2017 ...

Allons bosser

 

 

« A Thibault Dubois

17è janvier 1765 au château de Ferney

en Bourgogne par Genève 1

Monsieur,

Dans l'énorme quantité de requêtes qu'on vous présente, oserai-je me flatter que vous jetterez un coup d’œil sur la mienne ? Je n'ai marié Mlle Corneille à M. Dupuits que parce que j'ai vu en lui un jeune homme au-dessus de son âge , intelligent, sage, actif, et remplissant tous ses devoirs . Mgr le duc de Choiseul, et Mme la duchesse de Gramont qui protégèrent ce mariage, daignèrent me faire espérer qu'ils ne laisseraient pas dans l'oisiveté son ardeur de servir le roi .

Il a été d'abord mousquetaire noir, il a eu ensuite la cornette de la compagnie de M. le duc de Chevreuse dans la colonelle générale des dragons . Ses supérieurs ont toujours été aussi contents de lui que je le suis, et en ont rendu témoignage . Je l'ai laissé faire des sujets au roi les deux premières années de son mariage . Il demande actuellement à continuer son service de dragon ou de cavalier après avoir très bien fait celui de jeune marié .

Il est prêt de payer l'argent qui conviendra, pour la place qu'on voudra lui donner . Soyez sûr, monsieur, que je ne prendrais pas la liberté de vous écrire en sa faveur , si je n'étais sûr de vous présenter un sujet digne de vos bontés .

J'ai l'honneur d'être bien respectueusement,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Le nom du destinataire est connu par une mention « M. Dubois » d'une autre main, au bas de la première page du manuscrit . Ce personnage est secrétaire du ministre de la Guerre, et secrétaire général des Suisses et Grisons : https://books.google.fr/books?id=ij8oAAAAYAAJ&pg=PA118&lpg=PA118&dq=thibault+dubois+1765&source=bl&ots=Eg_Yq7Awtm&sig=ACfU3U0bnC8t2pTBnR1ObuwKmyfnZnekww&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwirkNH5u8LoAhWQkxQKHfWHANUQ6AEwDXoECBQQAQ#v=onepage&q=thibault%20dubois%201765&f=false

on a très bien fait de supposer que la Trinité ne compose qu’un seul Dieu ; car si elle en avait eu trois, ils se seraient coupé la gorge pour quelques querelles de bibus

... Et que dire des guerres monstrueuses des dieux orientaux !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

17 janvier 1765 1

Mon cher ange, d’abord comment se porte Mme d’Argental ? ensuite comment êtes-vous avec le tyran du tripot ? J’ai bien peur, par tout ce qu’il m’écrit, qu’il ne soit très fâché contre vous ; c’est une de ces grandes injustices, car je l’ai bien assuré que vous n’aviez ni ne pouviez avoir aucune part à la distribution des dignités comiques 2; et il doit savoir que c’est en conséquence de sa permission expresse, datée du 17 de septembre 1764, que je disposais des rôles. Son grand chagrin, son grand cheval de bataille est que les provisions par moi données au tripot ont passé par vos aimables mains . En ce cas, vous auriez donc été trahi, les tripotiers vous auraient compromis. Voilà une grande tracasserie pour un mince sujet. Cela ressemble à la guerre des Anglais, qui commença pour quatre arpents de neige ; mais je m’en remets à votre prudence.

Je vous avoue que je suis un peu dégoûté de tous les tripots possibles ; je vois évidemment que celui de Cinna et d’Andromaque est tombé pour longtemps. Quand une nation a eu un certain nombre de bons ouvrages, tout ce qu’on lui donne au-delà fait l’effet d’un second service qu’on présente à des convives rassasiés. Je vous le répète, l’opéra-comique fera tout tomber. Une musique agréable, de jolies danses, des scènes comiques, et beaucoup d’ordures, forment un spectacle si convenable à la nation, que le Petit Carême de Massillon 3 ne tiendrait pas contre lui. Je crois fermement qu’il faut que les comédiens ordinaires du roi aillent jouer dans les provinces trois ou quatre ans . S’ils restent à Paris, ils seront ruinés.

