30/07/2021
ni les morts, ni les mourants, ne font de longs compliments
... Moi non plus !
« À Giuseppe Colpani 1
à Brescia
6è mai 1766 au château de Ferney par Genève 2
Monsieur,
J’ose vous dire que personne n’est plus en état que moi de juger les Dialogues des morts 3, attendu que je serai bientôt de leur nombre, et que, me faisant actuellement construire un petit sépulcre, je suis à portée d’entendre ce que ces messieurs disent là-bas. Ils n’auront jamais tant d’esprit que vous leur en donnez. Pour le peu que j’ai encore de vie je vous remercie des plaisirs que vous me faites ; ni les morts, ni les mourants, ne font de longs compliments, mais ils détestent tous votre inquisition, et ils souhaitent aux vivants cette heureuse liberté sans laquelle ce n’est pas la peine d’être au monde.
J’ai l’honneur d’être, avec la plus grande sensibilité pour votre mérite, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
2 Voir lettre du 10 janvier 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/30/je-ne-suis-pas-juge-de-votre-merite-mais-je-me-flatte-de-le-6313071.html
3 Dialoghi dei morti, 1765, de Giuseppe Colpani : https://c18.net/vll/vll_fiche.php?id_vo_vll=825
et : https://www.treccani.it/enciclopedia/giuseppe-colpani_%28Enciclopedia-Italiana%29/
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