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01/01/2024

Je ne publie pas cette déclaration dans l’espérance de désarmer l’envie et l’imposture ; mais je la dois à la vérité, à mes amis, à ma famille

... Telle est ( ou aurait dû être selon le président auteur ) la conclusion sous-titrée de la "cérémonie" [sic] des voeux qui comme toutes celles qui ont précédé ne restera pas dans l'histoire .

En musique de fond, pour résumer l'esprit du discours, j'aurais bien mis les Stones avec "Angry" : https://www.youtube.com/watch?v=_mEC54eTuGw&ab_channe...

 

 

« A François Morénas

[vers le 30 avril 1768] 2

J’ai lu, monsieur, dans votre gazette, l’histoire de ma conversion, opérée par la grâce et par un ex-jésuite, qui m’a, dit-on, confessé et traîné au pied des autels. Plusieurs autres papiers publics y ont ajouté que j’avais une lettre de cachet pour pénitence ; d’autres sont entrés dans des détails de ma famille ; d’autres ont parlé d’un beau sermon que j’ai fait dans l’église. Tout cela pourrait servir à établir le pyrrhonisme de l’histoire. Ceux qui écrivent de Paris ces nouvelles, très ignorées dans mon pays, ne sont pas apparemment mes amis, et vous savez que des succès vains et passagers dans les belles-lettres attirent toujours beaucoup d’ennemis très implacables.

Je puis assurer que l’ex-jésuite retiré chez moi n’a jamais été mon confesseur, que je n’ai jamais eu la moindre part à la foule d’écrits qu’on se plaît à m’attribuer ; que je n’ai parlé dans ma paroisse, en rendant le pain bénit, que pour avertir d’un vol qu’on faisait dans ce temps-là même à mes paroissiens, et surtout pour avertir qu’il fallait prier tous les dimanches pour la santé de la reine, dont on ignorait la maladie dans mes déserts.

Enfin, monsieur, pour vous prouver la fausseté de tout ce qu’on a imprimé dans vingt gazettes, d’après les bulletins de Paris, je me vois forcé de publier l’attestation ci-jointe 3, que j’ai eu la précaution d’accepter depuis trois ans, pour confondre les calomniateurs qui me persécutent depuis plus de trente.

 

À Ferney le 5 avril 1765.

« Nous soussignés certifions que M de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, seigneur de Ferney et Tournay, au pays de Gex, près de Genève, a non seulement rempli les devoirs de la religion catholique dans la paroisse de Ferney, où il réside, mais qu’il a fait bâtir et orner l’église à ses dépens ; qu’il a entretenu un maître d’école ; qu’il a défriché à ses frais les terres incultes de plusieurs habitants ; a mis ceux qui n’avaient point de charrue en état d’en avoir, leur a bâti des maisons, leur a concédé des terrains, et que Ferney est aujourd’hui plus peuplé du double qu’il ne l’était avant qu’il en prît possession ; qu’il n’a refusé ses secours à aucun des habitants du voisinage. Requis de rendre de témoignage, nous le donnons comme la plus exacte vérité. »



Le tout signé par deux curés, par les syndics de la noblesse et de la province, par des prêtres, des gradués, par les habitants ; collationné par un notaire royal, et déposé au contrôle de Gex.

Je ne publie pas cette déclaration dans l’espérance de désarmer l’envie et l’imposture ; mais je la dois à la vérité, à mes amis, à ma famille qui sert le roi dans ses armées et dans les premiers tribunaux du royaume, et à la charge que Sa Majesté a bien voulu me conserver auprès de sa personne.

J’ai l’honneur d’être,

monsieur

votre . »

2 Le corps de la lettre est de la main de Bigex, l'en-tête « à un gazetier d'Avignon » de celle de Wagnière, d'abord daté de 1765 puis de 1768 et finalement « avril 1768' . comme l'attestation est datée du 28 avril et qu’elle fut envoyée à l'archevêque de Genève le 29, la date du 30 avril pour la présente lettre est probablement correcte .

3 Une copie contemporaine endossée par V* collationné par devant notaire et contrôle au bailliage, signé de divers noms de familiers de V* (Gros, Sauvage de Verny, Fabry, David (prieur des Cames) , Adam, Fournier, Christin) porte ici « double » au lieu de « triple » . D'autres attestations plus complètes et plus détaillées furent aussi élaborées par les soins de V*.

Voir lettre du 29 avril 1768 à Biord : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/30/m-6477853je-ne-sais-quels-faux-rapports-ont-pu-m-attirer-tant-d-aigreur-de.html

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