J’ai eu, par contre-coup, ma petite dose de tracasserie au sujet de ce fou de Jean-Jacques ; sa conduite est inouïe. Saint Paul n’en usa pas plus mal avec saint Pierre, en annonçant le même Évangile. Je vois qu’on a très bien fait de supposer que la Trinité ne compose qu’un seul Dieu ; car si elle en avait eu trois, ils se seraient coupé la gorge pour quelques querelles de bibus 4.

A l’ombre de vos ailes.

V.

Vous avez dû recevoir deux lettres de moi sous l'enveloppe de M. le duc de Praslin .

Mes divins anges, miséricorde ! mes dîmes ! mes dîmes !5 »

1 L'édition de Kehl supprime le post-scriptum qui est biffé sur la copie Beaumarchais .

3 Le recueil des Sermons de Massillon, évêque de Clermont […] Petit carême, 1757 réédité plus de cent fois : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k310364b.image

4 Une chose de « bibus » est une chose de peu de valeur . Le mot semble dérivé de bibelot, par substitution plaisante d'un suffixe latin au suffixe original .

5 Une lettre de d'Argental écrite le 16 janvier 1765 et qui est conservée se termine ainsi : « M. de Praslin vous adressera votre passeport [pour Moultou] . Il m'a chargé en attendant de vous dire beaucoup de choses de sa part et de vous recommander de n'être inquiet ni de Genève ni des dîmes. »

29/03/2020

Permettrez-vous que je m'adresse encore à vous pour une autre douzaine ?

... Confiné 12 jours de plus après le 15 avril ? Si on me le demande, dire oui c'est vraiment s'il n'y a pas d'autre solution pour le bien de tous . Les cerisiers sont en fleur et un foutu virus nous agresse . Ô la nature !

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« A Henri Rieu

[vers le 15 janvier 1765] 1

Mon très cher Corsaire, j'ai écrit en Angleterre pour avoir les deux autres tomes du Warburton, mais ceux que je vous ai envoyés sont indépendants des premiers, à peine est-il parlé de Moïse dans les deux que vous n'avez pas encore . Voulez-vous bien avoir la bonté de faire donner à Mme Denis les Paméla cousus, enveloppés et ficelés, sans dire ce que le paquet contient . Permettrez-vous que je m'adresse encore à vous pour une autre douzaine ? Je vous embrasse du meilleur de mon cœur ; j'aurais bien voulu être du voyage de Mme Denis . »

1 Voir les notes des lettres précédentes du 5 janvier 1765 et du 10 janvier 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/10/j-attends-tres-tranquillement-les-evenements-6219013.html et

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/20/cette-requete-en-produira-rien-mais-elle-fera-voir-au-public-que-j-ai-fait.html

Il semble qu'en réponse à la lettre du 5 janvier, Rieu ait écrit à V* de ne pas envoyer un recueil complet de Warburton, car il ne lui manquait que deux volumes . Mais l'allusion à Paméla n'est guère plus claire que dans la lettre ci-dessus . On peut également rappeler que Mme Denis a joué un rôle capital dans la genèse de la « Paméla » de V*, à savoir Les lettres d'Amabed (voir la notice de conte : https://www.persee.fr/doc/litts_0563-9751_1998_num_38_1_1762

28/03/2020

j’ai demandé une belle ratification du traité

... dit le maire de Sanary-sur-Mer, Ferdinand BERNHARD qui ne craint pas le ridicule :

https://actu.orange.fr/france/confinement-comme-il-y-a-toujours-de-bonnes-raisons-de-sortir-un-maire-interdit-de-s-eloigner-a-plus-de-10-m-de-chez-soi-magic-CNT000001oV0ZR.html

L'enfer est pavé de bonnes intentions ! Et l'incohérence est fille de l'ignorance et du trouillomètre à zéro .

Si mon maire le décidait ainsi, je ne pourrais pas même aller à ma boite aux lettres, ni sortir ma poubelle, ni jeter mes déchets végétaux sur le tas de compost .

Le numéro du 12 mars du Courrier international est illustré par une caricature d'André-Philippe Côté.

