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12/06/2021

je vous demande en grâce de ne point fournir des armes à nos adversaires

... Mon cher Voltaire, les marchands d'armes ne connaissent ni foi, ni loi, ni patrie hors l'argent . Ils se fichent bien , ou même, plutôt, se réjouissent que les belligérants aient chacun le même arsenal . Le commerce des armes n'est pas près de péricliter ( industrie primordiale ! ) 

Boris Vian : https://www.youtube.com/watch?v=hqvQlnB7qq4&list=RDhq...

Pierre Perret : https://www.youtube.com/watch?v=mh0pf0k7PoM

HUMOUR « Jour de fête » - TE HOA NO TE NUNAA

 

 

 

« À Pierre Jabineau de La Voute.

À Ferney, 1er mars 1766

Je vous conjure, monsieur, de n’avoir pas tant raison 1 ; je vous demande en grâce de ne point fournir des armes à nos adversaires. Songeons d’abord qu’il est très-certain que la comédie fut instituée comme un acte de religion à Rome , que ce fut une fête pour apaiser les dieux dans une contagion ; que ni Roscius ni Æsopus ne furent infâmes. La profession d’un acteur n’était pas celle d’un chevalier romain ; mais la différence est grande entre l’infamie et l’indécence.

Permettez-moi de distinguer encore entre les comédiens et les mimes. Ces mimes étaient des bateleurs, des arlequins. Apulée, dans son Apologie, distingue l’acteur comique, l’acteur tragique, et le mime 2; ce dernier n’avait ni brodequin ni cothurne ; il se barbouillait le visage, fuligine faciem obductus ; il paraissait pieds nus, planipes. Ce métier était méprisable et méprisé : Corpore ridetur ipso dit Cicéron, de Oratore.

Ne pourriez-vous donc pas abandonner aux mimes l’infamie, en donnant aux autres acteurs une place honnête ? Ne pouvez-vous pas tirer un grand parti, monsieur, du titre Mathematicos 3? On déclare les mathématiciens infâmes sous les empereurs romains ; mais on n’entend pas les mathématiciens véritables ; on n’entend que les astrologues et les devins. Ainsi, par ceux qui montaient sur le théâtre, et qu’on diffame, tâchons d’entendre les mimes, et non pas ceux qui représentaient la Mèdée d’Ovide. Enfin nous sommes accusés, ne nous accusons pas nous-mêmes.

Pourriez-vous, monsieur, faire quelque usage des honneurs que reçut à Lyon la célèbre Andreini 4, qui fut enterrée avec beaucoup de pompe ? Pardonnez, monsieur, à un pauvre plaideur dont vous êtes le patron, sa délicatesse sur la cause que vous daignez défendre ; il est bien juste que je prenne vivement le parti de ceux qui ont fait valoir mes faibles ouvrages.

J’ajoute encore qu’aujourd’hui, en Italie, il y a beaucoup plus d’académiciens que de comédiens qui représentent des pièces de théâtre . Les tragédies surtout ne sont jouées que par des académiciens. Enfin je soumets toutes mes idées aux vôtres, et je vous réitère mes remerciements, ainsi que les sentiments de la plus vive estime. Vous allez devenir le vrai protecteur de l’art que je regarde comme le premier des beaux-arts, et auquel j’ai consacré une partie de ma vie. Soyez bien persuadé, monsieur, de la tendre et respectueuse reconnaissance de votre très humble et très obéissant serviteur."

2 Cette phrase qui signifie il fait rire par son corps même ne semble pas apparaître sous cette forme dans le De oratore de Cicéron . Les citations latines signifient « la figure couverte de suie », « pied plat »(ni socques ni cothuernes qui sont les chaussures des acteurs comiques et tragique) .

3 Voir lettre du 4 février 1766 à Jabineau .

4 Isabella Andreini, auteur de fameuses lettres d'amour qui furent peut-être connues de Guilleragues, auteur des Lettres portugaises . Le manuscrit donne le pour la, ce qui est un lapsus ; Beuchot signale en 1883 : « Jusqu’à ce jour on a imprimé : le célèbre Andreini, qui fut enterré. Isabelle Andreini, morte à Lyon en 1604, y eut des obsèques magnifiques . »

Voir : https://journals.openedition.org/italies/899

et : https://www.persee.fr/doc/licla_0992-5279_1991_num_15_1_1304

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