Conseil municipal  à Sanary-sur-Mer

 

 

« A Sébastien Dupont, Avocat au

Conseil souverain d'Alsace

à Colmar

15è janvier 1765 à Ferney 1

J’ai suivi vos conseils, mon cher ami ; j’ai demandé une belle ratification du traité, avec une expédition des registres de la chambre de Montbéliard. On aime tant à se flatter, que j’ose toujours espérer, malgré mon triste état, de vous voir au printemps, et d’examiner ce Montbéliard. Il y a des gens devers la Franche-Comté qui prétendent que la créance n’est nullement assurée ; mais je m’en rapporte plus à vous, qui êtes instruit du fond de l’affaire, qu’à ces messieurs, qui n’ont que des doutes vagues, et fondés seulement sur la défiance qu’on a toujours des princes. Cette défiance est encore fortifiée par les querelles de M. le duc de Virtemberg avec ces États. On dit que ces querelles sont plus vives que jamais ; elles n’ont heureusement rien de commun avec les terres d’Alsace et de Franche-Comté. M. de Montmartin est un brave et honnête gentilhomme qui n’aurait pas voulu me tromper ; ainsi je crois que je puis me livrer à une douce sécurité.

Nous avons à Ferney un de vos compatriotes ; c’est M. le chevalier de Boufflers, un des plus aimables enfants de ce monde, tout plein d’esprit et de talents. Si vous étiez ici, il ne nous manquerait rien. Madame Denis qui n’écrit point, mais qui vous aime beaucoup, vous fait les plus tendres compliments. 

V.»

1 Sur le manuscrit original, mention « franco » et « par Bâle », et cachet « Basle ».

Je me suis tenu à Ferney pendant tous ces troubles 

...Et je m'y tiendrais jusqu'à ordre contraire, si j'avais le plaisir d'y vivre !

Et puis : https://www.youtube.com/watch?v=M0ny6S7ndFA

Patrimoine - Mairie de Ferney-Voltaire

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

15è janvier 1765

Mon cher frère, Jean-Jacques est en horreur dans sa patrie, chez tous les honnêtes gens ; et ce qu’il y a de pis, c’est que son livre est ennuyeux. Je croyais vous avoir mandé que la petite brochure est d’un nommé Vernes 1 qui en a déjà fait trois ou quatre aussi mauvaises les unes que les autres . J’ai été bien aise de détromper madame la maréchale de Luxembourg, à qui Jean-Jacques avait fait accroire que je le persécutais, parce qu’il m’avait offensé ridiculement. Je lui avais offert, malgré ses sottises, un sort aussi heureux que celui de mademoiselle Corneille ; et si, au lieu d’un quintal d’orgueil, il avait eu un grain de bon sens, il aurait accepté ce parti. Il s’est cru outragé par l’offre de mes bienfaits. Il n’est pas Diogène, mais le chien de Diogène, qui mord la main de celui qui lui offre du pain.

Tout ce que vous me dites dans votre lettre du 10 de janvier est la raison même. Je me suis tenu à Ferney pendant tous ces troubles ; je ne me suis mêlé de rien. Quand les abeilles se battent dans une ruche, il ne faut pas en approcher. Tout s’arrangera, et ce malheureux Rousseau restera l’exécration des bons citoyens.

Il est fort difficile d’avoir des Évangiles 2 ; il sera peut-être plus aisé d’avoir des Portatifs. Je me servirai de la voie que vous m’avez indiquée . Ma santé est fort mauvaise ; j’ai été malade soixante et onze ans, et je ne cesserai de souffrir qu’en cessant de vivre ; mais, en mourant, je vous dirai : ô vous que j’aime ! persévérez malgré les transfuges et les traîtres, et écr. l’inf.

Voici un petit mot pour Archimède Protagoras, la destruction va son train . »

1 Sentiment des citoyens, opuscule de V* ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Sentiment_des_citoyens/%C3%89dition_Garnier

2 Évangile de la raison, recueil ; voir : https://books.google.fr/books?id=0X6K-d8474EC&hl=fr